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UPM : un projet bancal et sans âme


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Le deuxième sommet de l’Union pour la Méditerranée (UPM) risque de ne pas avoir lieu. La diplomatie espagnole en est à annoncer une « dernière tentative » pour tenir ce sommet prévu, à l’issue d’un premier report, pour le 21 novembre.

 

Sur le fond, la difficulté à tenir cette rencontre n’est que le reflet normal d’un projet bancal et sans âme. Israël ne facilite pas les choses à ses partisans qui ont fait de l’UPM un instrument pour obtenir une normalisation avec les Etats arabes sans la moindre concession. Il faut espérer que le reste de pudeur morale qui semble se manifester chez les responsables arabes ne s’estompe pas à la suite des pressions « amicales » des Européens.

 

Plus que jamais, l’éthique, la responsabilité et le niveau le plus bas de la solidarité avec les Palestiniens commandent de ne pas s’asseoir à la même table que les dirigeants israéliens. On ne sait pas quels sont les arguments que développent les diplomates espagnols pour convaincre les dirigeants arabes de venir assister à une réunion avec Netanyahu, mais quelle force pourrait avoir une diplomatie européenne qui ne se permet même pas le constat basique, conforté par les résolutions des Nations unies, qu’il y a des « territoires occupés » en Palestine ?

 

L’arrogance israélienne est telle qu’on se surprend à entendre un ministre de Sarkozy se plaindre du fait qu’Israël « n’aide pas ». Le constat est curieux quand on sait que l’Union européenne est un grand soutien financier d’Israël et que les Etats européens ont favorisé son entrée à l’OCDE. Pourquoi Israël aiderait quand tout lui est permis avec l’Europe ? Certains responsables arabes développent un discours faussement réaliste sur l’UPM. En réalité, il n’y a aucun réalisme à accorder gratuitement le moindre gain politique à Israël.

 

Même Mahmoud Abbas en arrive à s’enhardir et à faire quelques constats justes. Répondant aux Américains qui ont estimé que la saisine du Conseil du sécurité par les Palestiniens serait un acte unilatéral, Mahmoud Abbas a relevé que pour Washington, quand les Israéliens « se livrent à des actions unilatérales telles que le mur, les incursions, les assassinats, l’arrachage des oliviers, ce n’est pas considéré comme unilatéral ».

 

M. Abbas et les autres dirigeants arabes gagneraient en effet à ne pas faire la politique de l’autruche. L’UPM est un marché de dupes. Rendu inopérant par le fait que les opinions dans les pays arabes commencent à exister et à peser. Celles-ci n’accepteraient pas de voir leurs dirigeants assis à la même table qu’un Netanyahu qui annonce ouvertement qu’il n’arrêtera pas de judaïser El-Qods et qu’il poursuivra sa politique de purification ethno-religieuse contre les Palestiniens.

 

Il ne sert à rien de faire semblant d’accompagner un projet qui s’avère clairement inopérant. Si l’on veut réellement travailler à un rapprochement régional, il faut sortir du grand format de l’UPM. De manière discrète - y compris dans les volets militaires -, le cadre informel des 5+5 a montré une certaine efficacité. C’est à ce niveau que l’on peut sérieusement avancer.

 

L’UPM ne peut manifestement fonctionner que sur la base de concessions lourdes des pays arabes. Il n’existe aucune raison de les accorder à un Etat qui ne reconnaît aucune loi.

 

Le Quotidien d’Oran

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