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Rumsfeld et le Pentagone étaient au courant de ce qui se passait à Abou Ghraib


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Le général chargé de la première enquête sur le scandale de la prison irakienne affirme dans The New Yorker que la hiérarchie militaire était au courant des abus perpétrés sur les détenus par les soldats américains.

 

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Le général Antonio Taguba

 

De hauts responsables du Pentagone, dont l'ancien ministre de la défense Donald Rumsfeld en personne, ont été directement impliqués, du moins en tant que donneurs d'ordres, dans les méthodes abusives d'interrogatoire pratiquées à la prison d'Abou Ghraib en Irak. C'est ce qu'affirme, dans un article publié le 18 juin par le magazine The New Yorker, le général deux étoiles Antonio Taguba qui a mené la première enquête sur le traitement réservé aux prisonniers irakiens dans cette prison et qui aurait été contraint, de ce fait, à prendre une retraite anticipée.

 

Le général affirme avoir été frappé d'ostracisme par le Pentagone après la remise de son rapport exhaustif sur les désormais tristement célèbres sévices commis à Abou Ghraib qui ont déclenché un tollé dans le monde entier et ont conduit à une refonte des politiques américaines en matière d'interrogatoire et de détention.

 

Au cours de ses nombreux entretiens avec le journaliste du New Yorker, Seymour Hersh, Antonio Taguba a assuré qu'on lui avait ordonné de limiter ses investigations aux simples soldats qui figuraient sur les photos avec les prisonniers, ainsi qu'à leur unité. Il a pourtant toujours pensé que ces hommes avaient agi sur ordre venu d'en haut. A son avis, le haut commandement en Irak était forcément au courant des techniques d'interrogatoire agressives en vigueur dans la prison d'Abou Ghraib qui ressemblaient d'ailleurs à celles utilisées pour les prisonniers importants du centre de détention de Guantanamo Bay à Cuba.

 

Antonio Taguba accuse également l'ancien ministre de la Défense Donald Rumsfeld d'avoir menti au Congrès lorsqu'il a témoigné, en mai 2004, sur l'enquête en minimisant ce qu'il savait des abus. Le général assure qu'il avait rencontré le ministre de la Défense et ses proches collaborateurs la veille même de cette audition.

 

"Je sais que mes pairs de l'armée seront furieux que je parle, mais le fait est que nous avons violé les lois de la guerre à Abou Ghraib. Nous avons violé les conventions de Genève. Nous avons violé nos propres principes et nous avons violé le cœur de nos valeurs militaires. Le stress au combat ne constitue pas une excuse, et je pense, aujourd'hui encore, que les chefs militaires et civils responsables doivent répondre de leurs actes."

 

Josh White, Amy Goldstein

San Francisco Chronicle

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