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Alger de ma fenêtre


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Ce sont des textes publiés par Le Monde en 2004, je les avais mis de côté et aujourd'hui en tombant dessus, j'ai pensé vous les faire partager.

 

Je trouve que le coin littérature est tout a fait adapté à l'accueil de ces témoignages magnifiquement exprimés par des lycéenes algériens.

 

Alger de ma fenêtreLE MONDE | 22.12.04 | 15h12

 

LES MOUCHES

 

Alger n'a de blanc que l'appellation. Il est vrai que nul ne peut contester le fait que ce soit une très belle ville, mais je suis contraint d'avouer qu'Alger est crasseuse et cela quel que soit l'endroit où l'on se trouve. On peut ouïr le mélodieux bourdonnement des mouches à chaque coin de rue ! Eh bien, figurez-vous que, malgré tout, j'aime vivre dans ce décor, et si le destin fait en sorte qu'un jour je sois contraint de quitter cette ville, je peux vous assurer que la nostalgie du pays ne tardera pas à s'emparer de moi et je n'en guérirai pas de sitôt.

Parfois, quand j'entends mes grands-parents parler de l'Algérie, j'ai l'impression de rêver ; deux explications me viennent alors à l'esprit : ou ils passent complètement à côté de la plaque ou le peuple algérien oublie son passé. Les valeurs humaines essentielles telles que le courage, l'honnêteté et le respect de son prochain ont été complètement oubliées. Un exemple très simple : je tiens à accompagner ma sœur chez une amie, et afin d'accomplir cette tâche "très difficile", je suis contraint de passer par le très réputé quartier de Bab el-Oued ; je me prépare alors psychologiquement à insulter, à regarder méchamment, à me battre, et surtout à courir très vite en portant ma sœur sur mon dos !

 

Karim

 

 

ENFER ET PARADIS

 

Il est 18 heures, tous les jeunes du quartier se réunissent dans l'épicerie d'en bas. Ils parlent de tout et de rien, des marques de chaussures, des vêtements, et de voitures qu'ils ne pourront peut-être jamais avoir. De ces pays lointains qui les attirent comme un aimant, loin de leur patrie.

Ils parlent d'Alger comme de l'enfer ; certains iront au paradis, tandis que d'autres y demeureront à tout jamais. Ils disent qu'il n'y a pas d'avenir, pas d'espoir dans ce pays. Ils rêvent d'embarquer dans un de ces bateaux de marchandises vers l'ailleurs.

Une jeune fille passe, le silence ; elle leur rappelle le mannequin de la publicité.

Ils regrettent tout de même de ne pas être nés ailleurs, loin de chez eux.

 

Sabrina

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SOLITUDE

 

Un beau jour de juin 1990, tu regardais les rues d'Alger, tu ne pouvais pas sortir car tu es une fille et le nombre de jeunes filles qui sont égorgées tous les jours ne cesse d'augmenter.

Tu n'as que 17 ans et, déjà, l'ennui et l'angoisse te hantent. Tu habites dans un des quartiers les plus chauds de la capitale. Belcourt. En face, c'est la mosquée où on regarde d'un très mauvais œil les filles qui ne portent pas le foulard. Tu te demandes pourquoi tant de haine dans ton pays. Pourquoi des frères s'entre-tuent juste parce qu'ils ne partagent pas les mêmes convictions ? Toi qui rêvais d'un monde en paix, plein de lumière et d'amour et de merveilles, tu te retrouves dans un monde bas, un monde de violence où règne la loi de la jungle. Dehors, tu es seule. Tu ne peux avoir confiance en personne. Cette solitude te hante petit à petit et tu te dis pourquoi, oui, pourquoi Dieu a-t-il créé les hommes pour se détester et répandre le mal et la mort ?

Puis, tu te demandes si de l'autre côté de la Méditerranée c'est pareil et puis tu rêves à une autre vie, une vie où tu pourrais t'exprimer, faire entendre ton point de vue, où tu serais libre de faire ce qu'il te plaît. Ce rêve te donne le courage, tous les matins, de te réveiller et d'aller à l'école. En traversant ton quartier, tu vois des barbus t'observer comme si tu étais une criminelle. Tu as l'impression d'avoir fait quelque chose de mal, alors tu hâtes le pas, la peur au ventre. Tu aimerais crier ta colère mais tu ne peux pas. Tu dois l'étouffer pour l'instant.

