Jump to content

Témoignages et récits sur la colonisation de l'Algérie...


Guest anincognito

Recommended Posts

Guest anincognito

Je voudrais dans ce topic recueillir une multitude de témoignages et/ou récits relatifs à la colonisation de l'Algérie et que j'ai pu rencontrer dans un certain nombre d'ouvrages plus ou moins connus, et ce au fil de toute l'époque coloniale...

 

La colonisation de l’Algérie:

 

Les régimes français successifs vont poursuivre la politique de colonisation de l’Algérie. Celle-ci se fait de manière progressive et tâtonnante, sans plan préconçu. Les Arabes, dans un premier temps favorables à l’expulsion des Turcs, entrent bientôt en résistance. À Oran, l’émir Abd el-Kader, qui rêve d’un grand État arabe, lance une guerre sainte contre les Français. Le général Bugeaud organise alors la conquête de l’ensemble du pays par des méthodes très violentes. En revenant d’Algérie, Alexis de Tocqueville écrit en 1841 : « Nous faisons la guerre de façon beaucoup plus barbare que les Arabes eux-mêmes (...) c’est de leur côté que la civilisation se rencontre. » Il est vrai que l’armée française se livre aux pillages, aux viols et aux massacres collectifs, amenant la France à annexer l’ensemble du pays en 1847. L’année suivante, l’Algérie est même départementalisée. Elle devient alors colonie de peuplement, la seule véritable de l’empire colonial français. Le début de l’expropriation des propriétaires arabes commence au profit des colons venus de métropole. Une barrière culturelle et sociale infranchissable s’élève entre les deux populations. Elle ne se démentira jamais jusqu’à l’indépendance algérienne en 1962.

 

Chants sur la prise d'Alger:

 

Commençons par louer Dieu, puis racontons cette histoire !

Demandez pardon et soumettez-vous, ô musulmans !

La prière sur Mohammed, ne l’oubliez pas,

Priez sur lui tant que le monde existera,

Tant que nous vivrons et que vous serez en vie.

Celui qui prie beaucoup sur le glorieux Mohammed,

Les lundi, jeudi et vendredi,

Il retrouvera la prière dans la nuit du tombeau :

Les houris viendront la lui offrir.

Ceux qui prient ont droit aux récompenses ;

Ils louent le fondateur de la religion,

L’Éternel leur en tient compte,

Et au jour où se dressent les balances

Il préserve ses serviteurs de tourment.

Le maître des hommes accorde le pardon des coupables,

C’est le maître des esprits, le seigneur des seigneurs :

C’est aussi le maître des anges,

Priez donc sur lui d’une prière aussi vaste que l’univers.

Priez sur lui mille fois, deux mille fois :

Méprisez la terre et ses biens,

Et fuyez surtout les conseils du démon le maudit.

Qui croit à mes paroles, obtient la béatitude ;

Qui les taxe de mensonge, est au nombre des damnés !

La fin des temps est arrivée ;

Dorénavant plus de repos,

Le jour des combats a brillé,

Au vivant les chagrins, au mort le bonheur ;

Ces paroles sont pour les sages,

Ils en comprendront le sens.

O regrets sur les temps passés !

Pendant une longue suite d’années,

La victoire a suivi les drapeaux d’El-Bahadja la guerrière(1).

Les nations lui donnaient des otages,

Tremblaient, obéissaient et lui payaient des tributs.

Link to post
Share on other sites
Guest anincognito

Chants sur la prise d'Alger (suite)

O regrets sur les temps passés !

Je suis, ô monde, sur Alger désolé !

Les Français marchent sur elle

Avec des troupes dont Dieu sait le nombre.

Ils sont venus dans des vaisseaux qui vont sur mer en droiture ;

Ce n’est pas cent vaisseaux et ce n’est pas deux cents,

L’arithmétique s’y est perdue,

Les calculateurs en ont été fatigués,

Vous auriez dit une forêt, ô musulmans!

Ils sont arrivés à la nage ;

Mais, les chiens, dès qu’en face du port,

Ils purent voir les canons braqués sur leurs figures,

Ils se dirigèrent vers Sidi-Ferreudj ;

Bordj-el-Febhar les avait terrifiés !

Bientôt la mer et les flots se gonflèrent,

Pour vomir sur notre rivage les Français, fils d’El-Euldja(3).

De tous côtés on les vit piétinants;

Le temps les appela, ils vinrent :

Il est connu que chaque chose a son temps.

