ninaroza 1 201 Posted September 28, 2007 Partager Posted September 28, 2007 Les témoignages des enfants d'une révolution, d'une guerre d'indépendance ou d'un combat dit anti-impérialiste, si différentes que puissent être les personnalités, ont tous un point commun : ils nous racontent leurs enthousiasmes, leurs rêves, leurs aveuglements puis leurs tourments lorsqu'accède à leur conscience la réalité. Avec Wassyla Tamzali nous sommes dans l'Algérie de la guerre d'indépendance et dans les années qui ont suivi. Un tourbillon personnel et un morceau d'histoire non officielle. Issue de la bourgeoisie algérienne libérale, ouverte sur le monde - la mère est espagnole, le père est algérien issu d'une lignée ottomane -, entreprenante et engagée dans le combat pour l'indépendance, ses souvenirs sont emplis des odeurs d'orangers en fleur, de visages jeunes et élégants, d'oncles raffinés, de maîtresses-femmes, de maisons spacieuses à Alger comme dans la plaine de Bougie. Chez les Tamzali, la modernité cohabitait avec la tradition. Les hommes font des affaires mais prennent aussi des risques pour la cause. Le père, proche du FLN, sera assassiné en 1957 par un jeune homme qui croit ainsi gagner ses galons de maquisard alors qu'il n'est que la main vengeresse d'une guerre de clans. La réalité complexe de l'Algérie est donc bien présente dans la vie de l'auteur, envahissante même, mais elle semble "inexplorée", délaissée, parce que l'indépendance est là, parce que l'Algérie et ses combattants, c'est certain, vont servir d'exemple à tous les combattants anti-impérialistes du monde. Après Cuba, il y aura l'Algérie. "Nous rattraperons la France en une génération", clament ces héros qui s'installent au pouvoir en liquidant d'autres compagnons de lutte. "L'attrait des premiers jours" dure un peu plus de dix ans. L'auteur étudie le droit, devient avocate et, bien sûr, "l'austérité socialiste" mêlée aux "moeurs paysannes" transforme sa vie quotidienne. Même à Alger la respiration se fait difficile pour les femmes, et que dire si c'est une Tamzali, coupable d'avoir mangé à sa faim sous le colonialisme... Mais l'auteur est toujours dans cette quête permanente de fraternité, de rencontres. Et puis il y a la cinémathèque, îlot de liberté de parole et de la découverte du monde. Lorsque Houari Boumediène arrive au pouvoir par un coup d'Etat en juin 1965, et lance deux ans plus tard la seconde révolution agraire, avec entre autres l'expropriation des terres appartenant aux grandes familles algériennes, dont la sienne, l'auteur applaudit à cette mobilisation populaire contre les riches, et participe à ce mouvement qui transforme le paysan pauvre en héros. La glaciation arabo-musulmane est à l'oeuvre. Il faut beaucoup de temps pour décider de quitter son pays. On s'arrache par "petits morceaux", avec des allers-retours, jusqu'au jour où le voile "devient le signe de ralliement, comme les chemises noires ou brunes des mouvements fascistes en Allemagne et en Italie". La guerre civile commence. Mais à lire Mme Tamzali on peut se demander si la "révolution" n'était pas le premier moment d'une guerre qui n'en finit pas, et si la mainmise de l'idéologie arabo-musulmane qu'elle dénonce n'était pas déjà en marche dans le FLN clandestin. Reste que son livre est un témoignage, prenons-le comme tel ; même si on aurait aussi aimé lire ses réflexions sur la transformation actuelle du pays puisqu'elle a pris la décision de poser à nouveau ses bagages à Alger la Blanche. Cette femme dont le français fut la "langue première", loin de l'arabe de son père et du castillan de sa mère, croit au recommencement. source : Le Monde du 28/09/2007 Citer Link to post Share on other sites
ninaroza 1 201 Posted September 29, 2007 Author Partager Posted September 29, 2007 Saha ftourkoum Personne n'a répondu c'est trop long peut etre :rolleyes: Citer Link to post Share on other sites
Minnie3D 10 Posted September 30, 2007 Partager Posted September 30, 2007 Mais non, mais non Ninaroza:) je l'avais déjà lu sur le Monde et remarqué. Très envie de le lire. Et toi? tu t'es lancée? il fauidrait le faire commander dans nos bibliothèques. Minnie3D Citer Link to post Share on other sites
Minnie3D 10 Posted September 30, 2007 Partager Posted September 30, 2007 Lecture commune? Ce serait bien de faire une lecture commune : on choisirait un livre, algérien de préférence, et tous ceux qui le voudrait le liraient et ensuite, on échangerait nos impressions. Mais il faudrait soit un livre qui existe en poche soit trouvable en bibliothèque. Qui est partant et quels titres proposez-vous? Minnie3D Citer Link to post Share on other sites
hajira 10 Posted October 1, 2007 Partager Posted October 1, 2007 quelles sont les références du livre ? on peut le trouver partout ? Citer Link to post Share on other sites
yacoubm 10 Posted October 1, 2007 Partager Posted October 1, 2007 quelles sont les références du livre ? on peut le trouver partout ? Une éducation algérienne : De la révolution à la décennie noire (Broché) de Wassyla Tamzali Editions Gallimard prix 18,5 Citer Link to post Share on other sites
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