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Un office de la pomme de terre pour contrer les spéculateurs


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Le ministre du commerce l’annonce face à l’envolée des prix

Un office de la pomme de terre pour contrer les spéculateurs

Par :

Badreddine Khris (Liberté)

 

Le premier responsable du secteur a indiqué que 35 000 tonnes de pommes de terre importées sont arrivées dans les ports. Mais ce produit de large consommation est toujours cédé à 60-65 dinars le kilogramme.

 

Afin de surmonter un tant soit peu la crise qui secoue actuellement la filière de la pomme de terre, le ministère du Commerce envisage d’ores et déjà la création d’un office national. Cette instance sera créée en collaboration avec tous les acteurs notamment les opérateurs, l’Union nationale des agriculteurs algériens (UNPA), la Chambre nationale de l’agriculture, les transformateurs… Ces derniers sont prêts pour réaliser cet objectif. C’est ce qu’a annoncé le ministre du Commerce, M. El-Hachemi Djaâboub comme l’une des mesures sur lesquelles “planche” sérieusement le gouvernement. Le ministre tient toutefois à préciser que ça ne sera pas une centrale d’achat mais plutôt une structure qui regroupera l’État, d’un côté et les professionnels de l’autre. L’office national interprofessionnel aura pour principale tâche de réguler le marché de la pomme de terre dont la flambée des prix a atteint des pics jamais égalés jusque-là.

La seconde solution proposée par M. Djaâboub a trait à la mise en place d’un autre mécanisme à savoir un fonds spécial de stabilisation des prix. Celui-ci peut ainsi compenser la suppression des 30% des droits de douanes et des 7% de la TVA, décidée par l’Exécutif. Il peut éventuellement, par exemple, racheter des quantités de ce produit auprès des agriculteurs en difficulté de commercialisation et arriver à un prix minimum garanti. Autre mesure prise en urgence par le gouvernement concerne l’importation de quelque 35 000 tonnes de pommes de terre depuis juillet. Ces quantités sont déjà arrivées aux ports. Abordant la responsabilité de l’État, il a relevé que le contrôleur est appelé, arguera-t-il, à vérifier à l’usine seulement, les matières premières, la main-d’œuvre, les machines, le management (étiquetage…) et la valeur intrinsèque du produit de chaque opérateur. Les prix sont par conséquent libres. “Le gouvernement n’est pas responsable de la flambée des prix mais sa responsabilité demeure claire pour atténuer les conséquences sur les citoyens”, a affirmé le ministre lors d’un point de presse tenu hier au siège du ministère. Il soulignera que la loi sur la concurrence est actuellement en révision. Le Conseil de la concurrence doit être, selon lui, créé et reformulé en tant qu’autorité indépendante. La hausse des prix de la pomme de terre s’explique, indiquera-t-il, par le fait que l’opérateur peut fixer le prix librement. “Mais cette liberté doit être maîtrisée par la régulation”, reconnaîtra-t-il.

 

Création d’un fonds spécial pomme de terre

Reprenant les conclusions du département de l’agriculture, M. Djaâboub, affirmera qu’il est possible de concrétiser une autosuffisance pour la pomme de terre. Avec l’utilisation de nouvelles techniques, le rendement peut passer, selon lui, de 40 tonnes/hectare à 600 tonnes /ha tout en tenant compte de l’absence des aléas. M. Djaâboub relèvera que la pression sur certains produits de consommation persiste. “Il y a une guerre féroce entre les pays producteurs de pétrole et ceux qui fabriquent d’autres produits”, a-t-il déclaré. À ce propos, un comité de suivi hebdomadaire du marché est installé au gouvernement. Plus de trente produits essentiels sont ainsi contrôlés au niveau des ports. Les 19 inspections relevant du secteur du commerce envoient quotidiennement des états des importations à la tutelle. “Plus de 3,5 milliards de dollars de marchandises importées sont destinées au tube digestif. C’est trop !”, s’est-il élevé pour un pays qui satisfait ses besoins en produits alimentaires à partir des recettes tirées des exportations du pétrole.

En 2006, l’Algérie a importé pour 21 milliards de dollars US de marchandises et a vendu 56 milliards de dollars US essentiellement des hydrocarbures. Car, en dehors des hydrocarbures, l’Algérie n’a exporté que pour le montant de 1,2 milliard de dollars dont 200 millions de dollars de déchets ferreux et non ferreux avec une valeur ajoutée égale à zéro. Plus de 67% des importations sont, ajoutera le ministre, utiles. Il s’agit d’équipements et matériels destinés au plan de relance économique.

OMC : “Le terrorismeà l’origine de la non-adhésion de l’Algérie”

Si l’Algérie réalise ses échanges commerciaux à 55% avec les pays de l’Union européenne, le volume ne dépasse pas 1 milliard de dollars avec les 21 pays arabes. Parmi les résultats enregistrés après deux ans d’entrée en vigueur de l’accord d’association de l’Algérie avec l’UE, il dira que le niveau des échanges commerciaux est resté le même. Il n’y pas eu également de fermeture d’unités industrielles avec l’arrivée des produits des pays européens. Ce qui est négatif, selon M. Djaâboub, c’est que l’entrée en vigueur de cet accord n’a pas été suivie de baisse des prix des produits à large consommation. Il regrettera aussi le fait que l’appareil productif national n’ait pas pu profiter des contingents offerts par l’UE. Celui-ci ne vise que le marché national. Sur le registre lié à l’OMC, le ministre a indiqué que les négociations bilatérales et multilatérales avec 19 pays se poursuivent notamment avec les Américains dont une délégation s’est déplacée à Alger. Une feuille de route est à ce sujet envisageable.

L’Algérie a présenté une offre révisée des droits de douanes et des services avec une baisse des DD sur plusieurs produits. Les discussions porteront aussi sur les règles d’origine des produits. C’est ainsi que la tutelle a reçu 12 requêtes de la part d’opérateurs désireux d’exporter leurs produits. Par ailleurs, M. Djaâboub précisera que c’est le terrorisme qui a retardé l’adhésion de l’Algérie à l’OMC. Un changement de gouvernement en 1994 et l’instabilité du pays étaient à l’origine de la non-adhésion puisque le ministre-délégué qui était présent à la réunion de Marrakech n’a pu signer l’accord. Des questions liées au fonctionnement des EPE et le commerce de l’État, c'est-à-dire les échanges effectués par les structures de l’État, sont du reste posées par les membres de l’OMC à l’Algérie.

Badreddine KHRIS

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