Jazairi 10 Posted January 2, 2011 Partager Posted January 2, 2011 Nouvelle information dévoilée dans les télégrammes diplomatiques américains révélés par Wikileaks : en juin 2009, quatre jours après la mort du président gabonais Omar Bongo, un haut fonctionnaire de la Banque des Etats d'Afrique centrale (BEAC) assurait que le clan Bongo aurait détourné près de 30 millions d'euros, à son profit… et à celui de responsables politiques français. Un scoop qu'on s'attendrait à voir dévoilé par Le Monde, partenaire de Wikileaks dans la divulgation des documents diplomatiques américains. Mais c'est l'espagnol El Pais qui a publié l'info, que le quotidien français n'estimait pas assez vérifiée. Citer Link to post Share on other sites
Jazairi 10 Posted January 2, 2011 Author Partager Posted January 2, 2011 suite "Le pouvoir : la meilleure façon de dévaliser une banque en Afrique." C'est sous ce titre qu'El Pais a rendu compte de l'information, le 29 décembre. Selon un câble diplomatique américain, fourni par Wikileaks à ses cinq journaux partenaires début novembre, le clan Bongo avait organisé un détournement des fonds de la BEAC. Cette banque regroupe les réserves des Etats membres de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Gabon, Cameroun, République du Congo, République centrafricaine, Tchad et Guinée Equatoriale). Selon le câble, daté de juillet 2009, c'est en effectuant un audit sur une autre malversation que l'escroquerie est apparue : le gouverneur gabonais de la BEAC avait placé en secret 500 millions d'euros dans un investissement à haut risque de la banque française Société Générale. L'audit qui a suivi "a révélé des malversations encore plus larges et plus audacieuses, liées à la hiérarchie des officiels gabonais", a indiqué la source de la BEAC à l'ambassade américaine à Yaoundé, la capitale du Cameroun. "L'enquête interne a montré que 36 millions de dollars (environ 28 millions d'euros, ndlr) ont été détournés via des chèques à des hauts responsables du Gabon", a assuré la source. Le document diplomatique indique ensuite que le haut fonctionnaire a assuré que de l'argent était versé à des politiques français, "aux deux camps, mais surtout à droite, en particulier à Chirac mais aussi Sarkozy." L'information est intéressante. D'autant qu'en France, une enquête judiciaire vient d'être finalement lancée sur les "biens mal acquis", ces comptes en banque et propriétés immobilières détenus en France par trois présidents africains et leurs proches, dont ceux d'Omar Bongo. Et pourtant, Le Monde a assuré le service minimum sur cette affaire, se contentant le 29 décembre de reprendre sur son site internet la dépêche AFP annonçant le scoop d'El Pais. Procédure pour le mois incongrue, alors que le quotidien dispose de tous les documents de Wikileaks depuis plus d'un mois… Pourquoi cette extrême prudence ? Parce que le télégramme diplomatique se conclut par cette phrase, signée de l'ambassadrice américaine au Cameroun, Janet Garvey : "Cette ambassade n'est pas en mesure de vérifier la véracité de l'accusation selon laquelle des hommes politiques français ont bénéficié du détournement de fonds." Le Monde s'en est expliqué dans un encadré accompagnant l'article sur son site. Signée Olivier Biffaud, rédacteur en chef du "desk numérique", la mise au point indique que "l'équipe des journalistes du Monde qui a travaillé sur ces télégrammes avait «repéré»" le câble, mais qu'"il avait alors été décidé par Le Monde de ne pas [le] retenir, à ce stade, en raison non pas de son manque de crédibilité mais de son absence de source authentifiée", puisque "l'ambassadrice américaine, elle-même, prenait ces informations avec des pincettes". La rédaction du Monde.fr ne dit pas autre chose en réponse aux (quelques) commentaires s'indignant de ce choix : "C'est précisément parce que nous disposions des mêmes informations [qu'El Pais] que nous n'avons pas exploité celle-là (…) En l'espèce, il est moins question de courage que de discernement." Citer Link to post Share on other sites
Jazairi 10 Posted January 2, 2011 Author Partager Posted January 2, 2011 suite Accusation de censure "ridicule" Une accusation crédible, mais non vérifiée. Et qui ne mérite donc pas de figurer dans Le Monde. L'explication est confirmée par Rémy Ourdan, qui coordonne le travail du journal sur les documents. Interrogé par Liberation.fr le 30 décembre, il estime que "ce câble est une bonne base pour une enquête, qui est en cours, mais que les informations sont invérifiables telles quelles." Il qualifie de "ridicule" l'accusation de censure, ou d'autocensure : "Il y a des milliers d’affaires de corruption évoquées, parfois c’est des sources ennemies du pays visé, parfois c’est des conversations de comptoir. C’est le rôle des diplomates de relayer ces informations, mais c’est notre rôle de journaliste de les vérifier, de mener des enquêtes." Comme nous l'indiquions il y a un mois, les journaux partenaires de Wikileaks étaient censés se mettre d'accord sur les dates