Jump to content

Une pré-adolescence brisée (Guerre d'Algérie)


Recommended Posts

Fidèle à ma promesse, je viens chers amis, vous relater des faits et rien que des faits sur la période 1956-1957.

Je témoigne ici de trois faits marquants tels que je les ai vécus personnellement à Aïn Séfra à l'âge de 13 ans:

I. Le Couvre-feu

II. Les Zones Interdites

III. Açhaab Esselk

 

I. Le Couvre feu

Au Lendemain du 30 Avril 1956, jour anniversaire de la fête du Camerone de la Légion Etrangère , fut institué le Couvre Feu.

Ce dernier entrait en vigueur de 19 heures jusqu’au lendemain 6 heures.

Ce Couvre feu instituait une interdiction formelle de sortir de chez soi sauf dérogation spéciale ou fait grave.

Une Patrouille militaire motorisée veillait au respect du couvre-feu.

Le Couvre feu dura 6 ans et fut abrogé le 19 Mars 1962, date du Cessez le Feu signé.

Le Couvre feu était une des retombées de l’entrée de Ain Séfra et sa Région dans le conflit mais pas la seule.

 

Son instauration est à marquer d‘une pierre noire.

Car ce jour là, on nous vola à nous, enfants et adolescents, notre enfance et notre jeunesse:

Adieu nos équipées le soir à l’Oued ou à la lisière de la Graba,

Adieu nos jeux qui rue Taghit, rue de France, rue des Jardins.

Adieu les veillées en musique du coté du Café Mansour ou Freund sur la place Lyautey.

Nous venions de basculer dans le monde des Adultes.

 

II. Les Zones Interdites

Avec l’intensification de la guerre,une autre retombée allait voir le jour:

L’instauration de zones dites « Zones Interdites ».

Ces « Zones Interdites » étaient des Territoires dans lesquels il était formellement interdit de circuler de jour comme de nuit.

On pouvait même y laisser la vie.

Elles allaient compléter les fameuses lignes Morrice de fils barbelés minés et électrifiés qui couraient le long des frontières algéro-marocaines et algéro-tunisiennes.

Le but était de couper les combattants de l’ALN des populations et ainsi les priver de toute possibilité de ravitaillement et de recrutement intérieurs.

 

Pour délimiter ces zones interdites, comme pour les lignes Morrice, on utilisa le fil barbelé.

 

III. Açhaab Esselk -Les Gens du fil barbelé-

Mais pour poser ce fil barbelé, l’Armée avait besoin de main-d’œuvre.

Pour cela, elle mit en place un vaste chantier de recrutement et offrit un salaire substantiel en contrepartie.

Les gens que l’on recruta prirent bientôt le nom de Açhaab Esselk.

Açhaab Esselk étaient très souvent des adolescents qui se sont engagés ou que leurs parents ont engagé dès l’age de 15-16 ans.

Le Fil barbelé longeait la voie de chemin de fer de Béchar à Saida et les principales routes.

Autrement dit, il y avait d’une part les zones urbaines ou urbanisées dites zones habitées et d’autre part le reste dit « Zones Interdites ».

Plus tard, pour les populations bédouines des environs de Séfra, furent installées dans des zones dites zones de Regroupement.

C’est peu vous dire que l’activité économique dont surtout le commerce en prit un coup à tel point que Simon Ben Hamou le céréalier est allé voir les autorités militaires pour s’en plaindre avec force en se faisant l’avocat de tous les commerçants Séfraouis.

Son intervention assouplit les conditions de circulation des commerçants et des populations bédouines pendant un temps.

La distribution de « Bons de Nourriture » ( El Boon) aux populations Bédouines fut instaurée pour contrôler au vu des livrets de famille l’utilisation des biens de consommation.

Ces bons rappelaient étrangement les bons de rationnement de la guerre 39-45.

Açhaab Esselk étaient relativement bien rémunérés par l’Armée et beaucoup d’entre eux étaient nos camarades de rue et le sont restés.

