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Plaidoyer pour la torture / A TOI, P’TIT YACINE !


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A TOI, P’TIT YACINE !

 

Pas d’exergue aujourd’hui. Je n’ai vraiment pas le cœur à rire. » Désolé !

 

Le mercredi 11 avril 2007, j’intitulais ma chronique « Plaidoyer pour la torture ». Ce jour-là, je réagissais au kidnapping d’une enfant et à son viol par un adulte. Cette chronique m’avait valu énormément de réactions. Les plus nombreuses, celles de lectrices et de lecteurs d’accord avec moi sur la férocité des supplices à faire endurer aux violeurs d’enfants et aux violeurs tout court. Moins nombreuses mais tout aussi importantes, les remarques des autres lecteurs, outrés que je puisse appeler publiquement à faire subir des maltraitances physiques aux criminels qui s’attaquent aux enfants. Ces lecteurs-là ne comprenaient pas qu’un journaliste se réclamant du monde civilisé en appelle à torturer des violeurs. Ces lecteurs m’ont affirmé qu’ils ne me liraient plus. C’est leur droit le plus absolu. Tout autant qu’ils ont le droit tout aussi absolu de trouver abject de vouloir se faire justice en dehors de la justice officielle. Je respecte ce point de vue. Et c’est en plein respect de cette diversité d’opinions sur la question des violeurs et des tueurs d’enfants que la procession qui enterre le petit Yacine s’ébranle vers le cimetière. Pour laisser cet ange se reposer enfin. Faut-il ou non re-lancer un nouveau plaidoyer pour la torture des assassins de nos enfants ? Non ! Faut-il alors renoncer et se suffire des longs parcours judiciaires ? Je ne sais pas ! Par contre, devant mes yeux rougis, j’ai cette photo du petit. Elle me hante. Elle me torture de beauté éclatante, fraîche et innocente. Je n’ai de leçons de paternité à donner à personne. Je n’ai de leçons de civilité à asséner à personne. Je pose juste quelques questions. Celui ou ceux qui ont torturé P’tit Yacine doivent-ils être considérés comme des justiciables ? Celui ou ceux qui l’ont jeté au fond d’un puits doivent-ils bénéficier du circuit traditionnel de l’enquête, du jugement et de l’exécution de la peine ? Celui ou ceux qui ont fermé à jamais ces yeux d’ange méritent-ils la justice des hommes ? Et puis, dernière question : quelle serait notre réaction, la réaction de chacune et chacun de nous si c’était notre enfant que les pompiers remontaient d’un puits ? Encore une fois, je n’ai pas de réponse à proposer. Juste les yeux encore plus rouges. Et ce portrait qui me hante. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

H. L.

 

 

 

 

Plaidoyer pour la torture

 

 

Coup sur coup, hier, ces deux informations en Une du Soir et de mes amis de la Dépêche de Kabylie : «Béchar, une fillette de 3 ans kidnappée puis violée» et «10 enfants de moins de 10 ans en ont été victimes, un imam serial pédophile à Boghni». Je sais qu’à la barbarie, il ne faut pas opposer la barbarie. Je sais qu’une république doit répondre avec des outils républicains et civilisés aux pratiques inhumaines et immondes. Je sais qu’il faut faire face à la bête par un comportement d’Homme. Je sais tout cela. Mais en même temps, je trouve luxueux pour une crotte immonde qui a osé violer une gamine de 3 ans de bénéficier du processus normal de la justice. Je trouve foncièrement anormal qu’un imam qui a abusé de dix enfants de moins de dix ans comparaisse devant des enquêteurs de la police, puis montre sa «fat’cha» debout à la barre des accusés dans une cour de justice. Je sais que je vais en choquer beaucoup, que je vais passer pour un extrémiste dangereux, un adepte forcené de la peine de mort et des liquidations extrajudiciaires. Pourtant, dans les faits, je suis contre la peine de mort appliquée aux violeurs de manière générale, et aux violeurs d’enfants de manière particulière. Oui ! Je suis contre ! Je serais plutôt favorable à une mort lente. Très lente. Etalée sur des mois, voire sur des années. Précédée et entretenue par des actes de torture pleinement assumés. De ces actes qui font mal longtemps, lentement, atrocement. Un individu qui viole une gamine de 3 ans, un imam qui viole dix enfants en bas âge ne doivent pas être délivrés trop vite de la vie. Ils doivent, au contraire, vivre la douleur la plus intense le plus longtemps possible. Car si, à eux, on accorde cette rahma d’une exécution immédiate, ou pire d’une réclusion à vie avec télévision et douche dans leur cellule, en face, dans une autre cellule sans murs ni barreaux, une maman, un papa, des sœurs, des frères, des mammys et des papys des enfants violés sont condamnés à la torture et à l’enfer du souvenir. Toute leur vie. Sans aucune circonstance atténuante. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

