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Une plainte contre des généraux de l’armée algérienne se prépare


Guest misn'thmourth

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Guest misn'thmourth

La raison de cette plainte : le massacre commis en Kabylie en avril 2001. Cette info nous vient d’une ONG, ENA.

Nous sommes partis à la rencontre de sa direction dans la ville d’Évry. Ils sont en période de structuration ce qui ne les empêche nullement de travailler. Ils veulent croitre et réussir leur base locale partout en Afrique du Nord, tout comme les racines d’un arbre doivent être fortes. Déjà, l’ENA dispose de comités agissants à même de préparer des dossiers crédibles incriminants l’État algérien dans l’écrabouillement de sa propre constitution. Nous avons leur opinion sur la laïcité, l’autonomie et les chrétiens en Algérie dans cet entretien.

Tout d’abord, comment vous est venue l’idée de créer une ONG

C’est simple, nous nous sommes retrouvés plusieurs fois à discuter de la chose politique et nous avons constaté que nous portons en nous des vues et des objectifs similaires en matière de droits de l’homme et de la dimension amazigh sans quoi le nord-africain n’est pas et ne pourra être. Nous avons alors décidé de former une ligue pour partager notre sens commun des libertés et aussi pour participer à la réduction des atteintes à la dignité humaine en Afrique du Nord.

 

En quoi votre ligue est-elle différents des autres ligues déjà existantes ? Pensez-vous que votre ONG sera profitable pour le citoyen maghrébin en général et pour l’Amazigh en particulier ?

D’abord, nous préférons le terme Afrique du Nord à la dénomination "Maghreb" comme désignatif à notre région. Cette dénomination est une allégorie qui charme les moralistes de la résignation et les politiques berbères sans audace. Quand nous parlons des amazighs nous entendons les Nord-Africains en général. Le mot “maghreb” devait disparaitre avec la chute du califat islamique d’antan qui avait affublé notre région de cette appellation tendancieuse en raison de sa position occidentale par rapport, bien entendu, à l’ancienne Arabie des conquérants. La dénomination de nos territoires par "Maghreb " est tragi-comique ; pour le monde arabe, elle est l’altercation à l’attachement du Nord-Africain à son territoire d’une part, et d’autre part, la farce par laquelle il en a fait son appendice. Le précepte " Maghreb" occulte la dimension amazighe, c’est justement par ce précepte qu’on force à nous garder en résidence surveillée dans le foyer arabo-islamique. " Maghreb " devrait être remplacé par Tamazgha ou Numidya.

 

Revenons à votre question, nous finissons la rédaction d’un manuel de procédure – que nous rendrons public- dans lequel nous définissons ce que notre ONG défend ainsi que ses plans pour intervenir sur le terrain quand un gouvernement nord-africain commet un abus sur un citoyen par rapport à ses convictions ou sur un peuple par rapport à sa culture. Plus encore, notre combat va dans l’intérêt des groupes spécifiques partout en Afrique du Nord tels que les femmes, les personnes harcelées pour délit de religions, les ethnies opprimées dans leur langues et leur cultures et aussi les sans logements et les sans travail car le travail et le logement font partie des droits de l’homme. En toute humilité, nous entendons définir au mieux notre message par des actions spécifiques qui aideront, avec le concours d’autres ONG, à influencer sur les décisions des gouvernements en matière de droit. C’est-à-dire, ne pas nous limiter à la simple dénonciation d’un abus, d’un déni ou d’un crime. Nous disons que les auteurs des crimes, quels que soient leurs rangs dans les hiérarchies civile et militaire, doivent répondre devant un tribunal. Il est hors de question que les responsables des tueries en Kabylie et dans d’autres régions continuent à vivre en toute quiétude.

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Guest misn'thmourth

A Alger, à Rabat ou à Tunis, jamais une ligue des droits de l’homme n’a appelé à une marche de protestation contre l’arbitraire d’une arrestation ou d’une décision de justice, comme l’affaire des non jeuneurs et chrétiens persécutés. Jamais une ligue n’a porté plainte devant un tribunal contre un général, un ministre ou un wali. Jusqu’à présent les ligues existantes font office de tribunes d’informations ou d’archives des méfaits du pouvoir en termes de dépassements. Ce n’est pas suffisant. Nous respectons ces ligues, nous nous inclinons devant leur courage, mais leurs méthodes de travail les vouent à la marginalisation de la vie politique de leur pays quel que soit le charisme ou l’intelligence de leurs membres dirigeants.