 

Il faut vous dire, chers amis, que c’est plus la misère, la faim, et le dénuement plus que toute autre motivation qui poussa ces gens à s’engager dans cette aventure.

Nombre d’entre eux, étaient des enfants dont le père ou le grand frère avait rejoint le maquis les laissant sans moyens de subsistance ou si peu.

Bien plus tard, certains d’entre eux ont franchi le pas en s’engageant dans les Harkas et il n’était pas rare de voir un parent du coté de l’ALN et le fils ou le frère du coté de l’Armée Française.

Paradoxale Algérie !!!

Il est même arrivé, de voir au cours d’un même accrochage, le père et le fils ou des frères face à face.

C’est ça aussi cette guerre:

Faite de déchirements familiaux,

De destins brisés,

De destins tragiques dont nul ne peut dire qui en est maître,

De destins qui ont fait basculer les gens d’un coté ou de l’autre

Au gré

De situations dramatiques,

D’erreurs impardonnables,

De décisions irréfléchies de la part de responsables

Ou tout simplement le fait du hasard.

Mektoub, Hasard, va savoir, l’Ami….

 

Et toujours avec en toile de fonds cette misère qui frappait les plus vulnérables, les plus démunis d‘entre nous.

Link to post
Share on other sites
  • 2 weeks later...

Ana Houwa

Hommage posthume au « Sarjane » Chef ALN Lamgaççass

1957 - 1959

 

Ana Houwa, Je suis celui qui se souvient, encore enfant, de Monsieur Mansour le cafetier, qui sous le coup d’un verre de trop, s’en allait claudicant -souvenir de guerre- , place Lyautey avec sa canne levée vers le Ciel, ses décorations, en criant:

« Oui, j’étais à Monté Cassino avec le colonel Montsabert ».

Il y avait toujours un adulte pour le prendre par les épaules pour le ramener à son café en lui rappelant son passé de fantassin :

« Sdar el Madayates

Wa Dhar El Bard’ates »

« La Poitrine pour les Médailles et le Dos pour le Bât ( Barda) »

 

Ana Houwa, Je suis celui qui se souvient du Gendarme Le Floc et aussi de son chien berger allemand.

 

Ana Houwa , Je suis celui qui, jeune adolescent, allait parfois écouter avec d’autres, dans les années 57 à 59, rue Taghit, les harangues des jounouds de l‘ALN, prisonniers, debout sur les six-six du 5ème Bureau (Action Psychologique).

Ils appelaient à la cessation des combats.

C’était le Temps de la Paix des Braves.

Vous souvenez vous ?

 

Ana Houwa, Je suis celui qui se souvient , du joundi "inconnu" -toujours sur le Six-Six- qui ne parlait qu’en Arabe Classique et qui commençait souvent sa harangue ainsi: « Ikhouani, Ikhouati Es Salam Alaykoum…. »

Vous souvenez vous ?

 

Ana Houwa,, Je suis celui qui se souvient du Joundi « Moustache » avec ses bacchantes tombantes.

Il nous conviait à l’Humour malgré les graves circonstances.

Il disait, sous l’œil quelque peu amusé de l’officier accompagnateur sur le Six-Six:

« Ana Houwa Lamgaççass , Sarjane Chef 3And El Fellaga ».

Le Sergent Chef Lamgaççass était originaire de la région de Ain Séfra et y a pris le maquis en 1957.

C’était un homme très souriant , un homme simple et très affable.

Je l’ai revu après l’Indépendance.

Aujourd’hui « Moustache » n‘est plus de ce bas monde,

Dieu l’accueille en son vaste Paradis ….

Je dois témoigner que ces jounouds, étaient libres de leurs mouvements et s’exprimaient avec aisance.

 

Ana Houwa, Je suis celui qui se souvient aussi d’autres moments, plus pénibles, comme par exemple le jour où un Officier de la Légion Etrangère toujours rue Taghit fit lecture à la population de la liste des jeunes jounouds originaires de Ain Séfra tombés au combat quelques jours avant au cours d'un accrochage d'envergure avec l'ALN.

