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Vos poémes préférés !


Guest asteroideB612

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Guest asteroideB612

Le pardon

 

Je me meurs, je succombe au destin qui m'accable.

De ce dernier moment veux-tu charmer l'horreur ?

Viens encore une fois presser ta main coupable

Sur mon coeur.

 

Quand il aura cessé de brûler et d'attendre,

Tu ne sentiras pas de remords superflus ;

Mais tu diras : " Ce coeur, qui pour moi fut si tendre,

N'aime plus. "

 

Vois l'amour qui s'enfuit de mon âme blessée,

Contemple ton ouvrage et ne sens nul effroi :

La mort est dans mon sein, pourtant je suis glacée

Moins que toi.

 

Prends ce coeur, prends ton bien ! L'amante qui t'adore

N'eut jamais à t'offrir, hélas ! Un autre don ;

Mais en le déchirant, tu peux y lire encore

Ton pardon.

 

Marceline DESBORDES-VALMORE (1786-1859)

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Guest asteroideB612

Chanson (L'Ame en fleur)

 

Si vous n'avez rien à me dire,

Pourquoi venir auprès de moi ?

Pourquoi me faire ce sourire

Qui tournerait la tête au roi ?

Si vous n'avez rien à me dire,

Pourquoi venir auprès de moi ?

 

Si vous n'avez rien à m'apprendre,

Pourquoi me pressez-vous la main ?

Sur le rêve angélique et tendre,

Auquel vous songez en chemin,

Si vous n'avez rien à m'apprendre,

Pourquoi me pressez-vous la main ?

 

Si vous voulez que je m'en aille,

Pourquoi passez-vous par ici ?

Lorsque je vous vois, je tressaille :

C'est ma joie et c'est mon souci.

Si vous voulez que je m'en aille,

Pourquoi passez-vous par ici ?

 

Victor HUGO

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Guest asteroideB612

DORS

 

Toi qui ne connais pas l'amour,

Tu peux te le permettre: dors.

Va, son amour et son chagrin

Sont notre bien à tous, toi dors.

 

Chagrin de l'amant: un soleil,

Nous particules, particules.

Toi qui n'as pas vu dans ton coeur

S'élever ce désir, toi dors.

 

En cherchant à m'unir à lui,

Je m'écoule comme de l'eau.

Toi qui n'as pas cette tristesse

Du "Mais où donc est-il?" toi dors.

 

Il passe, le chemin d'amour,

Hors des soixante-douze voies.

Puisque ton, amour et ta foi

Ne sont que ruse et feinte, dors.

 

Son vin du matin, notre aurore,

Son charme seul, notre dîner.

Toi qui veux manger des délices

Et te soucier du dîner, dors.

 

Dans notre recherche alchimique,

Comme le cuivre, nous flambons.

Toi, le lit est ton compagnon

Et ta seule alchimie, toi dors.

 

Comme enivré, à droite, à gauche,

Tu tombes, puis tu te relèves.

Maintenant la nuit est passée,

C'est le moment de prier, dors.

 

Le destin a clos mon sommeil,

Alors va-t'en, toi le jeune homme,

Car si le sommeil est passé,

on peut le rattraper, toi dors.

 

Tombés dans la main de l'amour,

Mais que va-t-il faire de nous?

Toi, tenu dans ta propre main,

Mets-toi sur ta main droite et dors.

 

Moi je suis un mangeur de sang,

Toi, mon cher, mangeur de délices.

Puisqu'à la suite des délices

Le sommeil est naturel, dors.

 

Moi j'ai coupé toute espérance

De mon crâne et de ma pensée.

Toi qui conserves comme espoir

Pensée humide et fraîche, dors.

 

J'ai déchiré l'habit du mot,

J'ai abandonné la parole,

Mais toi qui n'as pas le corps nu,

Tu as besoin d'un habit, dors.

 

Rûmî, Djalâl ad-Dîn

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Guest asteroideB612

Apparition

 

Victor HUGO

(Recueil : Les contemplations)

 

 

"Je vis un ange blanc qui passait sur ma tête ;

Son vol éblouissant apaisait la tempête,

Et faisait taire au loin la mer pleine de bruit.

