Cyrta 10 Posted July 17, 2010 Partager Posted July 17, 2010 C’est un prélude à d’autres réalisations, d’autres conquêtes pour le plus grand bénéfice de la population et de la région. Les scènes d’une gare bécharoise qui végète dans l’immobilisme et la torpeur ne sont que de vieux souvenirs néfastes. Il n’y a rien de plus déplaisant, triste et accablant qu’une gare déserte où il n’y a pas âme qui vive. Cette atmosphère de vide qui règne nuit et jour, qui perdure avec une imperturbable ténacité, une pénible «longévité», a de quoi pousser à l’amère déception et au pessimisme. La gare ferroviaire de Béchar avait cessé de vivre depuis bien longtemps. Elle n’accueillait plus les locomotives chargées de marchandises, les voyageurs provenant de diverses contrées du territoire national. Pourtant, Béchar jouit d’une position stratégique au cœur du réseau de transport saharien. La région est captivante et offre de grandes possibilités de développement. De cela, les citoyens de Béchar en sont bien conscients. Ils savent qu’ils ont beaucoup à perdre avec ce train qui ne veut plus faire retentir ses sifflements dans les quais bondés de voyageurs, de touristes en mal de dépaysement ou d’exotisme. Mais que peuvent- ils bien y faire devant le fait accompli ? Les affres d’un terrorisme qui avait fait de l’insécurité un de ses chevaux de bataille, forçant les habitants à ne point trop se hasarder en tirant le diable par la queue. Que peuvent-ils offrir comme riposte contre les fureurs dévastatrices de la nature qui, en un tour de main, sème la destruction et la désolation, comme ce fut le cas avec les crues de l’oued Zouzfana, il n’y a pas si longtemps ? Le train du désert doit reprendre du service Cette ligne Oran-Béchar a connu une série de circonstances malheureuses qui ont fini par provoquer son arrêt depuis les années 90, selon les propos des citoyens. Depuis, il fallait faire contre mauvaise fortune bon cœur, trouver d’autres alternatives à ce manque cruel. On s’est donc rabattu sur le transport par route avec tout ce qu’il entraîne en termes d’aléas, d’ inconvénients, de difficultés. Tout se convoyait par route. Les marchandises, les fruits et légumes, les matériaux de construction, les céréales, les vivres, les carburants et la liste est loin d’être exhaustive. Mais à chaque chose malheur est bon et à cœur vaillant rien d’impossible. Le train du désert doit reprendre du service. Les populations ne peuvent plus se déplacer autrement que par voiture ou par avion. Décision est prise par les pouvoirs publics de secouer le cocotier longtemps assoupi pour les raisons que l’on vient très succinctement d’évoquer. Les travaux furent lancés en 2004, marquant le début d’une résurrection que tout le monde attendait avec ferveur. Le projet est exaltant. Il s’agit de «fabriquer» plusieurs centaines de kilomètres de voies ferrées au milieu d’une nature imposante, mais rude et rocailleuse, aride et austère. Il fallait défricher, creuser des passages dans des paysages lunaires. Tronçon par tronçon, la jonction entre la petite commune de Tabia dans la wilaya de Sidi Bel-Abbès et la ville de Béchar fut réalisée à la veille de la célébration bénie du 48e anniversaire de la fête de l’indépendance et de la jeunesse. Pour nos concitoyens du Sud-Ouest, on ne peut rêver d’un aussi beau cadeau. Mission accomplie, sommes-nous tentés de dire. 580 km de voie ferrée, de nombreuses gares pourvues de toutes les commodités sont mis en service par le ministre des Transports, M. Amar Tou, en ce vendredi 3 juillet, à marquer d’une pierre blanche. L’itinéraire est consistant : Tabia, Redjem Demmouche, El Biod, Mecheria, Naâma, Aïn Sefra, Béchar. Plus d’une dizaine d’entreprises ont participé à la concrétisation de ce projet dont l’ambition est de relier le Nord au Sud ainsi qu’une société mixte et un groupement de bureaux d’études. La vitesse maximum est de 160 km/h. Près de 650.000 voyageurs seront transportés