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Les Pays Émergents Malades De La Hausse Des Prix


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Les pays émergents malades de la hausse des prix

LE MONDE | 30.10.07 | 14h24 •

 

Nombre de pays émergents sonnent le tocsin. Ne parlons pas du Zimbabwe et de sa hausse des prix de 8 000 % en rythme annuel : l'incurie du gouvernement de Harare est trop atypique.

 

En revanche, Vladimir Poutine redoute à juste titre les 10 % d'augmentation des prix - vraisemblables cette année en Russie - et leurs conséquences sur l'élection présidentielle de mars 2008. Soulignons aussi les 10 % de hausse constatés, lundi 29 octobre, par les experts du Fonds monétaire international (FMI) dans les pays pétroliers du Golfe.

 

 

Sans oublier l'alarme de Jacques Diouf, le directeur général de l'Agence des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), qui confie au Financial Times du même jour : "Si les prix continuent à augmenter, je ne serais pas surpris que l'on assiste à des émeutes de la faim", se souvenant des troubles de 2006 au Mexique, au Yémen et au Burkina Faso, où les prix alimentaires avaient flambé.

 

L'inflation ne concerne pas les pays industrialisés et demeure, malgré quelques soubresauts, à près de 2 % aux Etats-Unis comme en Europe, et moins encore au Japon. Mais elle frappe de plein fouet l'Afrique du Sud, où elle accélère de 4,9 % en 2006 à 7,2 % ; la Chine, qui ambitionnait de ne pas dépasser 3 % cette année et qui a atteint 6,2 % en septembre ; le Vietnam, qui est à 8,8 %. L'hyperinflation gagne irrésistiblement l'Iran : 13,5 % en mars, 16 % en octobre et vraisemblablement 20 % à la fin de l'année.

 

"Dans les pays en développement, la cause principale d'inflation est l'augmentation des prix des produits de base alimentaires qui pèsent beaucoup plus dans les budgets des ménages que dans les pays développés, explique Boris Cournède, économiste à la division des politiques monétaires et économiques de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). De même, pour les prix de l'énergie."

 

Il faut aussi incriminer le manque de concurrence dans beaucoup de pays émergents. Lorsque l'emprise politique (partis communistes chinois ou vietnamien, pasdarans iraniens, silovikis russes, bolivariens vénézuéliens) s'étend au commerce, à la finance et à l'industrie, le consommateur subit de plein fouet des prix arbitraires. Ces pays connaissent une croissance bien supérieure à 5 % par an, la Chine culminant à 11,5 %. Leurs exportations de produits finis ou de matières premières leur valent des entrées massives de devises soit en raison d'excédents de leur balance des paiements, soit à cause des investissements étrangers qui veulent profiter de leur croissance. Cet afflux provoque une hausse de la masse monétaire en circulation et de la demande domestique. L'inflation s'ensuit inévitablement.

 

PAIX SOCIALE

 

Le cas de la Chine illustre la difficulté à traiter le mal inflationniste. "Les Chinois n'ont pas d'autre solution que de laisser leur monnaie s'apprécier pour calmer l'inflation, qui est une gangrène absolue, puisqu'elle pénalise les plus pauvres, affirme Daniel Cohen, professeur à l'Ecole normale supérieure et à Paris-I. Mais ils hésitent à le faire parce qu'ils savent que, s'ils réévaluent le yuan, ils augmenteront de facto le pouvoir d'achat des côtiers qui jouissent déjà de revenus importants et de devises." Un cercle tout à fait vicieux.

 

L'efficacité désinflationniste d'une monnaie forte - et d'une banque centrale indépendante et prudente - est confirmée par le sort des pays africains de la zone franc. L'inflation de ceux-ci progresse de quelque trois points de moins que celle de leurs voisins, en raison de l'arrimage du franc CFA à l'euro fort... qui pénalise leur compétitivité à l'export.

 

Si l'on excepte les politiques budgétaires restrictives qui ont eu le mérite de réduire la dette et les déficits dans les pays industrialisés, les remèdes à l'inflation relèvent le plus souvent d'un opportunisme à courte vue et coûteux. Dans la panoplie, le contrôle des prix occupe la première place. C'est lui que M. Poutine a choisi en faisant signer "volontairement", le 24 octobre, aux producteurs et aux distributeurs russes de produits alimentaires un gel des prix du lait, du fromage, des oeufs, du pain et de l'huile, jusqu'à la fin de l'année (Le Monde du 26 octobre).

 

Vient en deuxième rang l'abaissement des droits de douane sur les produits de première nécessité, comme l'a pratiqué le Maroc pour le blé.

 

Troisième outil - et avec les mêmes effets ravageurs sur le budget de l'Etat -, les subventions qui permettent de maintenir les prix artificiellement bas : l'Egypte y a recours pour des produits alimentaires de base ; l'Iran consacre une dizaine de milliards de dollars (6,9 milliards d'euros) à maintenir le prix du litre d'essence au quart de sa valeur. Les gouvernements veulent la paix sociale et la victoire électorale à tout prix.

Alain Faujas

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