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Pourquoi nous marcherons le 19 mars.


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Guest Zancko

Le salon est assez grand pour accueillir une dizaine de personnes, mais elles ne sont que cinq à peaufiner les derniers préparatifs pour la tenue de la marche du 19 mars.

 

Date historique du cessez-le-feu que ces jeunes veulent réinvestir du concept de cessez la hogra. Hassan, 28 ans, universitaire au chômage, fait les cent pas. Samy, 25 ans, DJ, reste calme. Khaled, 26 ans, employé dans une boîte de communication, lui, ne quitte pas l’écran de son ordinateur des yeux. Il suit de près les derniers commentaires publiés sur la page du groupe sur facebook. Les idées fusent, le débat s’anime. Ils cherchent de nouvelles idées pour mieux porter la cause. C’était mardi à 19h au domicile d’un des initiateurs de l’action du 19 mars : la dernière réunion d’organisation, à J-2 de la fameuse marche de la jeunesse. Fameuse par l’originalité de sa démarche anonyme, mais aussi par la polémique qu’elle soulève.

«L’anonymat sert à manipuler les gens. Vous êtes forcément un parti politique qui se cache», peut-on lire entre deux messages de soutien sur le mur du groupe.

 

 

Exemple révélateur des doutes et de la suspicion soutenus que suscite le groupe depuis le lancement de l’action au début du mois. Qui sont ces jeunes ? Ils ne s’en cachent plus. «Juste des jeunes soucieux du devenir de leur pays», répond l’un d’entre eux. Et d’ajouter : «A quoi bon de s’identifier alors que le but était justement de rassembler les jeunes qui ont besoin de se réapproprier l’espace public de quelque mouvance qu’ils soient, mais si ce sont des visages et des noms qu’il faut donner, c’est OK !», s’exclame-t-il spontanément.

obstination

«Tenter de marcher sur Alger est le seul moyen de se rassembler, dialoguer, exister», explique Maya, 28 ans, chargée de communication dans une entreprise privée. Elle a décidé de répondre à l’appel de la marche du 19. Pour elle, «le changement n’est possible que par ce genre d’actions qui dénotent de la rupture dont on a besoin». Une rupture revendiquée par différents groupes de jeunes qui peinent à se rassembler. «D’où cette initiative spontanée qui vise à contester ce pouvoir qui refuse de penser ’’modernité’’ et qui n’a plus aucune légitimité», explique Khaled.

 

 

Le groupe rassemble plus de 2100 personnes sur facebook. Beaucoup de messages d’adhésion et de soutien «virtuels». Mais les jeunes non «facebookeurs» ne sont pas pour autant délaissés. «Nous avons distribué des tracts et nous passons le mot dans les quartiers pour que cette marche soit celle de toute personne qui veut simplement crier y en a marre !», précise Ahmed. Une première vidéo a été tournée et diffusée hier soir sur le net, elle donne à voir des témoignages d’adhésion et des marques de soutien. D’autres sont en cours de réalisation pour le week-end, promettent-ils. Le but ultime : tenter de marcher sur Alger. Mais pourquoi autant d’obstination à vouloir marcher ? «Pour plus de liberté, pour en finir avec la corruption et la hogra d’un système politique qui ne nous représente pas !», répond Hassan.

Khaled, lui, veut marcher pour «une meilleure redistribution des richesses, pour être gouverné par de nouvelles têtes qui s’intéresseront à ce que je suis, à ce que je pense au lieu d’être préoccupé par le compte en banque à remplir», tranche-t-il violemment.

 

 

Fayçal, 31 ans, employé de Batigec, veut, quant à lui, marcher contre l’injustice : «Je travaille depuis 4 ans sans être titularisé, les manutentionnaires algériens de l’entreprise touchent 18 000 DA par mois, les recrues turques sont payées à 1275 dollars», s’écrie-t-il. Samy, lui, répond avec une bonne petite note d’humour : «C’est bon pour la circulation sanguine de marcher, n’est-ce pas ?! Et puis donnez-moi une bonne raison de ne pas marcher.» Amir, 27 ans, chômeur, veut marcher samedi prochain pour justement «contester l’interdiction inadmissible de marcher pacifiquement dans la capitale».

Autant de réponses que de personnes. Autant de raisons de marcher qu’il y a pour les empêcher de le faire. Samedi à partir de 9h, la police pourra varier ses plaisirs de répression. Un nouvel itinéraire, à encercler, pour changer des points habituels : de la Grande-Poste à la Présidence d’El Mouradia.

Bouredji Fella

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