Thanatos 10 Posted February 6, 2011 Partager Posted February 6, 2011 par Kamel Daoud D'abord l'hommage au vaillant peuple de l'Egypte contre le Pharaon de l'Ex-Egypte. Le chroniqueur n'a jamais pensé un jour utiliser ce cliché du XXème siècle. D'abord à cause de ce qui s'est passé, il y a un an, avec l'Ex-Egypte et, ensuite, à cause de cette charge démodée et vidée de son sens de l'expression « vaillant peuple », vidée par les socialismes, les anticolonialismes, les communismes et les propagandes diverses. Un hommage à ceux qui tiennent dans le froid et la faim, sous les coups et le feu pour que leur pays soit libre et indépendant. Ensuite ? Ensuite nous. A cause de Tunis, d'El Jazeera, de l'histoire moderne, d'Internet, des Algériens de bonne volonté, de la peur de mal finir, sans kérosène au-dessus de la mer et des renversements de la peur, on vient de décider de promettre la fin de l'état d'urgence et d'ouvrir l'ENTV, la télé privée du pouvoir au reste des Algériens. Faut-il en être content ? Juste un peu et avec le sourire au coin. Dans l'ensemble, c'est peu et tellement peu. On y découvre, ainsi, que le média lourd reste encore sous contrôle de la Présidence qui en tient la télécommande. Dans un système politique et économique normal, une télé ne dépend pas « d'instructions » données mais est régulée par un cahier des charges et un marché économique. C'est conclure, qu'à la fin, il n'y pas de lois ni de règles : je donne ordre à une télé de laisser des Algériens parler, comme je peux donner l'ordre contraire, par caprice ou irritation. L'idée d'ouvrir le champ médiatique n'effleure même pas la conception soviétique de la propagande. C'est dire que la mentalité reste la même et que le système pense encore être le propriétaire de l'entreprise publique, du domaine public, du public. Ensuite ? Ensuite rien. Rien n'est dit sur le code communal qui réduit les maires et les présidents d'APW à des figurants sans pouvoir autre que celui de jaser. Rien n'est dit sur les pouvoirs exorbitants d'un wali, fonctionnaire payé par nous, empereur face aux élus d'une population et qu'il peut malmener, licencier et chasser. Rien n'est dit sur le filtrage des candidatures aux élections par la fiche bleue, les Services, l'enquête d'habilitation (traduire : d'allégeance) et l'administration locale. Rien n'est dit sur l'impossibilité de contrôler nos milliards par nous-mêmes. Rien n'est dit sur le 4ème mandat et sur Saïd Bouteflika. Rien n'est dit sur le droit de créer des partis politiques. Rien n'est dit sur l'indépendance de la Justice avec un Conseil de magistrature indépendant du téléphone. Rien n'est dit sur le droit de créer des journaux sans attendre l'assentiment de l'administration occulte. Rien n'est dit. Tout ce qui est dit, c'est que « je vais vous laisser zapper de temps en temps sur ma télé » et que l'état d'urgence va être levé et que le pays va être relancé. En terme technique, cela est insuffisant. Les Algériens attendaient plus. Ils avaient peur du chaos et de voir ce pays se détruire après des années de mort, et espéraient que le changement soit réel et profond pour que tout le monde gagne et que personne ne perd. Ils espéraient voir le rajeunissement, l'aveu, la responsabilité et le retour du rêve. Rien ou si peu pour nous éviter le pire qui se dessine. A la fin, encore, le cap est maintenu vers le drame : soit un Président prend les airs, soit le peuple prend la mer. Le feu des immolés contre le vent des discours. L'eau de la mer et la terre pas pour tous. Donner la télécommande de la télé ne suffit pas Citer Link to post Share on other sites
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