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Lettre d'une mère à son fils "harrag"


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Lettre d'une mère à son fils "harrag"

Par Leïla Aslaoui

 

J’ai espéré toute la journée d’hier et celle qui l’a précédée que tu reviendrais. Je t’ai attendu toute la nuit d’hier, guettant le moindre bruit dans le bâtiment, persuadée que ton absence ne durerait pas et que tu n’avais pas pu partir sans me dire au revoir. J’ai rendu visite à la mère de Dahmane, à celle de Sofiane, les deux seuls amis que je te connaissais. Tes frères”, me disais-tu.

Ce sont elles qui m’ont appris que tous les trois étiez partis et furent étonnées que je ne le sache pas. Comment aurais-je pu le savoir mon fils ? Après le rejet de tes demandes de visa pour le Canada, la France, l’Espagne, j’étais convaincue que ton envie de t’envoler vers d’autres cieux qui t’éloigneraient, me disais-tu, de l’enfer, s’était estompée puisque tu ne m’en parlais plus. J’ai même cru que tu en étais guéri et espérais de tout mon être un emploi pour toi, un travail qui te permettrait de chasser les idées noires. Te souviens-tu, mon fils, du jour où je t’ai demandé ton avis sur la fille de notre voisine du cinquième ? Ma mémoire n’a rien oublié de ta colère. Le mariage ? Es-tu inconsciente à ce point ? Avec quels moyens vais-je entretenir une épouse et plus tard des enfants ? Où vais-je me loger ? Dans ce trou à rats qui nous sert de domicilie familial ?” m’avais-tu répondu. Comment avais-je pu être aussi aveugle mon enfant ? Comment n’avais-je pas vu qu’à vingt-huit ans tu paraissais en avoir trente de plus ? Comment avais-je pu te faire une telle proposition tandis que tes épaules voûtées et ton front traversé de deux rides bien apparentes disaient ton désespoir et ton envie d’en finir ? Que de fois t’ai-je accusé, sans te l’avouer, de ne pas faire suffisamment d’efforts pour trouver un “job” — n’importe lequel — me disais-je ! Que de fois ai-je réprimé mon envie de t’envoyer sur les roses lorsque tu me demandais l’argent de tes cigarettes ! Je voulais que tu m’aides à éduquer tes trois sœurs, toi mon aîné, toi mon adorable fils, toi l’homme de la maison depuis la mort de ton père. Comment aurais-je pu vivre avec le regret de t’avoir blessé à présent, que je ne te reverrai plus jamais ? Comment vais-je vivre sans toi ? Tu étais calme, affectueux, facile à vivre, tu n’étais pas délinquant, tu n’étais pas toxicomane, tu étais sage et me disais souvent : “Je veux juste construire mon avenir mais toutes les portes sont fermées”. “Ne désespère pas, Dieu te viendra en aide”, te disais-je, totalement désemparée par ton chagrin.

 

A quoi donc aura servi mon amour maternel puisque je fus incapable de retirer de ton corps l’épine enfoncée en toi et qui te faisait si mal ? Etait-ce donc ton destin de vivre l’enfer sur terre et de mourir aussi tragiquement ? Pourtant ta naissance fut pour ton père et moi-même une joie que je ne peux décrire avec des mots. C’est ton grand-père paternel qui te prénomma Hamoud comme son père. Tu étais un beau bébé, un enfant attachant, un adolescent respectueux, serviable. Nous vivions modestement dans cette cité dans ce quartier d’Alger que nous n’avons jamais quitté depuis tant et tant de générations.

 

L’année où mourut ton père, tu fus renvoyé de l’école, je suppliai le directeur de te garder, mais il ne voulut rien savoir. Ma place de femme d’entretien dans une société proche de la maison nous permettait de vivoter. Je n’étais jamais sortie de la maison, mais quelle importance ? C’est une de tes sœurs qui étudie le droit qui m’a appris récemment cette règle : “Nécessité fait loi.” Tu me parlais tant et tant de fois, de départ que je n’y prêtais plus attention. Un jour, je m’en souviens, tu m’avais dit : “Même s’il me faut partir clandestinement, je le ferai.” Ma frayeur réelle de te perdre, t’amena à me dire : “Rassure-toi je dis cela pour plaisanter... rassure-toi mère.” Ce matin, mon fils j’ai été convoquée au commissariat. L’officier de police qui m’a reçue m’a appris que ton corps avait été repêché avec celui d’autres harragas au large de la Méditerranée. Sofiane, Dahmane étaient du voyage. Ils sont morts noyés comme toi mon fils. Vous vouliez rejoindre l’Espagne.

