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"Halal, police d'Etat" : flics algériens et parisiens dans une comédie bancale


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Une comédie sur la violence policière et le racisme des forces de l'ordre français. L'idée est bonne. Nécessaire même, dans le paysage très blanc et franchouillard de la comédie française. On doit à EuropaCorp, la société de Luc Besson, de l'avoir mise en chantier, et aux comiques Eric et Ramzy de l'avoir écrite et interprétée. La réalisation a été confiée à Rachid Dhibou, qui s'est rodé en faisant des "making of".

 

Bancal et foutraque, le film tente de réconcilier l'esthétique tapageuse de l'écurie Besson avec l'humour théorique et absurde d'Eric et Ramzy. Forcément inégal, il a le grand mérite de proposer un rire nouveau dans le cinéma français, le rire communicatif des enfants de l'immigration. En cela, et sans que cela préjuge de ses qualités artistiques, il se rattache plus à To Be or Not to Be, de Lubitsch, ou au Dictateur de Chaplin, deux comédies réalisées par des juifs sur la montée du nazisme, qu'aux nombreux films récents et sérieux sur le rapport de la France et de sa police à ses migrants. Avec une grande fraîcheur, Halal, police d'Etat torpille joyeusement les tabous, faisant des gags avec la pratique du halal, le racisme antichinois, la culture skinhead, autant qu'avec des propositions typiques de l'humour néodada d'Eric et Ramzy.

 

Au crédit du film, il faut d'abord mettre l'incarnation et l'expression orale. L'accent du bled, notamment, devient ici une véritable usine à gags : il est au coeur de l'histoire délirante du Kabyle, le personnage qu'interprète Eric. Après avoir reçu la visite d'un extraterrestre dans son village d'Algérie, il a perdu son accent arabe et récupéré en retour un accent parisien qu'il n'assume pas. Depuis, il vit terré chez lui, cachant au reste du monde un petit extra-terrestre rose qui attend de rentrer sur sa planète. Quand celui-ci lui demande d'aller à Paris, il en profite pour suivre Nerh-Nerh, un flic incompétent et crâneur génialement interprété par Ramzy. A la suite de l'assassinat d'une diplomate algérienne chez un épicier arabe, il a été envoyé en France pour mener l'enquête avec des flics parisiens.

 

Flic algérien contre flic parisien, c'est nullité contre nullité, cliché contre cliché, la représentation du cliché raciste servant aussi bien à le détourner. La méthode façonne le scénario à de multiples niveaux, comme un principe de mise en abîme. Ainsi, pour réfuter les hypothèses antichinoises des flics français, Nerh-Nerh fonde-t-il sa démonstration sur le fait qu'à partir de 5 heures les Chinois sentent le nem.

 

Dans certaines scènes, on retrouve l'humour de Seuls Two, la comédie absurde et géniale réalisée par Eric et Ramzy en 2008. La tonalité générale n'est toutefois pas aussi subtile. Après une première demi-heure de très bonne tenue, le film décline et n'offre plus que quelques petites saillies de-ci de-là. Il n'en reste pas moins éminemment sympathique.

 

[YOUTUBE]4vK7tN0BfQc[/YOUTUBE]

Film français de Rachid Dhibou avec Eric et Ramzy. (1 h 38.)

 

Isabelle Regnier

Le Monde

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