- Qu'est-ce que tu viens faire, ange, dans cette nuit ?

Lui dis-je. - Il répondit : - je viens prendre ton âme. -

Et j'eus peur, car je vis que c'était une femme ;

Et je lui dis, tremblant et lui tendant les bras :

- Que me restera-t-il ? car tu t'envoleras. -

Il ne répondit pas ; le ciel que l'ombre assiège

S'éteignait... - Si tu prends mon âme, m'écriai-je,

Où l'emporteras-tu ? montre-moi dans quel lieu.

Il se taisait toujours. - Ô passant du ciel bleu,

Es-tu la mort ? lui dis-je, ou bien es-tu la vie ? -

Et la nuit augmentait sur mon âme ravie,

Et l'ange devint noir, et dit : - Je suis l'amour.

Mais son front sombre était plus charmant que le jour,

Et je voyais, dans l'ombre où brillaient ses prunelles,

Les astres à travers les plumes de ses ailes."

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Guest asteroideB612

L'ECOLE DE L'AMOUR

 

Votre amour, madame, m'a fait entrer dans les cités de la tristesse

Et moi avant votre amour je ne savais ce qu'est les cites la tristesse

Je n'ai jamais su que les larmes sont de l'humain

Que l'humain sans tristesse n'était que l'ombre [souvenir] d'un humain

 

Votre amour m'a appris a être triste

Et depuis des siècles j'avais besoin d'une femme qui me rendrai triste

D'une femme ,dans ses bras que je pleurerai comme un oiseau

D'une femme , qui rassemblerai mes morceaux tel les pieces d'un vase [bocal] cassé

Votre amour madame, m'a enseigné les pires manières

Il m'a appris a regarder dans ma tasse(1) plusieurs fois durant la nuit

A essayer les remèdes des guérisseurs et à frapper les portes des voyantes

Il m'a appris à sortir de chez moi pour errer dans les rues

Et à rechercher votre visage sous la pluie et dans la lumière des feux

A rassembler a partir de vos yeux des millions d'étoiles

O femme qui a pertubé le monde , O ma douleur, O douleur des Nays (2)

 

Votre amour, madame, m'a fait entrer dans les cités de la tristesse

Et moi avant votre amour je ne savais ce qu'est les cités de la tristesse

Je n'ai jamais su que les larmes sont de l'humain

que l' humain sans tristesse n'était que l'ombre [souvenir] d'un humain

 

Votre amour m'a appris a me comporter comme les petits enfants

A dessiner votre visage avec de la craie sur les murs

O Femme qui a boulversé mon histoire

De par vous ,je suis écorché d'un artère à un autre

Votre amour m'a ensiegné comment l'Amour change_t_il le cours du temps

Il m'a enseigné que lorsque j'aime, la terre cesse de tourner

Votre amour m'a enseigné des choses qui ne sont jamais venu a l'ésprit

 

Alors j'ai lu les contes d'enfants

Je suis entrer dans les palais des rois génies

Et j'ai revé que la fille du sultan m'épousait

Celle aux yeux plus claire qu'une eau limpide

Celle aux lèvres appetissantes plus que les fleurs des grenades

Et J'ai rêvé que je l'enlevais telque font les chevaliers

Et de lui offrir des quantités de perles et corails

votre amour,madame, m'a enseigné ce qu'est le délire

Il m'a enseigné comment le temps passe

sans que vienne la fille du sultan ......

 

Nizar kabani

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Guest asteroideB612

Adieu

 

Adieu ! je crois qu'en cette vie

Je ne te reverrai jamais.

Dieu passe, il t'appelle et m'oublie ;

En te perdant je sens que je t'aimais.

 

Pas de pleurs, pas de plainte vaine.

Je sais respecter l'avenir.

Vienne la voile qui t'emmène,

En souriant je la verrai partir.

 

Tu t'en vas pleine d'espérance,

Avec orgueil tu reviendras ;

Mais ceux qui vont souffrir de ton absence,

Tu ne les reconnaîtras pas.

