Tony le papiste

[Clouseau 899]

 

Tony Blair va se convertir. Depuis qu'il a rencontré le pape ce samedi, il ne fait plus guère de doute que le Premier ministre britannique s'apprête à abjurer sa foi anglicane et embrasser la foi catholique et romaine, qui est aussi celle de son épouse et de ses quatre enfants. Geste on ne peut plus intime, mais qui pose toutefois quelques questions politiques. Car Blair n'a jamais caché l'importance de ses convictions religieuses dans sa vision du monde, ni son inclination vers le catholicisme. Mais comme en Grande-Bretagne, les catholiques sont exclus du trône depuis 1688, et qu'il n'y a jamais eu de chef du gouvernement "papiste", comme disent les protestants les plus virulents, il a attendu de quitter le pouvoir pour franchir le pas. Il a cependant joué de son oecuménisme personnel pour gagner la confiance des protestants et des catholiques nord-irlandais et faire avancer le processus de paix.

 

Tout d'abord, il est surpenant que Blair, travailliste, progressiste et qui a instauré les unions homosexuelles dans son pays, quitte l'Eglise anglicane, qui ordonne des femmes et des homosexuels, pour rejoindre l'Eglise catholique beaucoup plus fermée sur les questions de moeurs. D'après la presse britannique, Benoît XVI n'a d'ailleurs pas manqué de lui rappeler, lors de leur rencontre au Vatican, son désaccord sur toutes ces questions.

 

Mais la question que je me pose est surtout celle des relations entre Tony Blair et George Bush. On sait que leur foi commune est l'une des raisons principales de la solidité de leurs liens personnels. Mais quelle foi ? Car le rapport à Dieu, la conception du salut, ou l'expression de sa foi sont assez différentes. Comment un anglican si proche du catholicisme a-t-il pu partager le messianisme d'un évangélique ? Comment Blair a-t-il pu passer outre les objections de Jean-Paul II pour suivre Bush dans une entreprise militaire aussi déformée par les croyances de la droite religieuse américaine ? Bien sûr, le soutien britannique à la guerre en Irak repose aussi sur des convictions politiques. Mais j'aimerais lire un jour ce qu'on été les conversations de Blair et de Bush sur la religion.

 

Eric maurice