Jazairi 10 Posted August 7, 2010 Partager Posted August 7, 2010 Faute d'un dispositif sanitaire correctement organisé, financé et suivi, le sida continue sa progression en Algérie où il ne se limite plus aux catégories sociales dites marginales. Les derniers chiffres consolidés sur la situation du sida en Algérie ont été révélés à travers un rapport, élaboré courant 2010, par le ministère de la Santé et remis à l’instance onusienne chargée de coordonner la riposte mondiale à cette maladie (Ungass). Le document, intitulé «Rapport de situation nationale sur le suivi de la déclaration de l’engagement de la session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies sur le VIH/sida». Ses chiffres englobent notamment la période 2008-2009 et font ressortir une somme de données jusque-là inconnues du grand public. D’emblée, le document souligne que «la lutte contre le sida en Algérie a été érigée au rang de priorité nationale au lendemain de l’apparition du 1er cas en 1985. Elle a fait l’objet de plans de lutte successifs à court, moyen et long terme depuis 1989 et s’est toujours caractérisée par un engagement des autorités politiques au plus haut niveau». Il est considéré, à ce titre, que «grâce à la riposte nationale multisectorielle, l’épidémie demeure peu active voire concentrée, vu sa faible prévalence dans la population générale». Mais le rapport ne considère pas pour autant la situation actuelle comme positive. «En raison du nombre croissant de nouveaux cas d’infection notifiés et compte tenu des déterminants de la propagation de l’épidémie, la vigilance doit rester de mise», estiment les rédacteurs dudit document. D’abord, parce que toutes les enquêtes font ressortir, depuis 1985, «une augmentation constante du nombre de cas en Algérie». Au 31 décembre 2009, le nombre cumulé a atteint 5 209 cas d’infection dont 1 028 cas de sida et 4 181 cas de séropositifs (porteurs sains). Dans l’ensemble, «le mode de transmission par voie sexuelle occupe toujours la première place, avec un taux de 97,5% des cas parmi les hétérosexuels. De même, la tranche d’âge la plus touchée, aussi bien pour les hommes que pour les femmes, est celle des 25-49 ans. Le ratio hommes/femmes, lui, est de 1,4. Toutefois la séroprévalence de l’infection au sida reste faible chez les femmes enceintes enquêtées au niveau des consultations prénatales, (passant tout de même de 0,02% en 2000 à 0,09% en 2007). En revanche, chez ce qu’on appelle les groupes de population à risque (patients des consultations IST et professionnelles du sexe), la tendance est à la concentration de l’épidémie dans ces groupes de populations. La séroprévalence chez les patients des consultations IST est passée de 0,25% en 2000 à 2,42% en 2007. Celle des professionnelles du sexe qui était de 2,87% en 2000 a atteint 3,95% en 2007. Des données qui confortent donc le caractère peu actif, voire concentré dans certains groupes de populations à risques, selon le même rapport. Avant de donner plus de chiffres, le rapport explique les circuits de l’information sur le sida en Algérie, laquelle est collectée par un système dit de notification. Depuis 1990, en effet, la notification de l’infection à VIH a été intégrée au système de surveillance des maladies à déclaration obligatoire. Basée sur l’anonymat, la notification est entamée après la confirmation de chaque cas suspect, sur la base d’un prélèvement accompagné d’une fiche d’identification du patient, laquelle est adressée au laboratoire national chargé de cette mission, également habilité à confirmer l’infection à VIH et à notifier les cas confirmés au ministère de la Santé. Citer Link to post Share on other sites
Jazairi 10 Posted August 7, 2010 Author Partager Posted August 7, 2010 Depuis quelques années, le système a été décentralisé, laissant aux grandes structures locales la mission, en sus du travail du LNR, de confirmer et de notifier les cas d’infection VIH. Ce système ainsi décrit a permis de recenser, pour la période 2005-2009, que plus de 54% des personnes infectées sont hétérosexuelles, que 1% seulement sont des toxicomanes utilisant des drogues injectables, que 0,8% seulement aussi ont été contaminées par le sang et dérivés, alors que les personnes homosexuelles infectées représentent 12% des cas. Certes, le rapport nous dit que 48% des cas ne sont pas expliqués ou alors