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« Hors-la-loi et bandits d’honneur kabyles au XIXe siècle »* d’Emile Violard


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L’injustice féroce de l’ordre établi

 

Par youcef zirem ( TSA, du 25/12/2010 )

 

C’est en 1895 que le premier ouvrage sur le banditisme en Kabylie, écrit par Emile Violard, sort à Paris. La presse française de l’époque salue, presque à l’unanimité, les investigations d’un écrivain qui veut comprendre. « Emile Violard ne s’est pas contenté de nous montrer le banditisme algérien, ce qui eût été insuffisant : il nous explique les causes. D’après lui, en effet, le banditisme est, en Algérie, beaucoup plus le produit des vices de notre administration que de causes locales dont l’auteur ne nie d’ailleurs pas l’existence. Ainsi, entreprenant de narrer les hauts faits d’Arezki El-Bachir, il exhibe les dessous de l’administration algérienne, qui sont loin d’être séduisants », estime le journal le Petit Caporal.

Emile Violard, digne héritier des Lumières françaises, s’élève dans ses écrits contre l’injustice féroce de l’ordre établi ; il se dresse contre un système plus fort que lui tout en sachant que son combat est perdu d’avance. Mais l’Histoire sait toujours retenir le nom de ces hommes qui dépassent le temps, leur appartenance, leur clan et qui vont à l’essentiel : cette quête éperdue de l’humanité même quand la folie prend le dessus sur la raison.

Pour expliquer ses écrits et ses prises de position, Emile Violard s’imprègne de la culture et des traditions kabyles. « En Kabylie, lorsqu’un jeune homme demande la main d’une jeune fille, aussitôt après les accordailles, il se fait un devoir d’apporter ses cadeaux, consistant, le plus ordinairement, en verroteries, en essences, en parfums, en remèdes divers, en antidotes contre les maléfices. Jamais, à quelque classe qu’il appartienne, il n’oublie d’offrir à la douce vierge dont il veut faire sa femme, une boîte de « Hab El-Barris » ou « pilules de Paris », au protiodure de mercure, par crainte d’une postérieure syphilis ! …Et c’est vous, tas de prétendus civilisés, qui avez l’aplomb de toucher à cet être naïf, à ce prévoyant de l’avenir ! », écrit Emile Violard en décembre 1894.

Ainsi, il va raconter dans les détails les épopées d’Abdoun et d’Arezki El-Bachir qui sera exécuté avec ses compagnons à Azazga dans l’après-midi du 14 mai 1895. « De quel côté sont les civilisés ? Où sont les sauvages ? Nous avons tout bouleversé en ce pays : le chef de bureau arabe a pris les femmes ; l’administrateur civil s’est emparé des terres (…). L’Arabe, a naturellement regimbé. Alors, on l’a écrasé d’impôts, on l’a roué de coups (…). Quand au Kabyle, on a déchiré ses kanouns, on a supprimé sa djemâa, on lui a laissé le choix entre l’exil, la mort ou la révolte », avoue Emile Violard. « Hors-la-loi et bandits d’honneur kabyles du XIXeme siècle » est un livre à parcourir car il nous resitue dans une époque difficile qui porte en elle tous les germes des révoltes à venir, tous les espoirs d’un monde meilleur où l’homme est réconcilié avec lui-même.

 

* « Hors-la-loi et bandits d’honneur kabyles », d’Emile Violard. Editions Grand Alger Livres.

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