L’agha Brahim se hâta de monter à cheval

Avec ses drapeaux, ses musiques et ses Turcs aux rudes paroles.

Arabes et Kabyles se mêlèrent,

Cavaliers et fantassins chargèrent :

Le combat devint chaud, ô mes frères

Son feu brilla les dimanche et lundi,

Et la mitraille tomba sur nos guerriers.

La mort vaut bien mieux que la honte

Si la mère des villes est prise,

Que vous restera-t-il, ô musulmans

Patience, ne vous effrayez pas,

La mort est notre partage,

Nous sommes tous sa proie.

La mort dans la guerre sainte,

C’est la vie dans l’autre monde

Les houris du paradis poussent des cris de joie.

Et ses portes commencent à s’entr’ouvrir.

Chacun s’est réjoui de mourir

On s’embrasse, on se pardonne,

On part, Dieu soit en aide !

Les boulets, les gargousses,

Les mèches sont dans toutes les mains,

Et de la bombe les mortiers sont prêts.

On prépare la mitraille ;

Elle forme des murailles ;

Les canons sont braqués sur les remparts

Et les femmes montent sur les terrasses

Pour exciter les combattants.

Le peuple fait ses adieux :

Les uns excitent par la langue,

Les autres s’occupent de leurs devoirs :

Ceux-ci se mettent à prier,

Et ceux-là font des vœux :

O créateur des esclaves ! disaient-ils,

O mon Dieu ! par celui qui t’est soumis,

Fais que l’impie soit humilié !

Le combat tardait trop an gré de leurs désirs,

Car les chrétiens allaient toujours croissants,

Sauterelles venues en leur temps.

Les croyants, d’un commun accord,

Ont juré de sauver Mezeghenna.

On entendait les tambours, la musique,

On chargea, les deux rangs se heurtèrent ;

Les musulmans abordèrent les redoutes,

Et joignirent l’infidèle le sabre à la main.

Que de têtes tombées avec leurs chapeaux !

Que de bras et de pieds coupés par le boulet !

Que de fusils éclatés dans les mains !

Plus d’un guerrier resta sans sépulture,

Plus d’un brave aussi délaissa sa famille,

Pour aller épouser les houris.

La bombe portait en tous lieux l’épouvante !

Puis, hélas ! peuple et chefs, tous prirent la fuite.

Les Turcs trahirent leurs régiments et quittèrent Staouali

En laissant jusqu’à leurs tentes au pouvoir des impies ;

Le temps des paroles est passé, repentez-vous, ô musulmans !

Alger, tes jours étaient comptés !

L’infidèle gonflé par ce succès,

Ne tarda pas à ruiner le fort Moulaye-Hassan.

Pour nous cerner ensuite et, par terre et par mer.

L’agha perdit la tête, perdit le jugement,

Dieu lui avait ôté son commandement.

Il était mis en marche un samedi,

Et le samedi n’est, pas un jour heureux pour les musulmans.

Les chrétiens sont entrés dans Alger !

Les palais du sultan et de ses écrivains, ils les ont habités ces maudits,

Et, parmi les musulmans, l’épouvante fût telle que les enfants en blanchirent.

Ces misères, c’est Dieu qui les apporta !

Link to post
Share on other sites
Guest anincognito

Chants sur la prise d'Alger (suite et fin)

 

Ils ont enlevé nos armes, nos trésors,

Et l’œil versait des larmes,

Tandis que leurs infimes juifs en ont poussé des hurlements de joie.

S’il eût fallu porter le deuil, nous l’aurions porte,

Et nos femmes l’auraient porté comme nous :

Mais tout est dit, la célèbre Mezeghenna,

Après ses jours de gloire, s’est vue déshonorée.

La tyrannie et l’injustice furent la cause de sa perte ;

Le vin y était en honneur et la débauche tolérée.

Le Dieu des créatures est partout, voit et ne s’endort jamais ;

Le lieu de la licence peut durer, mais il doit fatalement périr.

Les jours, ô frères ! voient changer la fortune ;

Le temps tourne sur lui-même et revient.

O regrets sur Alger, sur ses palais,

Et sur ses forts qui étaient si beaux !

O regrets sur ses mosquées, sur les prières qu’on y priait,

Et sur leurs chaires de marbre

D’où partaient les éclairs de la foi !

