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Lounes MATOUB la voix d'un peuple ...


Guest misn'thmourth

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Guest misn'thmourth

rares sont ceux qui bâtissent

abondants ceux qui détruisent

peut sont ceux qui agissent

nombreux ceux qui se vantent

le monde est à l'envers, tout va mal

l'honneur est jeté au feu

et ils ont attisé les flammes

un souci à peine écarté

qu'un autre pointe son nez

la peine ne veut guère nous lâcher

elle nous colle comme la gale

d'aucuns au nom de la religion

exploitent la peine des autres

pillant centimes par centimes

pour accéder à leurs fins

ceux la qui élèvent des palais

d'ou la fortune leurs vient-elle?

aujourd'hui ils contrôlent tout

leur fortune parle pour eux

leurs enfants les voila qui baignent dans le savoir à l'étranger.

quand à nous sous le joug de l'humiliation

c'est l'arabe qu'on nous enseigne.

 

Matoub lounes .... felas ya3fu rebi ...

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Guest misn'thmourth

Regard sur l’histoire d’un pays damné

 

Pour toi Lounes. Lorsque les ténèbres engloutissent la clarté avec la hargne et la boulimie de la bêtise, et que l'on assiste amer au greffage morbide de l'identité millénaire, alors le mythe devient réalité. Et ces démons nous agressent à chaque instant. Nous refusons de plier. Le greffon ne veut pas prendre et les bourgeons éclosent plus bas avec la rapidité de la force de la vie qu'on étouffe. Nous n'aurons de paix que lorsque nous vivrons avec nous-mêmes et que nos ancêtres cesseront de se retourner dans leur tombe. La négation nous offusque à en mourir. Les tréfonds de notre âme en sont martyrisés. Matoub Lounes, tu chantes tout haut ce que tes frères ressentent tout bas. Victimes que nous sommes d'un système où le mot liberté veut dire : liberté des uns à disposer des autres. Tu es un baume au cœur outragé. Une preuve vivante de notre inénarrable attachement à rester debout. Le chant vient de ton âme et ta voix gonflée de rancœur et de colère nous réchauffe les os. Nous entrevoyons Taos Amrouche traverser les cieux de notre pays en compagnie d'un guerrier numide. Les tatouages de nos mères deviennent alors vérités absolues. Rien d'autre ne saurait ni ne pourrait nous guider. Lounes, tu nous as rappelés avec bonheur que même lorsque l'on perd son sang, l'atavisme se régénère. Y a-t-il loi de la nature plus belle ? La confiscation de notre liberté par ces gueux qui nous gouvernent a fait de notre peuple un troupeau malade où les meilleurs ont disparu, isolés ou vaincus, et les médiocres ont prit des allures d'astres scintillants. Pleure, ô vestales. Chante-leur, Lounes, que la démocratie a été le premier goût dans nos bouche, que nous l'avons tétée au sein de nos mères. Chante-leur notre soif de justice et de réparation. Chante, Matoub, chante ! Un poète peut-il mourir ?

 

 

 

Saint protecteur, Abderrahmane

Saint aux pouvoirs surnaturels

Où démêler l’écheveau de nos drames ?

Parmi les puissances qui nous ont dominés,

Depuis les conquêtes romaines,

Pas un qui n’ait meurtri notre terre aux flancs.

L’humiliation a pénétré le peuple,

Le joug dont ses bourreaux l’accablent,

Les siècles n’en ont pas émoussé le fer

 

Heureux qui, pour son salut, fuit, dit-on,

Mais qui, à demeurer en ce pays,

À bon escient appelle son châtiment

Ce n’est pas moi qui les insulterai ;

Voyez, le climat de nos vies s’est engourdi,

Menaces et pièges se liguent, s’amoncellent.

 

Qui détient les la clef de ce cauchemar ?

La descendance de Bakhta !

Lâchera-t-elle jamais prise ? jamais !

