JO de Pékin : le compte à rebours est lancé

[Guest elkhamass]

Pékin JULIE DESNÉ

Le Figaro

 

J - 365 La cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques 2008 est fixée au 8 août à 8 heures du soir, une accumulation de « huit » imposée par la superstition chinoise.

 

DÈS six heures du matin, sur le grand parvis de la gare de Pékin, quelques crachats fusent nonchalamment. À cette heure-ci, peu de chances de croiser un des gardiens des bonnes manières reconnaissables à leur casquette rouge ou à leurs brassards. Ils préfèrent écumer les hauts lieux touristiques, à l'instar de Tiananmen ou de la rue commerçante piétonne de Wangfujin, traquant le moindre mauvais cracheur. À tout juste un an des Jeux olympiques, les habitants de la capitale ne sont en effet plus indifférents à ce qui fut longtemps une pratique généralisée - l'évacuation des mucosités est davantage vue comme un geste bon pour la santé que comme une impolitesse.

 

Avant même le lancement, il y a quelques mois, de la campagne du Spiritual Civilization Steering Committee (SCSC), le bureau en charge de l'étiquette, certains Pékinois n'appréciaient que moyennement les crachats intempestifs de leurs compatriotes. Aujourd'hui, il en va de la fierté nationale et sous l'autorité du Parti, la Chine montrera un visage « éduqué » pour les JO. « Des dizaines de milliers de journalistes vont venir en Chine pour couvrir les Jeux l'année prochaine, ce qui signifie que les bons comme les mauvais côtés de la Chine seront amplifiés. Une fois qu'une mauvaise impression est faite, elle reste », avait asséné Zhai Weihua, directeur adjoint du SCSC lors du lancement de la campagne. La République populaire avance au son des slogans : « Il est civilisé de faire la queue » ; « Il est glorieux d'être poli ».

 

Promesse de « Jeux verts»

 

Lors des dernières vacances nationales chinoises, en mai, une cinquantaine de personnes s'étaient vu infliger une amende de 50 yuans pour avoir craché dans la rue. Phénomène sans doute inhérent aux capitales, les Pékinois rejettent la faute sur les provinciaux. Ils seront près de deux millions à venir des quatre coins du pays pour assister à la grand-messe nationale et mondiale, contre 500 000 visiteurs étrangers. D'ici aux Jeux, les provinciaux qui viennent visiter leur capitale ont droit à des fascicules détaillés sur le comportement à adopter que les guides ne manquent pas de leur rappeler au cours de leur séjour. Pour montrer toute sa bonne volonté, la municipalité ne recule devant rien et met aussi à disposition des touristes et des riverains des petits sacs en plastique pour ne pas jeter de détritus par terre.

 

Mais les habitants attendent surtout de voir leur propre vie s'améliorer. Ils ont payé un lourd tribut à la croissance économique et aux Jeux olympiques. Beaucoup de quartiers ont disparu sous les grues et les monstres d'acier et de béton sont toujours en gestation. La qualité de l'air s'est considérablement dégradée à Pékin, qui figure à la 28e place du classement des villes les plus polluées de Chine. Un rang difficile à améliorer, malgré les efforts de la ville pour réduire cette pollution. Elle pourrait retirer de la circulation un million de véhicules pendant la durée des Jeux.

 

La municipalité qui a promis des « Jeux verts » a d'ores et déjà annoncé qu'elle ne pourrait pas approvisionner toute la ville en eau potable. Seul le village olympique recevra de l'eau potable au robinet. L'eau comme la nourriture sont devenues des sujets de préoccupation majeurs pour les Pékinois, qui, selon les générations, s'échangent des informations sur Internet ou avec leur voisinage pour savoir où faire leurs courses. Pour eux, le vrai défi de la modernisation commence le 24 août 2008.