 

Adieu ! tu vas faire un beau rêve

Et t'enivrer d'un plaisir dangereux ;

Sur ton chemin l'étoile qui se lève

Longtemps encor éblouira tes yeux.

 

Un jour tu sentiras peut-être

Le prix d'un coeur qui nous comprend,

Le bien qu'on trouve à le connaître,

Et ce qu'on souffre en le perdant.

 

Alfred de Musset

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Victor HUGO (1802-1885)

 

 

Oh ! n'insultez jamais une femme qui tombe !

Oh ! n'insultez jamais une femme qui tombe !

Qui sait sous quel fardeau la pauvre âme succombe !

Qui sait combien de jours sa faim a combattu !

Quand le vent du malheur ébranlait leur vertu,

Qui de nous n'a pas vu de ces femmes brisées

S'y cramponner longtemps de leurs mains épuisées !

Comme au bout d'une branche on voit étinceler

Une goutte de pluie où le ciel vient briller,

Qu'on secoue avec l'arbre et qui tremble et qui lutte,

Perle avant de tomber et fange après sa chute !

 

La faute en est à nous ; à toi, riche ! à ton or !

Cette fange d'ailleurs contient l'eau pure encor.

Pour que la goutte d'eau sorte de la poussière,

Et redevienne perle en sa splendeur première,

Il suffit, c'est ainsi que tout remonte au jour,

D'un rayon de soleil ou d'un rayon d'amour !

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Guest dounia25

Les Fleurs du mal (Charles Baudelaire)

 

 

 

Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abîme,

Ô beauté ? Ton regard, infernal et divin,

Verse confusément le bienfait et le crime,

Et l'on peut pour cela te comparer au vin.

 

Tu contiens dans ton œil le couchant et l'aurore ;

Tu répands des parfums comme un soir orageux ;

Tes baisers sont un philtre et ta bouche une amphore

Qui font le héros lâche et l'enfant courageux.

 

Sors-tu du gouffre noir ou descends-tu des astres ?

Le destin charmé suit tes jupons comme un chien ;

Tu sèmes au hasard la joie et les désastres,

Et tu gouvernes tout et ne réponds de rien.

 

Tu marches sur des morts, beauté, dont tu te moques ;

De tes bijoux l'horreur n'est pas le moins charmant,

Et le meurtre, parmi tes plus chères breloques,

Sur ton ventre orgueilleux danse amoureusement.

 

L'éphémère ébloui vole vers toi, chandelle,

Crépite, flambe et dit : bénissons ce flambeau !

L'amoureux pantelant incliné sur sa belle

A l'air d'un moribond caressant son tombeau.

 

Que tu viennes du ciel ou de l'enfer, qu'importe,

Ô beauté ! Monstre énorme, effrayant, ingénu !

Si ton œil, ton souris, ton pied, m'ouvrent la porte

D'un infini que j'aime et n'ai jamais connu ?

 

De Satan ou de Dieu, qu'importe ? Ange ou sirène,

Qu'importe, si tu rends, - fée aux yeux de velours,

Rythme, parfum, lueur, ô mon unique reine ! -

L'univers moins hideux et les instants moins lourds ?

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Guest asteroideB612

Le souffle

 

de Samuel Coelho

 

 

Elle respire

Et les draps s'agitent,

Sautillent et expirent

Dans cet antre qui habite

 

Le doux va et vient

Du souffle de vie qui habille

Ta frèle gorge volubile

Et fuis, s'insinuant par les dents

 

Tes lèvres tremblent en feuilles,

Prêtent à tomber sur ta gorge,

Flux et reflux de ta forge

Brûlante que les vents recueillent.

 

L'infini est dans le fragile

souffle d'un être endormi...

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Guest asteroideB612

Ma prière n'est pas une prière, Seigneur,

si mon âme ne Te voit face à face

quand retentit l'appel (du muezzin)

si, tourné vers la Ka'ba, je prie

c'est vers Toi seul, pour Ta seule beauté.

Je prie. Gestes vains. Paroles inutiles,

prière d'hypocrite, inerte et monotone.

J'ai honte de ma prière, Seigneur, j'ai honte !

