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Egypte : la magnifique leçon de solidarité


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L’image est terrible : fin janvier à Alexandrie, un jeune manifestant défie à mains nues les policiers armés. Une dame filme la scène à partir de son balcon. L’homme lève les mains et crie. Après quelques secondes, un policier tire et cible la tête du jeune égyptien. Mort sur le coup. Ces images ont été diffusées par Al Jazeera. Aucun autre média n’a osé les diffuser.

 

Des centaines d’égyptiens, grâce à leurs téléphones portables et des petites caméras, ont filmé les manifestations et les actes criminels des forces anti-émeutes, et ont alimenté Al Jazeera après la fermeture de ses bureaux au Caire. Ils ont également envoyé des images à d’autres chaînes telles que la BBC arabic et Al Hurra. Des dizaines de journalistes indépendants ont livré, et livrent toujours, leurs témoignages en direct à partir de Maidan Al Tahrir, au Caire, ou de la place Kaid Ibrahim à Alexandrie, aux chaînes d’information continue. Ils ont donné des détails importants sur les manœuvres de la police politique pour saboter la mobilisation contre le régime de Hosni Moubarak.

 

Une quinzaine de chaînes arabes, dont Al Hakika, Al Hiwar et Al Jadid, ont prêté leurs antennes à Al Jazeera par solidarité. Cet acte anti-censure est unique dans le monde arabe. Comme cet autre geste d’un couple qui a décidé de se marier en plein Maidan Al Tahrir. « Notre geste n’est pas folklorique. C’est un message aux générations futures. Nos enfants ne doivent pas vivre sous le même régime », a déclaré le jeune époux.

 

Des médecins volontaires ont créé à Maidan Al Tahrir et dans tous les autres lieux de rassemblement des hôpitaux de campagne pour soigner les manifestants. Ils ont refusé de rejoindre leurs postes dans les hôpitaux publics. Les habitants cotisent pour acheter de la nourriture et des boissons aux jeunes qui ne veulent pas quitter Maidan Al Tahrir avant la chute du dictateur.

 

Détenu pendant douze jours, le jeune Wael Ghenim, directeur Moyen Orient - Afrique du nord de Google, a été libéré après une forte pression des médias étrangers et des militants égyptiens des droits de l’homme. « Ne faites pas de moi un héros. On doit tout faire pour débarrasser le pays de la saleté qui le gouverne », a-t-il dit modestement aux journalistes. A Maidan Al Tahrir, les portraits des 300 victimes de la répression policière ont été affichés. « Ils sont tous jeunes et souriants. Moubarak, qui a les mains tachées de sang, doit payer pour cela », a déclaré un journaliste. Un autre s’est inquiété sur le nombre, encore imprécis, de disparus.

 

Le procureur de la République a été saisi -fait unique dans l’histoire- par des journalistes pour poursuivre tous les rédacteurs en chef des médias gouvernementaux pour corruption. Habib Al Adli, 74 ans, ex-ministre de l’Intérieur est, lui, livré à la vindicte populaire après avoir été accusé par le procureur d’avoir fomenté l’attentat terroriste contre l’Eglise copte d’Alexandrie fin décembre 2010 alors que Zoheir Djrana, ex-ministre du tourisme, est poursuivi pour avoir détourné des terrains. « Le pouvoir veut gagner du temps. Il prend des demi-mesures pour calmer le peuple. Et il joue sur l’essoufflement du mouvement de protestation. Il faut être vigilant », a averti un ancien procureur de la Cour de cassation qui a rejoint l’opposition.

 

Le cinéaste Khaled Youcef a estimé que la population en colère demande le changement, pas les réformes. « Les négociations avec le régime ne servent à rien. Il faut que le régime de Moubarak parte », a-t-il lancé sur Al Jazeera. Les jeunes contestataires ont crée un nouveau mouvement, « Coalition des jeunes de la révolution de la colère ». Chadi Ghazli, Ahmed Maher, Khaled Abdelhamid et Nasser Abdelhamid en sont les leaders. Leurs demandes : « départ de Moubarak, dissolution du Parlement, amendement de la Constitution ». En matière de slogan, ils innovent : « Suicide ? You can do it ! » (Suicide ? Tu peux le faire ! »).

 

Reprenant donc le fameux appel électoral de Barack Obama, ils invitent le Maître du Caire à mettre fin à sa vie après 30 ans de pouvoir sans partage. « Nous le disons haut et fort, aucun pays arabe ne peut plus se soustraire à ce mouvement irrépressible qui s’est donné clairement pour tâche de mettre fin au règne de l’arbitraire. L’aube qui s’est levée sur le monde arabe a maintenant couleur de dignité retrouvée et de liberté. Partout ailleurs, les peuples en ont pris acte », ont écrit, dans un appel, un groupe d’intellectuels arabe largement repris par la blogosphère et par les réseaux sociaux (la censure d’internet en Egypte n’a servi à rien).

 

Malgré les enjeux financiers, les hommes d’affaires ne sont pas en reste. Parmi les plus engagés, figure Naguib Sawiris, bien connu en Algérie car propriétaire d’Orascom Telecom Holding (OTH), maison mère de l’opérateur mobile Djezzy. Il fait partie d’un groupe informel connu sous le nom de Comité des sages, regroupant des personnalités locales. Après avoir pris part aux négociations entre l’opposition et le vice-président Omar Suleiman, Naguib Sawiris, est apparu lundi sur la chaîne de télévision par satellite dont il est propriétaire pour annoncer que les autorités lui avaient promis de relâcher lundi Wael Ghonim, responsable du marketing de Google pour le Proche-Orient et l'Afrique.

 

Au Caire, à Al Mansourah, à Alexandrie, à Suez et à Al Manoufia, les manifestations se poursuivent aux cris de : « Al chaab yourid iskat al nidham » (Le peuple veut la chute du régime).

 

In : tsa-algerie.com

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