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les plus belles lettres d'amour


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Guest asteroideB612

Jean Jacques Rousseau..." Lettres à Sara "

 

Tu lis dans mon coeur, jeune Sara; tu m'as pénétré, je le sais, je le sens. Cent fois le jour ton oeil curieux vient épier l'effet de tes charmes. A ton air satisfait, à tes cruelles bontés, à tes méprisantes agaceries, je vois que tu jouis en secret de ma misére; tu t'applaudis avec un souris moqueur du desespoir où tu plonges un malheureux, pour qui l'amour n'est plus qu'un opprobre. Tu te trompes, Sara; je suis à plaindre, mais je ne suis point à railler: je ne suis point digne de mépris, mais de pitié, parce que je ne m'en impose ni sur ma figure ni sur mon age, qu'en aimant je me sens indigne de plaire, et que la fatale illusion qui m'égare m'empêche de me voir tel que tu es. Tu peux m'abuser sur tout, hormis sur moi-même; tu peux me persuader tout au monde, excepté que tu puisses partager mes feux insensés. C'est le pire de mes supplices de me voir comme tu me vois; tes trompeuses caresses ne sont pour moi qu'une humiliation de plus, et j'aime avec la certitude affreuse de ne pouvoir être aimé.

 

Sois donc contente. Hé bien, oui, je t'adore; oui, je brule pour toi de la plus cruelle des passions. Mais tente, si tu l'oses, de m'enchaîner à ton char comme un soupirant en cheveux gris, comme un amant barbon qui veut faire l'agréable, et, dans son extravagant délire, s'imagine avoir des droits sur un jeune objet. Tu n'auras pas cette gloire, ô Sara, ne t'en flate pas: tu ne me verras point à tes pieds vouloir t'amuser avec le jargon de la galanterie, ou [2] t'attendrir avec des propos langoureux. Tu peux m'arracher des pleurs, mais ils sont moins d'amour que de rage. Ris, si tu veux, de ma foiblesse; tu ne riras pas, au moins, de ma crédulité.

 

Je te parle avec emportement de ma passion, parce que l'humiliation est toujours cruelle, et que le dédain est dur à supporter: mais ma passion, toute folle qu'elle est, n'est point emportée; elle est à la fois vive et douce comme toi. Privé de tout espoir, je suis mort au bonheur et ne vis que de ta vie. Tes plaisirs sont mes seuls plaisirs; je ne puis avoir d'autres jouissances que les tiennes, ni former d'autres voeux que tes voeux. J'aimerois mon Rival même si tu l'aimois; si tu ne l'aimois pas, je voudrois qu'il put mériter [obtenir] ton amour; qu'il eut mon coeur pour t'aimer plus dignement et te rendre plus heureuse. C'est le seul desir permis à quiconque ose aimer sans être aimable.

 

Aime et sois aimée, ô Sara. Vis contente, et je mourrai content.

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Guest asteroideB612

Anita Fesser de Madero l’amie secrète de Jean Giraudoux.

 

Elle quitte Paris pour épouser un autre homme en Argentine et il lui écrit :

 

« Quand elle ouvrira cette enveloppe, ta main aura sa bague de fiançailles. J’espère que la pierre sera assez grosse pour t’entraîner sans plus de résistance au fond du bonheur conjugal. » Et il ajoute : « Tant pis si ma lettre te fait pleurer, tu n’avais qu’à pas choisir comme amant un écrivain. »

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  • 2 years later...
Guest asteroideB612

Qui étiez-vous ? Qui êtes-vous ? Qu'étais-je à vos yeux ? Nous ne le savions pas et ne le saurons sans doute jamais. Les événements se sont enchevêtrés. Tout devenait opaque, incompréhensible. L'étrangeté s'installait peu à peu tout dans notre vie était sujet à querelle. Toujours de l'anodin, jamais des choses graves. Vous deveniez un étranger. Vous étiez autre et je commençais à vous voir tel que vous étiez vraiment. Et, c'est alors peut-être que j'ai commencé à ne plus vous aimer. Un inconnu. Vous ai-je jamais connu ? Nous avons construit sur la méconnaissance, le désir, l'alchimie, nous avons détruit sur la connaissance, la négligence.

 

Qui êtes-vous ?

 

Qui étais-je pour vous ?