 

 

 

 

Le soir d'Algerie

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NOS LECTEURS REAGISSENT A LA CHRONIQUE DE HAKIM LAALAM

"Pour ne pas dire adieu à Yacine !"

yacine.jpgLa chronique de Hakim Laâlam, publiée dans notre édition de jeudi et consacrée à la mort du petit Yacine, n’a pas laissé indifférents nos lecteurs qui ont inondé la boîte mail de Hakim Laâlam de messages. Nous avons choisi de vous les transmettre tels quels.

 

- Mon cher H. Laâlam

A toutes vos questions d’aujourd’hui, je vous réponds : NON ! Allah yarham p’tit Yacine et que la pourriture qui l’a tué crève comme de la vermine ! Je vous ai toujours lu en Algérie et je vous lis toujours avec tant de plaisir de Berlin ! Bon courage et merci pour tous.

Sabrina

 

 

- Salut Hakim

J’ai lu tes dernières chroniques pousse-pousse et j’ai apprécié tout autant que j’ai compris non seulement ta colère mais aussi celle des lecteurs. Je tiens seulement à préciser que le but de la justice est de trouver le coupable en prouvant qu’il l’est bien. Le circuit judiciaire ne servirait, effectivement, à rien si on connaît ses agresseurs. Mais si par malheur on interpellait un innocent... J’ai peut-être un point de vue médiocre, je ne suis peut-être pas tout le temps d’accord avec toi, mais je t’aime bien. La preuve, je te tutoie !

Conseil : diminue la dose de thé !

 

 

- Le but de mon message pour vous dire uniquement et simplement merci pour vos écrits, vraiment vous pensez juste. Ce qui m’a poussé à vous écrire surtout c’est sur ce que vous avez dit sur le p’tit Yacine Allah yarrahmou, en un mot je vous dis bravo, je vous souhaite longue vie et yarham waldik.

Un lecteur du journal de Tizi-Ouzou

 

 

- Cher compatriote,

Tout comme vous, l’image du p’tit Yacine me hante et je me demande quel genre d’individu abject peut faire du mal à un ange pareil ? Mais dans un pays où des bébés ont été égorgés et enfournés, il ne faut pas s’attendre à autre chose, le crime dans notre pays est devenu d’une telle banalité ! Je suis père de famille et je peux vous assurer qu’aucun châtiment ne serait assez dur pour celui qui assassinerait mon enfant, je serais capable de le déchirer avec mes propres dents. Votre position vous honore, laissez les gens qui ne veulent pas lire votre chronique, car s’il s’agissait de leurs enfants, ils réfléchiraient autrement mais c’est tellement facile de prendre position puisqu’ils ne sont pas concernés “may hesse bel djemra ghir elli kouateh” et heureusement qu’il y a du thé à fumer sinon le cauchemar durerait.

Cordialement Adda

 

 

- Bonjour Hakim,

Je suis un fidèle lecteur de vos chroniques. Je dirai même que je consulte Le Soir tous les jours. Je réagis sur les chroniques qui concernent les viols d’enfants et vous rassure que vous n’êtes pas extrémiste. Je n’ai pas d’enfants et je trouve qu’il n’y a pas plus ignoble et plus lâche que de faire subir à des enfants de bas âge, dans toute leur innocence, des sévices corporels, sexuels ou tous autres maux. Ces gens-là ne méritent pas la justice des hommes, car je pense qu’elle ne rend pas justice.

