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LE TACHELHIT OU CHLEUH (Maroc)


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Le dialecte berbère chleuh (tacelḥit, tašelḥit, tašelḥiyt en berbère) est le plus important du Maroc par sa population et, sans doute même de tout le monde berbère. Il s'étend sur la plus grand partie de l’Atlas : Haut-Atlas (dans sa partie Sud-Ouest), Anti-Atlas et Sous (voir carte ci-dessous).

Au Maroc, on peut estimer le nombre de locuteurs du tachelhit à 8 millions de personnes environ. Les Chleuh, depuis longtemps, émigrent vers les grandes villes du Maroc, notamment Casablanca. Depuis 1945, ils viennent aussi vers la France et l’Europe. Ils sont particulièrement nombreux en France (en région parisienne et dans le Nord) et en Belgique. En France ils représentent sans doute une bonne moitié de l’ensemble des Marocains et personnes d’origine marocaine (400.000 sur 800.000).

 

Le chleuh couvre une aire géographique importante, au relief et aux conditions écologiques variés ; il connaît bien sûr des variations linguistiques selon les parlers, mais, il présente une indiscutable unité par contraste avec les autres dialectes du Maroc (rifain et tamazight) qui sont nettement plus diversifiés.

 

Quelques traits marquants du tachelhit

Le chleuh est un dialecte qui appartient au type "occlusif" : les consonnes berbères /b, d, d, t, g, k/ restent occlusives, contrairement à ce qui se passe dans les autres aires dialectales berbères marocaines, Rif et Moyen Atlas ou en kabyle, où la spirantisation des occlusives est un phénomènes très largement attesté, sinon généralisé.

On note dans ce dialecte une très forte tendance à la labio-vélarisation des consonnes palato-vélaires (/k°, g°, kk°, gg°.../) ; certains parlers du Haut-Atlas tendent à généraliser ce trait à toutes les occurrences palato-vélaires et même aux labiales ([b°, f°].

Le vocalisme est, lui aussi, extrêmement simple puisqu'il se réduit au triangle vocalique élémentaire /a, i, u/. La voyelle neutre, non phonologique ("e" muet, schwa) y est particulièrement ténue ; elle semble même absente dans la plupart des prononciations, ce qui amène de nombreux auteurs à ne pas la noter, d’où les graphies avec de fréquentes suites de consonnes sans aucune voyelle.

 

Etudes sur la langue et développements récents

 

Le chleuh a été l'un des dialectes les plus étudiés par les spécialistes occidentaux ; à la fin des années 1920, on disposait déjà de travaux descriptifs et de recueils de textes importants (Stumme, Destaing, Laoust, Justinard…). Il a connu un très vif regain d'intérêt depuis le milieu des années 1970 du fait de la formation rapide d'une nouvelle génération de berbérisants marocains, qui sont, dans une large proportion, originaires du domaine chleuh.

 

Le développement vigoureux de la recherche sur la langue et la littérature chleuh est dans une certaine mesure relayé par le dynamisme de la société civile chleuh, notamment dans le Sous (Agadir) : la majorité des publications berbères, scientifiques ou culturelles, parues au Maroc depuis 30 ans sont l'oeuvre de Chleuhs ; de même, les associations culturelles les plus actives et les plus efficaces sont presque toutes chleuh.

 

Littérature

 

Comme toutes les grandes régions berbérophones, le domaine chleuh connaît une très riche production littéraire orale : poésie et chants, contes, proverbes… De nombreux recueils sont disponibles. Le vecteur traditionnel des formes "nobles" étaient des chanteurs-poètes itinérants (rrays/rrways), maintenant largement relayés par les supports modernes : le disque d'abord, puis la radio, la cassette et le CD.

 

Une des particularités marquantes de cette région est l'existence d'une tradition littéraire écrite en caractères arabes, vieille de plusieurs siècles. Les textes sont presque tous d'inspiration religieuse : textes doctrinaux ou poésie d'édification. Ces manuscrits, dont les plus célèbres sont ceux d'Awzal (vers 1700), circulent dans le milieu des lettrés traditionnels chleuhs ; ils semblent être ce qui reste des pratiques plus larges de l'époque médiévale (notamment almohade). On notera d'ailleurs que les oeuvres littéraires contemporaines écrite par des Chleuhs sont le plus souvent notées au moyen de l'alphabet arabe (Moustaoui, Idbelkacem, As-safi…).

 

 

 

Inalco

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