En Algérie, les questions relevant des non jeuneurs et de la laïcité ne sont soulevées que par les partis kabyles RCD, FFS et MAK

Les partis RCD et FFS, sont des partis nationaux algériens, nous les respectons en tant que tels. Cela dit, c’est bien dommage que la question de la laïcité ne soit discutée que par des partis alors qu’elle devrait être posée par les intellectuels et les scientifiques qui sont les plus concernés, ils portent en eux la charge du gout de l’esprit et de sa garantie.

 

L’Algérie est orpheline de son intellectualité, comme si son esprit a disparu avec les mémoires tout le temps assassinées, Kateb Yacine, Alloula, Noredine Zenine, Abdelhamid Benzine, Rachid Mimouni, Tahar Djaout, Matoub Lounes. Aujourd’hui, sans citer les politiques, nous pouvons citer Slimane Benaissa, Boualem Sensal, Wassila Tamzali, Mustapha Hammouche, Mohamed Benchicou, c’est peu pour un pays dont la lutte pour la liberté dure depuis 2000 ans. Ils se comptent sur les doigts de la main les intellectuels qui assument leurs responsabilités dans le sens d’une révolution des consciences politiques et d’un questionnement existentiel. Peu d’intellectuels visent l’esprit critique des croyants crédules excités par des islamistes zélés. Oui, vraiment peu objectent l’ingérence de la religion dans la sphère publique. Critiquer tout précepte culturel qui limite les libertés et les droits humains sans vexer le croyant en tant qu’individu, cela s’appelle démocratie, et la majorité des Nord-Africains sont si friands de cette logique.

 

Sinon, comment expliquez-vous la course difficile à l’immigration clandestine en direction de l’Occident ?

La liberté de conscience est le domaine à débattre avant tout des intellectuels et des scientifiques qu’ils soient musulmans, chrétiens, laïcs ou irréligieux. Tout intellectuel digne a le devoir de dire. Refuser de parler de la laïcité pour ne pas offusquer la religion c’est abdiquer devant la charlatanerie. D’abord la laïcité ce n’est pas le respect des religions mais le respect de la liberté de conscience. C’est à l’élite qu’il revient de hâter le renouvellement des idées, de faire participer la majorité silencieuse à l’entrain de l’expression, de préparer la société à sa propre évolution et de l’aider à se débarrasser des inepties qui n’ont aucun intérêt pour sa santé morale. Comment des Averroès, Ibn Khaldoun et tant d’autres au temps des plus austères à la pensée avaient osé le courage de dire certaines choses non conformes à la religion définitivement établie et, de nos jours, au temps de l’Internet, nos intellectuels s’automutilent par des compromis et en concessions ? La laïcité et la modernité ne vont pas à l’encontre de l’islam et des musulmans mais contre les frustrés qui les vivent comme une invasion occidentale, un corps étranger. Le régime de Bouteflika veut un État arabo-islamisme ratifié par la primauté de la religion sur la citoyenneté et ainsi tous les domaines de la vie des individus sont régentés par la religion. En revanche, les partisans de la laïcité appellent à la reconstruction d’un État républicain, démocratique, moderne et social, un État qui garantira le droit de chacun d’adopter la religion de son choix ou de n’en croire à aucune. Trop de confusions entourent le sens de la laïcité que les islamo-baathistes ont bien voulu confondre intentionnellement avec l’athéisme et ces confusions se nourrissent du silence des intellectuels.

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Guest misn'thmourth

Sans vouloir défendre des religieux par le rationnel, la contribution d’hommes de religion musulmane au principe de la laïcité est visible et certains hommes de foi l’ont assumée au risque de leur vie. En 1925, un porte-parole autorisé de l’institution juridico-théologique de l’islam, l’imam d’Al Azhar Ali Abderrazik écrit un livre manifeste "L’Islam et les fondements du pouvoir" pour démontrer que si le prophète a été commandeur des croyants, ce fut une parenthèse historique et non un modèle à reproduire. Ce docteur de l’islam conseillait aux musulmans de réfléchir à la création d’un État et d’un système de gouvernement sur la base de la raison humaine. Le fait qu’il ait été mis à l’écart et exclu du corps des uléma n’a pas empêché ses pensées de servir d’éminents philosophes et historiens de l’islam à l’exemple du regretté Mohammed Arkoun. En 1985, un imam soudanais Mahmoud Taha, ancien opposant du gouvernement colonial britannique, avait suggéré une réflexion sur "le libre arbitre et la responsabilité individuelle". Il sera pendu sur ordre du président Jaafar Noumeiri qui sera à son tour déchu par les islamistes qu’il courtisait.

 

 

Pour échapper à la pendaison, un théologien éclairé libyen, Assadeq Annaïhoum, dut se réfugier en Angleterre. Et c’est à partir de Londres, en 1993, qu’il lançait une revue obstinément laïque, An-Naqid, dans laquelle il déclarait que l’islam n’a jamais parlé de délit d’apostasie et que le hijab est une construction idéologique.

