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De la musique savante...


Guest Jouljoul

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Guest Jouljoul

En ces dernières heures de la Fête de la musique qui s'époumone un peu partout où elle a posé ses jalons ...

 

... en ces dernières heures, où je me devais de penser un texte donnant quelques réflexions sur la musique savante du 19e siècle d'Egypte, du Proche-Orient arabe, persan, turc, etc. je me suis donc astreinte à compulser les ouvrages de ma bibliothèque personnelle afin de présenter quelque chose qui tienne et qui apporte un éclairage sur ce qu'il est convenu d'appeler "musique savante", au lieu de "musique classique", "musique traditionnelle" laquelle, d'ailleurs, est un tout autre registre ...

 

Ceci est un article et non pas une ouverture au débat, quoique, pourquoi pas ? Que chacun dise ce qui fait qu'il aime telle ou telle musique, telle ou telle école ... que ce soit un véritable apport, nettoyant tout le fatras qui entoure la musique que nous connaissons dans notre sphère culturelle, depuis le Maroc jusqu'en Turquie ...

 

Deux choses me sont venues à l'esprit : que je ne saurai exprimer, avec une avalanche d'exemple théoriques -d'abord, parce que je n'ai pas l'ambition de me présenter comme une théoricienne de la question, ce que je ne suis- même si les "théoriciens" dont je ne saurai me prévaloir, ont tendance, en finalité, à semer le doute plus qu'à rallier les opinions, à l'exception de quelques-uns d'entre eux qui ne sont plus de ce monde depuis bien des lustres, pour ne citer qu'al-Farabï ou al-Kâtib.

 

L'autre pensée a été que le terme "An-Nadha" (Renaissance) était, pour ce qui me concerne, inapproprié. La musique ne connaît ni de mort, ni de renaissance. Elle est un tout continu, avec des variations accidentelles ou voulues, avec ses génies créateurs, ou avec ses parents pauvres dont nous faisons, malheureusement, maintenant les frais.

 

Etre un goûteur, voilà ce qu'il faudrait se mettre à l'esprit, sans ces "salam 'alik" d'usage dans les conférences dites de bon ton, où de grands esprits -détrateurs ou partisans- se lanceraient à coups de mots leur sectarisme, leur absente ou réelle indulgence. Pour oublier la chose vraie : goûter, sans contrainte, apprécier sans a priori et partager en toute modestie.

 

Il n'y a pas de renaissance, dis-je. Tout au plus pourrait-on se désoler que n'existent plus ces rapports privilégiés entretenus, avant un certain congrès de la musique au Caire, entre maîtres et disciples, une fois un cadre institutionnel codifié et établi, ôtant tout imaginaire, toute passion véritable et ce suprême sommet de l'art finement ouvrage, dans l'esprit même de ce qui avait antérieurement été la Musique, un pur esprit combinant les mouvances helléniques, turques, persanes, indiennes, arabes et andalouses.

 

Dans un contexte privilégié, nous venions au monde avec ce simple cri de nouveau-né lancé à pleins poumons, pour aborder les rivages mystiques d'un savantissime étalement de notre moi intérieur, divinement accordé d'avec une technicité de grande envolée. Oui, tout au plus, pourrait-on exhaler des regrets sur ce qui fut entre la musique et sa mémoire collective, entre cet ensemble et sa propre histoire passée et à venir. Tout au plus, pourrait-on détourner l'oreille des résonances tapageuses, selon les aléas d'un piano, d'un accordéon, d'une guitare électrique et que sais-je encore !

 

(:04: ...)

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Guest Jouljoul

(suite 2)

 

La première musique que j'ai entendue avait pour visages ceux d'Idoménée, La Petite musique de nuit, Cosi fan tutte, et longtemps, je me suis enivrée avec les Valses viennoises. Il faisait bon ton d'avoir ces musiques dans sa discographie privée, d'abord parce que cela faisait bien, ensuite, un inavouable esprit d'imitation d'une culture qui, nonobstant sa palette de richesses, aurait dû d'abord laisser le pas à la sienne propre.