Parmi eux, je me souviens, il y avait le cousin germain Ahmed mon aîné de quelques années et le frère aîné (ou cousin ) de « Bouziane La Brochette».

Avant de rejoindre son destin tragique, Bouziane tenait un garage à vélos qu’il nous louait au quart d’heure contre quelques rials ou dourous.

 

A tous ces martyrs, je rends cet hommage :

Où sont-ils à présent les Héros de naguère,

Ils sont partis trop loin chercher la Vérité

…/...

Quel que soit le printemps, les cigognes reviennent

Que de fois, le cœur gros, je les ai vues passer

Elles berçaient pour moi des rêveries anciennes

Illusions d'un enfant dont il n'est rien resté…

-

D’après Charles Aznavour et Bernard Dimey dans la chanson L’Amour et la Guerre 1960-

 

Triste sans nul doute tout ce que je vous raconte mais tout cela fait partie de notre passé et c’est sans haine ni passion mais avec une ferveur apaisée que je vous rapporte à vous tous ces instants qui nous appartiennent que nous soyons pieds noirs, français ou algériens, jeunes ou moins jeunes , d’ici ou de là-bas.

Je m’adresse aussi aux générations qui nous ont succédé pour leur dire que malgré tout, nous sommes très attachés sentimentalement à ce passé certes douloureux mais qui a fait le ciment et la force de l’Algérie et de la France d’aujourd’hui.

Souvenir inoubliable d‘une époque à jamais révolue.

 

Qui n’a vu ces personnes , qui, à la seule évocation de ce passé à la fois doux, glorieux et parfois si douloureux essuyer une larme à la fin de leur captivant récit ?

Dans ces récits magiques où le souvenir des dunes le dispute au dépôt SNCFA;

la boucherie Kada Allal à la boulangerie Carabajal;

les cafés Freund, Mansour, aux cafés Levy, Solgadi;

L’’horlogerie de Maricane au rire « à la Kléber » de Dahhane La3ma assis sur un banc avec sa canne rue de France…

 

Nous étions les familiers des romans de Victor Hugo, de la philosophie de Voltaire, des fables de La Fontaine des épopées Western de Cassidy, Buck John, Tarou mais aussi des poèmes de Chami, de l’épopée de l’Émir Abdel Kader, de l’Histoire par Ibn Khaldoun, des blagues de Jha,

des chansons Paul Anka comme de Khelifi Ahmed,

de Johnny West Muller dans Tarzan comme de Farid El Atrache dans Intisar El chabab…

Wa Salam alaîkoum

Abderrahmane

A Meylan le 20 Avril 2007

Link to post
Share on other sites
Guest Biobazard

Ce genre de récits constitue la véritable valeur ajoutée dont devrait se vanter un véritable ouvrage d'histoire ... Malheureusement, et avec le temps, ils deviennent des "détails" de l'histoire ... ce qui prive lez chiffres (qui eux, survivent au temps) de leur contexte.

 

L'histoire ne se raconte pas en arborant uniquement des chiffres de morts ... chiffres soigneusement alignés comme dans toute respectable addition de choux et de carottes. Une tragédie terrasse les morts mais poursuit aussi les vivants ... mais l'historien moyen n'en a souvent que pour les macchabées.

 

C'est aussi agréable de se restaurer avec des récits d'un autre temps .... ça change de la culture fast-food qui consiste à aller bouffer rapidos au Mac-Wiki du coin de la rue pour ne pas perdre de temps ...

Link to post
Share on other sites
Ce genre de récits constitue la véritable valeur ajoutée dont devrait se vanter un véritable ouvrage d'histoire ... Malheureusement, et avec le temps, ils deviennent des "détails" de l'histoire ... ce qui prive lez chiffres (qui eux, survivent au temps) de leur contexte.

 

L'histoire ne se raconte pas en arborant uniquement des chiffres de morts ... chiffres soigneusement alignés comme dans toute respectable addition de choux et de carottes. Une tragédie terrasse les morts mais poursuit aussi les vivants ... mais l'historien moyen n'en a souvent que pour les macchabées.