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Guest asteroideB612

Les plus belles lettres d'amour sont celles qu'on écrit, tard dans la nuit, quand le cœur se meurt. Quand le cœur s'ouvre, quand il se déchire. L'amour ce ne sera pas toi, ce n'est pas grave, c'est si peu grave la vie. Il n'y a que soi et son cinéma. Prisonnier du tien, tu n'entends pas ma voix.

 

Prends soin de toi, je t'ai crié ce soir là. Prends soin de toi,

promet moi … Je suis inquiète. Inquiète pour toi, loin de moi, je

voudrai tenir ta peine entre mes bras.

 

Il y a beaucoup plus d'amour dans mon silence qu'il n'y en aura jamais dans tous mes mots.

 

...//...

 

De la chaleur au froid, des larmes à la colère, je ne méritais pas de te rencontrer, ni de te perdre. La vie est une ****** qui danse le baladi sur un grand écran en noir et blanc. Cette nuit, la vie se joue dans un mauvais cinéma de banlieue désert. Il y a des rats sous les bancs, une vieille odeur de cigarette flotte, tout droit sortie des années de nos adolescences. La vie change si peu…..

 

Il fait noir, il fait froid, il fait seul, il fait moi…pas besoin de grand écran pour se faire du cinéma…

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Guest asteroideB612

...//...

 

J'ai tout appris de toi pour ce qui me concerne

Qu'il fait jour à midi, qu'un ciel peut être bleu

Que le bonheur n'est pas un quinquet de taverne

Tu m'as pris par la main dans cet enfer moderne

Où l'homme ne sait plus ce que c'est qu'être deux

Tu m'as pris par la main comme un amant heureux.

 

Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre

Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant

Que cette heure arrêtée au cadran de la montre

Que serais-je sans toi que ce balbutiement.

 

Qui parle de bonheur a souvent les yeux tristes

N'est-ce pas un sanglot que la déconvenue

Une corde brisée aux doigts du guitariste

Et pourtant je vous dis que le bonheur existe

Ailleurs que dans le rêve, ailleurs que dans les nues.

Terre, terre, voici ses rades inconnues.

 

...//...

 

Louis Aragon

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Guest asteroideB612

Que n'êtes-vous ici pour donner des ailes à ma voix et changer mes murmures en chansons. Mais je continuerai de lire, sachant que parmi les "étrangers" qui m'entourent, une amie invisible est à l'écoute avec son sourire plein de douceur et de tendresse. "

 

Khalil Gibran

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Guest asteroideB612

Ainsi, un mot, dis-moi ton heure.

Sera-ce ce soir ? demain ?

Quand tu voudras, quand tu auras une heure, un instant à perdre.

Réponds-moi une ligne. Si c'est ce soir, tant mieux.

Si c'est dans un mois, j'y serai.

Ce sera quand tu n'auras rien à faire, moi, je n'ai à faire que de t'aimer.

 

La fin d'un amour, ici avec George Sand...extrait que Musset a adressé à la romancière

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Khalil Gibran à May Ziadah.

 

New York,26 février 1924

 

Je sais que l'Amour d'une âme basse ne peut vous satisfaire, et je sais qu'il en va de même pour moi. Vous et moi ne saurions nous satisfaire d'une âme mesquine. Nous sommes exigeants. Nous voulons tout avoir. Nous recherchons la perfection. Je dis, May, que dans cette aspiration qui est la nôtre réside notre accomplissement ; car si notre volonté n'était qu'une ombre parmi les ombres multiples de Dieu, nous atteindrions sans aucun doute l'un des nombreux rayons de la lumière divine.

Ô Mary, ne craignez pas l'Amour ; ne le craignez pas, amie de mon coeur. Nous devons nous soumettre à lui malgré tout ce qu'il peut nous apporter de souffrance, de désolation, de désir éperdu, et aussi de perplexité et de confusion.

 

Elle me touche particulièrement celle-là!

Merci Astroide, très bonne idée de réunir les plus belles lettres d'amour, souvent les plus singulières et les plus vraies!

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Guest asteroideB612
Elle me touche particulièrement celle-là!

Merci Astroide, très bonne idée de réunir les plus belles lettres d'amour, souvent les plus singulières et les plus vraies!

 

De rien.

 

Avant l'invention du Net, ils s'étaient aimés sans jamais se rencontrer ....

 

c'est ce qui rend cette correspondance et cette liaison si chère à mon coeur.

