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La "guerre des changes", nouvelle arme économique


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LEMONDE.FR | 07.10.10 |

 

Le premier ministre chinois Wen Jiabao s'est montré ferme mercredi lors du sommet Asie-UE et a demandé aux Européens de ne plus appeler à la dévaluation du yuan.

 

Alors que la question n'était pas officiellement à l'ordre du jour, la faiblesse du yuan a largement dominé les débats qui se sont tenus à l'occasion de la venue à Bruxelles du premier ministre chinois, Wen Jiabao, qui a participé entre lundi 4 et mercredi 6 octobre à un sommet Asie-Union européenne, puis à une rencontre bilatérale Chine-Union européenne.

 

Au cours des trois jours de réunion, aucun participant n'a souhaité lâcher la moindre concession. Or la menace d'une "guerre des changes", qualifiée de la sorte par le ministre des finances brésilien, Guido Mantega, risque de compromettre une reprise jugée fragile, dont le FMI vient d'ores et déjà d'avertir qu'elle serait moins forte que prévu.

 

Pourquoi la Chine refuse-t-elle de réévaluer substantiellement sa monnaie ?

 

Le premier ministre chinois s'est montré ferme mercredi lors du sommet Asie-UE et a demandé aux Européens de ne plus appeler à la dévaluation du yuan. "Je dis aux dirigeants européens : ne rejoignez pas le chœur qui fait pression pour une réévaluation du yuan", a-t-il déclaré aux chefs d'Etat et de gouvernement européens. Selon lui, une appréciation brusque de la monnaie "conduirait beaucoup d'entreprises chinoises à la faillite" et créerait "des troubles sociaux". Une telle crise "ne serait pas une bonne chose pour le monde dans son ensemble", a-t-il mis en garde.

 

Jusqu'au mois de juin, le yuan avait une parité fixe avec le dollar. Depuis qu'il a été autorisé à fluctuer, dans des limites étroites, le yuan s'est légèrement apprécié face à la monnaie américaine (+ 2 %). En revanche, il a perdu près de 10 % par rapport à l'euro. Et chaque mouvement à la baisse du dollar tire mécaniquement le yuan vers le bas également.

 

Quel est l'avantage d'une monnaie faible ?

 

Le maintien d'un dollar faible est une des conséquences de la crise économique : pour financer leur plan de relance, les Etats-Unis ont largement fait tourner la planche à billet, produisant de la monnaie et faisant baisser sa valeur. Point positif, une monnaie faible – que ce soit le dollar ou le yuan – contribue à maintenir la compétitivité des exportations en baissant le prix des produits vendus à l'étranger.

 

Reporter la responsabilité de la croissance sur les exportations est un expédient classique en temps de crise : il est plus facile, d'un point de vue politique et économique, de dévaluer une monnaie que de stimuler la demande intérieure. Le prix Nobel d'économie Joseph Stieglitz s'est toutefois montré très critique vis-à-vis du "laxisme" de la banque centrale américaine, la Federal Reserve, faisant valoir que la création de liquidité "n'avait rien fait pour l'économie américaine et causé le chaos dans le reste du monde".

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Pourquoi la Banque centrale européenne (BCE) n'intervient pas sur l'euro ?

 

L'Union européenne, dont la monnaie continue à s'apprécier – elle a atteint jeudi le seuil de 1,40 dollar pour la première fois depuis février –, voit sa compétitivité à l'international se dégrader jour après jour. Pour autant, intervenir sur les taux de change ne fait pas partie des missions de la BCE (elle ne l'a fait qu'une fois, en 2000), qui doit surtout veiller à ce que l'inflation reste en dessous des 2 % dans la zone euro.

 

A l'heure actuelle, l'institution dirigée par Jean-Claude Trichet se refuse à prendre le contre-pied des autres pays. Elle a annoncé jeudi maintenir son taux directeur à 1 %, dans le but de conserver des conditions de crédit avantageuses pour les entreprises et les particuliers, nécessaires à la reprise de l'économie.

 

Comment les Etats peuvent-ils faire baisser le cours de leur monnaie ?

 

Plusieurs mécanismes peuvent être utilisés. Le premier est tout simplement de vendre massivement des devises sur le marché des changes. Valable en système de changes fluctuants, cette solution ne peut être invoquée dans le cadre de changes fixes, qui requièrent une prise de décision des autorités sur le changement du taux de change.

 

Pour limiter la spéculation, les gouvernements et banques centrales peuvent également baisser les taux d'intérêt – comme l'a fait le Japon – afin de réduire les gains potentiels et détourner les investisseurs. Ils peuvent encore apposer des taxes sur les achats de titres par des investisseurs étrangers, comme l'a fait le Brésil.

 

En quoi cette politique de monnaie faible est-elle dommageable pour l'économie ?

 

Face à une reprise économique encore timide, chaque pays a tendance à choisir "la solution nationale". C'est ainsi que les Etats-Unis laissent dégringoler le dollar depuis plusieurs années. Cette faiblesse a pour corollaire de mettre en difficulté certains pays émergents. Se détournant du billet vert, trop faible pour générer des gains, les investisseurs ont tendance à placer leurs fonds dans les pays qui ont moins souffert de la crise.

 

Résultat, les pays émergents, et notamment le Brésil, la Corée du Sud et dans de moindres proportions, l'Inde, se retrouvent avec des monnaies surévaluées. Ces trois pays ont annoncé avoir pris des mesures pour contenir cette hausse.

 

Pourquoi les experts et les gouvernants sont-ils inquiets ?

 

Dans un discours prononcé à la Brookings Institution, le secrétaire du Trésor américain, Tim Geithner, a plaidé pour la mise en place d'un mécanisme qui contraindrait les pays à la balance commerciale excédentaire, comme la Chine, à réévaluer leur monnaie et abandonner les "politiques orientées vers l'exportation" : "l'impact collectif de ce type de comportement risque soit d'augmenter l'inflation et de conduire à des bulles spéculatives dans les pays émergents, soit d'affaiblir la consommation et d'intensifier à court terme les distorsions en faveur des exportations", a-t-il souligné.

 

Les Etats-Unis comptent sur le FMI, dont l'assemblée annuelle se tient ce week-end à Washington, pour obtenir une réelle avancée sur la flexibilité du taux de change de la monnaie chinoise. De son côté, la France juge son approche d'une réforme du système monétaire international validée par les débats actuels et accueillera en décembre un séminaire sur le sujet.

 

Audrey Fournier

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