ILABDA 10 Posted February 28, 2011 Partager Posted February 28, 2011 Mouloud Mammeri meurt le soir du 26 février 1989 des suites d'un accident de voiture, qui eut lieu près de Aïn-Defla à son retour d'un colloque d'Oujda (Maroc). Le 27 février, sa dépouille est ramené à son domicile, rue Sfindja (ex Laperlier) à Alger. Mouloud Mammeri est inhumé, le lendemain, à Taourirt Mimoun. Ses funérailles furent spectaculaire : plus de 200 000 personnes assistèrent à son enterrement. Aucun officiel n'assista à la cérémonie alors qu'une foule compacte scandait des slogans contre le pouvoir en place. Citation « Vous me faites le chantre de la culture berbère et c'est vrai. Cette culture est la mienne, elle est aussi la vôtre. Elle est une des composantes de la culture algérienne, elle contribue à l'enrichir, à la diversifier, et à ce titre je tiens (comme vous devriez le faire avec moi) non seulement à la maintenir mais à la développer. » REPOSE EN PAIX ! Citer Link to post Share on other sites
ILABDA 10 Posted February 28, 2011 Author Partager Posted February 28, 2011 da lmulud - MOULOUD MAMAERI LE PERE DE TAMAZIGHT Mouloud Mammeri est né le 28 décembre 1917 à Taourirt Mimoune (Ath-Yenni) athyanni.tk en Haute Kabylie. Il fait ses études primaires dans son village natal. En 1928 il part chez son oncle à Rabat (Maroc), où ce dernier est alors le précepteur de Mohammed V. Quatre ans après il revient à Alger et poursuit ses études au Lycée Bugeaud (actuel Lycée Emir Abdelkader, à Bab-El-Oued, Alger). Il part ensuite au Lycée Louis-le-Grand à Paris ayant l'intention de rentrer à l'École normale supérieure. Mobilisé en 1939 et libéré en octobre 1940, Mouloud Mammeri s’inscrit à la Faculté des Lettres d’Alger. Remobilisé en 1942 après le débarquement américain, il participe aux campagnes d’Italie, de France et d’Allemagne. À la fin de la guerre, il prépare à Paris un concours de professorat de Lettres et rentre en Algérie en septembre 1947. Il enseigne à Médéa, puis à Ben Aknoun et publie son premier roman, La Colline oubliée en 1952. Sous la pression des événements, il doit quitter Alger en 1957. De 1957 à 1962, Mouloud Mammeri reste au Maroc et rejoint l'Algérie au lendemain de son indépendance. De 1965 à 1972 il enseigne le berbère à l'université dans le cadre de la section d'ethnologie, la chaire de berbère ayant été supprimée en 1962. Il n'assure des cours dans cette langue qu'au gré des autorisations, animant bénévolement des cours jusqu’en 1973 tandis que certaines matières telles l’ethnologie et l’anthropologie jugées sciences coloniales doivent disparaître des enseignements universitaires. De 1969 à 1980, il dirige le Centre de Recherches Anthropologiques, Préhistoriques et Ethnographiques d’Alger (CRAPE). Il a également un passage éphémère à la tête de la première union nationale des écrivains algériens qu’il abandonne pour discordance de vue sur le rôle de l’écrivain dans la société…….. Mouloud Mammeri recueille et publie en 1969 les textes du poète kabyle Si Mohand. En 1980, c'est l'interdiction d'une de ses conférences à Tizi-Ouzou sur la poésie kabyle ancienne qui est à l'origine des événements du Printemps berbère…….. En 1982, il fonde à Paris le Centre d’Études et de Recherches Amazighes (CERAM) et la revue Awal (La parole), animant également un séminaire sur la langue et la littérature amazighes sous forme de conférences complémentaires au sein de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Ce long itinéraire scientifique lui a permis de rassembler une somme d’éléments fondamentaux sur la langue et la littérature amazighes. En 1988 Mouloud Mammeri reçoit le titre de docteur honoris causa à la Sorbonne. Citer Link to post Share on other sites
