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Des trafiquants de matière nucléaire jugés en Géorgie


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Deux Arméniens transportaient de l'uranium enrichi dans un étui à cigarettes. L'affaire révèle les failles de la lutte antiprolifération.

 

Hrant Ohyanan et Sumbat Tonoyan ne ressemblaient guère à de dangereux trafiquants nucléaires. Bouille ronde et ventre bedonnant, le regard déconfit, les deux ressortissants arméniens ont pourtant été arrêtés sous ce chef d'accusation le 11 mars dernier à Tbilissi, après un assaut en bonne et due forme donné à leur chambre d'hôtel par un groupe de Swat, les troupes d'élite géorgiennes formées par les Américains. D'après le quotidien britannique Guardian, les deux hommes auraient plaidé coupable lors de leur procès qui se tient actuellement dans le plus grand secret dans la capitale géorgienne.

 

50.000 dollars le gramme

 

L'ex-physicien nucléaire de 59 ans et l'homme d'affaires de 63 ans ont confessé leur étrange et dangereuse équipée: oui, ils avaient pris le train la veille à Erevan, la capitale de l'Arménie, pour gagner la Géorgie voisine. Comme deux voyageurs de commerce sans histoire. À un détail près: un minuscule étui de cigarettes, qui renfermait un sachet de poudre verte entouré de lamelles de plomb isolantes. Soit dix-huit grammes d'uranium hautement enrichi à 89,4%, un taux «militaire» permettant d'alimenter directement en combustible une ogive nucléaire, et restés largement indétectés par les douaniers géorgiens.

 

À qui cette précieuse marchandise était-elle destinée? À un musulman qui disait travailler «pour des gens très sérieux». Il s'agissait en réalité d'un policier géorgien, membre d'une unité antiterroriste infiltré dans le milieu des trafiquants nucléaires. Il n'a eu, le moment venu, qu'à se grimer en acheteur potentiel, promettre 50.000 dollars par gramme, avant de cueillir les apprentis trafiquants la main dans le sac, avec l'aide des Swat.

 

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Pour la troisième fois en sept ans, de l'uranium hautement enrichi (UHE) était saisi sur le territoire géorgien, confirmant la porosité des frontières de l'ancienne Union soviétique, où 700 tonnes d'UHE seraient stockées dans plusieurs centaines d'emplacements répartis sur tout le territoire de l'ex-URSS.

 

Ohyanan et Tonoyan étaient, certes, des amateurs, mais ils auraient reçu l'échantillon d'UHE des mains d'un Russe très sérieux, lui, et bien plus redoutable: Garik Dadayan, déjà arrêté en Géorgie en 2003 pour les mêmes motifs et libéré au bout de deux ans. «Vendez déjà ces 18 grammes, leur aurait dit l'intrigant Dadayan, et je vous confierai des livraisons bien plus importantes.» Grâce à la collaboration de Moscou et de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), dont le siège se trouve à Vienne, l'origine de l'uranium a pu être déterminée: la centrale nucléaire de Novossibirsk, en Sibérie, où Dadayan, désormais introuvable, se vantait d'avoir accès à de vastes quantités d'UHE.

 

L'arrestation des deux pieds-nickelés arméniens a jeté un froid à Washington. Les États-Unis consacrent depuis vingt ans des milliards de dollars pour éviter que les stocks de matière nucléaire disséminés à travers les anciennes républiques socialistes soviétiques ne tombent «entre les mauvaises mains». En l'occurrence, la nébuleuse islamiste d'al-Qaida qui, d'après les services secrets occidentaux, chercherait à se doter de la bombe.

 

Lors de son entrée en fonction en janvier 2009, le président Barack Obama avait fait de la lutte antiprolifération une des priorités de son mandat. En avril suivant, lors du sommet de Washington sur la sécurité nucléaire, il ralliait cinquante chefs d'État à sa volonté de sécuriser tous les stocks de matière nucléaire de la planète sous quatre ans.

 

Cette bonne résolution a du plomb dans l'aile. L'invasion de la Géorgie par les blindés russes en août 2008 avait déjà réduit à néant les tentatives de sécuriser les frontières du Caucase, réputées volatiles pour le trafic de matière nucléaire. Sous couvert d'un programme élaboré par Washington et baptisé Second line of defense (SLD, seconde ligne de défense), les États-Unis avaient financé à hauteur de 50 millions de dollars la lutte contre le trafic nucléaire en Géorgie, formé 300 douaniers et policiers, équipé quatorze postes frontières, deux ports et trois aéroports.

 

Une seule question, depuis l'été 2008, préoccupait les officiels américains : les frontières géorgiennes étaient-elles à nouveau sécurisées? L'opération du 11 mars a achevé de convaincre les plus crédules: tout est à revoir dans le Caucase en matière de lutte antiprolifération.

 

In : lefigaro.fr

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