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sympa comme topic!

j'ai lu qqch au sujet de louis 16 et je ne sais plus qui :confused:

ils s'envoyaient des lettres d'amour codé, j'ai bcp aimé leur langage et maniere de faire, désolé, je m'en souviens plus, je vais chercher

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Guest asteroideB612

Le ciel m'en est témoin, dès le premier moment,

Je compris que l'aimer était peine inutile ;

Et cependant mon cœur prit un amer plaisir

A sentir qu'il aimait et qu'il allait souffrir !

 

Alfred de Musset

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Guest asteroideB612
sympa comme topic!

j'ai lu qqch au sujet de louis 16 et je ne sais plus qui :confused:

ils s'envoyaient des lettres d'amour codé, j'ai bcp aimé leur langage et maniere de faire, désolé, je m'en souviens plus, je vais chercher

 

Au plaisir de les lire !

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Guest asteroideB612

Gustave Flaubert et Louise Colet

 

"... J’ai attendu ce matin le facteur une grande heure sur le quai. Il était aujourd’hui en retard. Que cet imbécile-là, avec son collet rouge, a sans le savoir fait battre de cœurs ! Merci de ta bonne lettre ; mais ne m’aime pas tant, ne m’aime pas tant, tu me fais mal ! Laisse-moi t’aimer, moi ! Tu ne sais donc pas qu’aimer trop, ça porte malheur à tous deux ! C’est comme les enfants que l’on a trop caressés étant petits : ils meurent jeunes. La vie n’est pas faite pour cela ; le bonheur est une monstruosité ; punis sont ceux qui le cherchent..."

 

"...Oublie-moi si tu peux, arrache ton âme avec tes deux mains, et marche dessus pour effacer l’empreinte que j’y ai laissée. Allons, ne te fâche pas. Non, je t’embrasse, je te baise. Je suis fou. Si tu étais là, je te mordrais ; j’en ai envie, moi que les femmes raillent de ma froideur et auquel on a fait la réputation charitable de n’en pouvoir user, tant j’en usais peu. Oui, je me sens maintenant des appétits de bête fauve, des instincts d’amour carnassier et déchirant ; je ne sais pas si c’est aimer. C’est peut-être le contraire. Peut-être est-ce le cœur, en moi, qui est impuissant. La déplorable manie de l’analyse m’épuise. Je doute de tout, et même de mon doute. Tu m’as cru jeune et je suis vieux. […] Je me dis toujours que je vais faire ton malheur, que sans moi ta vie n’aurait pas été troublée, qu’un jour viendra où nous nous séparerons (et je m’en indigne d’avance). Alors la nausée de la vie me remonte sur les lèvres, et j’ai un dégoût de moi-même inouï, et une tendresse toute chrétienne pour toi..."

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Lettre de Diderot à Sophie ...

 

Paris, ce samedi matin, 1er juin 1759

 

Regardez en vous-même, ma Sophie, et dites-moi pourquoi vous êtes si sincère, si franche, si vraie dans vos discours ? C’est que ces mêmes qualités sont la base de votre caractère et la règle de votre conduite. Ce serait un phénomène bien étrange qu’un homme, pensant et disant toujours mal, se conduisît toujours bien. Le dérangement de la tête influe sur le cœur, et le dérangement du cœur sur la tête. Faisons en sorte, mon amie, que votre vie soit sans mensonge ; plus je vous estimerai, plus vous me serez chère ; plus je vous montrerai de vertus, plus vous m’aimerez. Combien je redouterais le vice quand je n’aurais pour juge que ma Sophie !

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Guest asteroideB612

Si tu es mon ami, aide moi

Pour que je puisse te quitter

Si tu es celui que j'aime, aide moi

Pour que je puisse guérir

Si j'avais su que l'amour serait si dangereux

Je n'aurais jamais aimé

Si j'avais su que la mer serait si profonde

Je n'aurais jamais y naviguer

Si j'avais prévu ma fin

Je n'aurais jamais commencé

 

Je te désir et tu me manques

Apprend moi a ne plus te désirer

Apprend moi a arracher de moi

Profondément les racines de ton amour

Apprend moi comment meurent les larmes

Au bord des pupilles

Apprend moi comment périssent les cœurs

Comment se suicident les passions

 

Si tu es très fort, sors moi de cet océan

Je ne sais pas nager, ni excelle dans cet art

L'onde bleue irrésistible de tes yeux me tire

Vers de profonds abysses

Et en amour,je n'ai ni expérience

Ni barque de sauvetage

Si tu m'aimes vraiment, prend soin de moi

Je suis amoureuse de la tête jusqu'aux pieds

Je respire sous l'eau et je coule

Je me noie

Je me noie

Je me noie

 

RISSALA MIN TAHT EL MAE, litteralement "Lettre de sous l'eau" , poeme de Nizar Kabbani

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Lettre de Diderot à Sophie ...