dihya.roufi 10 Posted February 28, 2011 Partager Posted February 28, 2011 c'est un grand homme,prenant la culture algerienne dans son intègritè ,son authenticitè,sa richesse et comme element unificateur de l'algerie Citer Link to post Share on other sites
Licorne 10 Posted February 28, 2011 Partager Posted February 28, 2011 Paix à son âme. [YOUTUBE]a8H-Pz-4kgs[/YOUTUBE] Citer Link to post Share on other sites
Guest misn'thmourth Posted February 28, 2011 Partager Posted February 28, 2011 tanmirt ik ILABDA d Argaz ggar Irgazen ... felas ya3fu rebi yarhem Citer Link to post Share on other sites
Guest jagellon Posted February 28, 2011 Partager Posted February 28, 2011 Plus qu'un grand homme.Un visionnaire réaliste.La traversée est l'une des œuvres littéraires algériennes qui racontent le mieux le marasme politicard dans lequel on a versé depuis 1962 Allah yarhamou Citer Link to post Share on other sites
dihya.roufi 10 Posted March 1, 2011 Partager Posted March 1, 2011 nous avons aujourd'hui tellement besoin de ces intellectuels èclairès,patriotes s'investissant aupres du peuple pour l'accompagner pour un veritable reveil,fait de maturitè et de conscience........les hommes à l'image de cet homme ,ou sont -ils????ON A TELLEMENT BESOIN D'EUX......S'ils sont morts,qu'on rescusite leur paroles,leurs ecrits....s'ils sont loins dans l'exil ou dans l'inaction,qu'ils rèagissent !!! Citer Link to post Share on other sites
walidb 10 Posted March 1, 2011 Partager Posted March 1, 2011 Vous me faites le chantre de la culture berbère et c'est vrai. Cette culture est la mienne, elle est aussi la vôtre. Elle est une des composantes de la culture algérienne, elle contribue à l'enrichir, à la diversifier, et à ce titre je tiens (comme vous devriez le faire avec moi) non seulement à la maintenir mais à la développer. Au nom de ce principe je ne pense pas qu'il serait très content de voir le repli identitaire kabyle. Lui le penseur qui tendait vers l'universel, lui qui s’intéressait à l'Amazighité au sens le plus large, lui qui a passé des années à sillonner le sud à la recherche du savoir conservé par les Touaregs... Cette homme-là. Je ne pense pas qu'il serait enthousiaste de voir le succès des thèses séparatistes en Kabylie. Citer Link to post Share on other sites
ILABDA 10 Posted March 1, 2011 Author Partager Posted March 1, 2011 Au nom de ce principe je ne pense pas qu'il serait très content de voir le repli identitaire kabyle. Lui le penseur qui tendait vers l'universel, lui qui s’intéressait à l'Amazighité au sens le plus large, lui qui a passé des années à sillonner le sud à la recherche du savoir conservé par les Touaregs... Cette homme-là. Je ne pense pas qu'il serait enthousiaste de voir le succès des thèses séparatistes en Kabylie. "y' a pas feu " à la maison comme on dit ,la notion de kabyle ne vaut rien sans la berbériste, ce projet vise non seulement a démarquer les Kabyles ( heureusement ce n’est pas le cas) du reste de L’Afrique du nord entriere mais aussi a faire du Kabyle une langue a part . franchement , proposer l'autonomie de trois wilaya , ce n’est que prendre le pire de nous-mêmes ??? les Kabyles sont beaucoup plus sages et nettement plus visionnaires que les idées ravageuses que certains petits "club" de politiciens à courte vue cherche en vain à semer en Kabylie. Les Algériens arabophone et les algériens Kabyles cherchent une vie décente, c'est pour cela que le projet autonomie est une idée impopulaire dans la région. La Kabylie n’a pas le goût de l'autonomie et ne rêve pas d’une "révolution conservatrice". non plus ! Citer Link to post Share on other sites
