Clouseau 899 Posted October 10, 2007 Partager Posted October 10, 2007 AUTEUR: Mohssen MASSARRAT محسن مسرت Traduit par Michèle Mialane, révisé par Fausto Giudice Un retrait allemand d’Afghanistan constituerait une avancée importante pour éviter une guerre avec l’Iran. Au début de la semaine Bernard Kouchner, le ministre français des Affaires Étrangères a déclaré que la querelle autour du nucléaire iranien était actuellement la plus importante crise internationale. Il fallait « être prêt au pire ». Kouchner ne laisse aucun doute à ce sujet : il entend par là une guerre contre l’Iran. En 1998 le slogan « Plus jamais Auschwitz » servit en République fédérale à légitimer la participation allemande à la guerre en Yougoslavie (menée par l’OTAN). Le gouvernement fédéral actuel s’apprête à crier « Plus jamais les taliban ! » pour justifier sa participation à la guerre en Afghanistan (menée par les USA). Il paraît que le prolongement du stationnement de la Bundeswehr sert à la reconstruction. Sans l’ISAF les écoles seraient à nouveau fermées et les femmes contraintes de porter la burqah. Cet argumentaire hypocrite ne peut dissimuler que les deux missions (celle de l’ISAF aussi bien que celle de l’Opération Liberté Immuable (OEF) sont des composantes d’une stratégie globale des USA qui vise non seulement l’Afghanistan, mais tout le Proche et Moyen-Orient. Ce ne sont pas seulement les néoconservateurs, mais aussi une majorité du camp démocrate qui depuis pas mal de temps poursuivent imperturbablement le même objectif : en renversant les régimes qui dérangent, en attisant les conflits religieux et ethniques (entre Arabes , Iraniens et Kurdes et/ou entre chiites et sunnites) et en créant la division au sein des peuples (Liban et Palestine) on entretient dans toute la région un état de guerre permanent, la précipitant d’un chaos dans un autre. Le consensus aux USA repose sur le profit à court terme qu’en retirent malheureusement tous les détenteurs de capitaux influents situés en-dehors de la sphère politique - le complexe militaro-industriel aussi bien que les entreprises pétrolières - c’est-à-dire en définitive toute l’économie du pays. Les exportations d’armes ne se sont jamais si bien portées, la production pétrolière augmente, le dollar peut conserver longtemps sa fonction de monnaie-étalon. Le chaos et l’effondrement des États peuvent - comme le veut l’idéologie néolibérale- détruire par pans entiers les barrières de protection nationales pour permettre aux capitaux excédentaires des USA et d’Europe de pénétrer librement dans cette région riche en matières premières. Un aspect que Naomi Klein a placé au centre de son nouvel ouvrage « Stratégie de choc » Gouverner avec les taliban Refuser l’intervention militaire en Afghanistan ne signifie nullement refuser l’intervention humanitaire. Il s’agit avant tout de refuser le chaos dont nous avons parlé, et que les USA installent au Proche et Moyen-Orient. Qui approuve au Bundestag la prolongation de l’engagement fédéral légitime cette démarche. Si vous avez vraiment à cœur de rendre à la population afghane la confiance en soi qu’elle a perdue et de lui permettre de reconstruire son pays, réfléchissez d’abord au moyens de mettre fin immédiatement à la guerre dans l’Hindoukouch. On pourrait penser dans cette optique aux démarches suivantes, immédiatement réalisables : des négociations entre le président Karzaï et les taliban conduisant à un gouvernement national de transition. Bien sûr les taliban ont commis des atrocités, mais si on ne les fait pas entrer dans la coalition au pouvoir, il n’y aura ni paix intérieure ni espoir de société pluraliste. Parallèlement, retrait effectif selon un calendrier contraignant des troupes d’intervention étrangères. Enfin, établissement d’un consensus au sein d’un gouvernement de transition incluant les taliban quant à la nécessité et à la composition des troupes internationales qui viendraient remplacer les troupes d’occupation, afin d’empêcher