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B. Stora : << La France doit assumer ..>>


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BENJAMIN STORA

«La France doit assumer la guerre d’Algérie»

08 Mai 2010 - Page : 3

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Le cinéma français occulte la guerre d’Algérie. Les historiens déplorent cette situation.

 

«Le refus d’assumer la guerre d’Algérie est très mal vécu par une part importante de la société française aujourd’hui: il faut donc l’affronter.» C’est du moins ce que pense l’historien français Benjamin Stora, dans un entretien accordé hier à l’AFP. Il a dénoncé à cette occasion, la campagne menée contre le film Hors-la-loi de Rachid Bouchareb avant même sa projection en compétition au Festival de Cannes (12-23 mai).

L’historien français a jugé que 60 ans après l’indépendance de l’Algérie, «cette guerre est loin d’être finie dans les têtes et dans les coeurs», faute d’avoir été «suffisamment nommée, montrée, assumée dans et par une mémoire collective».

Stora est revenu sur le refus ou l’éloignement d’une certaine élite française qui prône l’anti-repentance et verse dans la politique de la fuite en avant, en donnant l’exemple des événements du 8 Mai 1945 en Algérie qu’il qualifie de massacres. «Des évènements tels que les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata en 1945 ne figurent pas dans le cinéma français, même de manière elliptique, c’est un véritable trou noir», a-t-il souligné.

L’historien a ajouté que la perte de l’Algérie française à laquelle rêvait Paris, «restera toujours une blessure dans l’histoire du nationalisme français». Selon lui, l’Algérie est bien plus proche qu’une lointaine colonie comme l’Indochine ou un simple protectorat comme la Tunisie. Elle formait trois départements français. «On refuse de faire le deuil sur la perte de l’Algérie française», a-t-il estimé.

L’auteur de La gangrène et l’oubli et de La Mémoire de la guerre d’Algérie estime que la séparation n’a quasiment pas été représentée à l’écran comme la résultante de la volonté d’indépendance des Algériens. Encore moins la fin d’un combat mené contre le colonisateur français. Il pense qu’«elle a plutôt été vue comme le produit d’une trahison ou d’un abandon par les Français». Avec onze autres personnalités dont sept historiens, Benjamin Stora vient de signer un texte dénonçant la campagne contre le film Hors-la-loi.

Les massacres du 8 Mai 1945 ont fait à Guelma et ses environs plus de 18.000 victimes, selon des statistiques établies par des recherches sur ces évènements que la Fondation du 8-Mai s’efforce depuis des années à faire admettre comme crimes contre l’humanité. Soixante-cinq ans après ces massacres barbares, tous les témoignages recueillis auprès de parents de victimes ou de militants de la fondation, créée en 1995, attestent, en effet, que les actes commis à Sétif, Guelma et Kherrata, constituent de flagrantes violations des droits de l’homme et sont de nature à être classés crimes contre l’humanité.

Beaucoup parmi ces témoins portent encore les souvenirs et stigmates de scènes insoutenables de massacres, de torture et d’autres horreurs perpétrés ce jour-là et les semaines qui ont suivi. Les témoignages évoquent 11 endroits de la wilaya de Guelma.

 

Aïssa MOUSSI

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