Guest misn'thmourth Posted March 1, 2011 Partager Posted March 1, 2011 "y' a pas feu " à la maison comme on dit ,la notion de kabyle ne vaut rien sans la berbériste, ce projet vise non seulement a démarquer les Kabyles ( heureusement ce n’est pas le cas) du reste de L’Afrique du nord entriere mais aussi a faire du Kabyle une langue a part . franchement , proposer l'autonomie de trois wilaya , ce n’est que prendre le pire de nous-mêmes ??? les Kabyles sont beaucoup plus sages et nettement plus visionnaires que les idées ravageuses que certains petits "club" de politiciens à courte vue cherche en vain à semer en Kabylie. Les Algériens arabophone et les algériens Kabyles cherchent une vie décente, c'est pour cela que le projet autonomie est une idée impopulaire dans la région. La Kabylie n’a pas le goût de l'autonomie et ne rêve pas d’une "révolution conservatrice". non plus ! l'Algérie Algérienne avec ses différences et ses richesses ou le peuple avancerait à l'unisson ..... Citer Link to post Share on other sites
ILABDA 10 Posted March 1, 2011 Author Partager Posted March 1, 2011 interview de Mouloud Mameri par Aomar Ait Aider présentation du personnage Ecrivain reconnu ou décrié dès son premier roman, la colline oubliée, publié en 1952 à Paris, directeur du centre de recherches anthropologiques, préhistoriques et ethnographiques d’Alger puis du centre d’études et de recherches amazigh à Paris, fondateur de la revue Awal, dramaturge, nouvelliste… Mouloud Mammeri peut se présenter sous d’autres facettes encore mais toujours dérangeantes car se rapportant inévitablement à la promotion de la berbérité. Outre les nombreux ouvrages qu’il publia, Mouloud Mammeri aura beaucoup communiqué (conférences, interviews, contact direct…) : il avait un héritage à transmettre aux générations montantes sous forme de vers recueillis patiemment et minutieusement chez imusnawen, les sages, un esprit de résistance-construction à la « Jugurtha-Massinissa » à insuffler aux siens, et d’autres trésors que lui révélèrent ses recherches historiques et ethnologiques comme l’Ahellil du Gourara qu’il voulait partager avec l’humanité entière. Exposer partout et à tout le monde, inlassablement, cette grande découverte qu’il fit très jeune - l’Algérie et même toute l’Afrique du nord a des origines berbères mais qui sont menacées- telle était la mission dont il s’était senti très tôt investi. Elle consistait à faire prendre conscience à son peuple de son appartenance à une culture différente de celle qu’on lui attribuait officiellement et organiser une résistance face aux visées nihilistes des nouveaux Etats de l’Afrique du nord où l’idéologie islamo- baathiste fut portée au pouvoir au lendemain de la décolonisation. Face à l’hégémonie de la culture arabo-musulmane il cultivera sa différence et celle de son peuple. Il affirmera avec force conviction : « Je crois en la préservation de la culture berbère, mais aussi à son développement. » Autonome, ivre de liberté, il ira partout, répétant : « Nekwni d Imazighen. Nous sommes des Berbères.» Le pouvoir feint d’ignorer Mammeri qui, tout au long de sa vie, n’aura eu droit qu’à un passage à la télévision et qui se résuma en quelques insultes proférées à son endroit au printemps 1980. Mais, ignorer le porteur d’une idée n’empêche pas celle-ci de se propager. Et Mammeri ne tarda pas à avoir beaucoup de disciples. Peu à peu, c’est tout son peuple qui se reconnut en lui et le reconnut comme le dépositaire de sa sagesse, l’éclairé qui guide, l’institution que l’Etat central a toujours refusé de reconnaître. Il accepta la charge, trouva l’énergie pour défricher et le temps pour écouter et orienter. Citer Link to post Share on other sites