une nouvelle guerre civile et/ou un retour au pouvoir des taliban et d’assurer l’élaboration d’un nouveau système politique. Les rodomontades de Sarkozy Rejeter le projet des USA sur la région implique aussi de rejeter l’éventualité d’une guerre contre l’Iran. Le danger s’est en définitive considérablement affaibli entre le printemps et l’été, en grande partie à cause des lourdes réticences de Berlin, et aussi grâce aux actions menées par le mouvement de la paix. Les néoconservateurs des USA sont certes prêts à tout, mais ils ont besoin de soutien en Europe. Dans ces conditions un « non » clair et net de la part de Berlin, Londres et Paris peut empêcher une nouvelle aventure guerrière usaméricaine. Certes l’élection de Nicolas Sarkozy- qui donne l’impression d’être un relais des « néocons » - a nettement renforcé le camp des bellicistes. « Ou l’Iran renonce à son programme nucléaire, ou il sera bombardé ! », a dit Sarkozy fin août. Aucun politicien européen n’avait encore osé une déclaration aussi contraire au droit international et d’une prétention aussi invraisemblable, pas même Tony Blair, le bras armé de Bush en Europe. De toute évidence les faucons usaméricains ont grâce a Sarkozy repris leur offensive et essaient de déclencher effectivement une guerre contre Téhéran. Quelles raisons peut-on avoir de susciter un danger à même d’embraser tout le Proche et Moyen-Orient ? D’abord, la République islamique est le principal obstacle politique au projet néoconservateur American Century : s’assurer un contrôle total et sans problème des ressources gazières et pétrolières pour les décennies à venir. L’effondrement de l’État iranien pourrait donner naissance à des nouvelles entités ethniques et religieuses dont les rivalités pour la possession des sources de gaz et de pétrole entraîneraient une nouvelle guerre civile. Le complexe militaro-industriel des USA s’assurerait ainsi pour plusieurs décennies un marché lucratif pour ses armes, avec des clients solvables. Les firmes pétrolières disposeraient en Iran d’une nouvelle élite manipulable et tenue de coopérer. Celle-ci serait en effet contrainte, pour financer ses achats d’armement, d’intensifier l’exploitation du gaz et du pétrole, et de les offrir à prix cassés. Pour atteindre la structure étatique centrale en Iran, il faudrait un bombardement capable d’anéantir le potentiel militaire et les infrastructures logistiques du pays. Sans parler des effets dévastateurs sur la population civile. Dans cette optique le Pentagone aurait déjà, selon le Sunday Times du 2 septembre, élaboré un plan de blitzkrieg (guerre-éclair) capable d’atteindre 1200 objectifs en trois jours. La destruction des installations nucléaires iraniennes, principal prétexte de cette guerre, accompagnerait ces attaques. ......../ Citer Link to post Share on other sites
Clouseau 899 Posted October 10, 2007 Author Partager Posted October 10, 2007 Suite et fin ....../ L’ « irakisation » de tous les États pétroliers Un contrôle total de la région impliquerait aussi l’anéantissement de tous les alliés de la République islamique - le Hezbollah au Liban et le Hamas en Palestine- ainsi qu’un changement de régime en Syrie. Ce qui offrirait une possibilité de contrer l’influence croissante de l’Arabie saoudite dans le monde arabo-musulman, éventuellement de remplacer là aussi l’État central par plusieurs entités religieuses et tribales - et ainsi de parachever l’« irakisation » de tous les grands États pétroliers de la région. Il coule de source que le danger potentiel de voir les États pétroliers du Proche-Orient se détourner du dollar comme monnaie-étalon se trouverait ainsi écarté une fois pour toutes. Israël, tête de pont ô combien fiable des USA, conserverait alors longtemps son monopole en matière d’armement conventionnel et nucléaire. Ce sont là des raisons bien concrètes et fort alléchantes de déclarer la guerre à l’Iran. Tout aussi inquiétants sont les indices trahissant que les néocons et Israël sont bien