Je n'ose plus lever les yeux vers Toi.

Pour oser la prière, il faudrait être un ange,

mais je suis en exil, déchu et perverti.

Silence donc ! Silence à ma prière !

Seigneur, elle ne peut T'atteindre.

Mais je prie, je le dois, car il faut que je dise

le tourment de mon cœur s'il est privé de Toi.

Seigneur au regard de pitié ! Pitié pour moi ! Regarde-moi.

 

Rûmi

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Guest asteroideB612

Sois enivré d'amour, car l'amour est tout ce qui existe.

L'amour est d'ordre universel.

Chaque instant qui s'écoule loin de l'amour

Est devant Dieu comme un objet de honte.

Recherche le royaume de l'Amour

Car ce royaume te fera échapper à l'ange de la mort.

Les mœurs de l'amour ignorent les conventions.

Si tu es amoureux de l'amour, si c'est l'amour que tu recherches,

Prends un poignard aiguisé et coupe le cou de la timidité.

Et sache que la réputation est un grand obstacle sur ce Sentier.

 

Rûmi

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Guest asteroideB612

L'appel de la mort

 

Debout amis, partons. Il est temps de quitter ce monde.

Le tambour résonne du ciel, voici qu'il nous appelle.

Vois : le chamelier s'est levé, il a préparé la caravane

Et veut s'en aller. O Voyageurs ! Pourquoi dormir !

Devant nous, derrière nous s'élève le tintement

Des clochettes, le tumulte du départ

A chaque instant, une âme, un esprit

S'envole là, ou il n'est plus de lieu.

De ces lumières stellaires, de ces voûtes bleues du ciel

Sont apparues des figures mystérieuses qui révèlent des choses secrètes

Un lourd sommeil est tombé sur toi des sphères tournoyantes

Prend garde à cette vie si légère, prend garde à ce sommeil si lourd

Âme, cherches le Bien Aimé, ami, cherche l'Ami.

O veilleur, soit sur tes gardes ! Il ne sied pas au veilleur de dormir.

 

Rûmi

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Guest asteroideB612

Le tailleur du temps n'a cousu à la taille de personne

Un vêtement sans le déchirer ensuite.

Vois tous ces gens naïfs et stupides qui, en ce monde,

Donnent à Satan, en échange de la peine,

L'or qui remplissait le pan de leur tunique.

Ces fleurs bigarrées du monde qui te paraissent exquises,

Tu les respires, mais elles rendent ton visage pâle.

Ô toi qui prends la mort dans tes bras en lui disant : "Ma vie !"

Rester auprès d'un cadavre ne rend-il pas l'âme et le corps froids ?

Entre dans l'intimité de Dieu, car ces images démoniaques

Au moment de la mort te rendraient désespéré et seul.

Ne t'étends pas sur cette molle couche qu'est la poussière,

Car c'est un lit provisoire : crains le moment où il te sera enlevé.

Ne jette pas en vain les dés sur ce plateau du temps ;

Prends garde à l'adversaire qui est le maître du jeu.

Ne considère pas le tourbillon de poussière du corps : vois le cavalier de l'âme caché en son sein.

Cherche du regard le cavalier au milieu des poussières.

Les visages pareils à la rose proviennent nécessairement d'une roseraie.

S'il n'existait pas de jardin de roses, d'où viendraient donc les roses ?

Quand tu vois la pommettre, sache qu'il existe un pommier ;

Elle n'est qu'un modèle, elle n'est pas destinée à être croquée.

Aie l'âme noble, car si tes intentions sont ignobles

Les soldats du Roi te chasseront comme un voleur.

Garde le silence, et parle sans paroles,

Ainsi que parlent les anges au firmament azuré.

 

Rûmi

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Guest asteroideB612

L'union… voilà les jardins du Paradis.

La séparation… voilà les tourments de l'enfer.

L'amour est éternel, l'univers est son vêtement,

Il met à nu celui qui est vêtu… voilà la clé de l'énigme.