ILABDA 10 Posted March 1, 2011 Author Partager Posted March 1, 2011 L’objet de la communication Cette contribution se propose de révéler, sur la base de l’analyse d’une interview filmée, certains traits de caractère et une forme d’engagement intellectuel de Mammeri peu ou pas connus. L’interview fut réalisée en août 1984, chez lui, sur les hauteurs d’Alger. D’une manière quasi clandestine. La vidéo en était à ses débuts, et posséder une caméra attirait des soupçons. De retour de formation, la police des frontières ne me posa aucune question sur l’usage que j’allais faire du fusil de chasse que je ramenai avec moi, mais je fus soumis à un interrogatoire poussé sur l’exploitation de ce matériel vidéo peu courant. Bien évidemment, M. Mammeri fut ravi des possibilités qu’offrait cette nouvelle technologie, notamment En matière de liberté et d’autonomie de « filmer ». Il gardait encore un peu d’amertume de l’adaptation qui fut faite à l’écran de son roman « L’opium et le bâton». L’interview fut conçue de façon à « démultiplier » Mammeri le conférencier car, même s’il est vrai qu’il avait une endurance physique remarquable, il ne pouvait répondre à toutes les sollicitations. Ses réponses aux questions posées furent de véritables cours magistraux d’histoire et de géopolitique. Pour prouver clairement qu’on peut enseigner Tamazight ou d’autres disciplines en Tamazight l’entretien fut mené complètement en kabyle. Trois thèmes furent abordés : 1. L’enseignement du berbère 2. La répartition géographique des Berbères (évolution au cours du temps) 3. L’histoire des Berbères De cette interview, nous avons extrait des passages montrant l’intelligence, la subtilité et le sérieux de Mammeri dans sa démarche à faire reconnaître la berbérité de son peuple mais aussi sa malice et le ton ironique qu’il adopte face à certaines situations ridicules que crée le pouvoir. Ces extraits mettent surtout en évidence sa lucidité : « Il ne peut y avoir d’Etat berbère et même pas d’épanouissement culturel sans pouvoir politique. » Son engagement dans un combat culturel rejoint celui des leaders des mouvements de libération africains pour qui : « Tout combat de libération est avant tout un combat culturel, et c’est l’avancée culturelle qui conditionnera celle politique. » Enseignement de Tamaziγt Sur son introduction à l’université, M. Mammeri dit : « A l’indépendance, en 1962, j’avais acquis tous les diplômes qui se délivraient sur Tamazight, que ce soit à Paris, Rabat ou ici même à Alger. J’avais donc décidé de l’enseigner à mon tour. Je me suis naturellement rapproché de ceux qui avaient en charge l’éducation et l’enseignement à l’époque. Ma proposition ne les emballa point. ‘Le pays a d’autres priorités’, m’expliqua-t-on. Il m’a fallu donc chercher d’autres voies et moyens. A l’époque, j’enseignais à l’université un module d’ethnologie. Ce fut par le biais de ce module que j’introduisis Tamazight à l’université. Son enseignement fut toléré jusqu’en 1973, même si la discipline que j’enseignais officiellement, l’ethnologie, fut supprimée entre-temps. » Sur son exclusion, Mammeri rajoute : « A partir de 1969, il fallait que, chaque année, je trouve un subterfuge pour son enseignement. Lorsque vint la réforme universitaire, on m’exigea une autorisation spéciale pour l’enseigner. J’ai donc rédigé une lettre, une longue lettre que j’ai envoyée au ministre…A ce jour, onze ans après, aucune réponse ne m’est parvenue. Tamazight, l’affaire de tous. Mais, M. Mammeri ne renonce jamais. Chassée de l’université, Tamazight se retrouve dans la rue, dans les librairies, dans les foyers, à portée de tous, sous forme d’un livre de grammaire « Tajerrumt n Tmaziγt », publié en 1974. M.Mammeri prévient : « Win itruzzun asalu ixeddem aken yufa maci aken yebγa. » Ceux qui veulent prendre part au vaste chantier de sauvetage et de promotion de la langue et de la culture berbères doivent trouver eux même les outils nécessaires à la réalisation de leur tache, chacun