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Les crimes de guerre du nouveau César


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L’histoire ne nous pardonnera pas

 

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AUTEUR: Nat HENTOFF

Traduit par Boris Carrier, révisé par Fausto Giudice

 

Selon des fuites, un rapport confidentiel de la Croix Rouge propose d’intenter un procès international pour crimes de guerre à l’équipe de Bush.

 

Si jamais l’équivalent des procès de Nuremberg contre les criminels de guerre devait avoir lieu contre les auteurs usaméricains des crimes contre l’humanité à Guantánamo, en Irak et dans les prisons secrètes de la CIA, il y aurait une quantité appréciable de preuves fournies par les rapports internationaux amplement documentés d’organisations de défense des droits humains, y compris une section du Parlement européen – de même que dans les ouvrages abondamment annotés de Stephen Grey « Ghost Plane : Tne True Story of the CIA Torture Program (avion fantôme : la vraie histoire du programme de torture de la CIA) paru chez St.Martins Press et de Charlie Savage « Takeover : The Return of the imperial Presidency and the Subversion of American Democracy » (La relève : le retour de la présidence impériale et la subversion de la démocratie américaine) récemment édité par Little , Brown.

 

Alors que le Congrès à majorité démocrate doit encore lancer une enquête sérieuse sur ce que les législateurs européens savent déjà concernant les crimes de guerre usaméricains, il a été fait état d’un rapport particulièrement éloquent du Comité International de la Croix Rouge qui figurerait en bonne place dans un éventuel procès du type de celui de Nuremberg. La Croix Rouge se doit de garder le silence concernant les résultats de ses enquêtes sur les droits humains dans les prisons – sinon les gouvernements ne laisseraient pas entrer ses représentants.

 

Mais Jane Mayer de la revue The New Yorker dispose de sources qui ont vu des comptes-rendus d’entretiens avec d’ex-détenus de prisons secrètes. Dans son article « Les sites noirs » (jargon des services secrets pour les prisons secrètes, NdT), Mayer révèle aussi les effets sur nos tortionnaires eux-mêmes des actes qu’ils commettent – sur ordre du président – pour « protéger les valeurs américaines ».

 

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"Waterboarding" : une méthode de torture habituelle de la CIA dans les “sites noirs "

 

Elle cite un ex-agent de la CIA: “Quand tu franchis la frontière dans l’obscurité il est difficile de revenir en arrière. Tu perds ton âme. Tu peux tout faire pour te justifier, mais… tu ne peux pas retourner à ce lieu sombre sans que cela fasse de toi un autre homme. »

 

Mais malgré cela peu d’Américains moyens ont changé de par ce que la CIA fait en leur nom. La responsabilité en revient au black-out absolu qui perdure concernant les méthodes utilisées par la CIA pour obtenir des informations. L’administration de Bush a émis le 20 juillet un décret autorisant la CIA à continuer à employer ces techniques sans rien en dévoiler.

 

Si une cour pénale internationale nous condamne un jour, nous, le peuple (premiers mots de la Constitution US, NdR) pour notre complicité et notre silence concernant ces crimes de guerre, nous pourrons toujours essayer de nous en tirer comme ces Allemands qui prétendaient à l’issue de la seconde guerre mondiale ignorer ce que Hitler et ses sbires faisaient. Mais dans l’Allemagne nazie les gens n’avaient pas la possibilité d’insister pour savoir ce qu’étaient devenus leurs voisins disparus.

 

Nous par contre avons le droit et la faculté d’obtenir du Congrès qu’il découvre et révèle les détails des tortures et autres brutalités que la CIA a infligés aux suspects de terrorisme en notre nom.

 

Seul un membre du Congrès, le sénateur démocrate d’Oregon Ron Wyden, s’est obstiné pour enquêter sur la légalité des méthodes de la CIA et la nomination du candidat de Bush, John Rizzo, au poste d’avocat en chef de la CIA a de ce fait été déjouée. Rizzo, agent de la CIA depuis 2002, a déclaré publiquement n’avoir aucune objection à la note de service du ministère de la Justice sur la « torture » qui autorisait d’infliger des souffrances sous réserve que ces pratiques n’entraînent pas de dysfonction d’organe … voire la mort (toute provocation de souffrances ne dépassant pas cette limite n’était pas considérée comme étant anti-américaine). Monsieur Rizzo ferait un témoin de choix si un procès du type de ceux de Nuremberg devait avoir lieu.