 

C'est aussi agréable de se restaurer avec des récits d'un autre temps .... ça change de la culture fast-food qui consiste à aller bouffer rapidos au Mac-Wiki du coin de la rue pour ne pas perdre de temps ...

 

L'Histoire avec un grand H s'écrit avec des matériaux dont ce topic renferme quelques aspects par ses témoignages "en live" comme on dit maintenant.

La Grande Histoire c'est aussi l'Histoire des petites gens telle qu'elles l'ont vécue.

En exemple, c'est ce qui fait la valeur historique de la grande fresque d'Emile Zola sur les "Rougon Macquart" de la fin de l'Empire de Napoléon III.

Si vous voulez savoir comment était Paris de 1870, si vous voulez savoir comment vivaient les Parisiens avant et sous la Commune de 1870 alors lisez Emile Zola.

Vous n'en comprendrez que mieux le Français contemporain fruit de toute une évolution à travers des siècles et des siècles.

 

Car comprendre l'Histoire c'est d'abord et avant tout remonter le temps en compagnie des gens avec leurs grandeurs et leurs faiblesses voire bassesses , de paysages , des us de ce temps là et non pas les seuls faits des héros hors du commun.

J'aurai l'occasion de revenir avec d'autres épisodes sur ce passé si proche et si lointain à la fois de Aïn Séfra l'Eternelle.

Link to post
Share on other sites
Guest asteroideB612

Merci pour ce témoignage poignant !

 

" le sang séche vite en entrant dans l'histoire " comme le chantait Ferrat dans "nuits et brouillard"

 

Je pense qu'aucun livre ne peut réellement nous relater l'Histoire...seules la mémoire et la transmission orale sont des sources sûres !

Link to post
Share on other sites
Guest Biobazard

L'Histoire avec un grand H s'écrit avec des matériaux dont ce topic renferme quelques aspects par ses témoignages "en live" comme on dit maintenant.

La Grande Histoire c'est aussi l'Histoire des petites gens telle qu'elles l'ont vécue.

En exemple, c'est ce qui fait la valeur historique de la grande fresque d'Emile Zola sur les "Rougon Macquart" de la fin de l'Empire de Napoléon III.

Si vous voulez savoir comment était Paris de 1870, si vous voulez savoir comment vivaient les Parisiens avant et sous la Commune de 1870 alors lisez Emile Zola.

Vous n'en comprendrez que mieux le Français contemporain fruit de toute une évolution à travers des siècles et des siècles.

 

Car comprendre l'Histoire c'est d'abord et avant tout remonter le temps en compagnie des gens avec leurs grandeurs et leurs faiblesses voire bassesses , de paysages , des us de ce temps là et non pas les seuls faits des héros hors du commun.

J'aurai l'occasion de revenir avec d'autres épisodes sur ce passé si proche et si lointain à la fois de Aïn Séfra l'Eternelle.

 

Encore que pour la guerre d'Algérie, on a la "chance" d'avoir des témoignages directes de gens qui ont vécu cette époque ... sans avoir besoin de recourir à des hypothèses historiques ou à des datations au carbone 14.

 

Durant la semaine j'ai assisté à une partie de la conférence sur la période "pieds rouges" présentée à travers le bouquin de la journaliste française Catherine Simon.

 

A cause des mes horaires de taff je n'ai pu assister qu'à la fin de la conférence avec notamment le public qui posait des questions ou qui faisait des témoignages personnels ... C'est probablement la partie la plus intéressante de cette conférence car je suis persuadé que l'avis de la journaliste (et le contenu de son bouquin) ne reflète qu'une partie minime de la réalité ... probablement, ce qu'elle a vécu uniquement.

 

J'ai surtout remarqué que ceux qui donnaient leurs témoignages sont surtout des français pieds noirs/rouges ou des algériens ayant eu la chance d'accéder au banc de l'école ... de mon point de vue ce n'est pas du tout représentatif de ce qu'était la réalité de la majorité des algériens de l'époque c'est à dire analphabètes et n'ayant pas les compétences pour exposer leur vécu dans des livres ou dans ce genre de conférences.