 

Rûmi

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Guest asteroideB612

Du pur amour

 

Dieu a dit à l'un de Ses serviteurs" : "Prétends-tu M'aimer ? Si tel est le cas, sache que ton amour pour Moi est seulement une conséquence de Mon amour pour toi. Tu aimes Celui qui est. Mais Je t'ai aimé, Moi, alors que tu n'étais pas !"

 

Il lui dit ensuite : "Prétends-tu que tu cherches à t'approcher de Moi, et à te perdre en Moi ? Mais Je te cherche, Moi, bien plus que tu ne Me cherches ! Je t'ai cherché afin que tu sois en Ma présence, sans nul intermédiaire, le Jour où J'ai dit "Ne suis-je pas votre Seigneur ?" (Cor. 7 : 172), alors que tu n'étais qu'esprit (rûh). Puis tu M'as oublié, et Je t'ai cherché de nouveau, en envoyant vers toi Mes envoyés, lorsque tu as eu un corps. Tout cela était amour de toi pour toi et non pour Moi."

 

Il lui dit encore : "Que penses-tu que tu ferais si, alors que tu te trouvais dans un état extrême de faim, de soif et d'épuise*ment, Je t'appelais à Moi tout en t'offrant Mon paradis avec ses houris, ses palais, ses fleuves, ses fruits, ses pages, ses échansons, après t'avoir prévenu qu'auprès de Moi tu ne trou*verais rien de cela ?

 

"Le serviteur répondit : "Je me réfugierais en Toi contre Toi"." Mawqif 112.

 

Abd el Kader al Djazaïri

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Guest asteroideB612

Le piège des cheveux

 

J’ai pris mon cœur dans tes cheveux,

Au filet de ton propre piège.

Tue-moi d’un clin d’œil, si tu veux :

Pas d’autre sort qui me convienne !

 

Si tu te trouve en mesure

De contenter notre désir,

Exauces-le, car tu feras

Une œuvre pie pour me servir.

 

Par ta vie ! O ma douce idole,

Je jure que, dans la nuit noire,

Comme un cierge je me consume :

Car je voudrais m’anéantir.

 

Lorsque tu me parle d’amour,

Rossignol, je te mets en garde :

La rose n’est qu’une égoïste

Qui ne pense qu’à son plaisir.

 

La fleur n’a pas besoin du musc

Du Turkestan ou de la Chine

Puisqu’elle abrite son parfum

Aux plis de son propre manteau.

 

Ne vas donc pas frapper à l’huis

Des possédants d’âmes mesquines :

Tu as sous ton toit le trésor

De tout le bonheur qu’il te faut.

 

Hâfez, tu brûles de passion.

Le jeu d’amour est un pari :

Tu restes fidèle à toi-même

Et bien ancré dans ton parti.

 

Hafez

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Guest asteroideB612

Mon épouse s'inquiète

 

 

Mon épouse s'inquiète, et pourtant c'est elle qui me connaît le mieux.

«Ne sais-tu pas, ô princesse du foyer, que par mes chevauchées

à travers le pays, j'assure la sécurité de la tribu ?

J'affronte sans peur le défilé de la mort,

et je défends les femmes au jour de terreur.

Les femmes ont confiance tant que je suis là,

alors que l'épouse au khalkhal ne se fie même pas à son mari.

C'est moi qui prends soin des jeunes cavaliers

inexpérimentés comme des lionceaux.

Lorsque mes chevaux, blessés, faiblissent, je les exhorte

«Que votre endurance soit égale à la mienne, Soyez aussi dignes que moi ! »

En temps de guerre, j'expose généreusement ma vie,

et pourtant,en temps de paix, le salut de mon âme est ce qui m'importe le plus.

Demande donc aux Français, ils te diront les massacres

causés par mon sabre et ma lance vibrante.

Demande donc à la nuit, elle te dira comment

j'ai pourfendu sa peau noire en chevauchées nocturnes.

Demande donc au désert, aux collines et aux vastes espaces,

ils te diront comme j'ai traversé plaines et murs de montagnes en cavalcades effrénées.

Ma seule volonté est d'affronter l'ennemi,

et de battre ses redoutables soldats avec mes braves.

Ne t'inquiète donc pas pour moi !

sache que, cadavre rongé par les vers, je serai encore redoutable !