 

Mais ... il me souvient d'anedoctes familiales, avec plein de tendresse, sur un certain café situé dans la vieille ville turque de la capitale où je suis née, un certain café au nom évocateur -et je ne sais s'il s'agit de son enseigne véritable- de "Qahwat Zahra", le seul café où, en cette époque coloniale, les joueurs de dominos - pêcheurs, porteurs d'eau, maraîchers, marchands de tissus, brodeurs - venaient siroter leur thé ou leur café en écoutant les derniières nouveautés venues d'Egypte. Des noms émergeaient de ce brouhaha musical qui, bien sûr, n'ont rien à voir avec cette musique dont il est question ici. N'impêche, une voix chaude, envoûtante, des accents inconnus montaient pour envahir les maisons et celles de ma famille, alors que j'étais un enfant encore dans ses langes, qui en garderont une empreinte magique.

 

Bien sûr, par la suite, quelques noms feront leur entrée dans mon petit monde mais à peine ont-ils frôlé mon esprit. Et, un jour, sortit des limbes cette même voix, intacte : Um Kalthûm. L'univers ne fut plus jamais le même. Mozart était mis dans un tiroir. Ce phénomène se répétera, bien plus tard, lorsque j'entendis, bouleversée, les aériennes vocalises du cheikh al-Manyalawî et de Munira Mahdiya, la Sultane.

 

Mais, pour ce qui est de ma première "communion", même si, aujourd'hui, mon âme s'émeut et ne vit seulement qu'avec les maîtres du dawr, de la qaçida dans leurs plus expressives et authentiques modulations, j'ai un souvenir de gratitude. Car la première pierre, imparfaite peut-être maintenant pour moi, a été ce qui m'a fait gravir la sublime échelle et permis à mon âme de se délecter des effluves modales, oublieuse et s'oubliant, pour s'attacher à tout jamais au cordon soyeux de l'inoubliable, confirmant en cela cette phrase chantée par Um Kalthum :

 

"al-maghnâ hayat er-rûh" (le chant est le souffle de l'âme)

 

(... :04: )

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Guest Jouljoul

(suite 3 et fin)

 

 

J'ai prononcé, certes, le terme "imparfaite". L'apprentissage de la musique savante par simple répétition, ensuite l'obligation d'apprendre le solfège dans le graphisme tel que nous le connaissons aujourd'hui, m'ont donné confusément un aperçu de l'ampleur des dégâts que connaît la musique, composition et interprétation confondues. C'est de ne pas avoir lié l'une à l'autre : l'art de la répétition, sous la férule d'un maître, et l'étude d'une écriture qui n'aurait en rien ôté à la musique savante. L'échelle tonale existait, la faute en a été qu'il n'ait pas été inventée et fixée une écriture semblable à ce que donnait la voix naturelle et le génie créateur des compositeurs-interprètes de l'époque. Il n'y a plus ces creusets où voltigeraient, suprême technicité, les intervalles aujourd'hui étouffés par la pauvreté du demi-ton ou un instrument de musique qui ne connaît point la profondeur, la ciselure d'un trois-quart de ton.

 

Et lorsque l'ennui m'étreint, à force d'entendre des bruits, des sonorités qui, peut-être, sont une touchante tentative de bien faire, je regarde les grands instituts de musique où se profilent les nouveaux maîtres d'une musique hagarde, toute en synthétiseurs et se pontifiant, oeuvres maîtresses de je ne sais quel univers, j'ai envie de dire aux jeunes compositeurs : le monde est bien mal de nos jours, et notre âme a besoin de panser quelquefois ses blessures, puissiez-vous être le "tabib" ainsi que le chantait Abû-l-'Ilâ, en s'adressant un certain soir sur la scène de l'Opéra du Caire, au parterre des riches nobliaux de la cour du Khédive et aux officiels britanniques et français, venus assister à la première de "Aïda" de Verdi, opéra commandé pour la circonstance : la "Nahdha" musicale.

 

Merci d'avoir eu la patience de lire ces digressions sur la "Musique savante"...

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Jouljoul,

 

Avant de finir de lire, les (... :04: ) c'est pour nous inviter à continuer ? :p

 

Parle t-on de musique andalouse dans cet article ?