 

Un seul algérien ayant pris la parole était analphabète de base (de sa propre déclaration) et a exposé son vécu concernant la déportation de populations, le confinement dans des camps entourés de grillages ... etc.

 

C'est clair que l'histoire de cet individu ne sera peut-être jamais reprise dans un bouquin (ni celle de beaucoup de gens comme lui). Les bouquins étant majoritairement écrits par des gens ayant peu souffert de la "vraie" guerre.

 

Bref, pleins de détails qui sont noyés dans les nombreux raccourcis de l'histoire ...

Link to post
Share on other sites
Guest asteroideB612
On a beau penser que l'on connait assez bien le sujet, l'on ne pourra jamais mesurer l'ampleur de l'horreur de la colonisation et la barbarie du colon. Et dire qu'il y en a qui lui trouve des aspects positifs...Merci pour cette vidéo.

 

Merci à certains français d'avoir eu le courage de témoigner et de nous montrer l'horreur que beaucoup d'algériens ignorent encore !

 

cette même vidéo je l'avais postée sur un autre site, on m'avait accusée de porter préjudice à la France et le Messire voulait me poursuivre pour diffamation !

 

j'attends toujours !

Link to post
Share on other sites
Merci à certains français d'avoir eu le courage de témoigner et de nous montrer l'horreur que beaucoup d'algériens ignorent encore !

 

cette même vidéo je l'avais postée sur un autre site, on m'avait accusée de porter préjudice à la France et le Messire voulait me poursuivre pour diffamation !

 

j'attends toujours !

 

En un mots: Révisionnisme historique, c'est assez courant en France dans le but de protéger l'image du "pays des droits de l'Homme".

Link to post
Share on other sites
Guest asteroideB612
En un mots: Révisionnisme historique, c'est assez courant en France dans le but de protéger l'image du "pays des droits de l'Homme".

 

La France a cessé d'avoir cette image le jour où elle a pactisé avec les nazis et a aidé à la déportation de juifs, sans compter les horreurs dont elle est responsable dans ses colonies !

 

mais nous n'étions que des indigénes...des sous hommes !

Link to post
Share on other sites
La France a cessé d'avoir cette image le jour où elle a pactisé avec les nazis et a aidé à la déportation de juifs, sans compter les horreurs dont elle est responsable dans ses colonies !

 

mais nous n'étions que des indigénes...des sous hommes !

 

Il suffit de lire les écrits de l'époque de certains français pour connaître l'image qu'ils avaient de nous.

D'ailleurs, concernant l'ouverture des archives:"Les archives officielles ne sont encore que partiellement disponibles et accessibles aux chercheurs. Une loi devrait permettre en France l'accès aux archives classifiées « secret défense » postérieure à 1948 à l'horizon 2012, malgré la proposition d'un amendement par le sénat français visant à prescrire un délai de 75 ans concernant les pièces « susceptibles de porter atteinte à la vie privée »

Cet amendement vivement critiqué par les historiens amène le Parlement français à se prononcer à nouveau pour un délai réduit à cinquante ans, texte qui doit à nouveau passer au Sénat."

Link to post
Share on other sites
Guest asteroideB612
Il suffit de lire les écrits de l'époque de certains français pour connaître l'image qu'ils avaient de nous.

D'ailleurs, concernant l'ouverture des archives:"Les archives officielles ne sont encore que partiellement disponibles et accessibles aux chercheurs. Une loi devrait permettre en France l'accès aux archives classifiées « secret défense » postérieure à 1948 à l'horizon 2012, malgré la proposition d'un amendement par le sénat français visant à prescrire un délai de 75 ans concernant les pièces « susceptibles de porter atteinte à la vie privée »

Cet amendement vivement critiqué par les historiens amène le Parlement français à se prononcer à nouveau pour un délai réduit à cinquante ans, texte qui doit à nouveau passer au Sénat."

