geronimo 10 Posted August 22, 2007 Partager Posted August 22, 2007 Qui avait eu l'occasion de voir le film "Quand l'Algérie était française" difusé le 16 mai 2006? Le cas échéant, qu'en pensez-vous ___________________________________ 1830-1962 : Quand l'Algérie était française Le 16, M6 (20 h 50), documentaire. L'image en couleurs, vieillie, tressaute. Elle montre un peuple en liesse dans les rues d'Alger le 1er juillet 1962, filmé par un cinéaste amateur, cinq jours avant la proclamation de l'indépendance. Serge de Sampigny a réuni avec son équipe des films amateurs tournés pendant les années 40 et 50, provenant de colons, d'appelés du contingent, de familles musulmanes ou du cinéaste communiste René Vautier, qui filma la guérilla du côté algérien. Entre l'évocation d'une Algérie paradisiaque, décalcomanie de la France fière de ses 132 ans de présence, et celle de la guerre avec les massacres, la torture, l'exode déchirant (« la valise ou le cercueil » ), le drame des harkis, remis dans leur contexte, le documentaire ne théorise pas. Il restitue, à travers la spontanéité de ces films et des lettres lues en commentaires, une société à une époque donnée. _______________________________________________ Dans une émission diffusée mardi soir L’Algérie des poncifs coloniaux Jeudi 18 Mai 2006 La chaîne privée M6 a diffusé, mardi dernier, en première partie de ses programmes de la soirée, un documentaire au titre expressif : «Quand l’Algérie était française», documentaire en deux parties qui devrait servir d’ouverture à l’histoire dans la grille des programmes de la chaîne. Produit et présenté par de la Villardière, l’une des figures de proue de la chaîne, le documentaire a fait l’objet d’une opération de promotion qui avait vu notamment de la Villardière et Stéphane de Sampigny assurer, sur le plateau du talk-show de ITV, Imédia, leur souci de rigueur déontologique –«Donner la parole à tout le monde», avaient-ils soutenu-, et préciser qu’ils avaient, en quelque sorte, anticipé sur la loi de février 2005, puisque le sujet était déjà inscrit au programme de la production. La précision n’en prend que plus de valeur qui rend alors compte de la profondeur, au sein de la société française et à tout le moins de ses médias, des ancrages d’une certaine idée de l’Algérie et particulièrement de la colonisation. L’argument, au plan de la forme, du documentaire est d’avoir récupéré et de présenter, pour la première fois, des images privées, prises par des particuliers et significatives de l’état de la société algérienne dans les années cinquante. Faut-il devoir relever –et s’étonner que cela ait pu échapper aux producteurs et réalisateur du documentaire- à quel point cet inédit est sélectif qui exclut la quasi-totalité des musulmans, globalement démunis et dont il est tragiquement risible d’imaginer qu’ils pouvaient, en sus, disposer de ces caméras super-huit aux fins de fixer les images de leur dénuement et de leurs misères. Les images diffusées –coloriées pour certaines ?- sont bien celles qu’annonce le titre d’une Algérie française, heureuse de l’être, sûre d’elle et affichant son confort. Sont alors revisités les thèmes récurrents d’un algérianisme sensualiste -auquel Camus et le Tipasa sont censés avoir donné ses lettres de noblesse littéraire- avec soleil éblouissant, vues sur la mer, y compris la blancheur d’une station de ski. Un algérianisme sensualiste Au passage est subtilement réactivée l’image, un peu westernienne, du colon pionnier, attaché à une terre qu’il met en valeur, près de ses ouvriers, y compris arabes qu’il paie au SMIG et somme toute humain. Le commentaire est-il ainsi une prégnante protestation contre «l’image que l’on donne du colon» et dans ce tableau assez bucolique de l’ordre colonial, la seule image de l’Arabe est celle, à la fois soft et emblématique, de la demeure cossue de Hamza Boubakeur dont on rappelle, à escient, l’ascendance comme pour mieux marquer le mérite de l’intégration de ceux qui savent s’ouvrir à la culture française. Somme toute, cette Algérie était heureuse et, dans ces années cinquante, rien n’aurait dû venir perturber ce bonheur même si, contrairement à l’affirmation mensongère du commentaire, «les cours des écoles» n’étaient pas la passerelle entre communautés annoncée. Au demeurant, on ne peut qu’être surpris par la profondeur de cette conviction partagée notamment par les élites politico-médiatiques françaises que la colonisation s’était attachée à instruire les jeunes Algériens -et l’image forcément émouvante de la brave institutrice et plus tard du moine soldat voués à l’éducation des jeunes Arabes était pour y pourvoir dans le document de M6- alors que les chiffres, en principe connus, avancés par les historiens situent à quelque trois cent mille –sur une population de neuf millions- le nombre d’Algériens scolarisés à la veille de l’indépendance et principalement au titre de la politique dite du plan de Constantine. Il est frappant de noter à quel point les Algériens sont dans l’ensemble absents en termes d’images dans le documentaire et apparaissent, comme c’était justement le cas dans l’Algérie française, dans le chiffre fantasmé de neuf millions, longtemps posé, comme une épée de Damoclès, au-dessus des têtes du million d’Européens. Cette histoire, tendance «people», servie par M6, articulée à des récits de