dans son domaine : émissions radiophoniques, chanson, littérature, histoire, théâtre, les sciences, la publication de revues…Tout ce qui pouvait contribuer à l’éveil des consciences. M.Mammeri se trouva ainsi en amont d’un vaste mouvement qui déclencha au printemps 1980 une révolte populaire considérée depuis comme l’acte fondateur de l’Algérie démocratique. Dès lors, Tamaziγt avait cessé d’être une affaire d’initiés. Toutes les couches de la société s’emparèrent de la question. Tamazγa : de l’oasis de Siwa jusqu’aux Iles Canaries Sur la présentation du point concernant la répartition géographique nous avons choisi de retenir le passage relatif aux îles Canaries qu’il montre du doigt sur la photo. « Voici les îles Canaries. Depuis que les Espagnols les ont envahies, l’usage de Tamaziγt a pratiquement disparu. Toutefois, il existe un mouvement de libération de ces îles. Son leader est ici à Alger. Le mouvement se bat pour que les îles Canaries redeviennent berbères. » Ce ne sera que des années plus tard, lorsque Antonio Cubillo, le leader du mouvement pour l’autodétermination et l’indépendance de l’archipel canarien, le MPAIAC, rendra public l’apport de M. Mammeri à son mouvement que l’on se rendra compte de l’influence considérable qu’il exerça sans qu’il eut à le chanter sur les toits. Voici entre autre ce que conseillait M. Mammeri à Antonio Cubillo : « Il faut faire découvrir à ton peuple le sens de la continuité historique parce que les Espagnols ont essayé d’effacer sa mémoire historique. Les colonisateurs ont toujours essayé d’effacer la mémoire historique des peuples pour les abrutir et mieux les dominer. Un peuple sans conscience historique n’est pas un peuple ou si tu veux c’est un peuple analphabète. Le devoir des intellectuels et des hommes politiques engagés dans la lutte de libération est de leur enseigner leur histoire et réveiller leur conscience historique pour qu’un jour ils se lèvent et luttent pour leur patrie soumise. » D’une certaine manière, M. Mammeri reprenait à son compte la devise chère à Massinissa : l’Afrique aux Africains. C’est pourquoi, il s’intéressa beaucoup aux mouvements de décolonisation de Tamazγa mais aussi de l’Afrique, de toute l’Afrique. Relation culture-politique On a beaucoup dit de Mammeri que c’est un culturaliste qui ne s’occupe pas de politique. Pourtant, M. Mammeri, en toute lucidité, nous explique dans l’extrait qui suit que c’est la politique qui détermine la force d’une langue et d’une culture : « …En débarquant chez nous, les Romains eurent d’abord à affronter les Phéniciens. Après leur victoire, ils substituèrent le latin au phénicien…Pour que les Berbères puissent ériger leur langue, il faudrait qu’il disposent d’un Etat. Culture et politique sont intimement liées. Si tu détiens le pouvoir politique, tu peux instituer ta langue et ta culture, mais si le pouvoir est entre les mains d’autres, tu peux, à la limite, continuer à t’exprimer dans ta langue, mais tu ne pourras jamais en faire une langue d’Etat, une langue officielle qui serait utilisée par les tenants du pouvoir et les administrations. C’est pourquoi, on peut avoir quelque regret car cela aurait pu se réaliser sous les Almohades ou les Almoravides qui sont des Etats berbères…Mais en fait des Etats dirigés par des Berbères pour le compte de l’Islam. Tant qu’un peuple n’a pas le pouvoir politique, au sens où il décide de façon tranchée de ce qui lui convient, j’ai l’impression, j’en suis même sûr, que la culture, tout comme le pays, sera sous domination. C’est ce qui nous est arrivé jusqu’à aujourd’hui. » Conclusion Moins de trois années avant sa mort, M. Mammeri confia à Tahar Djaout : « Le nombre de jours qui me restent à vivre, Dieu seul le sait. Mais quel que soit le