 

C'est marrant ses lois qu'on manipule au grés des humeurs des dirigeants !

 

A croire que la France n'a pas bonne conscience ... ils attendent certainement que les responsables de ces exactions soient morts et enterrés !

 

Elle est belle la France qui donne des leçons de moral aux autres pays et de plus, à un droit de véto au du conseil général des Nations Unis et l'utilise de manière sporadique selon le pays concerné !

Link to post
Share on other sites
C'est marrant ses lois qu'on manipule au grés des humeurs des dirigeants !

 

A croire que la France n'a pas bonne conscience ... ils attendent certainement que les responsables de ces exactions soient morts et enterrés !

 

Elle est belle la France qui donne des leçons de moral aux autres pays et de plus, à un droit de véto au du conseil général des Nations Unis et l'utilise de manière sporadique selon le pays concerné !

 

L'hypocrisie et les intérêts c'est ça la politique finalement.

Link to post
Share on other sites
Guest asteroideB612
L'hypocrisie et les intérêts c'est ça la politique finalement.

 

oui...finalement se sont des comédiens , mais avec un meilleur statut et une meilleure couverture sociale ...sans parler des acquis et de la retraite ! :ranting2:

Link to post
Share on other sites
Encore que pour la guerre d'Algérie, on a la "chance" d'avoir des témoignages directes de gens qui ont vécu cette époque ... sans avoir besoin de recourir à des hypothèses historiques ou à des datations au carbone 14.

 

Durant la semaine j'ai assisté à une partie de la conférence sur la période "pieds rouges" présentée à travers le bouquin de la journaliste française Catherine Simon.

 

A cause des mes horaires de taff je n'ai pu assister qu'à la fin de la conférence avec notamment le public qui posait des questions ou qui faisait des témoignages personnels ... C'est probablement la partie la plus intéressante de cette conférence car je suis persuadé que l'avis de la journaliste (et le contenu de son bouquin) ne reflète qu'une partie minime de la réalité ... probablement, ce qu'elle a vécu uniquement.

 

J'ai surtout remarqué que ceux qui donnaient leurs témoignages sont surtout des français pieds noirs/rouges ou des algériens ayant eu la chance d'accéder au banc de l'école ... de mon point de vue ce n'est pas du tout représentatif de ce qu'était la réalité de la majorité des algériens de l'époque c'est à dire analphabètes et n'ayant pas les compétences pour exposer leur vécu dans des livres ou dans ce genre de conférences.

 

Un seul algérien ayant pris la parole était analphabète de base (de sa propre déclaration) et a exposé son vécu concernant la déportation de populations, le confinement dans des camps entourés de grillages ... etc.

 

C'est clair que l'histoire de cet individu ne sera peut-être jamais reprise (????) dans un bouquin (ni celle de beaucoup de gens comme lui). Les bouquins étant majoritairement écrits par des gens ayant peu souffert de la "vraie" guerre (faux ! archi faux !).

Bref, pleins de détails qui sont noyés dans les nombreux raccourcis de l'histoire ...

 

Les Intellectuels devant leur Devoir de Mémoire

 

En ce qui concerne les déportation de populations, j'y fais allusion dans le premier post du Topic ("Zones interdites, ...Açhab Esselk").

Et que dis tu de l'homme de lettres Mouloud Feraoun abattu comme un chien par l'OAS dans son bureau d'un centre social ?

Par ailleurs la grande Dame Germaine Tillon (1907 - 2008 ) ethnoloque de son état, ayant vécu au milieu des populations Chaouis dans les Aurès entre 1930 et 1959 a dénoncé auprès du Général De Gaulle "la clochardisation des populations algériennes" suite à la mise en place des sinistres camps de Regroupement pendant la guerre d'Algérie.

Elle a aussi oeuvré pour les prisonniers ALN et FLN en négociant avec Yassef Sa3di responsable de la zone autonome d'Alger ( W4) l'arrêt des attentats à la bombe sur les populations civiles européennes contre la reconnaissance du statut de prisonniers de guerre pour les jounouds incarcérés après leur capture par l'Armée française.

