Cyrta 10 Posted April 30, 2010 Partager Posted April 30, 2010 A la fin des années 50, une opération de manipulation montée par les services français a déclenché une purge dévastatrice au sein de l’Armée de Libération nationale. Dans son livre «Il faut abattre la Lune», Jean-Paul Mari raconte cet épisode, l’un des plu Toute la zone rebelle de la willaya III est intoxiquée par la «bleuite». Ce nom étrange vient des bleus de chauffe arborés en guise d’uniforme par les spécialistes de la guerre contre-insurrectionnelle dirigée par le capitaine Paul-Alain Léger. L’homme est redoutable: fin, cultivé, brun, un regard noir et perçant, le nez aquilin, les lèvres minces, avec à la fois quelque chose de féminin et de prédateur dans le visage. Parachuté en France en juillet 1944, rompu au combat dans les rizières d’Indochine et les djebels, il n’ignore rien des méthodes des services secrets français, de l’action psychologique et de la manipulation. Quand il débarque à Alger, des bombes viennent d’exploser dans la capitale, dont la Casbah est aux ordres directs du FLN. Le capitaine Léger décide de noyauter l’organisation. Son supérieur hiérarchique, le colonel Godard, lui-même ancien de la Résistance, des troupes du 11e choc et du renseignement en Indochine, approuve son projet. Le GRE (Groupe de Renseignement et d’Exploitation) est né. Le principe de la bleuite est simple et diabolique. Quand un rebelle est identifié et arrêté, il est interrogé, souvent torturé, toujours compromis ou piégé. On lui offre de changer de camp. Brisé, retourné ou acquis à sa nouvelle cause, il rejoint les Bleus. Une fois remis en liberté, il reprend le chemin de sa willaya, où on l’aide en secret à gravir un à un les échelons de l’Armée de Libération nationale. Le jeu est terriblement dangereux. De son bureau à Alger, le capitaine Léger met à profit le moindre renseignement et document saisi, confectionne de faux cachets et rédige des lettres signées des «frères d’Alger» qu’il fait parvenir par des boîtes aux lettres clandestines aux vrais «frères du maquis». Au fil des mois, ses hommes s’infiltrent, le renseignent et tissent une vaste toile d’araignée. Un soir, quand un de ses émissaires revient de la montagne en lui mettant sous les yeux une lettre officielle surchargée de cachets du FLN, le capitaine Léger se frotte les yeux: «Le porteur de cet ordre de mission est habilité au nom de la willaya III à représenter l’armée et le Front de Libération nationale au sein de la zone autonome d’Alger.» En clair, ce sont désormais les services français qui ont pris la direction politico-militaire de la région d’Alger, toute une partie du maquis. Et c’est le capitaine Léger qui décide du choix des armes et du lieu des attentats antifrançais! Evidemment, les nuits d’Alger redeviennent calmes et il ne se passe plus grand-chose en dehors d’une voiture brûlée et d’une escarmouche sans conséquences. L’opération «double jeu» va durer six mois, pendant lesquels le FLN se demandera, stupéfait, pourquoi les activités terroristes des «frères d’Alger» sont quasi nulles. Citer Link to post Share on other sites
Cyrta 10 Posted April 30, 2010 Author Partager Posted April 30, 2010 Fin 1958, la manipulation se transforme en intoxication meurtrière quand Léger introduit au sein du maquis le virus de la bleuite, qui va progressivement gagner toute la willaya III du redoutable Amirouche. La méthode consiste à déceler un authentique maquisard, rétif, impossible à retourner, et à faire mine de lui proposer de rejoindre les Bleus. Le capitaine Léger lui explique alors à quel point le maquis est infiltré, lui cite les noms des «traîtres», lui fait lire des faux documents et entendre des pseudo-messages radio à destination de ses soi-disant complices de la willaya III. Il suffit ensuite de faire semblant d’envoyer l’homme en mission non loin d’un maquis FLN pour qu’il s’empresse de s’évader et d’alerter ses chefs sur l’étendue des dégâts présumés. Dans la montagne, le doute s’installe, renforcé par la découverte de cadavres algériens tués dans un simulacre bruyant d’embuscade. Sur les corps abandonnés, les vrais fellaghas accourus découvrent de petits papiers soigneusement roulés, faux ordres de mission français cousus dans la doublure des treillis. Le syndrome aigu de paranoïa politico-militaire va gagner, s’étendre en cercles concentriques à toute la willaya et