Des penseurs religieux admettent – malheureusement, ils sont rares - qu’on peut être tout naturellement laïque et musulman, laïque et chrétien, laïque et juif, laïque et athée. Ils interviennent dans les domaines de la laïcité que les intellectuels non religieux ont délaissés. Manquent-ils de courage ? Il est vrai que l’opposition au penseur laïc a toujours été sauvage, pas du tout intelligente par la réflexion mais toujours escortée par la force de l’État.

Les intégristes n’ont ni l’intelligence ni le dynamisme nécessaire pour intégrer les institutions de l’État si celui-ci ne leur envoie pas l’ascenseur. Les intellectuels de renom fuient le débat public sur la religion et cèdent le terrain aux plumes de service comme ils l’avaient cédé pendant les années 80 au jeu de complaisance du pouvoir avec les islamistes dont furent maitres les Chadli et Hamrouche, un jeu qui a été fatal aux femmes tels Nabila Djahnine, Katia Bengana et aux artistes, journalistes et scientifiques tels Tahar Djaout, Bousebsi, Abdelkader Alloula, Saïd Mekbel, Lounes Matoub. Ça restera ainsi tant que les intellectuels laïques convergent en privé. Le dogme religieux n’a pas la peau dure et s’ils mettaient leur lumière à contribution, partis démocrates aidant, tous les archaïsmes finiront aux orties.

 

En Tunisie, le juriste et intellectuel engagé Mohamed Charfi, jusqu’au soir de sa vie continuait de demander une abolition du principe de soumission et une reconnaissance de la liberté de conscience.

Au Maroc, la journaliste de la télévision Rajae Benchemsi a travaillé avec courage sur les ouvrages du marquis de Sade. "Il n’y a pas de plus grande jouissance que la jouissance intellectuelle" qu’elle est arrivée à affirmer. Il est nécessaire de répéter ici ce qu’elle avait dit dans une interview à propos de la francophonie, elle, la Berbère, qui écrit en langue française "je ne me reconnais pas du tout dans ce terme. La francophonie est un concept politique qui est, je pense, le résultat d’une grosse défaillance politique de la gestion de la langue française. Les vrais enjeux ne sont pas dans le fait d’utiliser cette langue, mais plutôt dans celui d’arriver à dire avec force qui l’on est"

L’arrestation des non jeuneurs et le harcèlement des chrétiens dénotent la dérive du pouvoir et nos intellectuels devraient saisir ce fait pour monter à la tribune.

A sa création en 1989, le RCD avait lancé le débat sur la laïcité, on avait entendu certains universitaires vouloir reporter cette question et demander à ce qu’elle soit posée aux générations futures sous le prétexte que la société n’était pas en mesure de la comprendre. Une réplique à la fois poltronne et dangereuse aux conséquences désastreuses que nous vivons aujourd’hui. La question de la laïcité a toujours été d’actualités, elle le restera tant que microsome obscurantiste est soutenu par une armée et une police.

 

De notre côté, nous avons écrit à beaucoup d’intellectuels nord-africains, nous ne parlons pas d’écrivains organiques tels Rachid Boudjedra ou de l’oligarque Yasmina Khedra, que l’on découvre auteur suavement roulé dans les délices des prébendes. Nous rendrons public le contenu de la lettre et les réponses qui nous parviennent.

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Guest misn'thmourth

Vous aviez cité Matoub Lounes,

si Malika Matoub vous fait appel pour la soutenir, le ferez-vous, si c’est oui, comment ?

Franchement, nous ne pensons pas que Malika Matoub vienne un jour demander notre concours, son combat est de trouver les assassins de son frère, ce qui est légitime que ses doutes sur la responsabilité des personnes arrêtées soient fondés ou non. Leur culpabilité ne peut être confirmée ou rejetée que par un procès régulier. Par contre, si l’une des familles des deux prévenus nous fait appel, nous répondrons présent. Nous contestons la détention de tout prisonnier qu’il ait ou non usé de violence sans procès équitable dans un délai raisonnable, ou sans que ce prisonnier fasse l’objet de procédures de jugement conformes aux normes internationalement reconnues. Les autorités judiciaires en charge de ce procès ont été plus qu’abusives. 12 ans de détention sans procès, c’est inacceptable. Le code de procédure pénal, notamment l’article 125 portant sur la détention provisoire en matière d’affaire de terrorisme, précise qu’elle ne devra pas dépasser 24 mois. La presse devrait s’investir dans cette affaire pour trouver qui provoque le retard exagéré dans le jugement de cette affaire qui montre que l’État algérien a encore une fois failli à ses engagements en matière de justice, puisque il est signataire du pacte international des droits civils et politiques qui stipule que toute personne a le droit d’être jugée sans retard excessif.

