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Le seul sport qui intéresse les jeunes, la rapine et le vol


Guest misn'thmourth

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Ould Kablia « Le seul sport qui intéresse les jeunes, la rapine et le vol »

 

 

Jamais, jamais de mémoire, un ministre en exercice n’a tenu des propos aussi outrageants, blessants et désobligeants que ceux exprimés par le ministre de l’intérieur, Daho Ould Kablia, à l’égard des jeunes algériens. Contre-vérités, raccourcis, jugements de valeur, dénigrements, propos péremptoires, le ministre de l’Intérieur et des collectivité locales s’est surpassé. En 1988, un homme politique algérien avait qualifié les émeutes d’octobre de « chahut de gamins ». Vingt-trois ans plus tard, Ould kablia fait mieux.

 

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Jamais, jamais de mémoire, un ministre en exercice n’a tenu des propos aussi outrageants, blessants et désobligeants que ceux exprimés par le ministre de l’intérieur, Daho Ould Kablia, à l’égard des jeunes algériens. Contre-vérités, raccourcis, jugements de valeur, dénigrements, propos péremptoires, le ministre de l’Intérieur et des collectivité locales s’est surpassé. En 1988, un homme politique algérien avait qualifié les émeutes d’octobre de « chahut de gamins ». Vingt-trois ans plus tard, Ould kablia fait mieux.

 

Dans un entretien accordé dimanche 09 janvier à un confère (AlgériePlus), le ministre est sorti de sa réserve pour proférer des jugements d’une extrême sévérité à l’égard des jeunes algériens qui sont sortis dans la rue pour manifester leur colère. Extraits.

Interrogé sur « le discours de haine dans lequel les jeunes manifestants ont été élevés », le ministre de l’Intérieur affirme que la génération actuelle a été élevée dans la violence des années de la terreur que l’Algérie a vécu durant les années 1990 :

« Nous connaissons ce problème. Depuis le début des année 2000, nous savons qu’il y a une jeunesse qui est en train de constituer une génération tout à fait différente de celles qui l’ont précédée, avec les mêmes conditions de mal vie et les mêmes problèmes qu’ils considèrent comme insolubles pour leur avenir mais avec la différence qu’il y a chez eux une dose de violence plus importante qui est justement née de cette période qu’ils ont vécue lors de la décennie 90. »

 

Si le ministre admet que la nouvelle génération est différentes de celle des années 1980 ou 1970, s’il a admet encore que ses besoins sont aujourd’hui différents, il ne s’empêche pas moins de prendre un raccourcis aussi faux que vipérin : pour satisfaire leurs besoins, les jeunes s’adonnent au vol, à la contrebande et au trafic de drogue :

« Ils sont extrêmement nihilistes et pessimistes. Il y a des raisons que nous connaissons : le manque de loisirs, une scolarité perturbée, un milieu familial désintéressé, l’influence de la rue et des médias étrangers. Il y a des besoins différents des besoins des jeunes d’autres époques. Ils aiment toutes choses qu’ils ne sont pas en mesure d’acquérir autrement que par le vol, par la contrebande, le trafic de drogue. Ils ne trouvent pas de dérivatif dans la musique, le sport, les voyages. Leur univers c’est la rue de leur quartier. »

 

Interrogé sur les mesures prises par le gouvernement pour améliorer le quotidien de cette jeunesse, Daho Ould kablila énumère les investissements réalisés, mais conclut que toutes ces réalisations n’intéressent pas les jeunes. Sans la moindre nuance, sans la moindre réserve, il décrète que le seul sport qui intéresse ces jeunes c’est la rapine et le vol :

« Si je devais comparer le rapport de l’investissement pour la jeunesse par rapport au PIB on trouverait un pourcentage extrêmement important. Des stades sont construits, des piscines semi olympiques sont réalisées. Nous avons une vingtaine de stades gazonnés, une cinquantaine de stades de proximité mais le sport ne les intéresse pas. Le seul sport qui les intéresse c’est la rapine, le vol. »

 

Questionné sur le verrouillage par le pouvoir des espaces d’expression aux partis et au associations, le ministre explique que les partis ne possèdent aucun programme, qu’ils se ressemblent tous, qu’ils chantent tous la même rengaine et qu’en dehors des trois partis de l’alliance présidentielle, il n’y a point de salut :

« Moi, j’estime que les partis sont importants par le nombre de leurs militants. Pour la plupart, j’estime que leur impact sur la société est très faible. Aucun parti n’à une doctrine politique déterminée. Tous se ressemblent, tous chantent la même antienne, tous disent vouloir la démocratie, le développement, la croissance et le bonheur mais personne n’a les armes qu’il faut pour régler ces problèmes. C’est un gros succès que nous puissions nous appuyer sur les trois partis de l’Alliance présidentielle. De toute manière, il n’y a pas d’action à inventer. C’est le programme du président qui a été adopté. La mise en oeuvre se fait avec ses contraintes au niveau des études, de l’exécution, du suivi, de la gestion. »

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Quid des assemblées populaires nationales? Elles ne sont pas outillées, affirme le ministre, manquent de compétences pour mettre en œuvre le programme d’investissements de 280 milliards annoncés par le président Bouteflika pour la période 2009-2014 :

« Les organigrammes des administrations qui gèrent ce programme d’investissement de 280 milliards de dollars sont les mêmes que ceux des années 70. Aucune APC n’a un ingénieur, un urbaniste, un architecte, un ingénieur des eaux. C’est une génération d’hommes de métier qui est en train d’être formée. »

 

Quant aux nombres d’étudiants inscrits dans les universités, sujet de fierté maintes fois ressassé par le chef de l’Etat, le ministre de l’Intérieur l’expédie en une phrase assassine : les Algériens n’aiment pas travailler. Du coup, les autorités sont contraintes d’importer la main-d’œuvre de l’étranger :

« Quand on me dit qu’il y a deux millions d’étudiants, pour moi ce n’est pas un sujet de fierté. Ce n’est pas le nombre qui compte (…). Les Algériens n’aiment pas le manuel. Nous faisons appel à de la main d’œuvre étrangère, dans le BTP, l’agriculture. Il faut réfléchir à cela. »

 

Et comment la jeunesse algérienne est-elle perçue par le pouvoir ? Là, le ministre de l’Intérieur fait dans la nuance, explique qu’il ne faut pas mettre tout le monde dans le même sac, qu’une large partie de ces jeunes sont sains, mais qu’il faut faire avec une évidence : l’Algérie est râleur, surpolitisé, avatars de la colonisation française. En clair, l’Algérien se comporte encore aujourd’hui avec une mentalité de colonisé :

« Nous ne condamnons pas la jeunesse dans sa totalité. Dans sa globalité, elle est saine. Nous avons 15 millions de jeunes, mais il n’y avait pas 15 millions de jeunes dans la rue. Nous avons aussi une population saine qui s’est opposée physiquement à ces évènements parce que tout le monde sait que l’Etat trouvera au final la solution. Nous avons augmenté les salaires de près de deux millions de chefs de famille depuis 2008. Mais l’Algérien est râleur et sur politisé. Ca fait partie des travers de la colonisation. Nous voyons bien les Français; ils sont râleurs et chacun s’imagine qu’il a un programme présidentiel dans la tête… »

 

Que dire après tout cela ? Que la communication étant un métier sérieux, le ministre de l’Intérieur aurait dû s’entourer de professionnels pour gérer sa communication.

 

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