 

 

- Bonjour,

Je n’avais pas lu votre chronique du mercredi 11 avril 2007, mais je suis d’accord avec vous et votre approche même si je ne suis pas encore papa. De plus, il faut que nos lois soient plus sévères contre les ravisseurs et les kidnappeurs. Je suis pour la peine capitale. Pour ceux qui ne veulent plus vous lire, ils sont libres mais ils devraient répondre à cette question : quelle serait notre réaction, la réaction de chacune et chacun de nous si c’était notre enfant que les pompiers remontaient d’un puits ? Bonne continuation

Rayan

 

 

- Salut Hakim,

Je t’appelle ainsi car je sens que tu es un tawaâna comme on dit. Je te rassure, tu n’es pas le seul à être hanté par l’image angélique du petit Yacine. Tu sais quoi kho ? Tu as vraiment chic pour trouver les termes idoines. Les mots que je n’arrive même pas à exprimer quand je suis en concertation avec mon for intérieur. Le ou les ouled lahram qui ont supplicié l’innocence de ce gamin ne mérite pas de passer par les tribunaux. Allah ghaleb ya kho, c’est comme ça, je ne suis pas plus tortionnaire que toi, mais ces individus méritent au moins la mort par lapidation. Si cela avait été le cas, je t’assure que je n’hésiterai pas une seconde pour aller acheter un camion de gros gravier et aller passer tous mes après-midi libres à perfectionner ma visée aux tirs. Des énergumènes de cette espèce gagneraient à subir un châtiment exemplaire. Un châtiment qui ferait refluer les pulsions perverses des futurs initiés. Tu sais quoi Hakim, Je me sens plus léger maintenant que j’ai vidé ce que j’avais sur le cœur. Finalement, l’écriture est une assez bonne thérapie. Je crois que je vais m’y mettre moi aussi.

A. Merouane

 

 

- La lecture de “Pousse avec eux” de ce jour m’a donné envie de gerber et a fortement ébranlé mon moral déjà éprouvé par l’annonce de la mort de Yacine. Les lecteurs qui ont été choqués par votre appel à la “vendetta” ne connaissent peut-être pas l’adage populaire disant : “Ne ressent la brûlure de la braise que celui qui marche dessus.” “Ces gens-là” comme le chantait Brel, sont les mêmes inconditionnels adeptes de “ takhti rassi” qui nous a conduits au stade de la déliquescence actuelle. Et c’est sûrement “ces gens-là” qui plaident pour la rahma, tassamouh etc., etc. quand il s’agit du malheur qui frappe l’autre. Salutations d’un pays qui aurait pu être confronté à cette tragique situation par la perte d’un de ses “bout d’chou”. P. S. : La photo de cet ange placardé dans les rues d’Alger me hante depuis le 2 mai, son regard insoutenable et très expressif m’interpelle car je n’arrive pas à définir/deviner quel message il adresse à notre pseudo-société qui en fait n’en est pas une.

Ahmed

 

- Bonjour, Je voudrais rebondir sur la polémique comment doit-on juger et punir le ou les déséquilibrés qui ont commis le crime. En fait vous avez réagi en papa et non en journaliste. Je suis maman et je vous comprends, mais il aurait fallu poursuivre (à froid, sur un autre billet) et analyser sur le plan sociologique la problématique de la violence (gratuite, il n’y a pas eu demande de rançon), quelle est sa fréquence, quelles seraient les raisons, fait-on quelque chose pour la prévenir ? Ce qui me chagrine le plus, c’est le manque de respect qu’ont nos gouvernants pour la vie humaine, sous d'autres cieux on aurait remuer toute l’Europe pour retrouver l’enfant. Rappelez-vous la petite Anglaise disparue au Portugal il y a quelques mois. On a vu comment en France, on organise des battues méthodiques avec chiens autour du périmètre de disparition. Je pleure de dépit et je fume du thé moi aussi !!