 

Vous disiez respecter les partis RCD et FFS en tant que partis nationaux, et pour ce qui est du MAK qui est un mouvement typiquement kabyle et pour la Kabylie ? Que pensez-vous du GPK, le Gouvernement Provisoire Kabyle ?

La sincérité de M. Ferhat Mehenni vis-à-vis de la Kabylie ne peut guère être mise en doute. Il aime sa région, nous devons le lui reconnaitre. Maintenant à savoir si lui et son mouvement se sont engagés dans une bonne direction seul l’avenir nous le dira, le reste n’est que spéculations. En ce qui nous concerne, il ne s’agit pas, pour nous, d’applaudir ou de maudire la venue du GPK, il appartient à la Kabylie de l’accepter ou de le rejeter. Par-contre ses membres et ses militants nous trouveront à leurs côtés si toutefois, ils sont arrêtés sans qu’ils n’aient fait menace de violence.

 

Nous vous informons que notre association compte parmi ses amis des indépendants et aussi des sympathisants du MAK, du RCD, du FFS ; un seul objectif les réunis avec nous « l’amazighité et les droits de l’homme en Afrique du Nord ». Dans nos réunions chacun a le devoir d’exprimer ces opinions sans qu’il ne tente d’imposer le point de vue de son parti ou de son mouvement. Il est clair que les membres de notre ONG ne peuvent pas avoir une idée commune sur le MAK et le GPK. Par contre, ce qui nous offusque, tous ensembles, c’est d’apprendre que le gouvernement de Zine El Abidine Ben Ali a interdit à M. Ferhat Mehenni l’entrée en Tunisie où il devait rencontrer sa mère. Au nom de quel principe, au nom de quelle vertu devrions-nous nous taire devant cette ingérence qui ne dit pas son nom ? Bien sûr, nous sommes tout aussi offusqués par l’interdiction d’entrée en Algérie qui a été spécifiée au journaliste opposant tunisien Taoufik Benbrik. Nous sommes autant choqués quand il s’agit du silence des Amazighs devant la haine arabiste qui se déploie avec acharnement quand un Amazigh exprime ses opinions. Nous avons constaté que l’apparition du MAK dans la scène politique n’avait pas été discutée en terme de droit constitutionnel ni d’un point de vue politiquement correct. Elle avait donné lieu à une spectaculaire foire d’empoigne entre commentaires : le MAK est ou n’est pas un séparatiste, le MAK est ou n’est pas un satellite du Mossad ou du Makhzen marocain.

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Guest misn'thmourth

Avec une haine terrible, les exégètes des journaux pro-baathiste et les scoliastes du régime ne cessent de tournoyer de part et d’autres des solutions à avenir immédiat de Ferhat Mehenni et par extension à celui de ses militants. Ils appellent à son arrestation et en sourdine à sa liquidation physique. Le journal kabylophobe Echourouk, tout en se baladant applaudi dans le stade du 1er novembre de Tizi-Ouzou avoue n’avoir rien compris au silence du pouvoir qui ne se décide pas à arrêter Ferhat Mehenni.

Examinons MM Hocine Aït Ahmed, Saïd Sadi et Ferhat Mehenni sous toutes les littératures arabo-islamistes et sous toutes les coutumes arabo-dictatoriales, ils sont passibles de la peine de mort. Ne nous y trompons pas ! Les exégètes arabo-islamistes ont en réserves pour ces politiques les mêmes griefs, la même réclamation et la même sentence. En 1985, des tracts avaient été distribués par une organisation arabiste et appelaient à la liquidation de M. Saïd Sadi alors qu’il comparaissait devant la cours de sureté de l’État. Cours devant laquelle il comparaissait avec ses camarades de l’époque Ali Yahia Abdenour, Ferhat Mehenni, les frères Ait Larbi, Arezki About, pour avoir créé une ligue des droits de l’homme. Deux années plus tard, d’autres tracts applaudissaient l’assassinat à Paris du N°2 du FFS Ali Mécili. Ces tracs étaient distribués malheureusement par des Kabyles acquis à la cause baathiste, Yazid.S et B.B. Les ennemis de l’amazighité volent bas, mais ils ne sont pas forcément au FLN au RND ou au FIS.