 

 

 

Algérie, prends garde, ne te relève pas

Pour te joindre au concert des nations.

Persévère, tourne dans l’avilissement, tourne !

Ne secoue pas les pans de ton habit ;

Va, engloutis ta progéniture,

Tu mènes tes ravages dans les cerveaux ;

Engraisse les ennemis qui te saccagent,

Ils sont repus de ta chair, pas un nerf ne te demeure.

 

Si une fois se dresse un homme d’honneur

Et qu’il fasse vœu de vaincre ton sort :

Sous une dalle, ravalé en exil,

Tel est le destin qu’il scelle en ton nom.

Ceux qui t’on arrachée aux mains des colons

Abane, Krim, Ben Mhidi

Ont tous succombé en d’atroces morts

Dont tu refuses d’honorer les sacrifices.

 

Dépecée, voraces dents rongée,

Nul ne vint pour apaiser ta peine.

Toutes les nations t’ont foulée aux talons,

Qui décampe te lègue ses fléaux.

Au fer des souffrances tu fus tatouée,

À tes pans d’habits l’abjection s’essuie.

Tu fus témoin aux massacres des lions

Qui te voulaient comme un phare, splendide.

 

Tu es l’antre creusé d’un essaim de vers

Qui ardemment dévore ta dignité ;

De quelque lieu que surgisse le malheur,

Dans ton giron un refuge lui est fait.

Comment le brouillard de dissipera-t-il ?

Puisque nous renions nos racines,

La mort même nous l’écœurerions,

Par nous désirée, elle nous recracherait

 

 

 

Nombreux, ils portèrent l’insurrection

Pour changer la face de ce pays ;

Par leur lutte ils ont repoussé les colons,

D’autres ennemis assiègent notre demeure.

Ceux-là que vous affublez de noms de prestige,

Tous ceux-là que vous couvrez d’éloges,

Ont aussi semé le désastre.

 

Le deuil obscurcit la forêt de chêne,

Elle était là face aux bourreaux.

D’une lame mortelle de fer affilée,

Combien d’enfants furent égorgés !

Détenteurs de quelque savoir,

Ils fuyaient une cité à feu et à sang :

Gibier traqué comme des étourneaux.

Aucun aide ne consola leur supplice ;

Ils furent exterminés sans plus de procès ;

Jeunesse ravie avant son heure

 

Si de Akfadou pouvait jaillir la parole,

De la Soummam aussi, comme de nos collines !

L’hiver alors serait la saison d’été

Et les ronces auraient raison du désert.

Il les égorgeait les un après les autres,

Son pas piétinait toute retenue :

Le déluge emporta les vaillants.

Puisque nous avons commencé notre épopée

Avant que nous fermions le récit,

Vers la demeure de la vérité affluons.

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Guest misn'thmourth

Survint le printemps 80 :

Le peuple afflue, occupe les rues ;

Homme et femmes se révoltent,

À la recherche de la justice bannie,

Sans se douter qu’on les guettait.

La nuit venue, ILS les terrassèrent…

Qui leur donna le coup de grâce ?

 

 

 

Le printemps a nourri la rage,

Le peuple bouillonne de part en part.

Notre terre n’a engendré nul bienfait,

Les eaux accrues se sont déversées sur elle.

Le monde entier est notre créancier,

L’infection ronge la moelle de nos os

Se dressèrent ceux que le malheur a brisés,

Que l’issue fût bonne ou mauvais… n’importe !

 

Combien de jeunes gens ont succombé !

Qui s’insurge est roulé dans la fange.

Moi-même je suis emporté dans le tourbillon

De la tragédie d’Octobre.

Une brèche s’ouvrira-t-elle à notre quête,

Terrasserons-nous ce qui est néfaste ?

L’Algérien aura-t-il sa part de repos

Et reconnaîtra-t-il son identité ?

 

L’injustice s’est creusée d’une fissure

D’où s’épanche la clarté

Que ceux qui ont péri reposent en paix

Ils nous lèguent la mémoire de leur martyre.

