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Pas de soleil entre Paris et Alger


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Visas pour une conférence sur le thon, inauguration protocolaire de Notre-Dame-d’Afrique ou défilé de personnalités françaises (Hollande, Valls, Dati, Strauss-Khan, Raffarin), rien de cela n’est réellement sujet à polémique. La véritable brouille algéro-française pourrait venir de… Berlin.

 

Au moment où Paris et Alger ne cessent de se renvoyer la balle sur l’affaire des visas non attribués aux fonctionnaires du ministère algérien de la Pêche, cette passe d’armes semble dissimuler une sourde irritation qui va bien au-delà de cette polémique conjoncturelle.

 

Car, tenter d’expliquer qui a tort ou raison dans cette affaire équivaudrait, comme bien des fois dans la relation algéro-française, de savoir qui a commencé le premier à titiller l’autre. À ce jeu, Algériens et Français se répondent du tac au tac, sans gants et avec bien peu de diplomatie, au point que ces montées de fièvre nous éloignent de l’essentiel.

 

Et l’essentiel est que la relance tant espérée par Paris avec la nomination de “Monsieur Algérie”, Jean-Pierre Raffarin n’a pas apporté l’apaisement espéré. Pire que cela, depuis la venue du “médiateur” nommé par Nicolas Sarkozy, les rares signaux venus d’Alger ont pris de court les Français qui s’attendaient à ce que la relation reverdisse un tant soit peu, du moins dans le domaine économique.

 

Visas pour une conférence sur le thon, inauguration protocolaire de Notre-Dame-d’Afrique ou défilé de personnalités françaises (Hollande, Valls, Dati, Strauss-Khan, Raffarin), rien de cela n’est réellement sujet à polémique. La véritable brouille algéro-française pourrait venir de… Berlin.

 

En effet, depuis l’inattendue décision du président Bouteflika de participer au projet d’Angela Merkel sur le colossal Desertec, le plafond de l’Élysée a dû tomber sur la tête de Sarkozy. Car ce projet qui coûte 400 milliards d’euros, échelonnés sur 40 ans, est un mégacontrat dont rêvaient les entreprises françaises dont principalement les poids lourds du Medef qui constatent, impuissants, la perte d’influence économique de la France en Algérie. Le projet similaire français de Medgrid (ex-Trangreen), voulu par Sarkozy dans le cadre de l’UPM, risque de ne jamais voir le jour du moment que c’est l’Allemagne qui a bénéficié de l’accord d’Alger pour installer les centrales thermosolaires.

 

Même si les chiffres du commerce extérieur français en Algérie gardent une bonne tenue, Desertec est le contrat par excellence qui aurait certainement permis aux deux pays de sceller un pacte de non-agression. Cela aurait été une bouffée d’oxygène pour les firmes françaises spécialisées dans l’énergie et un signal d’Alger en direction des investisseurs français qui n’arrêtent pas de se plaindre de l’absence d’ouverture du gouvernement Ouyahia.

Mais il n’en fut rien. Et la perte de ce projet risque d’avoir des remous encore pour quelques mois car Sarkozy a la réputation d’avoir la rancune tenace.

 

LIBERTÉ

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