déboucher sur un nettoyage façon Khmers rouges. [...] Dans la willaya III, Amirouche, son chef, est connu comme un homme intraitable, psychorigide et brutal. Puisqu’il est persuadé que le corps de la rébellion est gangrené, il décide de traiter le mal à sa manière. Son lieutenant Hacène Mayhouz fait installer chaque soir un kanoun, sorte de barbecue à même le sol, et suspendre les premiers suspects par les chevilles et les poignets... C’est la technique de l’«hélicoptère», où le supplicié monte et descend le ventre offert aux braises du kanoun. Au petit matin, ceux qui n’ont pas parlé sont morts; les autres, atrocement brûlés, ont fini par avouer n’importe quoi et à donner d’autres noms. Ils sont exécutés comme le méritent les «traîtres». Fort de ces renseignements, Amirouche ordonne aussitôt d’élargir le champ des investigations. Et l’«hélicoptère» fonctionne à plein régime. Le 3 août 1958, Amirouche adresse une longue mise en garde aux commandants des autres willayas: «Cher frère, j’ai le devoir de vous informer en priant Dieu pour que ce message vous parvienne à temps de la découverte en notre willaya d’un vaste complot ourdi depuis de longs mois par les services français contre la révolution algérienne. Grâce à Dieu, tout danger est maintenant écarté, car nous avons agi très rapidement et énergiquement. Dès les premiers indices, des mesures draconiennes étaient prises en même temps: arrêt du recrutement et contrôle des personnes déjà recrutées, arrestation des goumiers et soldats "ayant déserté", arrestation de toute personne en provenance d’autres willayas, arrestation de tous les djounoud [soldats] originaires d’Alger, arrestation de tous les suspects, de toutes les personnes dénoncées de quelque grade qu’elles soient et interrogatoire énergique de ceux dont la situation ne paraissait pas très régulière.» On estime à 2000 hommes le nombre de «suspects» suppliciés. Dans sa circulaire, Amirouche précise que les traîtres sont surtout des personnes instruites, intellectuels, étudiants, collégiens, médecins et enseignants. L’«hélicoptère» a sans doute brûlé jusqu’à la mort le ventre d’une partie de l’intelligentsia algérienne. J.-P. M. Citer Link to post Share on other sites
Guest jazairia Posted April 30, 2010 Partager Posted April 30, 2010 Allah yarhame echouhada ,gloire a nos martyrs ; cette affaire a etè donnè toujours par nos ennemi comme preuve contre Amirouche ;une bavure commise qualifiè comme impardonable et que Amirouche etait jaloux de la jeunesse intellectuelle qui l'entourait a cet epoque et qu'il etait contre tout ce qui etait elite pour minimiser voir ternir l'image et la valeur de l'homme or que la realitè etait tout a fait autre longtemps cette affaire a fait la polemique ,mème entre ancien de la FLN y'en avait qui refusaient de parler de cette affaire en la considerant comme point noir dans l'histoire de la revolution sans mème s'assurer des faits rèels de cet incident , moi ce que je qualifie de honteux c'est de ne pas pouvoir ecrire notre histoire dans les règles de l'art j'ignore ce qui empèche jusqu'a present de le faire,.?! Allah yarhame Amirouche et tous ceux qui se sont donnè corps et ames pour notre Algerie et pour nous et les generations futur merci a eux . Citer Link to post Share on other sites
Wahrani 1 465 Posted April 30, 2010 Partager Posted April 30, 2010 Sans avaoir été visée , la wilaya I aussi a été touchée par ce syndrome et le dernier colonel de cette wilaya El Hadj Lakhdar (que Dieu ait son âme) a égorgé des dizaines d'instruits qui etaient coupables de parler trop bien le français ou d'avoir fréquenté des écoles françaises . Mon père avait assisté un jour à Batna lors d'une fète familiale , aux larmes de cet illustre combattant quand il se remémora cet épisode de la révolution qu'il ne se pardonna jamais jusqu'à sa mort . Citer Link to post Share on other sites
Cyrta 10 Posted April 30, 2010 Author Partager Posted April 30, 2010 La bleuite continue à faire des ravages jusqu'à maintenant. En Algerie si on veut discréditer quelqu'un ou de le tuer, on dit de lui qu'il est harki ou vendu à la France. - Le FIS pour combattre le regime algérien l'a qualifié de Hizb França (pour le faire discrediter et gagner la confiance du peuple) - Dernièrement Aït Ahmed du FFS, opposant inexistant sur la scène politique et qui manque d'imagination, pour s'opposer au régime a dit que le régime algérien etait un "protéctorat français"!! La Bleuite, toujours la bleuite. Citer Link to post Share on other sites