 

Je pourrais te citer d'autres personnages tels Henri Dunant (1828 - 1910 ) le Créateur de la Croix Rouge et du Croissant Rouge et son histoire étonnante qui a commencé en Algérie à El Eulma pour se poursuivre à Solférino en Italie au coeur d'une bataille austro-franco-italienne en 1859 avant de créer la croix rouge et le croissant rouge devant la SDN.

 

250pxcroixrougelogos.jpg

 

Et je pourrais t'en citer d'autres des personnages presque contemporains.

De ces personnages, j'ai parlé sur ce forum mais effacé en raison du peu d'interêt qu'ils ont suscité, les forumistes préférant sans doute le sempiternel "Tba3kik".

 

Crois moi beaucoup d'intellectuels algériens et français ont vécu le mal être et les mêmes drames du peuple algérien dans leur chair.

Il ne faut pas occulter les souffrances des intellectuels et penseurs au motif qu'ils ne font pas "Peuple" au risque de sombrer dans le stérile populisme: tu leur dois beaucoup plus que tu ne penses et l'Algérie aussi.

Quant à inscrire l'histoire racontée par les Anciens dans L'Histoire, rien ne t'empêche d'aller auprès d'eux et recueillir leurs souvenirs de les compulser afin qu'ils fassent partie de notre patrimoine.

Je fais ça à chaque fois que je rencontre des aînés à Séfra.

 

Link to post
Share on other sites
C'est marrant ses lois qu'on manipule au grés des humeurs des dirigeants !

 

A croire que la France n'a pas bonne conscience ... ils attendent certainement que les responsables de ces exactions soient morts et enterrés !

 

Elle est belle la France qui donne des leçons de moral aux autres pays et de plus, à un droit de véto au du conseil général des Nations Unis et l'utilise de manière sporadique selon le pays concerné !

 

Je ressens douloureusement cette vérité. En tant que Française, c'est le reproche principal que je fais à l'État français.

Link to post
Share on other sites
ah c'est cool de lire ca de la part d'une française.

 

On n'est pas le seul État à avoir du sang sur les mains et à chercher à cacher la vérité historique. Ce qui me préoccupe aujourd'hui, c'est la vérité des exactions françaises pendant cette période d'histoire très sombre sans recherche de justification ou de minimisation de ces événements.

Link to post
Share on other sites
Merci Heracles. Très intéressant.

 

Merci Hurlevent , l'héroine toute de noirceur de Jane Emily Brontë pour vos encouragements.

Votre personnage cadre bien avec le sujet qui va finir hélas en clair obscur.

 

A la personne qui dénonce à juste titre les exactions de l'Armée Française, je dirai ceci:

Il n'y a pas pas plus sanglant et plus atroce et plus meurtrier qu'une guerre révolutionnaire et ceci est vrai sous toutes les latitudes et à tous les temps.

Et hélas, souvent de guerres d'intoxications en guerres d'infiltrations , il arrive parfois où l'on ne fait plus la différence entre le Juste et l'Injuste tant tout devient injuste et intolérable.

J'aurai l'occasion de revenir sur des évènements que j'ai vécu comme par exemple le Destin Tragique des trois Cousins .

Ils furent entre 1957 et 1961 tous victimes expiatoires de la guerre d'Algérie dans la région de Aïn Séfra.

Deux d'entre étaient dans les rangs de l'ALN dont un Officier.

Mais hélas sur les trois un seul est tombé sous des balles françaises.

Un seul leitmotiv aujourd'hui: Plus jamais ça.

 

hautsdehurleventtome1.jpg

Link to post
Share on other sites

Join the conversation

You can post now and register later. If you have an account, sign in now to post with your account.

Guest
Répondre

×   Pasted as rich text.   Paste as plain text instead

  Only 75 emoji are allowed.

×   Your link has been automatically embedded.   Display as a link instead

×   Your previous content has been restored.   Clear editor

×   You cannot paste images directly. Upload or insert images from URL.

×
×
  • Create New...