 

Ce soir je veillerai toute la nuit ton corps inerte, moi qui n’ai pas pu te protéger vivant, ce soir mon fils, mon rayon de soleil, je n’ai pas honte de toi, tu n’étais pas un délinquant, tu n’étais pas un toxicomane, tu n’étais pas un terroriste, tu n’as tué personne. Mon enfant, mon fils, tu as vécu étranger sur ta terre, tu es mort noyé, parce que tu voulais t’éloigner de l’enfer. Mon fils, je suis la mère d’un “harrag” et je n’ai pas honte de toi, mais vois-tu, mon enfant, ce soir, tandis que ta disparition s’impose à moi, je me dis que moi aussi je suis étrangère sur cette terre qui m’a pris mon enfant, mon fils, mon rayon de soleil. Messieurs les gouvernants, appelez-le “harrag” si cela vous fait plaisir... il était et demeurera mon fils. Mon fils il est tard, très tard, mais je peux encore te garder près de moi. Je suis seule près de toi et te demande pour quelles raisons tu ne m’as pas laissé te serrer dans mes bras, pourquoi ne m’as-tu pas dit adieu ? Ce soir mon enfant ton corps et celui de onze autres harragas ont été repêchés. A la radio, ils annoncent que le “chômage a nettement baissé et que le harrag est celui qui n’aime pas son pays”.

 

Dors en paix, mon enfant, je n’ai pas honte de toi, tu n’as rien pris à ta patrie, tu ne lui as rien subtilisé. Dors en paix mon fils, il n’y avait pas de place pour toi sur ta terre, sur ma terre et tu n’aurais pas dû venir au monde. Dors en paix mon enfant, je n’ai pas honte de toi.

L. A.

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Que dire de plus ?? devant tant de douleur et de souffrance . Lit-il au moins la presse ce president ? Ressent-il au moins un centieme de ce que vit cette jeunesse qui si elle ne se noye pas se fait sauter par desespoir ?

Mais quand bon Dieu ce peuple dira ras le bol et descendra dans la rue ???

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Leila Asslaoui etait l 'une des premiere qui a soutenu la junte militaire algerienne en 1990,et elle vient pleurer un harag maintenant

Elle me degoute

Quel mepris

Une piece théatrale .

Cette femme qui a cautionné des generaux qui ont délapidé des milliards de dolars et elle s 'adresse maintenant à boutef.

Elle est de mauvaise fois,parce que boutef l a ignoré et elle n a pas pu décroché un poste au gouvernement et elle veut le faire faire maintenant sur le dos d 'un "HARAG"

 

Amicalement le parisien

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C'est une écrivaine avant tout, elle traduit le désarroi d'une mère avec sa plume comme le ferait n'importe quel autre auteur.Ses positions personnelles, elle les assume.

 

Quand on cautionne une junte sanguinaire,on est complice,donc elle est respensable de la mort de cette personne innocente,elle vient nous faire son cinema maintenant

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Aslaoui Leila

Biographie

 

Leïla Aslaoui est née à Alger en 1945. Elle enseigne aujourd’hui à l’Institut de droit et d’institutions internationales d’Alger, et écrit régulièrement dans le quotidien indépendant "Le Soir d’Algérie". Après une longue carrière dans la magistrature, elle a été ministre de la Jeunesse et des Sports (1991-1992) dans le gouvernement de Mohammed Boudiaf, puis ministre de la Solidarité nationale d’avril 1994 jusqu’à sa démission pour protester contre les pourparlers entre le pouvoir algérien et le Front du Salut islamique, officiellement dissout. Son mari a été assassiné par les islamistes en octobre 1994. Elle se bat aujourd’hui pour le respect des droits de la femme en Algérie.

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Aslaoui Leila

Biographie

 

Leïla Aslaoui est née à Alger en 1945. Elle enseigne aujourd’hui à l’Institut de droit et d’institutions internationales d’Alger, et écrit régulièrement dans le quotidien indépendant "Le Soir d’Algérie". Après une longue carrière dans la magistrature, elle a été ministre de la Jeunesse et des Sports (1991-1992) dans le gouvernement de Mohammed Boudiaf, puis ministre de la Solidarité nationale d’avril 1994 jusqu’à sa démission pour protester contre les pourparlers entre le pouvoir algérien et le Front du Salut islamique, officiellement dissout. Son mari a été assassiné par les islamistes en octobre 1994. Elle se bat aujourd’hui pour le respect des droits de la femme en Algérie.

 

C est un parcour KHOUBZISTE,pareil que Khalida Messaoudi,mais la seule difference,la premiere a été ecarté et la deuxieme,qui nous chantait la democratie et l'égalité des droits des femmes,elle siege avec les boutef et la klike de soltani en oubliant ses principes

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