point de la course où le terme m’atteindra, je partirai avec la certitude chevillée que quels que soient les obstacles que l’histoire lui apportera, c’est dans le sens de sa libération que mon peuple ira. » Ce ne fut pas sa dernière réplique, il eut, par exemple, le temps d’aller au Maroc pour réaffirmer son attachement à la construction de Tamazγa, mais même si nous devons désormais nous passer de son intelligence et de sa lucidité rassurantes, il nous restera cette recommandation : tout combat de libération est avant tout un combat culturel. PRENONS LE COMME NOTRE EXEMPLE ! Citer Link to post Share on other sites
ILABDA 10 Posted March 2, 2011 Author Partager Posted March 2, 2011 JE VOUS REMERCIE TOUS POUR VOS INTERVENTIONS ET AVANT DE FERMER LE SUJET JE POSTE EN VOTRE NOM A TOUS LE LETTRE DE TAHAR DJAOUT A ADRESSEE A DA LMULUD Cette lettre a été écrite par Tahar Djaout après la mort (le 25 février 1989) de Mouloud Mammeri en 1989 et a été publiée par AWAL. Comme il va être dur de devoir désormais parler de toi au passé! Quelques heures après ta mort, que ta famille et tes amis ignoraient encore, un universitaire qui venait d'assister à ce colloque d'Oujda d'où tu revenais toi aussi m'entretenait de toi. Il me disait, entre autres, que tu avais passé sept heures à la frontière; trois heures et demie du côté algérien et autant du côté marocain. En dépit de ce que tu as donné à la culture maghrébine, tu demeurais un citoyen comme les autres, un homme qui n'a jamais demandé de privilèges qui a, au contraire, refusé tous ceux qui lui ont été proposés. Depuis le prix littéraire qui a couronné ton premier roman et que tu as refusé d'aller recevoir, tu t'es méfié de toutes les récompenses parce que tu savais qu'elles demandaient des contreparties. Tu n'étais pas de ces écrivains qui voyagent dans les délégations officielles, dans les bagages des ministres ou des présidents, et qui poussent parfois le cynisme jusqu'à écrire, une fois rentrés, des articles contre les intellectuels aux ordres des pouvoirs ! Tes rapports avec le pouvoir (tous les pouvoirs) ont été très clairs; une distance souveraine. Tu étais, au lendemain de l'indépendance, président de la première Union d'écrivains algériens. Mais le jour ou l'on était venu t'informer que l'Union allait passer sous l'autorité du Parti, tu avais remis le tablier avec cette courtoisie seigneuriale qui t'est coutumière. Tu n'acceptais aucune contrainte, aucun boulet à ton pied, aucune laisse à ton cou. Tu étais par excellence, UN HOMME LIBRE. Et c'est ce que AMAZIGH veut dire. Cette liberté t'a coûté cher. De toute façon, tu en savais le prix et tu l'a toujours accepté. Tu as été peut-être le plus persécuté des intellectuels algériens, toi l'un des fils les plus valeureux que cette nation ait jamais engendrés. Le soir ou la télévision avait annoncé laconiquement et brutalement ta mort, je ne pus m'empêcher, en dépit de l'indicible émotion, de remarquer que c'était la deuxième fois qu'elle parlait de toi; la première fois pour t'insulter lorsque, en 1980, une campagne honteusement diffamatoire a été déclenchée contre toi et la deuxième fois, neuf ans plus tard, pour nous annoncer ta disparition. La télévision de ton pays n'avait aucun document à nous montrer sur toi; elle ne t'avait jamais filmé, elle ne t'avait jamais donné la parole, elle qui a pérennisé en des kilomètres de pellicule tant d'intellectuels approximatifs, tant de manieurs de plume aux ordres du pouvoir. Mais je vais clore là le chapitre navrant et long des brimades. Ce serait faire affront à ta générosité et à ta noblesse d'âme que de m'attarder à l'énumération des injustices, des diffamations qui glissaient sur toi comme de simples égratignures, qui te faisaient peut-être mal à