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Tunisie – Après les incidents de Ben Guerdane : quelles leçons tirer ?


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Entre une Algérie qui sort d’une crise de plus de dix ans et qui fait tout pour que l’horreur des années 1990 ne se répète plus et une Libye où des décisions parfois imprévisibles, se trouve un petit pays qui n’a de ressources naturelles que ses enfants et leur sens du savoir-faire et de la débrouillardise.

 

Ce pays qu’on nomme Tunisie, et à l’instar de tous les pays du monde, n’a pas choisi ses voisins. Certes, les frontières de la Tunisie sont moins conflictuelles que celles russo-géorgiennes, pakistano-indiennes ou, pire du pire, palestino-israélo-égyptiennes, mais ces frontières ne sont pas toujours de tout repos et les derniers incidents de Ben Guerdane le prouvent.

 

Il a fallu un extraordinaire sang froid et un haut sens de la mesure pour que les incidents soient circonscrits et clos aussi rapidement qu’ils étaient nés. Trois ministres ont été dépêchés à Tripoli pour le suivi de l’application des décisions de la haute commission exécutive mixte tuniso-libyenne et, inévitablement, évoquer les récents problèmes frontaliers dont l’origine demeure, jusque là, inexplicable.

 

En effet, tout le monde s’interroge sur les raisons ayant poussé nos « frères » libyens à fermer les frontières et ce après avoir imposé une taxe, à sens unique et injustifiée, aux automobilistes ?

 

De surcroît, force est de reconnaître que nous n’en sommes pas à une première et il y a de très faibles chances pour que ce soit une dernière. Mais force est de reconnaître, aussi, que la Tunisie a pu maintenir le cap et entretenir des relations amicales et fructueuses avec le voisin libyen. Entre le Président Ben Ali et le leader Gueddafi, c’est beaucoup plus qu’une amitié, une fraternité.

 

Ainsi, si au plan structurel, la situation semble solide et fondée sur le respect mutuel et les intérêts réciproques, il est préférable, voire nécessaire de pallier à ce genre d’événements à caractère conjoncturel.

 

De ces incidents, et de tous ceux qui les ont précédés, il va falloir, en effet, tirer les leçons et les enseignements. Et la première d’entre-elles est de ne pas faire dépendre toute une région et ses habitants des éventuels aléas et autres coups de tête de certains responsables de l’autre côté, qui sont, parfois situés à des niveaux subalternes.

 

On éviterait, ainsi, que la Tunisie soit lésée par ces voisins, que ce soit de bonne foi, de mauvaise foi, ou par fatalité. Dépendre de soi-même et non de ses voisins ou de ses partenaires (la Tunisie continue aussi à subir la crise européenne) est cependant, un grand luxe pour un pays dénué de ressources naturelles.

 

Il s’agit certes d’un objectif utopique, donc impossible à atteindre, mais il est utile de penser à en atténuer cette dépendance poussée à l’extrême.

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Dès lors, il va falloir faire jouer notre légendaire système D pour parer à toute mésaventure, à tout accident, à tout caprice, qu’ils soient des pays du voisinage ou du vieux continent.

 

Et pour faire jouer le système D, il faut se munir de bon sens et adopter la célèbre recette de grand-mère de ne pas mettre ses œufs dans le même panier.

 

Ben Guerdane « vit » grâce aux frontières libyennes ? Il faudrait que ses commerçants pensent, sérieusement, à compter sur eux-mêmes, à trouver d’autres créneaux et à chercher d’autres ressources pour ne pas dépendre uniquement de ces seuls fournisseurs ou de ces seuls clients.

 

L’industrie tunisienne dépend de l’Europe ? Il faudrait que nos industriels aillent démarcher des clients aux Etats-Unis, au Canada, dans le Golfe.

 

Le tourisme tunisien connaît de beaux jours grâce à la Libye, l'Algérie, la France et l’Italie ? Il va falloir démarcher davantage les Chinois, les Canadiens, les Américains et les Russes.

 

En multipliant les clients (et les fournisseurs), on fera tout simplement jouer la concurrence. On achètera pour moins cher et on vendra pour plus cher, tout en évitant les éventuels caprices ou les risques de probables retombées d’une crise politique, à ne pas écarter.

 

Nous n’avons pas choisi nos voisins, mais nous pouvons choisir nos clients et nos fournisseurs à condition que les parties intervenantes y mettent le paquet et qu’on leur donne les moyens nécessaires pour mettre le paquet.

 

Or la réalité est compliquée et rend difficile l’application des plus simples des théories. Cepex et Fipa n’ont pas suffisamment de moyens pour réaliser ces objectifs. Nos industriels peinent à boucler les fins de mois et une partie de nos hôteliers ressemblent plus à de vieux épiciers djerbiens qu’à de managers, tandis que nos commerçants de Ben Guerdane semblent se plaire et se complaire dans leur carpediem et cette vie au jour le jour.

 

La question n’est pas aussi insoluble, car ce qui nous arrive aujourd’hui est déjà arrivé hier à d’autres pays devenus industrialisés. Il y a ce qu’on appelle un programme de mise à niveau qu’on pourrait (ou plutôt devrait) élargir aux PME et même aux petits commerçants. Apprendre le b.a.-ba du commerce et de la prospection des marchés ne devrait pas être réservé exclusivement aux diplômés des HEC.

 

Impliquer les régions, les privés, les PME et les nouveaux diplômés aux côtés des Cepex et de la Fipa pourrait être une piste salvatrice pour que notre économie ne soit plus dépendante de deux voisins, trois partenaires et quatre marchés. Et ce, en attendant des jours meilleurs. Des jours où l’Union du Maghreb Arabe (UMA), un choix irréversible et si cher à notre Président, devienne un ensemble concret et cohérent. Un ensemble complémentaire et intégré au grand bonheur de près de 80 millions d’habitants.

 

Source de l’article : http://www.businessnews.com.tn/BN/BN-lirearticle.asp?id=1090747

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