Fatima

 

 

- J’ai trop d’estime pour vous pour m’attarder à vous dire tout ce qui m’affecte en lisant votre chronique d’appel à la torture. J’ai toujours imaginé en vous un humaniste profond, un démocrate civilisé comme on n’en rencontre plus dans un pays musulman. Malheureusement devant votre douleur, vous oubliez la douleur tout court, et vous succombez à la tentation de la vengeance et du sang. Qu’est-ce qui vous différencie de tous ceux qui dans notre pays s’arrogent le droit de décider qui est justificable ou et qui ne l’est pas. Il n’y a pas de hiérarchie dans la douleur, ni dans la barbarie. Il n’y a pas de hiérarchie dans la justice, ou les justices devrais-je dire.

 

M’hamed

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- Cher Hakim,

Permettez moi d’abord de me présenter, je suis médecin anesthésiste réanimateur, et j’exerce ma profession depuis dix-sept ans. Comme vous pouvez le deviner, je passe le clair de mon temps à assister des personnes en détresse et à sauver des vies humaines, hommes, femmes et enfants. Je peux vous assurer, cher Monsieur, que les plus grands moments chargés d’émotion, de bonheur pour moi, sont ceux où j’assiste une maman qui met au monde un enfant, et que les plus grands moments d’émotion de compassion et de tristesse sont ceux où je dois accompagner un enfant qui souffre et qui réclame sa maman et son papa au moment de son introduction dans la salle du bloc opératoire. A ce moment, je mesure toute l’ampleur du stress et de la peur panique que ressent cet enfant qui avance vers l’inconnu, entouré d’inconnus, malgré toutes leur gentillesse et leur sollicitude et pourtant ses parents lui ont expliqué qu’il allait juste accompagner tata (l’infirmière) pour faire photo et revenir très vite. Cher Hakim, par-delà ce vécu, j’imagine les pleurs, la peur à lui relâcher les urines, les appels au secours à son papa et à sa maman, les supplications d’un enfant devant des êtres inqualifiables, abusant de lui, le torturant, et l’étranglant jusqu’à suffocation. J’imagine l’angoisse des parents pendant toutes les journées et les nuits d’attente que durent les recherches, puis l’effondrement à l’annonce de la mauvaise nouvelle et en dernier lieu, ce sentiment terrible de culpabilité pour n’avoir pas été là pour défendre et protéger son petit ange. Cher Hakim, j’ai lu aujourd’hui dans votre rubrique dédiée au petit Yacine, “paix à son âme”, qu’il se trouve des gens au rôle de vierge effarouchée qui s’offusquent du fait que vous demandez à faire subir à ces animaux les mêmes sévices qu’ils ont fait endurer à leur petite victime et ils menacent même de ne plus vous lire, je voudrais dire à ces gens là que le châtiment de la prison ne suffit pas pour ce genre de crime, car nos prisons sont devenues des hôtels gradés, ils mangeront mieux que nous, ils auront la télévision, du matériel de musique, des salles de sport pour se muscler, des médecins, des dentistes et des psychologues H24 pour veiller sur leur petite santé. Alors qu’en face, il y a des vies brisées à jamais, une famille éplorée, hantée par le souvenir de leur petit enfant innocent disparu horriblement et à jamais, une maman frôlant la dépression, un papa pudique cherchant le moindre coin pour laisser couler ses larmes, des frères et des sœurs qui ne comprendront jamais ce qui vient d’arriver. Aucun Aïd, aucune fête nationale ou religieuse ne seront fêtés comme avant en somme, une vie entière s’est arrêtée et pour toujours. De grâce, ne venez surtout pas incriminer nos policiers sur leurs manières de mener leurs enquêtes, les fouteux des droits de l’homme ont tellement fait que nos braves policiers sont presque réduits à servir des crèmes et des croissants et à s’excuser lors des interrogatoires devant tous les petits larcins des quartiers qu’ils arrêtent. Cher Hakim, l’Algérie a signé le moratoire sur la peine de mort qui fait que celle-ci est actuellement suspendue, moi je lance l’idée d’une pétition nationale à adresser à Monsieur le président de la République, pour son application pour les crimes de pédophilie et de kidnapping d’enfants, et de grâce ne pensez surtout pas que ça n’arrive qu’aux autres, il est temps que la société envoie un message fort et clair à tous ces animaux.

Salutations amicales Idir

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