Tu te rends en cours et là c'est le bonheur. Tu suis les cours de langue qui te permettront peut-être un jour d'accéder au monde, de pouvoir t'échapper de cette prison, puis tout à coup, tu entends des chuchotements de l'autre côté de la classe. Tu t'aperçois qu'ils parlent de toi ; en effet, tu es la seule fille de la classe qui ne porte pas le foulard, cet outil qui, pour eux, fait toute la différence ; car si tu ne portes pas le foulard, cela veut dire que tu es contre la religion, que tu es une ******. Sans te connaître, ils se permettent de te juger. Cela te fait beaucoup de peine, mais tu ne fais pas tellement attention à ces méchancetés gratuites. Tu préfères rêver à un avenir meilleur et tu pries pour que tes enfants ne connaissent pas ce monde horrible où tu vis.

Tu rentres chez toi, tu prends les cigarettes de ton père et tu montes à la terrasse qui domine la ville. Tu vois la mer, cette étendue bleue qui sera ta clé pour le monde meilleur auquel tu ne cesses de penser chaque jour un peu plus ; puis, tu embrasses tes parents car tu n'es pas sûre de les revoir le lendemain si quelques personnes venaient vous rendre visite le soir. Alors, tu t'endors en attendant un nouveau jour, en espérant qu'il sera meilleur.

 

Racim

 

MONOTONIE

 

Tous les Algériens utilisent la télévision comme échappatoire. Ils ne regardent pas la chaîne algérienne, mais en grande majorité les chaînes françaises. Ils espèrent oublier la monotonie de leur vie. Les Algériens ont perdu le goût de se distraire. (...)

On ressent cela dès que la nuit commence à tomber. Les rues d'Alger se vident peu à peu pour laisser place à un autre monde... que je ne connais pas. La nuit tombée, tout le monde est à la maison. La mère a fait le dîner. Le père lit les journaux qui prennent un plaisir malin à brouiller tous les esprits. Les garçons, les plus chanceux, jouent à la PlayStation, les autres écoutent du raï. Les filles aident leurs mères et rêvent à une vie moins routinière, plus excitante. Je ne dis pas que la routine n'est que négative ; moi-même, j'accorde à mes petites habitudes et manies beaucoup d'importance. Mais la routine qui nous paralyse dans notre métro-boulot-soudev' - il n'y a pas de métro chez nous - est source de frustrations. Pourquoi, au lieu de tout le temps dîner à la maison, tout seuls, ne sortirions-nous pas sur le palier manger avec les voisins ?

On dit des Maghrébins que leur mode de vie se base sur la convivialité, mais lucidement il vaudrait mieux réviser tous ces jugements et réaliser que ce mode de vie n'est plus. On ne se fait plus confiance, on se méfie, c'est la véritable trace qu'a laissée le fléau. La méfiance est entrée dans nos cœurs. Quel portrait sombre de l'Algérie, mais c'est vrai !

Malgré tout ça, on est encore là ; on se dit, après tout ça, qu'on ne peut pas vivre pire. Donc, l'Algérie se réveille et tente de renaître de ses cendres.

Quand on nous rappelle ce qu'était l'Algérie au temps des Ottomans, je me dis : "Eh bien donc ! Mon bled était aussi puissant que ça ? Aussi craint que ça ? Aussi prospère et plaisant ?" Je me dis qu'il y a quand même de l'espoir. Oui, il y en a, ben quoi ? On doit même s'estimer heureux, il y a des pays qui se portent bien plus mal que le nôtre.

 

Lamia

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LA RUE

 

Alger, c'est d'abord une jeunesse marquée par la rue ; une rue qui joue un rôle d'éducatrice, de réceptacle ; une rue qui sert de repères ; une rue qui lui apprend à se défendre, à s'intégrer dans une société rude tout en étant chaleureuse et protectrice ; une rue qui apprend des valeurs telles que la solidarité, la générosité, la violence. J'ai vécu mon enfance dans une ambiance plutôt familiale ; néanmoins, je garde de nombreux souvenirs de la rue, des matches de foot essentiellement.