C'est aussi une musique savante ..

 

 

 

 

PS : je vais finir ma lecture :D

 

Electriquement,

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Guest Jouljoul
.. je savoure .. :09: :51:

 

Merci Jouljoul

 

PS : Je suis aussi fan de la musique andalouse

 

 

J'en mettrai ...

 

Sabri Moudallal et Omar Sarmini, avec l'ensemble Al-Kindî ...

 

http://www.alkindi.org/rams/alkindi8.ram

 

 

... pièce musicale en maqam Nahawand (mode Nahawand) sur 'oud par Jamil Bashir ...

 

http://www.oriental-vision.com/realaudio/Tunes_In_Maqam_Nehawand-288.ram

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Guest Jouljoul

"Taqsim Sada" (échos)

 

Le 22 septembre prochain, une Journée-itinéraire aura lieu en l'Abbaye de Royaumont, en région parisienne (haut lieu des musiques sacrées, classiques et savantes) avec quatre concerts et un espace de réflexion ...

 

... ainsi seront à l'honneur, la musique syriaque araméenne, la musique arabe (classique et populaire), avec des compositeurs et interprètes musicaux qui aiment faire vivre la musique savante.

 

La rencontre tourne autour d'un thème choisi en titre – « Echos » met en évidence le projet même de "Mezwej" de Zad Moultaka (petites pièces). Chaque pièce, traditionnelle ou contemporaine, est intégrée à l’un des concerts.

 

On pourra entendre l'Ensemble vocal Mesopotamia (musique syriaque) ; Abir Nehme (musique populaire arabe) ; Nidaa Abou Mrad (Libanais,musique savante arabe).

 

Et un grand concert Mezwej, pièces de Zad Moultaka, pièces du répertoire contemporain, pièces traditionnelles avec Armand Angster (clarinettes), Françoise Kubler (chant), Mario Caroli (flûte), Olaf Tzschoppe (percussions), Abir Nehme (chant), Gilbert Yamine (qanun), Bachar Khalifé (percussions), Antoine Tahan (nay), l’ensemble vocal Mesopotamia, Djamchid Chemirani (zarb), Isabelle Courroy (flûte), Nidaa Abou Mrad (violon), Mustafa Saïd (chant et oud), Ali Wehbé (riqq).

 

Zad Moultaka a créé le projet Mezwej en 2004. Il s'agit d'une démarche d'expérimentation, de recherche et de création autour des cultures musicales orientales et occidentales, par rapport à l'oralité et à l'écriture. Le projet Mezwej est accueilli en résidence à la Fondation Royaumont pour favoriser ce dialogue entre langages musicaux orientaux et européens, une recherche approfondie sur les formes et les signes, sur l’interprétation issue notamment des pratiques du taqsim et la création d’œuvres écrites. C'est la première prestation publique de Mezwej.

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Guest Jouljoul

Préface à un dossier consacré à "La Nahda et la musique en Egypte" paru dans Les Cahiers de l'Orient", N° 24, 1991 :

 

"Le mouvement de la Nahda (Renaissance) a investi l'univers musical à travers deux figures qui ont dominé la scène artistique égyptienne de la deuxième moitié du XIXe siècle. 'Abduh al-Hâmulî (1849 ?-1901) et Muhammad 'Uthmân (1855-1900). Ces deux maîtres de l'art vocal sont en effet, les initiateurs du deuxième "âge d'or" de la musique d'art arabe. Secouant la torpeur dans laquelle s'est installé l'Orient musical, leur génie créatif a permis d'intégrer de nombreux éléments des différentes musiques en cours au Proche-Orient dans un moule de musique d'art égyptienne. C'est ainsi que, dans une atmosphère de fraternelle émulation, ils donnèrent au dawr, à la qasîda et au mawwaâl (principales formes du répertoire vocal improvisatif) leurs lettres de noblesses, y déployant leur immense talent de compositeur, ainsi qu'une inventivité instantanée de chanteur hors pair. Leurs trouvailles mélodiques, leurs variations, leurs improvisations et leur expressivité émotionnelle ont marqué le monde arabe pendant deux générations. C'est notamment à travers les enregistrements de leurs collègues et disciples, constituant une sorte "d'Ecole hâmulienne", que leur legs nous est parvenu.