 

Donc vous n’êtes pas contre le principe de l’autonomie

Il n’est pas de notre qualité d’association non politique de nous prononcer d’une manière politique pour ou contre un principe qui ne figure pas parmi nos objectifs. Encore une fois, nous vous rappelons que nous sommes une ONG pas un parti, nos statuts ne souffrent pas de revendications politiques, nous comptons évoluer dans le strict domaine du droit. Mais si voulez notre opinion sur l’autonomie, ou sur les autonomies c’est selon, nous la dirons sans besoin de pouciers. Les hommes politiques sont dans leur droit de réfléchir à une nouvelle structuration de l’État. Le jacobinisme est l’origine des États totalitaire. L’Afrique du Nord est composée de plusieurs entités couvertes de la même identité culturelle quand bien même on a substitué à celle-ci les oripeaux de l’arabo islamisme. Ces entités sont différentes les unes des autres, par leur mode de vie allant du mode d’organisation économique, social et politique, aux rapports qu’elles entreprennent entre elles. La famille, les alliances, les mœurs, les rites etc., ne se constituent pas de la même manière en Kabylie, à Boussaâda, à Berriane, ou à Batna pour parler uniquement d’Algérie.

 

La société algérienne s’est organisée différemment d’une région à une autre et elle s’est décomposée en entités qui se confirment aujourd’hui selon le territoire et les intérêts qui leurs sont propres. La chose politique par exemple, n’évolue pas de la même façon et avec le même rythme d’une région à une autre. La référence politique en matière de droits de l’homme et de l’égalité des sexes dans certaines régions se repait d’un éclat étranger à celle qui prévaut dans d’autres régions du même pays. Dans certaines régions, la voix des femmes n’arrive pas aux oreilles des hommes et dans ces régions, malheureusement, demander à ces femmes de s’affirmer les choquerait et elles se montreront d’une opposition virulente envers le principe de la question de la femme, c’est-à-dire envers elles-mêmes. Cela ne veut pas dire que l’on doit les abandonner dans les enseignements intégristes qui ont façonné leurs êtres et dont elles sont victimes. Plus simplement, ce qui est tolérable à Oran est prohibé à Constantine, un lexique familièrement usité à Annaba est outrageant 400 km plus loin, à Alger ; une femme en jupe courte est une beauté à Bejaïa comme elle est une subversion à Relizane. Ces différences sont simplistes, certes, mais beaucoup de choses séparent la vie politique d’une région à l’autre et ces régions ne peuvent prospérer sous un régime jacobin car telles quelles sont, elles s’inscrivent en faux contre les attributions de l’État algérien en terme de justice, d’éducation, d’état civil, d’environnement, de développement local pour ne citer que cela.

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Guest misn'thmourth

Être pour le principe de l’autonomie ne devrait pas choquer ceux qui sont contre et vice-versa. Le Maroc, monarchiste attention, a lancé une commission pour réfléchir sur ce qu’il appelle « la régionalisation avancée ». En Algérie, le RCD et le FFS sous entendent cet état de fait, régionalisation modulable ou régionalisation positive forment la même passerelle idéologique d’un État jacobin désuet vers un État fédéral, nouveau, moderne et puissant. Les variantes des deux partis optent de façon réfléchie pour une certaine forme de fédéralisme qui, si toutefois acceptée, peut accélérer le processus de désintégration de l’État-nation. L’État-nation selon des spécialistes de la question est arbitraire parce qu’il nie les spécificités socio-politico-culturelles propres à chaque région et c’est justement cette négation qui le fait garant de la corruption, de la tyrannie, des atteintes à la dignité humaine et des autres dérives. Nonobstant les différences dans les procédures stratégiques, politiques et tactiques, le Mak était dans la même perspective que les deux partis cités même si on la voyait plus poussée parce qu’elle concernait une seule région, revoyez ses premières déclarations. Il se distançait de la logique du fédéralisme au fur et à mesure que le pouvoir tenait à le faire déclarer adversaire irrecevable sans examiner sa demande dans le fond, comme il n’a pas examiné l’étude du RCD sur la refondation nationale.

 

Les fins de non-recevoir quand elles ne relèvent pas de l’incompétence politique, sont l’expression arrogante du déni ou du mépris. Et dans ce cas de déni et de mépris, un mouvement comme le Mak typiquement kabyle comme vous le dites, revendiquant une certaine autonomie d’une région qui se retrouve agacée par une culture qui n’est pas la sienne et de surcroit martyrisée par l’État qui la gouverne, est irréversiblement amené à refuser l’autorité supérieure commune et par ce simple fait, il y a déjà forclusion du régime qui lui-même devient par sa cécité, une menace pour l’État.

