Guest Sally Posted November 29, 2009 Partager Posted November 29, 2009 Un siècle de passions algériennes. Une histoire de l'Algérie coloniale. 1830-1940, de Pierre Darmon C'est un livre monumental, une somme de 936 pages (notes comprises) qui entraîne le lecteur dans la fureur d'un "siècle de passions algériennes". Ou comment ce bout de Barbarie conquis en 1830 à la suite d'une "chamaillerie de tripot" entre la France et la régence d'Alger finira par devenir, pendant cent trente ans, l'un des enjeux majeurs de la politique nationale. Pierre Darmon, 70 ans, historien de la médecine, ancien directeur de recherche au CNRS, n'avait jamais écrit sur l'histoire du pays où il est né. "Mais l'Algérie, c'est comme ça. Ça vous ronge, et un jour on doit s'y mettre", soupire cet homme modeste, comme pour s'excuser d'avoir commis un livre qui jette une lumière crue sur l'Algérie coloniale. Juif natif d'Oran, où son père manquera de faire partie des Français assassinés par la foule algérienne lors du massacre du 5 juillet 1962, il quitte l'Algérie en 1957 pour *rejoindre un lycée parisien. "Mes parents ont choisi de me mettre à l'abri", reconnaît-il doucement. L'adolescent ne vivra pas les heures de folie meurtrière qui précéderont la mort de l'Algérie française. "Sur l'Algérie, il n'existe que des livres politiques et des ouvrages de souvenirs. J'ai plutôt essayé de faire parler les hommes, de montrer comment ils vivaient." Pari réussi. À partir d'une plongée vertigineuse dans les archives et en exploitant largement les témoignages de l'époque, on revit l'aventure aux côtés des colons, des militaires, des administrateurs de cette tour de Babel exubérante. Français, Italiens, Espagnols, *Maltais vont devenir "plus français que les Français de métropole, plus patriotes, plus généreux de leur sang ou, le cas échéant, plus antisémites qu'eux", écrit Pierre Darmon. Mais d'abord, ils vont mourir sur cette terre terrible. En 1830, l'Algérie est le "dépotoir des réprouvés" et sa première génération de colons finit au cimetière, décimée, comme les militaires, par les maladies et les raids d'une rébellion arabe qu'on mettra dix-sept ans à soumettre. À la fin du Second Empire, le cadre est fixé. L'administration civile se met en place. La France bâtit un empire au-delà des mers et l'Algérie en sera la figure de proue *rayonnante. Mais, écrit d'emblée l'auteur, "tout se fait et tout se fera aux dépens des Arabos-Berbères". Conquête militaire impitoyable, Code de l'indigénat, Code forestier, dépossession des terres, misère, *injustices sont méticuleusement disséqués. Jusqu'à l'explosion finale. Le livre de Pierre Darmon ne laisse rien dans l'ombre. L'oeuvre accomplie durant la présence française ? "Bien qu'elle se soit faite au détriment des indigènes et à la sueur de leur front, elle n'en restera pas moins acquise à l'heure de l'indépendance." Il ne livre pas non plus une vision crépusculaire des pieds-noirs mais regrette simplement que, dans leurs écrits, la misère des indigènes soit souvent passée sous silence : "C'est terrible à dire, mais on y était habitué." Il rappelle aussi que, durant la Seconde Guerre mondiale, ce sont les 120.000 Français d'Algérie et 130.000 Algériens musulmans qui permettent à la France de rentrer dans le rang des nations combattantes et de s'asseoir en 1945 à la table des vainqueurs. Mais, avec la bombe atomique, la France n'a plus que faire de ses colonies. Le lobby algérien né au lendemain du Second Empire va mourir : "La tragédie des pieds-noirs se résume en quelques mots : ils ne servent plus à rien", écrit l'auteur. Restent les Algériens, dont la souffrance au long de ces cent trente années est, selon lui, trop peu connue des Français. Et surtout pas assez reconnue. Source:HISTOIRE : L'Algérie des passions, actualité Culture : Le Point Citer Link to post Share on other sites
Recommended Posts
Join the conversation
You can post now and register later. If you have an account, sign in now to post with your account.