que les personnes concernées ne savent pas comment elles ont contracté le sida. Mais, il va sans dire que les chiffres révélés plus haut indiquent que la maladie ne progresse pas en marge de la société dite normale, mais parfaitement en son sein. Une progression qui, selon les mêmes chiffres, se fait à presque 68% dans la tranche d’âge des 25 à 49 ans, c’est-à-dire au cœur de la force active, dont 53% d’hommes. Remarque intéressante, les rédacteurs du rapport signalent que «la plupart des patients consultent tardivement», ce qui rend compte, à leurs yeux, de l’intérêt de l’intensification du dépistage précoce de l’infection au sida. Un point positif, cependant, le suivi des patients séropositifs, au niveau des Centres de référence de prise en charge de l’infection à VIH/sida, (CDR), s’est nettement amélioré au plan de la prise en charge thérapeutique et le pronostic de l’infection, par la mise à disposition gratuite des ARV depuis 1998, mais aussi grâce à la mise en place graduelle d’un suivi biologique, virologique et immunologique. Depuis, l’on note une chute de la mortalité liée à la maladie. Un succès limité, puisque les autorités sanitaires déplorent le faible soutien à l’observance, avec près de 14% des malades tout simplement perdus de vue, ainsi que le nombre important d’échecs virologiques relevés au CDR d’Alger. Face à cette situation, le rapport met en avant les multiples efforts des autorités sanitaires, leur coordination incessantes avec les instances internationales et leur adaptation au progrès concernant cette maladie. Mais le rapport énumère aussi un certain nombre d’obstacles à une riposte nationale au sida. Ainsi, l’on cite l’inadaptation aux exigences actuelles du cadre de coordination dont est chargé le Comité national de lutte contre les IST/VIH/sida, mis en place en 1989. De plus, l’on relève la faiblesse du mécanisme de suivi et d’évaluation, puisque, à ce jour, ces tâches sont assurées par le ministère de la Santé, faute d’un organe national qui en serait chargé. Le document cite aussi l’insuffisance du système d’information et l’inadéquation du financement, puisque «aucun secteur institutionnel, y compris celui de la santé, ne dispose d’une ligne budgétaire spécifique au VIH/sida». Enfin, le rapport cite, mais sans s’y attarder suffisamment, sur «la stigmatisation dans la société». «Bien que toutes les lois du pays protègent toutes les personnes contre toutes formes de discrimination et de stigmatisation, il subsiste dans notre société quelques stéréotypes», se contente de résumer le document. Allant plus loin que la critique, le rapport national fait aussi des propositions. Comme celle de mettre en place un nouveau Comité national de lutte contre les IST/VIH/sida et dont le décret exécutif portant création, organisation et fonctionnement a été finalisé. Il est suggéré aussi d’accélérer la mise en place du mécanisme national de suivi-évaluation, vu notamment que son plan opérationnel a été élaboré. De même, il est recommandé la révision du système national de notification des IST/VIH/sida et la création d’une base de données centralisée, sans compter l’importance de la mobilisation des ressources nationales et internationales pour l’ensemble des partenaires de la riposte nationale, ainsi que l’intensification des actions de communication pour le changement de comportement en vue de réduire la discrimination qui touche les malades. D’ailleurs, le rapport, qui rend hommage au travail difficile des associations sur le terrain, déplore les difficultés que rencontrent celles-ci à accéder à des appuis financiers compte tenu des procédures arrêtées par les bailleurs de fonds. Et, autre frein à une meilleure riposte nationale, l’Algérie souffre du retard considérable du «programme commun du système des Nations unies en appui à la réponse nationale au VIH/sida (2007-2011). Un retard dû au ralentissement des activités du SNU et l’absence d’un coordonnateur national de l’ONUSIDA. Enfin, pas moins inquiétant, le rapport en question met à l’index l’inadéquation des ressources humaines dans le dispositif de riposte national… Par Nabil Benali, les Débats Copyright © 2010 - Jijel-écho Citer Link to post Share on other sites
Recommended Posts
Join the conversation
You can post now and register later. If you have an account, sign in now to post with your account.