l'intérieur mais ne transparaissaient pas. Tes préoccupations étaient ailleurs, tu avais autre chose à faire. Et puis, tu respectais trop les autres, même lorsqu'ils te faisaient du mal. Sans avoir jamais prétendu donner de leçon, ta vie, ton comportement, ton courage et ton intégrité constituaient en eux mêmes un exemple et une leçon. C'est pourquoi, toi l'homme modeste et brillant qui ne se montre gèné et pris de court que lorsqu'il s'agit de lui-même, tu as toujours été au cœur de ce qui fait ce pays. Et les 200 000 personnes venues de toute l'Algérie escalader ces "chemins qui montent" pour t'accompagner à ton ultime demeure au cœur du Djurdjura témoignent en quelque sorte de cela. Toi l'homme pacifique et courtois, toi qui ne claques les portes que lorsqu'un pouvoir ou une chapelle quelconque tente de t'embrigader, tu as aidé, non par des déclarations fracassantes, mais par ta lucidité, par ton travail intellectuel minutieux et soutenu, au lent cheminement de la tolérance et de la liberté. Qui peut oublier les débuts de l'année 80 ? Des hommes qui nient une partie de la culture de ce peuple (tout le monde heureusement a oublié leurs noms, car ce ne sont pas des noms que l'histoire retient) t'interdisent de prononcer une conférence sur la poésie kabyle. De partout, de Bejaia, de Bouira, de Tizi-Ouzou, la Kabylie se lève pour défendre ses poètes. Et c'est toute l'Algérie qui, peu a peu, année après année, rejettera les baillons, les exclusions, les intolérances, la médiocrité et qui un jour d'octobre descendra dans la rue pour l'affirmer en versant une fois encore son sang. Toi, l'humaniste sceptique et indépendant qui n'a jamais assené de vérité, qui n'a jamais jugé personne, tu étais, presque malgré toi, en amont d'une prise de conscience. Et voici que nous devons désormais nous passer de ta présence chaleureuse et brillante, de ta superbe intelligence, de ta bonne humeur à toute épreuve, de ton endurance physique (on peut difficilement t'imaginer malade, par exemple) qui te faisait faire des centaines de kilomètres par jour pour aller donner bénévolement une conférence et remonter tout de suite après dans ta voiture. Tu es mort au volant de ta 205 (une voiture de jeune) comme le jeune homme fougueux que tu as toujours été. Sois rassuré, Da Lmulud, la dernière image que je garderai de toi ce n'est pas celle, émouvante, du mort accidenté que j'ai vu mais celle de ce jeudi 16 février ou nous nous étions retrouvés avec d'autres amis à Ighil-Bwamas pour discuter du tournage d'un film. Tu étais élégant et alerte comme toujours, en tennis. Tu étais le premier au rendez-vous. Tu nous plaisantais sur notre retard, disant que tu croyais te tromper de jour. Tu étais aussi le premier à repartir , toujours disponible et toujours pressé. Tu avais beaucoup de choses à faire, à donner à cette culture que tu as servie généreusement, sans rien demander en retour, supportant au contraire avec dignité les brimades que ton travail t'attirait. Tu étais impatient en ce jeudi 16 février comme si tu savais déjà que le temps pressait. Je te vois monter dans ta 205 et démarrer bruyamment sur la route difficile tandis que nous étions encore à bavarder. C'était la dernière fois que je devais te voir vivant. La jeunesse assoiffée de culture et de liberté t'a toujours reconnu comme l'une de ses figures symboliques, quelques intellectuels et artistes t'ont toujours témoigné amitié, respect ou admiration dans les moments les plus difficiles. Mais ces derniers mois, c'est tout le monde intellectuel et médiatique algérien qui a commencé à comprendre ton importance et qui a recherché ton point de vue. C'est vrai que certains médias, qui avaient peur de "se compromettre", te sont demeurés fermes jusqu'à ta mort. Mais que