'Abudh al-Hâmulî et Muhammad 'Uthmân sont décédés à l'aubre de notre siècle (12 mai 1901 pour Hâmulî et 17 décembre 1900 pour 'Uthmân ). Ces dernières années, avec la réédition et la rediffusion d'archives sonores ** de "l'Ecole hâmulienne", et l'émergence d'une jeune génération de musiciens désireux de renouer avec une stylistique et une esthétique profondément traditionnelles et créatives, on a assisté à un regain d'intérêt du public pour la "belle époque" de la musique arabe, permettant l'amorce d'une re-connaissance de cet art."

 

* * * *

 

** archives sonores constituées en CD avec ce que je pourrais reprocher - à part le fait que le travail a été bien fait - à ces tentatives qui, malheureusement, ne sont pas le fait des pays concernés, mais par ce que j'appellerai les "orientalistes de la musique savante" ... et si des musiciens et interprètes arabes tournent de nouveau leurs regards vers ce patrimoine, certains ne pensent même pas mettre en écriture les compositions qui ne nous sont parvenues que par le biais d'archives sonores, car il n'y a pas de partitions musicales - l'art répétitif étant en perdition, je doute, en effet, que les jeunes interprètes s'y astreignent ... mais ils ne veulent pas écrire les pièces car "trop difficile" ... c'est que m'ont répondu certains.

 

Heureusement, pour les pièces de Mouwwchahe, il y a eu des tentatives concrètes et dont les partitions sont accessibles dans les librairies en Syrie.

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Guest Jouljoul

Abdessadaq Chaqara : "Allâh yehdik e-ghzali" avec un prélude sur piano, bien que je ne préfère pas car cela enlève à l'authenticité antérieure de la pièce qui se joue avec les instruments à cordes ... un dérivé de l'andalus, bien sûr ... notez le Ikhlâs avec le violon et le tar :

 

Ecoutez cet extrait audio

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Guest Jouljoul

Abû al-'Iâ Mohammad : "Afdih in hafidha"

 

Ecoutez cet extrait audio

 

 

أفديه إن حفظ آلهوى أضيع

ملك آلفؤاد فما عسى أن أصنع

من لم يذق ظلم ألحبيب كظلمه

حلوا فقد جهل آلمحبة وادعى

يا أيها آلوجه آلجميل تدارك آلصبر

آلجميل فقد وهي وتضعضع

هل في فؤادك رحمة لمتيم

ضمت جوانحه فؤادا موجع

هل من سبيل أن صبابتي

أو أشتكي بلواي اتوجع

إني لأ ستحي كما عودتني

بسوى رضاك إليكأن أتشفع

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Guest Jouljoul

"Araka 'Assiya ed-dam'î", la grande qaçida d’Abu Firâs al-Hamadani, contemporain d'Al-Mutanabbi, cousin de Sayf Ad-Dawla (IVe siècle de Hijra), fut écrite alors qu’il était captif, en apprenant que sa cousine et sœur du roi, et avec laquelle il entretenait une liaison, lui avait été infidèle.

 

Magnifique et sublime pièce, d’une richesse, surtout sur la dernière envolée de « وقالت لقد أذرى بك آلدّهر بعدنا » [Elle dit alors : « Le sort t’a été contraire, après nous ! » - « A Dieu ne plaise, dis-je, c’est plutôt toi, et non le sort. »]

 

La version chantée par Um Kalthum. Elle est sur un rythme lent, chaque mot bien prononcé et s'appuyant fortement sur la musique.

 

Ecoutez cet extrait audio

 

 

La version chantée, bien avant Um Kalthum, par 'Abdelhay Hilmi. L'expression est plus nerveuse, martelée (comme un nachid) mais elle est dite avec force. Il lui manque l'émotion que l'on trouve incontestablement chez Um Kalthum.