Nytch 10 Posted April 30, 2010 Partager Posted April 30, 2010 Moi je prétend qu'une grande parti des membres du gouvernement algérien et de l'état major des armés sont encore composé de cette bleuite et leurs entourages . Je ne peut accepter que ces vermines soit toujours là ! . Merci Cyrta pour cet extrait , je te conseillerai de lire aussi << le Forgeron de Batna >> livre très intéressant si tu ne l'a pas lu bien sur ! . Tu as raison jazaïra !, pourquoi faut-il que ce soit toujours des non algériens pour relaté ces faits marquant de nôtre histoire ? ; Je me demande si il n'y aurait pas un tabous en Algérie , sinon pourquoi les historiens n'osent pas en parler ? . La bleuite , la guerre des chefs , ou les traîtres en tous genre , avaient ravagés tout l'Est algérien, surtout le secteur des Aurès , ( Wilaya 1 ) à tel point qu'il à fallut dépêcher Amirouche pour prendre provisoirement le contrôle et le recadrage des troupes , en attendant que les planqués des frontières désigne des chefs de leur cru " si j'ose dire ! ", pour le relever . Citer Link to post Share on other sites
Zombretto 1 127 Posted April 30, 2010 Partager Posted April 30, 2010 Sans avaoir été visée , la wilaya I aussi a été touchée par ce syndrome et le dernier colonel de cette wilaya El Hadj Lakhdar (que Dieu ait son âme) a égorgé des dizaines d'instruits qui etaient coupables de parler trop bien le français ou d'avoir fréquenté des écoles françaises . Mon père avait assisté un jour à Batna lors d'une fète familiale , aux larmes de cet illustre combattant quand il se remémora cet épisode de la révolution qu'il ne se pardonna jamais jusqu'à sa mort . C'etait une guerre subversive ... et tous les moyens etaient bon pour la gagner ... faut quand meme pas oublier ... que le vrai patron de l'operation ... c'etait le colonel khodja ... de l'etat-major ... Alger-Sahel ... Faut pas oublier non plus ... que l'operation avait aussi pour objectif ... d'affaiblir l'armee de l'interieur ... pour permettre a l'armee des frontieres ... de prendre le pouvoir ... le moment venu Citer Link to post Share on other sites
Zombretto 1 127 Posted April 30, 2010 Partager Posted April 30, 2010 c'est celui là qui a libéré son pays de l'occupation allemande pas les usa:mdr: A la fin ... il s'est fait arnaquer ... par un sous officier ... un arabe qui lui a pique ... tout son argent dans ... une affaire de restaurant Citer Link to post Share on other sites
numidia 10 Posted May 1, 2010 Partager Posted May 1, 2010 La bleuite continue à faire des ravages jusqu'à maintenant. En Algerie si on veut discréditer quelqu'un ou de le tuer, on dit de lui qu'il est harki ou vendu à la France. - Le FIS pour combattre le regime algérien l'a qualifié de Hizb França (pour le faire discrediter et gagner la confiance du peuple) - Dernièrement Aït Ahmed du FFS, opposant inexistant sur la scène politique et qui manque d'imagination, pour s'opposer au régime a dit que le régime algérien etait un "protéctorat français"!! La Bleuite, toujours la bleuite. le gouvernement algerien pour combatre le MAK ou autres mouvances kabyles ou berberistes dit qu'ils sont au service de la france et meme mieux d'israel. Citer Link to post Share on other sites
numidia 10 Posted May 1, 2010 Partager Posted May 1, 2010 C'etait une guerre subversive ... et tous les moyens etaient bon pour la gagner ... faut quand meme pas oublier ... que le vrai patron de l'operation ... c'etait le colonel khodja ... de l'etat-major ... Alger-Sahel ... Faut pas oublier non plus ... que l'operation avait aussi pour objectif ... d'affaiblir l'armee de l'interieur ... pour permettre a l'armee des frontieres ... de prendre le pouvoir ... le moment venu rien a ajouter. Citer Link to post Share on other sites
Nytch 10 Posted May 1, 2010 Partager Posted May 1, 2010 Dieu comme j'aimerai qu'il existe des enquêtes sur l'accession au pouvoir des morves qui parasites tout le système depuis si longtemps . Je serait même prêt à collaborer avec le mossad .., oui vous avait bien lu !! ..., "avec le mossad ", si il nous permettait de découvrir quelle rôle les "faux du fln" avaient eut pendant et après la guerre . Citer Link to post Share on other sites
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