annuellement ainsi que 700.000 t de marchandises. Les responsables de la SNTF prévoient deux dessertes de nuit en voitures couchettes et places assises. L’une à 18 h 25 à partir de la gare d’Oran, l’autre à 18 h 50 à partir de la gare de Béchar. Les tarifs sont, pour la voiture couchette, de 1.690 DA en première classe, 1.245 DA en deuxième classe et 975 DA en place assise, deuxième classe. Les habitants de Béchar ont eu enfin l’heureuse surprise de voir défiler devant eux un train «en chair et en os», d’assister à un spectacle dont ils avaient perdu le gout depuis une décennie. Longues furent la séparation et la privation. Il se racontent même qu’il y a des enfants qui n’ont pas encore eu le loisir de voir «le cheval de fer». Citer Link to post Share on other sites
Cyrta 10 Posted July 17, 2010 Author Partager Posted July 17, 2010 Un enjeu capital et un défi imparable Dès lors, on a bien compris l’enthousiasme qui avait été le leur durant le passage de la machine. Il fallait les voir s’engouffrer à l’intérieur du train avec une jubilation d’enfants en mal de découvertes. Mais il n’y avait pas qu’eux à faire montre d’un tel débordement, les vieux, les adultes, les femmes accompagnées de leur progéniture emboîtaient le pas et affichaient un engouement sincère. Mais au-delà des sentiments de joie et de satisfecit, somme légitimes, il faut mesurer les impacts économiques et sociaux sur le processus de développement des régions du sud de notre pays. C’est un enjeu capital, un défi imparable. L’on a souvent péché par manque de lucidité, de bon sens et d’à-propos en ne luttant pas suffisamment contre un vieux reliquat fondé sur un concept d’Algérie utile, confinée dans les limites étroites et surpeuplées du nord de notre pays, qui fut une source d’attrait et pôle d’attraction incontestable. L’on a toujours été habité par ce désir d’aller vers le Nord pour travailler et faire sa vie. La nouvelle politique d’aménagement du territoire se fixe pour objectifs de réduire les disparités régionales, d’instaurer un équilibre nécessaire pour le développement du pays. Le désenclavement du grand Sud est une priorité cardinale à laquelle tous les efforts et énergies sont consentis. Le Sud demeure l’avenir du pays. C’est ce qui ressort des discussions que nous avions eu avec des citoyens et des gens avisés qui voient nettement plus loin le bout de leur lorgnette. En observant ce train débouler dans la gare de Béchar, on comprend très vite que le compte à rebours a commencé et pour de vrai. On n’a qu’à tendre l’oreille à ce responsable rencontré par hasard dans le train. Il parlait avec beaucoup de conviction des perspectives prometteuses qui s’offrent à la région. Il énumère intarissables les répercussions positives de cette œuvre qu’il considère de remarquable. Les Français, avait-il dit, ont construit la ligne Arzew–Colomb-Béchar pour satisfaire des visées «expansionnistes», pénétrer à l’intérieur du désert et fortifier leur mainmise sur l’ensemble du pays. C’était de bonne guerre. Mais aujourd’hui, les choses ont radicalement changé. C’est pour la promotion et le développement du pays que ce train creuse son sillon. L’événement est grandiose. Il n’y a rien à dire de plus. Il n’est pas le seul à s’enthousiasmer. Et pour cause, la ligne ferroviaire s’inscrit dans le cadre d’une stratégie nationale de modernisation du réseau et dans un processus irréversible de désenclavement du sud de notre pays. Le train Oran-Béchar a sifflé en ce mois de juillet de tous les espoirs. Cet important projet, inclus dans le programme du Chef de l’Etat, est une réalité. C’est un prélude à d’autres réalisations, d’autres conquêtes pour le plus grand bénéfice de la population et de la région. Les scènes d’une gare bécharoise qui végète dans l’immobilisme et la torpeur ne sont que de vieux souvenirs néfastes. Mohamed Bouraïb Citer Link to post Share on other sites
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