 

Ecoutez cet extrait audio

أراك عصي آلدمع شيمتك آلصبر

أما للهوى نهي عليك و لا أمر

نعم ، أنا مشتاق وعندي لوعة

ولكن مثلي لا يذاع له سر

إذا آلليل أضواني بسطت يد آلهوى

وأذللت دمعا من خلا ئقه آلكبر

تكاد تضيء آلنّار بين جوانحي

إذا هي اذكتها آلصبابة و آلفكر

معللتي بالوصل وآلموت دونه

إذا متّ ظمآنًا فلا نزل آلقطر

وقالت لقد أذرى بك آلدّهر بعدنا

فقلت معاذا آللّه بل أنت لا آلدّهر

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Guest Jouljoul

Un peu de Mouwachahates ?

 

Le très connu « Jadaka al-ghayrou » par Fayrouz (cliquer sur « istima’ », en haut, à l’intérieur du texte en arabe) :

 

ÌÇÏß ÇáÛíË ÅÐÇ ÇáÛíË åãì

 

Sabah Fakhri interprète le non moins connu :« Ya ghusna » (procéder de la même manière) ...

 

ÇáÏæÈíÊ: íÇ ÛÕä äÞÇ ãßááÇ ÈÇáÐåÈ - ÕÈÇÍ ÝÎÑí

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Guest Jouljoul

Un petit concert avec pièces instrumentales : fermez les yeux et c’est le tarab (« goûter ») …

 

Sama’î shahnaz …

 

http://www.zeryab.com/Instrumentals/arabic/shahnazsamae.ram

 

Sama’î hussaïni …

 

http://www.zeryab.com/Instrumentals/arabic/hussainismae.ram

 

Sama’î nahwand avec deux instruments seulement : sitara et derbouka … on entend plusieurs mouvements dont le troisième a quelque chose d'enlevé et de pétillant, le quatrième est d'une facture plus moderne et vous rappellera même d'autres tonalités (russes et l'école égyptienne des années 60) …

 

http://www.zeryab.com/Instrumentals/arabic/samaeenehawend.ram

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Guest Jouljoul

Extraits synthétisés de « La musique arabe » de Simon Jargy.

 

Avec le dernier quart du 19e siècle, la capitale égyptienne connaît un afflux important de l’élite de la Syrie et reprend essentiellement les traditions musicales anciennes des deux principales mégapoles, Dimashq et Haleb (Damas et Alep) mais avec un cachet propre à la sphère culturelle de l’Egypte et le rayonnement de celle-ci dans le monde musulman.

Bien sûr, le « chant mélodique accompagné d’instruments traditionnels également homophoniques, symbolise toujours et incarne, aux yeux du public comme des compositeurs eux-mêmes, le meilleur de ces traditions. »

 

« … Un chanteur dont la voix exceptionnelle et la science très complète des genres traditionnels vont tracer la route des artistes futurs et jeter les bases de l’art musical moderne : ‘Abdo al-Hamûlî, né en 1845 à Tanta, mort au Caire en 1901, est comme la plupart des grands chanteurs de l’Egypte contemporaine, issu des couches populaires où la musique trouvait souvent ses artisans les plus naturellement doués. […] Hamûlî, « après un voyage à Istanbul où il s’initia à la musique de la capitale ottomane, tente à son tour d’opérer une synthèse entre les pratiques et genres musicaux turcs et égyptiens… », nous dit son chroniqueur. Ainsi, non seulement il remet en honneur les genres traditionnels arabes apportés par des artistes syriens d’Alep au Caire, tels que les Muwashah et le Dawr, mais grâce à l’orchestre qu’il forme, il popularise en Egypte des genres instrumentaux typiquement turco-persans : le Basheraf et le Samâ’î. »

 

Le Muwashah réparti en couplets et refrain est exécuté par un chœur : il est construit sur les Maqâm classiques utilisés en Egypte : Rast (Rasd), Bayât (Bayâti), Nahawand, Hijâz ainsi que sur les rythmes que sont le Masmûdi (4/8 de ton), le Samâ’î (3/4 de ton), l’Akak asymétrique (9/8 de ton) et le Murabba’ (73/4 de ton).

 

Chanté en arabe classique et souvent en semi-dialectal, le Muwashah a gardé ses liens avec la tradition orale, les plus célèbres sont d’ailleurs des auteurs anonymes qui se sont perpétués dans la mémoire collective. Il connaîtra des variantes en Orient et au Maghreb.