 

L'Emir Abdelkader

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Guest asteroideB612

« Suis-je mort ? Suis-je vivant ? »

 

Je suis en vérité perplexe à mon sujet, perplexe jusqu’en ma perplexité.

De ces réalités, laquelle est donc ferme et me concerne en propre ? Laquelle ?

Suis-je un être ? Suis-je néant ?

Suis-je attesté ? Suis-je nié ?

Contingent ou nécessaire ?

Suis-je voilé ? Doué d’excellence ?

Suis-je entravé ? Suis-je absolu ?

Céleste ? Je ne le suis, ni terrestre.

Suis-je fixé en quelque lieu ? Suis-je un errant ?

Suis-je quelque chose ? Ne suis-je rien ?

Suis-je être principiel ? Créature ?

Mon domaine est-il l’invisible ? Suis-je apparent ?

Suis-je une substance ? Ai-je quelque mode ?

Suis-je être corporel ? Spirituel ?

Suis-je seulement qui je suis ? C’est en cela que je m’égare ?

Suis-je mort ? Suis-je vivant ?

Suis-je contraint ? Libre de mon choix ?

Suis-je savant ? Ou ignorant, incapable ?

Est-ce moi, oui ou non, qui agis en mes actes ?

Faut-il parler de destin ? Ou d’acquisition par l’agir ?

C’est moi que je vis faire tout d’abord,

puis je me vis agir par Lui,

Puis je Le vis qui agissait par moi

à l’inverse de ce qui venait d’être. Tout se mêla.

Rien n’a plus subsisté, ni ceci, ni cela ;

Il n’est demeuré qu’Allah, sans dualité !

Si tu le veux, affirme en moi tous les contraires :

Si tu le veux, repousse-les ! Ce que tu promulgues à tous vents reste pour moi couvert…

Lorsque je fus anéanti, parfaitement éteint, que de moi ne subsista nulle trace.

Je fis retour à mon être sans limites : plus de guidances, ni d’égarement !

Je rejoignis mon Vrai, mon Seigneur, mon Mystère ;

il n’y eu plus ni créature, ni existence, ni serviteur ;

Je me dépouillai de mes sens ; je passai au-delà de mon âme

et de mon esprit, là où il fut dit : « Je suis en vérité Sanctissime ! ».

 

POEME VII du Livre des Haltes de l’Emir Abdelkader traduit par A.Yahia.

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Guest asteroideB612

Les Maris

 

 

C’est le pire de vos enfants

Celui qu’on gâte pourtant

En lui donnant l’illusion

Qu’il dirige la maison

Le mari, le marrant

C’est toujours charmant.

 

Aux revers de leurs vestons

Ils ont rubans et ferrailles

Que leurs femmes sans plus d’façons

Appellent gaiement des merdailles.

Les maris, les marrants

C’est plutôt brillant.

 

Ils ont pris ça sur la veste

En faisant de longues siestes

Durant les heures de bureau

Où ils trouvent qu’ils travaillent trop.

Les maris, les marrants

C’est parfois pensant

 

Tombe la veste les v’là en rade

s’déchaussant sous votre nez

S’relaxant d’une pétarade

Qu’on n’réserve qu’à sa moitié

Les maris, les marrants

C’est plutôt méchant.

 

C’est là l’envers du décor.

C’est les coulisses du théâtre.

Croyez, c’est trop bien encore

Pour leurs épouses acariâtres

Les maris, les marrants

C’est parfois brimant.

 

Dès l’instant où se réveille

Le mâle qui en eux sommeille

Ils croient vous donner, tu penses,

De la vie la quintessence.

Les maris, les marrants

C’est plutôt marrant.

 

Ne leur faites pas la tête

Quand leur viennent les heures tendres.

De toute façon soyez prêtes

Car Monsieur n’aime point attendre.

Les maris, les marrants

Ce n’est point gnangnan.

 

Ils passent du lit à la table

Sans la moindre arrière-pensée

Vous êtes l’idiote de la fable

de n’pouvoir vous adapter.

Les maris, les marrants

C’est plutôt changeant.