 

Il est à rappeler que le président Bouteflika, en novembre 2000 du temps où il voulait plaire, avait mis en place une commission ad hoc sur la réforme de l’État présidée par un professeur spécialisé en droit constitutionnel du nom Missoum Sbih, Dans son rapport, M. Sbih avait préconisé « la décentralisation ou la déconcentration », termes proches beaucoup plus de l’État unitaire que de l’État fédéral. Si le gouvernement de Ali Benflis à l’époque semblait ou donnait l’air d’accepter l’idée de céder quelques prérogatives au pouvoir local sans préciser sa nature, il s’était vite fait morigéné par la bureaucratie militaire et civile du régime, rompue au conservatisme social et politique. Leur pressentiment des débats sur le pouvoir local reposait sur la méthode d’installation de celui-ci. Une région comme la Kabylie n’accepterait jamais qu’un pouvoir local soit désigné, et le pouvoir n’accepterait jamais qu’il soit élu et s’il refuse toute idée d’autonomie quelle que soit sa nature, ce n’est pas par un quelconque souci de la décomposition de l’État algérien mais plutôt par crainte de perdre le contrôle des richesses de ce même État. Pour ce contrôle, la moindre barrière lui devient une insupportable gène. Tout, vraiment tout, doit être subordonné au régime, sa prospérité en dépend.

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Guest misn'thmourth

Ces questions n’ont jamais été discutées à l’assemblée nationale, son rôle est donc insignifiant sur les questions sensibles

L’APN algérienne vaut ce qu’elle vaut, c’est toujours comme çà en Algérie, la logique de la fraude l’emporte sur la légitimité populaire. Une grande partie de cette chambre est corrompue et sert de faire valoir au régime. L’opinion qui refuse la participation aux élections parce qu’elles sont toujours entachées de fraudes, se comprend. Mais force nous est de constater qu’il est utile à nos frères amazighs, aux démocrates et progressistes d’y siéger. D’abord les séances de l’APN sont télévisées et cela permet au citoyen et aux observateurs internationaux d’entendre ceux qui s’opposent à certaines des politiques et des activités du gouvernement et de sa culture arabo-islamique. Comme nous, ces observateurs étrangers ont entendu un député accuser le gouvernement de massacre durant les évènements de Kabylie, ils ont entendu d’autres accuser le gouvernement de parrainer la corruption, ils ont entendu une députée -nous saluons ici son courage- s’exprimer en kabyle et ils ont entendu après tout cela, des députés-talés chahuter chacune de ces répliques pour décharger le gouvernement de toute obligation de réponse aux questions des plus sensibles. En autres, quand on retrouve des députés du RCD ou du FFS dans cette assemblée, la désinformation, arme redoutable du pouvoir, se retrouve plusieurs fois à terre avant de se relever dans les médias pour couvrir l’oppression et les persécutions spécifiques.

La Ligue Algérienne pour la Défense des Droits de l’Homme a livré son impression sur le procès des non jeuneurs et des dérives de l’État

 

C’est une bonne chose, mais encore une fois, est-ce suffisant ?

D’abord la dérive de l’État a commencé depuis longtemps. Dès la prise de fonction de Bouteflika en tant que chef de l’État, beaucoup d’indices soulignaient la dérive de l’État algérien vers l’intégrisme et la personnalité de Bouteflika en était un. Pendant sa campagne en 1999, il avouait sa sympathie pour les islamistes et comprendre sinon accepter les maquis terroristes "[si j’avais 20 ans, je les aurais rejoints" qu’il disait. Il affichait du respect envers des plus sanguinaires des terroristes qu’il nommait Monsieur Hattab ! Pourquoi s’étonner aujourd’hui devant le programme de la télévision, la profusion des associations salafistes et leur financement, la « pasdaranisation » de la police de l’État, la théorisation rampante de la justice etc. ?

 

La passion du pouvoir de Bouteflika et son commerce politique avec les islamistes prend des rapports hors du commun. Cette passion se présente sous la forme d’un tsunami dévastateur emportant toutes les libertés. Et les plus touchés sont évidemment les non-musulmans qui n’ont nulle sécurité dans le présent et nulle assurance dans l’avenir. Nous parlons d’un président supposé garant de la sécurité des citoyens, lors des inondations d’Alger provoquant un millier de morts, il avait, en termes de responsabilité dans le drame, substitué la volonté divine à la mauvaise gérance du terrain. Un subterfuge qui mord le ciel.

Le sommet de Doha en janvier 2009 avait révélé, une fois de plus, le penchant de Bouteflika pour l’intégrisme dur et partisan. Après les bombardements de Gaza par Israël, la ouma arabe s’était divisée en deux parties : la partie conduite par l’Égypte, modérée et ouverte aux dialogue et un autre axe dur mené par le Qatar. Bouteflika avait consenti à siéger au Qatar avec l’axe des infréquentables, aux côtés du chef du Hamas en exil, Khaled Mechaal, les présidents syrien et iranien, Bachar al-Assad et Mahmoud Ahmadinejad. Ces deux parties ne cessent jusqu’à présent de se jeter des pierres via journaux interposés. Cette division avait mené à l’agression des joueurs algériens en Égypte lors des éliminatoires de la coupe du monde. Et par la suite, beaucoup d’Algériens, ignorants les enjeux, se sont juré la guerre aux égyptiens sur le sol soudanais, dont le président est aussi infréquentable. Passons.