 

Le Dawr reste à l’Egypte, il est un dérivé du Muwashah, avec un rythme musical posé sur le Maqâm traditionnel et qui utilise le poème sous forme de quatrain. Il respecte l’ordre rythmique du Muwashah.

 

Le Basheraf ou Bashrû est un genre très répandu en Turquie. Elaboré toujours sur un Maqâm classique, il se distingue par des mouvements rythmiques différents qui s’intercallent dans l’Iqâ’. En général, il comprend « quatre parties principales entre lesquelles se place chaque fois un mouvement toujours le même appelé Taslîm où se répète à la fois le leitmotive de la mélodie et du rythme essentiel, et qui sert à clôturer le Basheraf.

 

Le Samâ’î est un terme qui désigne un rythme, c’est une exécution instrumentale dont la « construction s’identifie à celle du Basheraf, avec un développement moindre ».

 

@ Adlane : ne t’impatiente pas, je mettrais quelques notes sur l’Andalou. Je suis une passionnée de la musique savante et celle plus précisément de l’époque khédiviale, en dehors de tout a-priori politique sur cette période.

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Guest Jouljoul

Toujours dans la sphère irakienne, un musicien d’origine persane marquera la musique irakienne avec son génie : Ibrâhîm al-Mawsillî.

 

Ibrâhîm al-Mawsillî (743-806) fut honoré aussi bien auprès des khalifes Al-Mahdi et notamment Hârûn Al-Rashîd. Puisant dans le classicisme de la musique arabe, il s’imprègne de Ma’bad. Mais s’il se réfère à la tradition orale, Ibrâhîm al-Mawsillî dépassera le simple stade d’imitateur scrupuleux ou conservateur. Il est formé d’ailleurs par un illustre aîné, Siyât (La Mekke).

Emprisonné à plusieurs reprises, sous le khalifat de Mahdî et de Hâdî, pour son indulgence vis-à-vis des musiciens et chanteurs qui donnaient un coup de griffe à l’Islam en s’adonnant au vin. Cependant, son chant était tellement prisé, que le Khalife Al-Hâdî donnera l’ordre de le sortir de prison.

Il fonde alors un véritable conservatoire où l’on dispense chant, diction, poésie, jeu de ‘oud (luth). Cette école sera surtout ouverte aux Qaynas (esclaves chanteuses) qui se distingueront par leur beauté, certes, mais aussi par « leur voix et leur talent musical et littéraire ». De ces femmes, les chroniques historiques de Baghdâd retiendront Danânîr (souvenez-vous du film avec Um Kalthum dans le rôle de cette chanteuse, qui fut la concubine du premier ministre de Hârûn Al-Rashîd … la chansons « Bokra safar, bokra, bokra safar" – dont on pourra entendre l'interprétation plus bas). On lui attribue près de 900 mélodies dont 300 seront préservées par son fils Ishâq.

Quand il mourra à l’âge de 62 ans, ce sera un deuil national à Baghdâd et le Khalife vint prier devant sa dépouille. Le poète Ibn Sayyâba chantera cette éloge funèbre :

 

« Al-Mawsillî a disparu, avec lui disparaît

Le sourire des luths et des Qayna,

Et si un sourire doit durer,

C’est le souvenir de Mawsillî qui demeurera tout au long du temps.

 

Le pleureront luths et instruments

Aux sons mélodieux de ‘Atîqa,

Pleurera sa disparition la chanteuse de joie

Mais ne le pleurera pas la lectrice de Coran ».

 

 

Um Kalthum - Bokra Safar :

 

Ecoutez cet extrait audio

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Bonsoir Jouljoul,

 

Je ne voudrais point sortir de l'esprit même de ton topic, mais je voudrais dire tout le plaisir que j'ai eu, ces derniers jours, à savourer tant de raffinement ..

 

Je souhaiterais surtout que tu n'arrêtes pas de nourir nos âmes et esprits de ce savoir artistique encyclopédique ..

 

ahl el andalous yefhamou el ichara

 

 

Electriquement,

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