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Lutte Anticancer : L'ère Du Sur-mesure


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ENTRETIEN

Lutte anticancer : l'ère du sur-mesure

LE MONDE | 01.09.07 | 15h16 • Mis à jour le 01.09.07 | 15h45

 

John Niederhuber, en tant que directeur du National Cancer Institute des Etats-Unis, comment envisagez-vous les traitements du cancer du futur ?

Nous allons changer de paradigme. Celui du XXe siècle était "rechercher et détruire". Nous réagissions à la maladie en nous appuyant sur les différences assez grossières entre cellules tumorales et normales. Mais les traitements toxiques, pas toujours efficaces, débouchaient sur une qualité de vie des malades limitée. Grâce à la recherche sur le génome humain, sur les protéines, l'immunologie, etc., notre nouvelle approche va être de "cibler et contrôler". Les médicaments, ciblés, seront peu ou pas toxiques, peu susceptibles d'entraîner des résistances. Ils amélioreront réellement la qualité de vie.

 

 

CHIFFRES

 

24,6 MILLIONS DE PERSONNES

vivent avec un cancer dans le monde, selon l'OMS. Elles seront 30 millions en 2020.

 

11 MILLIONS DE NOUVEAUX CAS

sont diagnostiqués par an, ils seront 16 millions en 2020.

 

7,6 MILLIONS DE PERSONNES MEURENT

du cancer chaque année (soit 13 % des décès dans le monde entier). Elles seront 10 millions en 2020 et 11,4 millions en 2030.

 

60 % DES NOUVEAUX CAS

en 2020 concerneront les pays en développement (Asie du Sud et Amérique du Sud notamment).

 

L'UNION EUROPÉENNE INVESTISSAIT

 

3,76 euros par personne contre le cancer en 2005 ; les Etats-Unis, 17,63 euros.

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Cela signifie-t-il qu'un jour la chimiothérapie classique sera obsolète ? Des traitements à base d'acide rétinoïque et d'arsenic commencent d'ailleurs à être utilisés avec succès contre certaines leucémies.

La chimiothérapie utilise, par définition, différents agents pour combattre le cancer. De ce point de vue, l'utilisation de l'arsenic et de l'acide rétinoïque reste une forme de chimiothérapie. Ce type de traitement va-t-il devenir obsolète ? Difficile à dire. Nous continuerons à les utiliser dans le futur, mais avec de nombreuses modifications. Notre héritage génétique influe sur la manière dont nous métabolisons les traitements. Nous allons nous appuyer sur la caractérisation génétique complète de l'individu pour choisir le traitement le plus adapté.

 

Les traitements seront donc beaucoup plus personnalisés

...

Nous espérons qu'un jour chaque patient pourra bénéficier d'un traitement individualisé, sans ou avec peu d'effets secondaires graves. Que le médecin puisse dire : "La dernière fois que vous êtes venu, nous avions séquencé votre génome et tout allait bien, mais nous l'avons séquencé à nouveau, et nous avons découvert des anomalies. Telles et telles protéines sont élevées, ce qui laisse penser qu'il y a une masse de cellules qui se développe dans cette bronche. Nous allons les repérer afin d'intervenir soit par des moyens chimiques, soit par des moyens physiques."

 

En fonction de son profil génétique, un patient sain connaîtra son risque de cancer, l'évolution potentielle de la maladie, le traitement qui convient et son éventuelle toxicité. La prise en charge thérapeutique sera donc très ajustée. C'est une grosse différence avec la situation actuelle. Les traitements deviendront moins coûteux, car nous éviterons des prescriptions inutiles ou inefficaces.

 

Dans les vingt ans, quelles percées peut-on espérer pour contrer les mécanismes conduisant au cancer ?

Plus nos connaissances sur cette maladie progressent, plus je suis frappé par sa complexité, qui semble s'accroître de semaine en semaine. Cependant, la bonne nouvelle est que plus nous comprenons la complexité des mécanismes à l'oeuvre, plus nous avons d'opportunités de pouvoir intervenir.

 

A mes débuts, nous étions centrés sur l'étude des cellules cancéreuses. A l'heure actuelle, nous ciblons la formation de nouveaux vaisseaux destinés à nourrir la tumeur (néoangiogenèse), les tissus environnants impliqués dans le processus de cancérisation et de migration des cellules, ou encore les cellules souches de la tumeur. Tout cela est susceptible de donner un nombre croissant de moyens d'interrompre ce processus ou de contrôler sa progression.

 

Ces moyens n'auront pas nécessairement à être dirigés vers les cellules cancéreuses elles-mêmes. Ils pourraient par exemple viser les cellules endothéliales (des parois des vaisseaux) anormales, pour ce qui est de la néoangiogenèse.

 

L'action sur les cellules souches tumorales est-elle une voie prometteuse ?

De grands espoirs sont fondés sur la recherche visant à savoir si les cellules "initiatrices" du cancer aux capacités comparables à celles des cellules souches sont les cellules d'origine des métastases. Comme beaucoup d'autres, mon laboratoire sur la biologie des tumeurs étudie les cellules souches adultes et leur potentiel pour traiter cette maladie.

 

De nouvelles substances cancérogènes apparaissent-elles ? Serons-nous en mesure de les combattre, quand on voit la difficulté à le faire aujourd'hui, à l'exception du tabac ?

Notre structure soeur au sein des Instituts nationaux de la santé, l'Institut national des sciences de la santé environnementale (NIEHS), étudie l'ensemble des nouveaux carcinogènes et toxines. Au cours des années écoulées, elle n'a pas décelé de pic dans le nombre de nouveaux cancérogènes. Je ne m'attends donc pas à une vague de nouveaux agents capables d'induire des cancers.

 

Combattre les expositions environnementales à des cancérogènes est d'une certaine manière plus facile que de s'attaquer aux modifications endogènes responsables du cancer, car on connaît la source de l'exposition et on peut souvent prendre des mesures directes. Le cancer est une maladie d'une complexité incroyable avec un nom unique. Notre défi est d'avoir une approche combinant les mutations des lignées germinales (à l'origine des cellules sexuelles) et somatiques (à l'origine des autres cellules du corps), qui sont à l'origine des cancers.

 

Verrons-nous apparaître de nouvelles formes de cancer ou bien les connaissons-nous toutes ?

Les cancers rares continuent de poser problème, mais par définition, ils ne se rencontrent pas fréquemment. De nouvelles formes de cancers ou des formes ignorées sont certainement possibles, mais la plupart des variétés de cancer sont probablement déjà identifiées.

Propos recueillis par Paul Benkimoun

Article paru dans l'édition du 02.09.07.

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Guest elkhamass

ca fait peur...on n'est pas sorti de l'auberge....

avec cette nouvelle approche dite du "sur-mesure", basée sur l'immunologie et la genétique..etc..., au lieu de la physiopathologie, et la médication a outrance, de nouvelles portes s'ouvrent, et des espoirs..

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