Puis vient le temps de l'adolescence, où cette jeunesse connaît d'autres centres d'intérêt : les filles ! Cette phase se singularise et se manifeste par des scènes de drague qui se rapprochent plus du harcèlement que du simple fait de plaire à une fille. Mon expérience de la rue m'amène à être spectateur de scènes d'une grande violence verbale, et parfois même physique. Cela exprime bien une jeunesse pleine de maladresses envers un sexe qui demeure trop incompris. Tout cela peut être expliqué par l'ignorance de l'autre. Cependant, je vois une société avec des ambitions, une réelle volonté qui émane d'une jeunesse pleine d'amour et de passion pour une mère, une patrie, l'Algérie.

 

Yacine

 

IL LE FAUT BIEN

 

A entendre certaines personnes, il est inconcevable qu'à notre âge, qu'à mon âge, on puisse ressentir des choses aussi sombres qu'une nuit sans étoiles, qu'un gouffre sans fond, qu'une conduite d'aération. Et pourtant si ! Mais rendez-vous compte de l'ampleur de la tâche, de la charge que nous avons à porter ! Remémorez-vous le temps où vous étiez dans notre cas ! Nous avons à porter sur nos maigres épaules un pays !

Un grand pays. Trente millions d'adultes n'ont pas pu l'assumer ; alors, le demander à des personnes sortant à peine de l'enfance, qui ont à gérer leurs petits problèmes existentiels et les changements physiques et hormonaux qui s'opèrent en eux !

Pourtant, il le faut bien.

Si nous ne faisons pas notre devoir, qui fera en sorte de sortir l'Algérie du mauvais pas qu'elle a fait ? A notre tour d'agir et de faire mieux, sinon pourquoi irions-nous étudier ? Pour nous rouler les pouces en face du poste de télévision en zappant d'une chaîne à une autre ? Je ne suis pas d'accord avec ça.

Désolée. Mais ça sera sans moi !

 

Daya

 

 

NOSTALGIE

 

Aujourd'hui, de ma fenêtre beaucoup de choses ont changé. Tous ces magnifiques vieux, ou presque, tous nous ont quittés. Le café d'Aammi Merzak est fermé, car son père, le vieux Bencrid, celui à qui autrefois tout El-Biar appartenait, est décédé. Les effets du baby-boom se font sentir : chômage, délinquance et arrogance des jeunes. Du coup, tous ces jeunes veulent partir. Leur unique but est de quitter leur pays. Aller n'importe où, en France, en Espagne... La destination est déterminée par le visa et l'euro. Où est passé le respect qu'ils avaient ? Mais El-Biar a été victime de la malgérance, ou comme le dit le chanteur Kateb Amazigh : l'Algérance.

Malgré tout, certaines valeurs sont encore présentes ; évidemment, il y a toujours des exceptions, mais nous restons quand même très solidaires et accrochés à nos traditions et coutumes, ou, comme on dit, à la aada. Il y a des exemples très simples et très récents qui prouvent la solidarité et l'amour de mon peuple : les inondations du 10 novembre et le séisme du 21 mai. C'est toujours avec autant d'amour que j'aime regarder par cette même fenêtre. Cet amour qui est plus de la nostalgie qu'autre chose.

 

Selma

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DÉGRADATION

 

Algérie, je ne vois rien en toi. Seulement une Algérie en pleine dégradation, une Algérie pauvre, sale et ignorante. Je vois un pays désolant qui ne fait rien pour s'améliorer. Cependant, une question se pose : pourquoi avoir une vision aussi pessimiste de son propre pays ?

J'habite un quartier relativement "calme" et privilégié qui est en travaux depuis mon arrivée, c'est-à-dire plus de six ans ! Un peu plus loin, il en est tout autrement. Je me balade dans un quartier que je ne reconnais pas, un quartier sans âme que je ne reconnais plus et qui, en seulement quelques années, a vu remplacer son espace vert par de vulgaires constructions. Je continue à avancer dans cet autre monde où l'environnement n'est respecté par personne : je vois des ordures partout sur le sol jusqu'au parc public situé près de la place. Cette dégradation de l'environnement n'a l'air d'affecter personne ; les gens y vivent à longueur de journée, à jouer aux dominos ou à discuter dans une langue que je ne saurais décrire.

De plus, on ne remarque que la présence d'hommes dans le quartier. Une société n'est-elle pas censée regrouper l'ensemble de ses citoyens ? Certainement pas en Algérie, où la société et la loi accordent peu d'importance aux femmes. Mais comment faire évoluer une société où la loi n'apporte pas la même protection à tous ses citoyens ?

