Ladoz 11 Posted December 14, 2010 Partager Posted December 14, 2010 Longtemps niée, aussi bien par le président Hosni Moubarak que par son héritier présomptif, l'ambition de Gamal Moubarak, 47 ans, de succéder un jour à son père à la tête de l'Etat égyptien, apparaît désormais presque certaine. Propulsé en 2002 par son père à la tête des instances du Parti national démocratique (PND), parti quasi unique qui préside aux destinées de l'Egypte depuis trente ans, Gamal Moubarak, banquier de profession, a bénéficié, en août, d'une campagne d'affichage à sa gloire dans les grandes villes du pays. Le scénario qui court les salles de rédaction du Caire serait le suivant : Hosni Moubarak se représente à la présidence en octobre 2011, il est évidemment élu puis, un ou deux ans plus tard, le raïs, qui aurait alors 84 ou 85 ans, se retire pour raisons de santé et veille à ce que l'armée, principale puissance intérieure, ne s'oppose pas au couronnement de son fils cadet. "UN TYPE QUI N'A MÊME PAS TERMINÉ SON SERVICE MILITAIRE" Ce scénario de succession dynastique, il y a longtemps que les diplomates américains en poste en Egypte y travaillent. Dans un télégramme confidentiel de mai 2007, obtenu par WikiLeaks et révélé par Le Monde, l'ambassadeur américain Francis Joseph Ricciardone, le seul qui ose qualifier dans ses écrits le régime égyptien de "dictature", note déjà que "la machine du PND peut très bien, le moment venu, organiser une victoire électorale" [pour Gamal Moubarak]. Certes, note-t-il, l'autre candidat potentiel à la succession du raïs, Omar Suleiman, le chef des services secrets, qui espérait, il y a encore quelques années, être nommé vice-président de la République [Moubarak, au pouvoir depuis trente ans, est le premier chef d'Etat égyptien à ne jamais avoir nommé de vice-président], "déteste l'idée d'un Gamal président". Il n'est apparemment pas le seul. Un politologue égyptien, reçu anonymement par la chancellerie américaine en septembre 2008, explique à la nouvelle ambassadrice, Margaret Scobey, que "la base de pouvoir de Gamal est centrée sur la communauté du business, pas sur les militaires". L'armée, dont "il ne faut pas oublier qu'elle est le véritable centre du pouvoir en Egypte" – tous les présidents d'Egypte depuis le renversement de la monarchie sont sortis de ses rangs – n'aime pas Gamal, "un type qui n'a même pas terminé son service militaire obligatoire", note un autre mémo, et dont les ambitions réformistes libérales, notamment les privatisations, menacent ses intérêts acquis. LES CANDIDATURES MULTIPLES : "UNE RECETTE POUR LE CHAOS" Dans certaines conditions, par exemple si Hosni Moubarak mourait avant d'avoir pu consacrer son fils, "il n'est pas impossible que les militaires refusent d'adouber Gamal et préfèrent un coup d'Etat", écrivait, déjà, en 2007, l'ambassadeur Ricciardone. Rien n'a fondamentalement changé depuis. Le 6 janvier 2008, Moubarak père évoque à la chancellerie américaine les qualités de son fils préféré : "C'est un perfectionniste, un idéaliste toujours ponctuel", affirme le raïs. Ponctuel, peut-être, mais pas avec ses promesses. Depuis 2005, Gamal Moubarak promet chaque année aux Américains que "l'an prochain", l'Egypte édictera une loi antiterroriste précise permettant de "mettre un terme" au renouvellement annuel de l'état d'urgence qui offre l'occasion aux diverses forces de l'ordre égyptiennes ("1,4 million d'hommes", selon un autre mémo), d'arrêter et d'emprisonner à peu près qui elles veulent et pour la durée qu'elles veulent. Cette loi, édictée en 1967, n'a toujours pas été amendée. Il est vrai qu'en octobre 2005, déjà, le cadet du président affirmait à ses interlocuteurs américains qu'une réforme de l'élection présidentielle permettant des candidatures multiples constituait, selon lui, "une recette pour le chaos". Patrice Claude In : lemonde.fr Citer Link to post Share on other sites
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