Nous serons les comparses de ce coquin,

De ce celui-ci et de cet autre, puisqu’ils sont

Savant et que nous sommes un troupeau,

À quoi bon accabler un sort ingrat !

 

Celui qui sait nous tient dans l’ignorance,

L’injustice garde son cœur engourdi.

Qui n’a pas les sens de l’histoire endurée,

Il n’est nulle foi à placer en lui.

Je doute que ce soit par le savoir

Que s’acquièrent le courage et la dignité,

Il n’est pas de fierté et d’honneur

Au lieu où se fomentent les complots.

 

 

 

Combien m’ont accablé à tort,

Qui, me trouvant d’insignifiants défauts,

Me diront enragé.

Les même m’ont calomnié

Lorsqu’ils me prétendaient

Laquais aux ordres du régime.

Mais vint le jour où l’on me supplicia

Ils ne m’ont pas raté…

Montagne, je te fais mon témoin,

Pour toi mon sang coula à flots,

Afin qu’émergent ceux qui clament :

« Nous y sommes arrivés ! »

 

 

Ni « les droits de l’homme », sous toutes les formes, ni aucune opposition n’ont pris pqrt à mon malheur. Seul le peuple – comme un seul homme – a osé défier la peur.

Ce parti ou celui-là, je ne me gênerai pas à les torpiller, haut et bas, sans relâche et sans mépris : pour que les geôles s’effondrent, pour que tous les bourreaux sombrent dans la triste nuit des ombres : retirons nos bâillons, redorons le blasons, accueillons cette lueur, présage de bonheur. Toutes et tous ! Pour une Algérie meilleur et pour une démocratie majeure !

 

 

 

L’espérance est incontournable,

Qu’elle germe en nous et prospère,

Bien que notre condition soufflé.

 

Si je médis de mon frère,

Mon être appelle son amour,

Je veux seulement qu’il frémisse.

 

Pour que le pavillon se hisse

À l’astre de la Liberté,

Il y faut une torche ardente.

 

Que l’Algérien s’y meurtrisse

Afin de retrouver mémoire

Et la voie de son identité proscrite.

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Guest misn'thmourth

Qu’il dise : je suis algérien,

Les siècles perfides m’ont trompé.

Je remonterai vers mes racines

Dussé-je les abreuver à mon sang.

Ce n’est pas sur un marché

Que j’ai découvert mon ascendance amazighe :

Il ne se vend ni se brade.

 

 

 

Malgré toutes mes amères souffrances

Et malgré mes membres sans forces,

J’affûterai l’organe de ma voix,

Les gens partout l’entendront.

Jamais je ne serai des renégats,

Prêt à jeter ma terre au gouffre.

Tant que mes yeux porteront la vie,

Je serai avec les opprimés en lutte.

 

D’où que vienne l’appel du Bien

Son chemin est celui que j’irai.

Ma raison en fût-elle égarée,

La mort même m’aspirât-elle

Je foulerais orient et occident,

J’affronterais le gel et les galernes

Je consentirais à toutes les paroles :

Que l’on dise seulement : je suis algérien.

 

Des malheurs semblables ont tissé nos liens

Que d’enfants sont tombés sous les rafales.

C’est d’une semblable neige d’injustice

Que nos âmes sont étouffées.

La fièvre jaune se saisit du peuple entier ;

De l’Algérie le cœur est lacéré.

Octobre ne sera pas extirpé des cerveaux

Quand demain nous trouverions le bonheur.

 

C’est le sang de ceux qui furent roulés dans la boue

Qui éclaire le visage de la Liberté.

Les desseins lointains nous sont propices,

Nous avons arraché notre bâillon.

Notre terre appelle les hommes probes

Elle guette la noblesse de cœur.

Eux seuls terrasseront l’heure mauvaise,

Que le malfaisant soit renversé à bas.

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