O regrets sur ses minarets, sur les chants qui s’y chantaient,

Sur ses tholbas, sur ses écoles, et sur ceux qui lisaient le Koran !

O regrets sur ses zaouïas, dont on a fermé les portes,

Et sur ses marabouts, tous devenus errants !

O regrets sur ses kadis et sur ses savants muphtis,

Honneur de la cité, qui faisaient prospérer la religion !

Ils sont partis, pensifs dans leurs pensées,

Ils se sont dispersés dans les tribus. Oh ! les malheureux !

O regrets sur Alger, sur ses maisons

Et sur ses appartements si bien soignés !

O regrets sur la ville de la propreté

Dont le marbre et le porphyre éblouissaient les yeux !

Les chrétiens les habitent, leur état a changé !

Ils ont tout dégradé, tout gâté, les impurs !

La caserne des janissaires, ils en ont abattu les murs,

Ils en ont enlevé les marbres, les balustrades et les bancs

Et les grilles de fer qui paraient ses fenêtres,

Ils les ont arrachées pour insulter à nos malheurs.

O regrets sur Alger et sur ses magasins,

Leurs traces n’existent plus !

Que d’iniquités commises par les maudits !

El-Kaysarya, ils l’ont nommé Plaça

Quand on y avait vendu et relié des livres saints.

Les tombeaux de nos pères, ils les ont fouillés,

Et leurs ossements ils les ont dispersés

Pour faire passer leurs karreta.

O croyants, le monde a vu de ses yeux,

Leurs chevaux attachés dans nos mosquées.

Ils s’en sont réjouis eux et leurs juifs

Tandis que nous pleurions dans notre tristesse.

Patientons pour les jours de deuil,

Cela, c’est ce que Dieu a voulu !

O regrets sur Alger, sur son sultan,

Et sur son drapeau déshonoré !

O regrets sur ses habitants,

Et sur les lieux chéris d’où partait le commandement !

O regrets sur ses armées et sur son divan !

O regret ! Où sont ses gardes, ses chaouchs, ses kasbadjyas,

Ses amins et ses moubadjyas ?

O regrets sur ses beys et sur ses nobles caïds !

Quand la tête tomba, les pieds durent la suivre.

O regrets ! comme il était ce port,

De redoutes, de vaisseaux embelli !

O regrets ! où sont ces capitaines,

Ces drapeaux de soie qui flottaient,

Et ces corsaires ne rentrant dans la rade

Qu’avec des prises d’esclaves ou de café ?

Ces corsaires devant qui les chrétiens n’étaient plus que des

femmes.

Alger était une tenaille pour arracher les dents,

Les plus courageux en avaient peur.

O monde, comment a-t-elle été prise ?

Ce n’est pas ainsi que nous l’avions pensé,

Avec les musulmans des siècles passés.

Je crois que pour Mezeghenna

Beaucoup de gens auraient voulu mourir,

En s’ensevelissant sous ses remparts.

On aurait vu des jeunes hommes s’exciter au péril,

Et dans les fosses et dans les cimetières,

Le sang aurait formé des lacs.

Il l’a prise dans une heure et sans livrer bataille.

O mon Dieu ! rendez la victoire à nos drapeaux,

Faites revivre nos armées et abaissez les impies !

O créateur des esclaves ! ô notre maître !

Envoie-nous un chérif qui aime les musulmans,

Qu’il devienne sultan d’Alger

Et qu’il gouverne par la justice et la loi.

O ouvreur des portes, ouvre-lui ses portes !

Tes serviteurs rentreront dans leur pays,

Et le peuple aura vu le terme de ses maux.

Oui, Dieu prendra pitié des croyants dans la peine,

Il rétablira l’ordre,

Les chrétiens s’éteindront,

Et il chassera nos corrupteurs.

O vous qui pardonnez, pardonnez à l’auteur,

Pardonnez au pauvre Abd-el-Kader,

Combien n’a-t-il pas commis d’erreurs ?

Pardonnez-lui, ô maître du monde !

A lui, à ses parents, à ses amis,

A ceux qui sont présents, à ceux qui sont absent ;

Faites que leur place soit au Paradis !

Link to post
Share on other sites
Guest anincognito

Chant sur la prise d'Alger

 

Ce chant a été composé par Si-Abd-el-Kader, qui se

livrait à l’étude à Alger, où il vivait dans l’une de ses zaouïas.