 

Comme le déclarait Jane Mayer à National Public Radio le 6 août, ce qu’elle a découvert dans le rapport officieux de la Croix Rouge et dans le cadre de ses recherches approfondies sur nos interrogateurs (félicités par notre commandant en chef), c’est un programme hiérarchiquement structuré de mauvais traitements avalisé en fait par la Maison Blanche et exécuté par tous les échelons, des plus élevés aux plus bas… des prisonniers ont été enfermés nus pendant 40 jours dans des cellules sans lumière. Tout ce qui aurait pu donner une indication concernant l’heure ou le lieu fut soigneusement occulté.

 

Mayer exposa aussi le cas de Abu Zoubaydah, interrogé par la CIA qui non seulement dut se soumettre à l’épreuve du « waterboarding » (une technique donnant la sensation de noyade), mais aussi fut retenu longtemps dans une cage d’environ un mètre de long et de haut dans laquelle il ne pouvait pas se tenir debout. La CIA appelait cela la cage à chiens.

 

Procès de Nuremberg ou pas – et le Congrès continue de faire la sourde oreille - , les futurs historiens qui se pencheront sur le mandat de Bush se réfèreront certainement aussi au rapport de Human Rights First (Droits humains d’abord) et Physicians for Social Responsability (Médecins en faveur de la responsabilité sociale) paru en juillet sous le titre « Leave No Marks: Enhanced Interrogation Techniques and the Risk of Criminality »(Ne laissez pas de traces : techniques améliorées d’interrogatoire et risque de criminalité)

 

Le rapport souligne que le décret de juillet du Président concernant les interrogatoires par la CIA – qui a reçu des éloges pour avoir condamné « la torture et les traitements cruels et inhumains » malgré le fait d’être classé confidentiel, n’exclut explicitement pas l’application de méthodes d’interrogatoire ‘ améliorées’ que la CIA a autorisées en mars 2002 avec l’accord du Président (souligné par nous).

 

En 2002 le Ministre des Affaires Etrangères Colin Powell dénonça les notes sur la « torture » et autres méthodes d’interrogatoire dans des rapports à usage interne qui parvinrent à la Maison Blanche. Il est regrettable qu’il ne nous ait pas informés par la même occasion. Mais les objections de Powell avaient pour but de lui éviter de comparaître au banc des accusés dans un éventuel futur procès international.

 

Les points suivants du droit usaméricain ont été bafoués par la CIA, le ministère de la défense et le ministère de la justice selon le rapport « leave no marks » (Ne laissez pas de traces) :

 

Avec la Convention sur la torture de 1994 (Torture Convention Act) l’article 5 de la convention des Nations Unies contre la torture a été intégré au droit usaméricain. Celui-ci définit la torture comme résultant de l’action délibérée d’une personne (autorisée officiellement) infligeant de graves souffrances physiques ou psychiques à une autre personne se trouvant à sa charge ou sous sa dépendance physique.

 

La Loi fédérale contre les crimes de guerre (US War Crimes Act) de 1997 interdit … une série détaillée de crimes de guerre définis par la législation comme « manquements graves » à l’article 3 (de la Convention de Genève), y compris les crimes de guerre de torture ou de traitements inhumains.

 

Le rapport « leave no marks » inclut avec pertinence la Cour Suprême – avant la nomination de John Roberts comme son président – dans le mémoire sur les crimes de guerre de ce gouvernement. Je propose avec insistance que Human Rights First et Physicians for Social Responsability fassent parvenir leur rapport à tous les membres actuels de la Cour Suprême et du Congrès en soulignant le passage suivant :

 

« La Cour Suprême considère depuis longtemps que le traitement des détenus constitue une violation de la procédure légale si ce traitement « heurte la conscience », est susceptible de blesser des sensibilités endurcies ou transgresse le principe de justice tellement enraciné dans les traditions et la conscience de notre peuple qu’il doit être considéré comme étant fondamental. »

 

Le rapport poursuit que parmi ces droits fondamentaux auxquels se référaient les Cours Suprêmes qui ont précédé se trouvent le droit à l’intégrité de la personne et le droit à la satisfaction des besoins essentiels ainsi que le droit à la dignité humaine fondamentale.

 

Dans la mesure où la conscience d’une majorité des membres de la Cour de Roberts n’est pas choquée par ce que nous avons fait à nos prisonniers, ce sera la tâche du prochain Président et du prochain Congrès – et dans une certaine mesure la nôtre – de modifier au moins certains aspects du jugement que fera de nous l’histoire. Mais voit-on des signes notables de ce que la conscience des Usaméricains moyens ait été choquée ? Et qu’en pensent les candidats des deux partis ?

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