 

Paris, le 10 juillet [1759].

 

J’écris sans voir. Je suis venu ; je voulais vous baiser la main et m’en retourner. Je m’en retournerai sans cette récompense ; mais ne serai-je pas assez récompensé si je vous ai montré combien je vous aime ? Il est neuf heures, je vous écris que je vous aime. Je veux du moins vous l’écrire ; mais je ne sais si la plume se prête à mon désir. Ne viendrez-vous point pour que je vous le dise et que je m’enfuie ? Adieu, ma Sophie, bonsoir ; votre cœur ne vous dit donc pas que je suis ici ? Voilà la première fois que j’écris dans les ténèbres : cette situation devrait m’inspirer des choses bien tendres. Je n’en éprouve qu’une : je ne saurais sortir d’ici. L’espoir de vous voir un moment m’y retient, et j’y continue de vous parler, sans savoir si j’y forme des caractères. Partout où il n’y aura rien, lisez que je vous aime.

 

J'ai souligné, c'est trop beau! :p

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Lettre d'Apollinaire à Lou ...

 

Vous ayant dit ce matin que je vous aimais, ma voisine d'hier soir, j'éprouve maintenant moins de gêne à vous l'écrire. Je l'avais déjà senti dès ce déjeuner dans le vieux Nice où vos grands et beaux yeux de biche m'avaient tant troublé que je m'en étais allé aussi tôt que possible afin d'éviter le vertige qu'ils me donnaient.

 

C'est ce regard-là que je revois partout, plutôt que vos yeux de cette nuit dont mon souvenir retrouve surtout la forme et non le regard.

 

De cette nuit bénie j'ai avant tout gardé devant les yeux le souvenir de l'arc tendu d'une bouche entr'ouverte de petite fille, d'une bouche fraîche et rieuse, proférant les choses les plus raisonnables et les plus spirituelles avec un son de voix si enchanteur qu'avec l'effroi et le regret où nous jettent les souhaits impossibles je songeais qu'auprès d'une (Louise) comme vous, je n'eusse voulu être rien d'autre que le Taciturne.

 

Puissé-je encore toutefois entendre une voix dont le charme cause de si merveilleuses illusions !

 

Vingt-quatre heures se sont à peine écoulées depuis cet événement que déjà l'amour m'abaisse et m'exalte tour à tour si bas et si haut que je me demande si j'ai vraiment aimé jusqu'ici.

 

Et je vous aime avec un frisson si délicieusement pur que chaque fois que je me figure votre sourire, votre voix, votre regard tendre et moqueur il me semble que, dussé-je ne plus vous revoir en personne, votre chère apparition liée à mon cerveau m'accompagnera désormais sans cesse.

 

Ainsi que vous pouvez voir, j'ai pris là, mais sans le vouloir, des précautions de désespéré, car après une minute vertigineuse d'espoir je n'espère plus rien sinon que vous permettiez à un poète qui vous aime plus que la vie de vous élire pour sa dame et se dire, ma voisine d'hier soir dont je baise les adorables mains, votre serviteur passionné.

 

 

Guillaume Apollinaire

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Car toute belle et charmante que vous êtes , personne n'est encore mort en votre honneur ; et si j'avais eu cet esprit-là, c'était de quoi nous illustrer tous deux : mais, comme vous savez, ce qui ne se fait pas une fois se fait une autre ;... et je trouve même, pourvu qu'on ôte à notre Marquise la part qu'elle y prétend, qu'il sera encore plus extraordinaire de mourir dans cette dernière occasion ; en sorte qu'on pourra dire que la mémoire est dans le cœur, ou que le cœur est dans la mémoire; choisissez : mais je crains bien que vous ne sentiez guère ni l'un ni l'autre pour moi, puisque vous ne prenez pas la peine de me faire réponse ; j'en suis plus affligé qu'offensé , car je me faisais un grand plaisir de revoir une écriture pour laquelle je conserve un goût infini, quoiqu'elle n'ait jamais servi à me marquer la moindre apparence d'amitié; mais des reproches à une tigresse, c'est des marguerites devant des pourceaux

 

Lettre de Monsieur Des Chapelles à Madame de Sévigné

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