Bouteflika est un arabiste et l’arabisme est étroitement lié à la religion à qui il fait toujours appel quand il se sent menacé, et sans lui, la religion ne peut se pratiquer à grande échelle ni assoir son autorité.

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Guest misn'thmourth

Les États arabes ne se soucient point des droits humains, triste réalité. L’Algérie retrouvera le salut quand elle se retirera du monde arabe. Aucune question démocratique, que ce soit celle de la femme ou celle de la laïcité, n’a des chances d’être réglée si elle est posée séparément de la question identitaire. "A force de parler de Mohamed qui fut prophète, on oublie le Mohamed sans travail, le Mohamed sans logement et des milliers et milliers de Mohamed qui vivent comme des esclaves sous des régimes qui se réclament du prophète Mohamed ", disait Kateb Yacine.

Retenez l’enjeu, si l’Algérie renoue avec son histoire et son identité qui est l’amazighité, elle n’a plus de raison de faire partie du monde arabe qui nous entraine à participer à des guerres qui ne sont pas les nôtres. Si les pays arabes s’entretuent ou s’ils décident de faire la guerre à l’État d’Israël cela doit nous intéresser oui, mais en tant que civilisés prônant le dialogue et avantageant la diplomatie au choix des armes. Dans le conflit palestino-israélien, l’Algérie, à l’instar des autres pays du monde dit arabe, n’a jamais contesté Israël en tant que État qui opprime un autre, mais en tant qu’État tout simplement. Le colonel Boumediene se plaisait à dire fièrement "nous sommes avec la Palestine qu’elle ait raison ou qu’elle ait tort ", c’est une position raciste qui n’arrange en rien le peuple palestinien à qui l’on semble dire, nous te soutenons que parce que tu es Arabe. Et ce n’est pas par humanité que les États arabes soutiennent la population de Gaza, sinon, ils auraient soutenu avec le même acharnement les populations du Darfour qui subissent le génocide. Le président soudanais Omar el-Béchir a laissé agir les milices arabes et son aviation a bombardé les villages du Darfour. Quel est le chef d’État arabe qui a condamné ces massacres ? Clairement, les luttes intestines entre pays arabes ne doivent pas nous concerner, nous sommes amazighs.

 

 

L’arrestation en Algérie des non jeuneurs et la persécution des chrétiens est inadmissible. Si nous nous taisons aujourd’hui, demain nous assisterons à des lapidations publiques. Notre silence à tous est dangereux car ce qui reste une probabilité aujourd’hui peut soudain devenir demain une réalité.

L’État algérien est régi par une constitution qui nous étouffe en tant que amazighs mais certains articles nous laissent respirer en tant citoyens. C’est suffisant pour dire qu’en termes de droit, il n’est pas de délit de religion ni de délit de non observation de jeûne. Ces arrestations sont contraires à la constitution. Selon la constitution, les collectivités territoriales ne sont pas régies par des lois religieuses. Dans l’exercice de sa fonction, le wali doit-être soumis au principe de neutralité et faire abstraction de ses opinions religieuses et politiques. Dans chaque région où les non jeuneurs sont arrêtés, où les chrétiens sont persécutés, le premier responsable politique est le wali. Il faudrait le trainer en justice pour outrage à la constitution qui garantit le droit de culte et la liberté de conscience. Il n’a pas à dicter sa loi ou sa foi comme le fait un taliban d’une province afghane. Il est nommé pour faire respecter les lois de la République.

Il faudrait remettre les juges, les walis et policiers dans l’ordre constitutionnel et il ne faut pas se dire que c’est impossible. On n’abdique pas devant la mafia. C’est dans ce contexte que nous agirons.

Vous pensez donc au recours devant les tribunaux ?

Évidemment, c’est un moyen légal pour faire reculer les truands politiques. Nous le ferons. Nous le ferons à Alger par principe et en Europe par nécessité. Ça serait un acte et pas de moindre importance que de faire appel au droit international seul à pouvoir imposer aux États nord-africains l’obligation de respecter et de protéger les droits de l’homme et les personnes de confessions chrétiennes. Notons que dans toute l’Afrique du Nord, la persécution des chrétiens ne se manifeste qu’en Algérie, en Lybie et au Soudan.