de projets auxquels des gens voulaient t'associer ! que de journaux t'ont interviewé ! Et toi, porte et comme enivre par cette brise de liberté, tu te démenais, tu prenais ta voiture, sillonnais les routes et te rendais partout ou l'on te sollicitait. Oran, Ain-El-Hammam (ou tu devais rendre hommage à Si Mohand ou Mhand et ou l'on t'avait offert un burnous), Bejaia. Et enfin Oujda. Au mois de janvier, à Bejaia, ta conférence sur la culture berbère a drainé tellement de monde qu'aucun édifice ne pouvait le contenir. Et c'est dans le stade de la ville que des milliers de gens t'ont écouté et ont discuté de leur culture. Quelle belle revanche sur l'interdiction de ta conférence en 1980 ! Quel trajet parcouru depuis cette date sur le chemin de l'expression libre ! Je te revois à cette époque ou nous préparions l'entretien qui allait paraître aux éditions Laphomic. Je me rappelle la vivacité de ton intelligence, ton sens de la repartie, ta pudeur et ta gène lorsque nous sortions du domaine de l'esthétique ou des idées et que je te demandais de parler de toi-même ( ton combat nationaliste, par exemple, ton militantisme au MTLD, ce que tu as souffert durant la guerre, tu ne les évoquais jamais même lorsqu'on te contestait ton passé ou qu'on t'en fabriquait un autre ). Je me rappelle surtout ta jeunesse indéfectible. Je nous revois prenant des glaces dans l'un de ces innombrables salons de thé qui encombrent la rue Ben M'hidi ou dans le café "Le Véronèse" à Paris. Tu seras toujours près de nous, éternel jeune homme des Ath Yenni et d'Algérie. Qim di lehna Tahar Djaout Citer Link to post Share on other sites
MissK 10 Posted March 2, 2011 Partager Posted March 2, 2011 merci pour la lettre paix à son ame!!! Citer Link to post Share on other sites
Guest bref03 Posted March 2, 2011 Partager Posted March 2, 2011 « Vous me faites le chantre de la culture berbère et c'est vrai. Cette culture est la mienne, elle est aussi la vôtre. Elle est une des composantes de la culture algérienne, elle contribue à l'enrichir, à la diversifier, et à ce titre je tiens (comme vous devriez le faire avec moi) non seulement à la maintenir mais à la développer. » un homme respectueux et respectable, paie a ton âme monsieur Citer Link to post Share on other sites
Guest misn'thmourth Posted March 2, 2011 Partager Posted March 2, 2011 azul felawen .... Le pouvoir feint d’ignorer Mammeri qui, tout au long de sa vie, n’aura eu droit qu’à un passage à la télévision et qui se résuma en quelques insultes proférées à son endroit au printemps 1980. Mais, ignorer le porteur d’une idée n’empêche pas celle-ci de se propager. Et Mammeri ne tarda pas à avoir beaucoup de disciples. Peu à peu, c’est tout son peuple qui se reconnut en lui et le reconnut comme le dépositaire de sa sagesse, l’éclairé qui guide, l’institution que l’Etat central a toujours refusé de reconnaître. le "pouvoir" a de tout temps ete ainsi avec tous ceux qui pouvaient les deranger dans leurs "affaires" ... ignorer tout ce qui peut apporter une avancer à ce peuple .... une video trouvé [YOUTUBE]pqJlqNH46ME[/YOUTUBE] un passage que j'ai apprecié dans les début de cette vidéo ..... Le nombre de jours qu'il me reste à vivre, Dieu seul le sait .... Mais quelque soit le point de la course où le terme m'atteindra je partirai avec la certitude chevillée que quelque soient les obstacles que l'histoire lui apportera c'est dans le sens de sa libération que mon peuple et avec lui les autres ira .... L'ignorance les préjugés l'inculture peuvent un instant entraver ce libre mouvement mais il est sûr que le jour inévitablement viendra où l'on distinguera la vérité de ses faux semblants ... Citer Link to post Share on other sites
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