 

Mais ce que vous n’aimez pas

C’est quand ils font leur bla-bla

Comme une joyeuse comédie

Aux pépés et aux amies.

Les maris, les marrants

C’est parfois bêlant.

 

Vous connaissez ça par coeur

Les soupirs les tons rêveurs.

Durant ces avant-premières

Vous botteriez leurs derrières.

Aux maris, aux marrants

C’est plutôt tentant.

 

Eux ils supportent fort mal

Qu’en tout bien en tout honneur

Vous attiriez d’autres mâles.

Ça leur provoque des humeurs.

Les maris, les marrants

C’est parfois touchant.

 

C’est le pire de vos enfants

Celui qu’on gâte pourtant

En lui donnant l’illusion

Qu’il dirige la maison.

Le mari, le marrant

C’est toujours charmant.

 

Esther Granek

 

j'adoooooooooooooooooooooooore

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Guest asteroideB612

VETEMENTS

 

Un jour la Beauté et le Laid se rencontrèrent sur le rivage. Et ils se dirent : ' Allons nous baigner dans la mer. '

 

Alors ils se dévêtirent et nagèrent. Au bout d'un moment le Laid revint sur le rivage ; il s'habilla avec les vêtements de la Beauté et poursuivit son chemin.

Et la beauté sortit aussi de la mer, mais ne trouva pas ses habits ; parce qu'elle était trop timide pour rester nue, elle s'habilla avec les vêtements du Laid. Et la Beauté poursuivit son chemin.

 

Et à compter de ce jour les hommes et les femmes prennent l'un pour l'autre.

Cependant il en est qui ont aperçu le visage de la Beauté, et ils la reconnaissent malgré ses habits. Et il en est qui connaissent le visage du Laid, et ses vêtements ne le dissimulent pas à leurs yeux.

 

 

Nizar kabbani

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Guest asteroideB612

IMPORTUNITE

 

- De quoi m’accuse-t-on?

- On t’accuse d’être un Arabe.

- J’insiste, quelle est mon accusation?

- On te répète d’être un arabe

- Messieurs, dites-moi autre chose,

je vous ai demandé mon accusation…

pas ma punition!

 

Ahmed Matar

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Guest asteroideB612

À PRENDRE OU À LAISSER

 

Pour aller de l’avant, prenons donc du recul !

Il faut prendre son temps dans les calculs à prendre ;

Apprendre à réfléchir sans se laisser surprendre.

N’en prendre conscience, à tout prendre est bien nul,

 

Car un laisser-aller ne serait qu’un cumul

D’erreurs pour prendre part, autant qu’à s’y méprendre,

A se laisser gagner, sans pouvoir s’en défendre,

Et prendre au laisser-faire un bien mauvais calcul.

 

Il faut prendre assez tôt les bonnes habitudes ;

Laisser parler son cœur, loin des incertitudes ;

Ne prendre ses désirs pour des réalités.

 

Si se laisser aller à tenter bien des pièges :

À prendre ou à laisser sont nos capacités.

Prenons soin du détail, mais laissons aux stratèges

 

Les hasards qui, parfois, sont des laisser-passer.

 

d’André Laugier

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Guest asteroideB612

HOMMAGE A LA VILLE DE TELEMCEN

 

Pour obtenir protection, Telemcen a tendu

ses deux mains et a crié à Dieu la formule

sacrée du Pèlerinage : << Me voici! >>

Telle fut la suprême beauté

de son appel!

 

Elle a dépouillé l'ample voile

qui la protégeait des regards indiscrets.

Ô Abd al Qâdir, prends en charge ce cri

et rafaîchis ton coeur avec l'eau pure

de sa présence charnelle.

 

Voici le jardin de ses deux joues:

vois comme ses fleurs se sont épanouies!

N'accepte pas de fréquenter d'autre séjour,

d'autre jardin, si chatoyant soit-il.

 

Combien d'amoureux ont désiré

ardemment cette beauté à tes yeux offerte!

Les ont repoussé loin d'elle son fier regard

et son insistant refus.

 

Combien ont cherché à effleurer des lèvres

le grain de beauté au sommet de sa joue jonchée de roses!