vie exemplaires, est dans tous les sens du mot insoutenable au-delà d’une superficialité qui jure avec la gravité du sujet. Le principe sur lequel se construit le récit de cette Algérie française est en tout point conforme à ce qui fut effectivement cette Algérie européenne, blanche et globalement chrétienne, celui de la négation de l’autre, l’Algérien que l’on voit assez peu et que l’on n’entend encore moins quand ce n’est pas au travers de voix ambiguës. Une entreprise surprenante La colonisation de l’Algérie est, en filigrane, une œuvre civilisatrice en ce sens qu’on voit bien dans le documentaire ces Européens de toutes origines mais unis par un commun attachement à la France vivre, travailler, construire au fond une société où, comme le relèvera un soldat du contingent, «il y a la même bière qu’en France». Les poncifs sont aussi allégrement convoqués, ceux d’une mystique sudiste incarnée par Charles de Foucauld qui rajoute à la nostalgie qui imprègne le documentaire d’une Algérie «tolérante», selon le commentaire. Rien n’est dit du choc destructeur de la conquête, des massacres collectifs, des enfumades, des déplacements de populations, des expropriations, et continue-t-on encore à resservir, comme le faisaient les manuels scolaires français de l’époque, l’antienne de tribus soumises. Les mensonges délibérés –sur les massacres de 1945, de 1955, entre autres, l’accolement systématique du FLN à la notion de massacres, l’absence de toute référence dans le documentaire à l’histoire du nationalisme algérien, à sa diversité, le fait que seuls trois noms de dirigeants algériens –Bitat, Krim, Ben Bella en bon adjudant de l’armée française- ont été cités, que le nom de Benbadis est tronqué indique suffisamment quel crédit accorder à une entreprise à tout le moins surprenante. Si ce documentaire sera, au regard même de ces limites techniques et de ses partis pris idéologiques, assez vite oublié, le fait même qu’il ait pu être construit et reconnu éligible à la diffusion a valeur de révélateur du conformisme étroit qui continue à régir la représentation de la colonisation dans les mentalités françaises. On a peine à croire que nous sommes en 2006 et on a surtout peine à croire que l’œuvre présentée sur M6 bénéficiait d’un conseiller historique appelé par ailleurs à gérer un mémorial de la colonisation française. Plus de quarante ans après l’indépendance de l’Algérie, ce n’est pas sur la nostalgie, plus ou moins intéressée d’une Algérie française que peuvent se reconstruire des relations d’amitié et de confiance entre les deux pays. Citer Link to post Share on other sites
Guest fairy Posted August 22, 2007 Partager Posted August 22, 2007 Qui avait eu l'occasion de voir le film "Quand l'Algérie était française" difusé le 16 mai 2006? Quand est-ce que l'Algérie était française? un titre provocateur ! Citer Link to post Share on other sites
Proxima 334 Posted August 23, 2007 Partager Posted August 23, 2007 Quand est-ce que l'Algérie était française? un titre provocateur ! L’Algérie est algérienne mais elle était française au temps ou la France l’occupait …. aux yeux des colons elle était à eux…!!!! le titre est nullement provocateur, mais il est révélateur ….. « Algérie française !!!!! » ce n’est qu’une illusion …un rêve choyait par la France à l’époque il y a de l’ironie plus qu’autre chose en ce titre …. Citer Link to post Share on other sites
geronimo 10 Posted August 23, 2007 Author Partager Posted August 23, 2007 Bonjour, Il faut savoir que ce film fut réalisé à l'aide d'une sélection d'images prises par des gens du temps de la colonisation. Donc, ce sont surtout les commentaires du journaliste accompagnant les images qui importaient. On y découvrait des colons heureux et s'adonnant à leurs loisirs comme à Marseille (pétanque et pastis, plage entre autres). En revanche, les deux millions "d'autochtones" sédentarisés n'apparaissaient quasiment pas (sinon le recteur de la mosquée de Paris Boubaker (jeune à l'époque) et qui s'était plaint par presse du commentaire qui lui était dédié). D'où, il pouvait être loisible de baptiser ce film: "France-Algérie:chronique d'un divorce à l'italienne". Citer Link to post Share on other sites
geronimo 10 Posted August 23, 2007 Author Partager Posted August 23, 2007 Pour le surplus, il faut savoir que l'Algérie n'avait pas autorisé que des images du film "Les Indigènes" soient tournées sur sol, car ledit film ne reflétait pas la vérité. D'où son réalisateur s'est vu contraint de tourner au Maroc les passages relatifs aux événements se passant en Algérie. D'autre part, le gouvernemen algérien avait refusé un visa d'entrée à Delbouze afin de venir à Alger faire la promotion du film "Indigènes". Faut-il en déduire que le gouvernement algérien tient toujours en laisse tout événement ponctué à l'histoire de son pays? Pas sûr. En l'inverse le film "Mon colonel" n'a eu aucune problème de diffusion en Algérie, car c'est un nectar de vérité à l'instar de la "Bataille d'Alger" par un inéaste italien ou "Le contingent" d'Yves Boisset. Lire: Le film Mon colonel en avant-première à Sétif Citer Link to post Share on other sites
geronimo 10 Posted August 23, 2007 Author Partager Posted August 23, 2007 YouTube - algeria genocide cezayir katliam Citer Link to post Share on other sites
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