Il en est de même pour les responsables du massacre de la Kabylie en 2001. On ne peut justifier le crime des manifestants par leur soulèvement non armé. En 2005 en France, le feu gagnait toutes les banlieues. Les émeutes avaient conduit le gouvernement français à déclarer l’état d’urgence le 8 novembre 2005 pour une durée de trois mois. Incendies et jets de pierres contre les forces de l’ordre, parfois des tirs à balles réelles contre les policiers ont été signalés. Des actes de vandalisme sont apparus dans les villes de province et leurs banlieues, Dijon, Aix-en-Provence, Lille, Lyon, Toulouse, Strasbourg...

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Guest misn'thmourth

Le bilan. Près de 10.000 voitures brûlées, l’ardoise de ces violences urbaines indiquait les deux cents millions d’euros et le nombre de blessés par balle ? Zéro. Pas un seul blessé par balle parmi les manifestants. Les forces de l’ordre ne tiraient pas sur les foules en colère parce que l’ordre leur a été donné dans ce sens. Voilà ce qu’il faudrait mettre en regard, la responsabilité et le sérieux avec lesquels les autorités françaises ont su gérer des événements aussi tragiques.

En octobre 1988 les affrontements avaient fait dans la seule région d’Alger près de mille morts en cinq jours. Le général Nezzar s’était targué dans un entretien d’avoir, durant les événements, consacré un peu de son temps à réconforter les militaires qui tuaient pour la première fois.

 

 

En avril 2001, les manifs déclenchées en Kabylie après l’assassinat dans une brigade de gendarmerie du jeune lycéen Massinissa Guermah avaient fait 132 morts et plus d’un millier de blessés par balles du côté manifestants. La nature des blessures montrait la volonté des gendarmes de tuer.

Ni le chef de l’État, ni le chef du gouvernement, ni le général Mediene patron du DRS ni Mohamed Lamari chef de l’état-major de l’armée, ni Boustila patron de la gendarmerie ni aucun des généraux qui dirigeaient les régions militaires encerclant la Kabylie n’avaient donné ordre aux gendarmes de cesser de tirer. Ils sont donc les premiers responsables des tueries, les gendarmes n’étaient que leurs instruments bien que criminels eux aussi. Tous ces responsables devraient répondre de leur crime. Le devoir de porter plainte contre eux dans un tribunal algérien devait être assumé par le mouvement des Arrouchs, il était habilité à le faire vu négociait avec le gouvernement au nom de la Kabylie.

Il faut songer à porter plainte au niveau d’un tribunal d’Alger, si la plainte est déclarée irrecevable, dans ce cas, le dossier devrait être transmis à la Cour pénale internationale (CPI).

 

 

Un dernier mot ?

Oui, nous redisons encore fois que notre ONG ETOILES NORD-AFRICAINES (ENA) ne se rattache à aucune tendance politique existante, à aucun mouvement non pacifique, à aucun intérêt économique, à aucune considération raciale ou de classe sociale. Dans cette perspective, elle ne prend nullement partie dans le concept philosophie de la lutte des classes ou inter-ethnique.

Nous défendrons l’Amazighité et les libertés, non sans faire le constat que les épithètes " raciste " "séparatiste" "kafer" sont acquises à tout militant de la cause amazigh et vient s’ajouter à toutes les autres rabâchées accolées aux militants amazighs

Nous nous emploierons à tenter de rétablir un certain nombre d’informations, à réagir contre des allégations, des faits qui tendent à donner, sans nuance aucune, une image négative des régions berbérophones et des Amazighs dans leur ensemble. Pour l’ENA, le mot " amazigh" ne renvoie pas à une race mais à une civilisation.

Aussi, il n’est pas nécessaire pour nous d’être d’accord avec un parti démocratique ou un mouvement politique pour défendre un de ses militants s’il vient à être arrêté ou inquiété pour ses opinions, pour peu que ce parti ou ce mouvement reconnaisse l’identité amazigh du sous-continent nord-africain et défende les droits humains. La stabilité des partis et mouvements démocrates est une nécessité si nous voulons gagner une constitution digne de notre histoire et de nos combats. Il faut justement soutenir, assister et défendre tout militant démocrate persécuté. La force et la stabilité d’un parti politique démocratique et le succès de ses candidats à des fonctions électives à tous les niveaux sont étroitement liés à la force et à l’engagement de ses militants et sympathisants. Or, c’est à la force et à l’engagement du militant que les services de renseignements s’attaquent pour justement déstabiliser son parti et mettre à mal son leader.

C’est ce que nous avons dit à la création de notre ONG, et nous l’assumerons.

 

Entretien réalisé pour Kabyles.net par Nadia. Ben.

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Guest mackiavelik

toutes les preuves sont mortes!!!

les généraux et le DRS ont plongé le pays dans la décennie noire ...ils ont soit démissioné, soit morts , soit partis et il ne reste qu'un seul ou 2...et eux sont intouchables

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Guest
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