 

Khaled

 

CHANTIER

 

Depuis quelques années, Alger est en pleine expansion, mais quelle expansion ! Les terres agricoles sont envahies. On plante du béton au lieu de favoriser l'agriculture, qui représente l'une des clefs de la réussite économique. Je ne comprends pas pourquoi on importe des produits pouvant être fabriqués en Algérie. Où sont passés les vergers de la plaine de la Mitidja, les champs de blé et les potagers, ces paysages dont mes parents me parlent sans cesse ?

Tous les quartiers changent de visage. Des maisons commerciales avec des garages servant de fonds de commerce poussent comme des champignons. Les routes sont toutes en réparation, mais ces réparations détériorent la situation. Et la cerise sur le gâteau, les binaa fawdaoui - maisons en parpaing avec une seule, voire deux chambres au maximum.

Quelle honte ! Il existe deux Alger. L'Alger des riches : Hydra, El-Biar, Ben-Ak, sans oublier le Club des Pins. Et les quartiers les plus délaissés, les quartiers populaires et les bidonvilles à Oued Smar, à Rouïba... Parallèlement, les buildings, les tunnels, les ronds-points commencent à s'imposer et offrent à Alger un certain paysage métropolitain.

Je ne peux pas parler de la reconstruction d'Alger sans évoquer sa reconstruction psychologique. Après dix ans de stress, de peur, de panique et de deuil, le peuple commence à peine à se reconstruire ; mais ce chantier sera le plus long, les délais sont indéterminés, et cela prendra plus de temps que le métro, qu'on attend depuis plus de quinze ans. Comment voulez-vous qu'on pense à se reconstruire après avoir vu ses proches s'en aller parce que certaines personnes ont jugé que leur vie n'avait aucun intérêt, ou même que ces personnes étaient nocives et dangereuses pour le reste de la société ? Comment voulez-vous qu'on se reconstruise quand nous n'avons plus aucun repère, quand nos modèles et nos guides spirituels ne sont plus là ?

 

Yamina

 

LANGAGE

 

"Normal" est un mot qui revient souvent dans le langage des Algériens, la plupart du temps avec le "r" roulé. Lorsque vous posez n'importe quelle question : Comment vas-tu ? Quel temps fait-il ? As-tu bien travaillé ?... on vous répond souvent : "Normal".

Les jeunes d'aujourd'hui créent un langage bien à eux. Le vocabulaire qu'ils choisissent est très imagé. Les gens qui passent leur temps à glandouiller et à ne rien faire de leurs journées, sauf peut-être des réflexions déplacées, et à embêter les passantes, sont appelés "hittistes", littéralement gardiens des murs. Autre expression, "qer'adji", qui signifie remplir les bouteilles, c'est-à-dire commérer, c'est typiquement algérien. Pour dire que tout va bien, on dira "intik"; mais pour le contraire on dira "léguia", et c'est plutôt courant en Algérie.

Malgré les changements que connaît le pays depuis une dizaine d'années, les Algériens sont toujours accrochés à leur ancienne mentalité. Même si de nos jours les filles s'habillent à la mode, sortent seules ou en groupe, vont en boîte, on porte toujours sur elles un regard malveillant. Mais, grâce à cette nouvelle génération qui est décidée à lutter pour sa liberté d'expression et son envie d'exister, un jour peut-être une Algérie nouvelle parviendra-t-elle à naître.

 

Kamila

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COMMÉRAGE

 

C'est dingue le nombre de personnes qui s'emmerdent dans ce bled ! Ça a atteint un tel stade que l'activité principale des Algériens, je dirais même leur sport national, devinez, c'est quoi ? Eh ben, le "qer'adji", bien sûr ! Ça peut aller d'un fait complètement anodin, tel que ce qu'a fait la voisine à bouffer pour ce soir, à un événement national, comme la mort du lion du Parc zoologique de Ben Aknoun.