Après l’entrée des Français dans cette ville, il raconta ce qu’il

avait vu, et puis il partit pour Mazouna, son pays, et tant il

avait de chagrin, qu’il ne tarda pas à y mourir.

 

Mazouna, ville située à 2 lieues nord du Chelif, entourée par

les Ouled-Abbes, les Ouled-Selama, les Meudiouna et les Sbeahh.

Elle renfermait autrefois beaucoup de zaouïa et de madersah, où

les tholbas venaient de tous les pays pour enseigner les sciences,

lire les livres saints et même discuter certains points de droit ou

de théologie. Ces écoles avaient acquis une telle réputation, qu’en

Algérie, quand on voulait exprimer qu’un taleb était très-savant, on

disait de lui : Celui-là, ne nous en inquiétons pas, il a lu les livres à

Mazouna.

 

El-Babahja, la blanche, la brillante. Ces épithètes

sont parfaitement justifiées. Il n’est personne qui n’ait en-

tendu parler de l’aspect éblouissant que présente Alger vu

de la haute mer; avec ses maisons, d’une blancheur écla-

tante, placées en amphithéâtre.

 

Bordj-el-Fennar (le fort de la Lanterne). Ce fort

était celui sur lequel était placé le phare du temps des Turcs,

et c’est encore celui où il brille aujourd’hui.

 

Fils d’El-Euldja. El-euldja est une expression dont

on se sert pour désigner toute femme européenne qui n’est

pas musulmane.

 

L’agha Brahim. Cet agha était le gendre du dernier dey d’Alger. Il remplissait les fonctions de ministre de la guerre. C’était un homme très-gros et très-gras, qui ne pouvait presque plus monter à cheval. Il passait pour ne pas être très-brave, et les Turcs disaient en parlant de lui :

BRAHAM LA HEURMA OU LA DRAHAM -> Brahim n’a ni considération ni argent.

Ils voulaient exprimer ainsi qu’il était d’une avarice sordide. Après l’enlèvement du camp de Staouali, il fut destitué et remplacé par le bey Mustapha-bou-Mezray (le père de la lance). Depuis la prise d’Alger, les Arabes ne l’ont plus désigné que sous le nom de Braham-el-Djahiah (Braham le Lâche). Ils l’accusent de n’avoir pas su défendre le drapeau musulman.

Link to post
Share on other sites
  • 2 weeks later...
Chant sur la prise d'Alger

 

Ce chant a été composé par Si-Abd-el-Kader, qui se

livrait à l’étude à Alger, où il vivait dans l’une de ses zaouïas.

Après l’entrée des Français dans cette ville, il raconta ce qu’il

avait vu, et puis il partit pour Mazouna, son pays, et tant il

avait de chagrin, qu’il ne tarda pas à y mourir.

 

Mazouna, ville située à 2 lieues nord du Chelif, entourée par

les Ouled-Abbes, les Ouled-Selama, les Meudiouna et les Sbeahh.

Elle renfermait autrefois beaucoup de zaouïa et de madersah, où

les tholbas venaient de tous les pays pour enseigner les sciences,

lire les livres saints et même discuter certains points de droit ou

de théologie. Ces écoles avaient acquis une telle réputation, qu’en

Algérie, quand on voulait exprimer qu’un taleb était très-savant, on

disait de lui : Celui-là, ne nous en inquiétons pas, il a lu les livres à

Mazouna.

 

El-Babahja, la blanche, la brillante. Ces épithètes

sont parfaitement justifiées. Il n’est personne qui n’ait en-

tendu parler de l’aspect éblouissant que présente Alger vu

de la haute mer; avec ses maisons, d’une blancheur écla-

tante, placées en amphithéâtre.

 

Bordj-el-Fennar (le fort de la Lanterne). Ce fort

était celui sur lequel était placé le phare du temps des Turcs,

et c’est encore celui où il brille aujourd’hui.

 

Fils d’El-Euldja. El-euldja est une expression dont

on se sert pour désigner toute femme européenne qui n’est

pas musulmane.

 

qu'est ce que j'aime mazouna...

Link to post
Share on other sites

Join the conversation

You can post now and register later. If you have an account, sign in now to post with your account.

Guest
Répondre

×   Pasted as rich text.   Paste as plain text instead

  Only 75 emoji are allowed.

×   Your link has been automatically embedded.   Display as a link instead

×   Your previous content has been restored.   Clear editor

×   You cannot paste images directly. Upload or insert images from URL.

×
×
  • Create New...