de publication : le journal local avait priorité sur les autres pour publier une information concernant son pays. Pourquoi le journal espagnol a-t-il alors "grillé" Le Monde ? Selon Ourdan, la période d'exclusivité de ces journaux étant terminée, ils se sont simplement "un peu moins" concertés "depuis une semaine", et il ignorait ce qu'El Pais allait publier. Du coup, l'édition papier du journal s'est contentée... d'une brève sur le sujet, Le Monde daté du 31 décembre résume le contenu du mémo, et indique : "L'ambassade "n'est pas en mesure de vérifier la véracité de l'accusation selon laquelle des hommes politiques français ont bénéficié du détournement de fonds", précise le câble diplomatique signé par l'ambassadeur américain Janet Garvey. Raisons pour lesquelles Le Monde avait décidé de ne pas faire état de ce «mémo» dans sa couverture de la divulgation des câbles diplomatiques américains." Ainsi donc, Le Monde préfèrerait exploiter des câbles où "les informations sont multi-sourcées, comme la corruption du frère de Karzaï, ou bien des câbles où le diplomate a joué le rôle de scribe, lors d’entretien, comme avec Nicolas Sarkozy" ? Ce n'est en fait pas entièrement exact. Dans un très long article intitulé "Sarkozy l'Américain, le quotidien avait certes utilisé nombre de confidences faites par le futur Président à l'ambassade. Mais avait aussi repris des anecdotes non vérifiées, comme celle, dont le matinaute Schneidermann avait fait ses délices, assurant que l'avion présidentiel avait été dérouté au-dessus de Paris pour que Sarkozy ne voie pas la tour Eiffel aux couleurs de la Turquie… Sur son compte facebook personnel, le journaliste de Rue89 Augustin Scalbert juge, lui, que "dire qu'on ne pouvait pas vérifier la véracité des accusations ne rime à rien quand on publie par ailleurs, et fréquemment, des PV d'auditions avant la clôture d'une instruction, et comprenant par conséquent des accusations non vérifiées". Citer Link to post Share on other sites
Jazairi 10 Posted January 2, 2011 Author Partager Posted January 2, 2011 suite Bongo finançait les "futures élites françaises" Avérées ou non, les accusations du fonctionnaire de la banque africaine ont fait du bruit dans l'hexagone. Et comme un seul homme, les responsables de l'UMP et du PS ont juré leurs grands dieux ne rien savoir d'un quelconque financement africain de leurs campagnes électorales. Le trésorier du PS Régis Juanico "ne se sent en rien concerné par ces affirmations", alors que le porte-parole de l'UMP Dominique Paillé trouve "tout cela totalement fantaisiste". Et selon l'AFP, "l'Elysée n'a pas réagi, conformément à la règle qu'il s'est fixée de ne pas répondre aux allégations du site Internet". Et pourtant, rappelle l'AFP, "les rumeurs de financement de la vie politique par Omar Bongo ont très souvent circulé, en France comme sur le continent africain, sur fond de relations privilégiées entre l'ancien dirigeant gabonais, au pouvoir depuis 1967, et une grande partie de la classe politique de l'ex-puissance coloniale". Ainsi, après la mort de Bongo, Valéry Giscard d'Estaing avait assuré sur Europe 1 que le président gabonais avait financé en 1981 la campagne présidentielle de son rival Jacques Chirac. Le député PS André Vallini avait quant à lui, indiqué : "Nous savons tous précisément qu'Omar Bongo a financé de nombreuses campagnes électorales à droite mais aussi à gauche, parfois, peut-être. On l'a entendu dire. Je crains hélas que cela soit un peu vrai, y compris concernant la gauche." Sur Rue89, Pierre Haski indique que "depuis trente ans circulent des informations sur le financement des campagnes électorales françaises par l'ancien président gabonais, à commencer par «Affaires africaines», le livre de Pierre Péan qui avait fait sensation, en 1983, en racontant comment Jean Ping (alors directeur de cabinet de Bongo, aujourd'hui président de la Commission de l'Union africaine, le monde est petit) avait apporté une première valise d'argent rue de Solférino pour la campagne de François Mitterrand, s'attendant à se faire jeter. Non seulement elle fut acceptée, mais il fut réinvité…" Un tout récent documentaire, Françafrique, diffusé les 9 et 16 décembre sur France 2 revient justement sur cet épisode. Comme Rue89 l'a signalé, on y voit entre autres l'une des plus proches collaboratrices de François Mitterrand racontant comment, "dès l'élection présidentielle de 1965, elle alla chercher au siège d'Elf, au Gabon, la «valise» de billets permettant de financer la campagne électorale du candidat socialiste. Exercice régulièrement répété jusqu'à la victoire de 1981." Suite et vidéos: Arrêt sur images - Bongo : Le cable Wikileaks que Le Monde a ignoré Citer Link to post Share on other sites
Guest mackiavelik Posted January 2, 2011 Partager Posted January 2, 2011 et d'ailleurs Assange s'est attaqué aux journaux qui censuraient!! la démocratie made in France, made in Usa! Citer Link to post Share on other sites
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