décidés à se lancer effectivement dans l’aventure : la totalité du matériel de guerre nécessaire à la blitzkrieg est positionné depuis janvier sur deux porte-avions - un troisième est arrivé en août - croisant dans le Golfe Persique ainsi qu’en plusieurs points stratégiques. Les attaques verbales des néocons en direction du régime islamiste iranien se sont intensifiées. Ces derniers temps, Bush lui-même évoque à nouveau le danger d’un « holocauste nucléaire » perpétré par l’Iran ; la dernière fois, c’était fin août à Reno devant des vétérans de l’armée. Et l’on entend de plus en plus souvent les médias usaméricains colporter des rumeurs d’entraînement de terroristes chiites irakiens par les Brigades Al-Quds (relevant des Gardiens de la Révolution) iraniennes - les bombes qui ont tué des soldats usaméricains provenant toutes d’ateliers iraniens. Le 12 juillet, au Sénat, démocrates et républicains ont accusé, dans une résolution commune, la République islamique d’être responsable des attaques contre les soldats usaméricains stationnés en Irak. Selon le Guardian le camp des partisans de la guerre est en position de force à La Maison Blanche. Bush et Cheney sont convaincus qu’eux seuls ont la force et la volonté d’attaquer Téhéran, pas leurs successeurs, qu’ils soient démocrates ou républicains. Il faudrait donc s’acquitter maintenant de cette mission, pour ne pas la laisser au seul Israël. Les sponsors pro-israéliens - selon le journaliste britannique Jonathan Cook- ont, avec le soutien du gouvernement Olmert, fait passer la prime d’immigration aux Juifs iraniens de 20 000 à 60 000 dollars - la plus haute qu’on ait jamais proposée. Seule une émigration rapide, dit Cook, permettrait d’éviter une pénible situation : voir les bombes israéliennes et usaméricaines censées empêcher le « deuxième holocauste » atteindre en Iran les Juifs avec les autres. Selon le journaliste usaméricain Paul-Joseph Watson (Prison Planet du 4 septembre) divers médias proches des néocons auraient reçu de Dick Cheney l’ordre de « vendre » la guerre en Iran par une campagne de presse - une demande adressée entre autres à la chaîne Fox News et au Wall Street Journal. Quoi qu’il en soit Fox News s’y est déjà mise. Au besoin risquer le tout pour le tout Devant tous ces signes avant-coureurs d’une guerre en Iran sous le gouvernement Bush-Cheney, politiciens et journalistes européens partisans d’une dédramatisation ne manquent pas d’objections. Leur principal argument : face aux conséquences démesurées, incalculables , d’une pareille entreprise, on devrait supposer que le gouvernement des USA est la proie d’une véritable paranoïa belliciste. Mais en réalité il n’est pas besoin de « supposer » quoi que ce soit pour le noyau dur des néocons, ainsi que la guerre en Irak le prouve bien. Ils ne sont pas éloignés, en cas d’urgence, de tout risquer pour leur « mission. » Vu la puissance démesurée, totalitaire, dont dispose le président des USA, et qui ne le cède en rien à celle des régimes dictatoriaux, la démocratie usaméricaine, essentiellement tournée vers la politique intérieure - une constatation elle aussi hélas facile à faire- aura bien de la peine à empêcher un nouveau désastre au plan international. Si bien des membres du mouvement pacifiste, au vu de nombreux indices, envisagent le pire - la possibilité d’une guerre usaméricano-israélienne contre l’Iran- ce n’est pas qu’ils cèdent à une panique alarmiste, mais uniquement qu’ils conservent l’espoir de pouvoir peut-être encore empêcher cette guerre par la mobilisation de toutes les forces pacifistes. Les opposants à la guerre en Europe - au premier rang en Allemagne, en Grande-Bretagne et dans la France de Sarkozy - doivent mettre sur leur agenda politique les risques d’une nouvelle aventure usaméricaine. Refuser la prolongation de l’engagement fédéral en Afghanistan constituerait une avancée importante . Citer Link to post Share on other sites
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