Elle fut avare et se détourna,

empressée de fuir leurs avances.

 

Combien de prétendants n'ont pas été reconnus

dignes d'elle, ne pouvant pas même lui offrir

de quoi garnir de broderies

un seul pan de son manteau!

 

Nul ne put lui faire accepter

le moindre engagement, et jamais

un séducteur ne sut arracher

son agrément.

 

La pucelle ne permettait aucune démonstration

de sentiments, et ses prétendants

n'ont pas eu accès

à sa très pure clarté.

 

Elle a serré au tour de sa taille

la ceinture du refus, afin de garder pour elle

sa perfection, et aucun n'a pu savourer

le doux effleurement de ses lèvres

carminées.

 

A tous, elle a manifesté des prodiges

de ruse, de résistance et sévérité,

murant aussitôt les portes qu'ils ouvraient

pour parvenir à leurs fins.

 

Elle a frustré l'attente des corrupteurs,

grands pourvoyeurs de rapports mensongers,

est ses ennemis - là-bas -

furent empêchés d'atteindre leur but.

 

A l'heure de trancher les liens qui entravaient

Tlemecen, preuve a été donnée,

substantielle, évidente,

que seul pouvait la délivrer

 

celui qui s'ouvrait aux idées de progrès

en son for intérieur aussi bien qu'au combat ...

seul à même en ce siècle

de défendre son intégrité!

 

C'est alors que j'ai appris sa décision :

son choix délibéré m'établirsur le siège

de l'autorité, de me désigner au service

de sa grandeur.

 

Ne connaissant en ce pays aucune âme

mieux dévouée que la mienne à sa noblesse,

mieux au fait de ses droits

et de son éclat,

 

J'ai couru vers elle d'un cœur résolu,

et la victoire fut à la mesure de mon élan.

Ainsi j"ai pu payer, par amour,

son douaire, et la guérir

de son mal.

 

Je suis devenu son époux, elle m'a été

accordée selon les règles: oui, elle fut ma conjointe,

mon domaine, et j'ai porté haut

son étendard.

 

je l'ai ornée d'une parure de gloire,

dont la trame est fastueuse.

Elle s'est levée, tout étonnée, étalant

sous le ciel les franges de sa robe.

 

Et elle s'est écriée : << Ô Abd al-Qâdir,

ô cœur libérateur impatient de secourir

les hommes livrés à l'océan

de leurs passions,

 

puisque tu as conquis de force

les clés de cette ville, et avec elle

la gloire, par toute l'Algérie,

augmente ma puissance,

et noue pour moi alliance avec les cités

de Wahrane et d'Al-Marsâte :

 

car je sais que l'une et l'autre,

et tous les habitants que contiennent leurs murs,

ont obtenu sous la protection de ton sabre

l'agrément de leurs souhaits!>>

 

L'ÉMIR ABD EL - KADER

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Guest asteroideB612

CERTITUDE

 

Ma raison est de perdre la raison

ma religion est l'indifférence à la religion

une seule réponse m'a suffit:

après le doute,

du vin est né ma certitude.

 

Ce jour qui vient de naître est déjà passé,

demain n'est pas encore venu.

Sois heureux aujourd'hui,

remplis sans cesse ta coupe

et ravis l'unique chance de ton existence.

 

Bien que tout prenne naissance

à partir de nous-mêmes,

ta vie ou la mienne sont deux pauvres vies.

Etre, c'est l'ivresse et l'extase

demain, c'est le déclin de l'âge.

 

OMAR KHAYYAM

 

 

Nezam raconte qu’Omar Khayyâm lui avait dit un jour : « Mon tombeau sera placé dans un endroit où les fleurs s’effeuilleront deux fois par an ».

 

Ce désir lui avait paru impossible à réaliser bien qu’il fût persuadé qu’un tel homme ne pouvait dire de vaines paroles. Lorsque, dix ans après la mort du poète, Nezam passa à Nichabour et visita son tombeau, il vit qu’il était abrité par un pommier et un poirier qui, l’un après l’autre, et suivant les saisons, laissaient tomber leurs fleurs.

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