 

Daya

 

LA MER

 

Il suffit d'un seul regard. A droite, un petit bidonville qui tente de s'imposer, tant bien que mal, au milieu de ce quartier de plus en plus dense, celui de Delly Brahim. A gauche, des bâtiments, encore en pleine construction, comme un espoir en chantier. C'est pour moi l'autre face du quartier, celle que je préfère. Plus au loin, on peut distinguer Alger, et contempler cette ville dans tout son éclat. Alger, qui me retient encore et m'attache à ce pays. Et puis, en face, la mer. Cette vaste et miroitante frontière, séparant le passé de l'avenir, la misère de la richesse ou encore la souffrance du bonheur, car ici beaucoup d'Algériens ont pour seul rêve de partir.

Je longe d'abord le bidonville et, sans trop m'y attarder, j'essaie d'observer ses habitants. Rien que des femmes et des enfants. Des enfants qui jouent dans la rue, livrés à eux-mêmes. Et des femmes, dont le mari est absent toute la journée, s'affairant aux tâches ménagères quotidiennes ; sur le visage de toutes se lisent la fatigue et la souffrance. Personne n'ose parler. Enfin, plus loin, je vois des hommes relativement jeunes, Noirs africains ou Algériens, tous adossés à un même mur, regardant les passants, avec l'espoir qu'on leur propose un travail.

C'est en effet la triste mise en scène que rencontre chaque personne qui marche à travers cette grande ville, ou voyage dans le pays, quand elle voit les rues les plus défavorisées, pleines de femmes suivies de quatre ou six enfants, tous en haillons, et suppliant chaque passant de donner l'aumône.

Pourtant, il est difficile de s'arracher à ces lieux de regroupement tels que les cafés, difficile de quitter la Djema'a pour se retrouver seul à affronter ses problèmes. (...) Seul à faire vivre toute une famille. Les vieux, quant à eux, sont un peu isolés, et, dans leur regard, on lit l'effroi du temps qui passe et la nostalgie d'une époque qui fut, au moins, plus joyeuse. Et à vivre ainsi près des corps, je m'aperçois qu'il y a tout de même des nuances ; qu'il y a de la vie, des histoires et une psychologie qui forment une identité, l'identité du peuple. Mais l'Algérie reste pour moi une jeunesse persécutée, hantée par des rêves au large de la Méditerranée, paralysée par ce dégoût, cet écœurement qu'elle essaie chaque jour de vaincre dans un combat sans relâche.

 

Djeyda

 

 

LE BOUT DU TUNNEL

 

Avance, Alger ! Allez, encore un peu. Ne fais pas de trop grands pas ! Tu hésites, tu trébuches, c'est normal. Tu ne sais pas encore ce qui t'attend. Tout est calme là-bas, tout est nouveau, tout est plus clair. C'est ton habit blanc qui se trouve derrière cette porte. Il t'a attendu patiemment. Remets-le ; il n'est plus taché, ses taches rouges complètent à présent la couleur de ton cœur si fragile, si tremblant. Respire, la clef n'est pas très loin ; le bout du tunnel, tu l'as atteint. N'aie pas peur, ça y est, tu l'as ! Tourne la clef, encore un petit effort. Tu vois cette lumière qui t'aveugle et qui t'ouvre peu à peu les yeux. Surtout ne force pas, lentement éveille-toi.

Vois comme c'est beau. Sens cet air pur. Ça faisait si longtemps. Une nouvelle vie commence, juste.

Tu revis, Alger !

 

Malia

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J'ai tout lu mais damn, comment peut-on autant dénigrer son pays ?

 

je crois que tout comme l'intégrisme, l'extrémisme feministe monte en flèche en Algérie :P

 

Parce que Karim, Yacine, Racim et Khaled sont des files:rolleyes:.

 

Oui, il n'est pas bon de dénigrer son pays et sa ville, mais exprimer son mal être ou sa mal vie, l'insécurité ressentie, ça permet de mettre le doigt sur le bobo même si c'est douloureux.

 

Les haragas en partant au risque de leur vie , c'est du dénigrement aussi? J'espère au moins que tu vis en Algérie et pas à l'étranger.

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lol :) !

 

Non je vis très très loin de l'Algérie je suis né a l'étranger en plus .

 

Je trouve très malheureux tout cela mais je trouve seulement un peu d'exagération, mais ca n'empêche tout de même pas que c'est bien le vécu de certaine personne :( .

 

Mais pour les haragas, c'est encore plus malheureux ( les nôtres sont toujours déterminés pour les mauvaises choses) . Ils fuient avant tout l'injustice, le terrorisme, les problèmes sociaux et surtout le passé infernale de la guerre civile

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