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Citation\proverbe du jour.


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Guest D. ESSERHANE

toute citation jaillit d'une profonde inspiration.Moi, je ne suis pas inspiré

je n'aime pas rapporter celles des autres. J'aime les miennes, elles sont profondément sincères

 

Didine RAYAN

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"Ce n'est pas pour devenir écrivain qu'on écrit. C'est pour rejoindre en silence cet amour qui manque à tout amour.

C'est pour rejoindre le sauvage, l'écorché, le limpide. On écrit une langue simple. On ne fait aucune différence entre l'amour, la langue et le chant.

Le chant c'est l'amour. L'amour c'est un fleuve."

 

Christian Bobin

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Guest iceberg
offre-moi une pensée sincère, je t'offrirai tout ce qu'il y a de meilleures pensées du printemps

 

D Rayan

 

 

mini-pensees-et-autres-fleurs.jpg

 

je dois essorer mes tripes pour sortir une pensée sincère.donnes moi du temps.

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" J'avais seize ans. Je ne possédais rien, ni biens matériels, ni confort spirituel. Je n'avais pas d'ami, pas d'amour, je n'avais rien vécu. Je n'avais pas d'idée, je n'étais pas sûre d'avoir une âme. Mon corps, c'était tout ce que j'avais. "

Amélie Nothomb - Antéchrista

 

Là, il s'agit plus d'un extrait que d'une citation mais qui m'a singulièrement marqué, un croisement entre le satire, le sarcasme et l'humour noir qu'Amélie Nothomb mène d'une main de maître dans son autobiographie Le Sabotage amoureux.

 

" Jusqu'à mes quatorze ans, j'ai divisé l'humanité en trois catégories : les femmes, les petites filles et les ridicules. Toutes les autres différences me paraissaient anecdotiques : riches ou pauvres, Chinois ou Brésiliens (les Allemands mis à part), maîtres ou esclaves, beaux ou laids, adultes ou vieux, ces distinctions-là étaient certes importantes mais n'affectaient pas l'essence des individus. Les femmes étaient des gens indispensables. Elles préparaient à manger, elles habillaient les enfants, elles leur apprenaient à lacer leurs souliers, elles nettoyaient, elles construisaient des bébés avec leur ventre, elles portaient des vêtements intéressants.

 

Les ridicules ne servaient à rien. Le matin, les grands ridicules partaient au « bureau », qui était une école pour adules, c'est-à-dire un endroit inutile. Le soir, ils voyaient leurs amis — activité peu honorable dont j'ai parlé plus haut. En fait, les ridicules adultes étaient restés très semblables aux ridicules enfants, à cette différence non négligeable qu'ils avaient perdu le trésor de l'enfance. Mais leurs fonctions ne changeaient guère et leur physique non plus.

 

En revanche, il y avait une immense différence entre les femmes et les petites filles. D'abord, elles n'étaient pas du même sexe — un seul regard suffisait pour le comprendre. Et puis, leur rôle changeait énormément avec l'âge : elles passaient de l'inutilité de l'enfance à l'utilité primordiale des femmes, tandis que les ridicules demeuraient inutiles toute leur vie.

 

Les seuls ridicules adultes qui servaient à quelque chose étaient ceux qui imitaient les femmes : les cuisiniers, les vendeurs, les professeurs, les médecins et les ouvriers. Car ces métiers étaient d'abord féminins, surtout le dernier : sur les innombrables affiches de propagande que jalonnaient la Cité des Ventilateurs, les ouvriers ne manquaient jamais d'être des ouvrières, joufflues et joyeuses. Elles réparaient des pylônes avec tant de bonheur qu'elles en avaient le teint rose. La campagne confirmait les vérités de la ville : les panneaux ne montraient que des agricultrices enjouées et braves qui récoltaient des gerbes avec extase.

 

Les ridicules adultes servaient surtout aux métiers de simulation. Ainsi, les soldats chinois qui entouraient le ghetto faisaient semblant d'être dangereux, mais ne tuaient personne. J'avais de la sympathie pour les ridicules, d'autant que je trouvais leur sort tragique : ils naissaient ridicules. Ils naissaient avec, entre les jambes, cette chose grotesque dont ils étaient pathétiquement fiers, ce qui les rendaient encore plus ridicules. Souvent, les ridicules enfants me montraient cet objet, ce qui avait pour effet immanquable de me faire rire aux larmes. Cette réaction les laissait perplexes. Un jour, je ne pus m'empêcher de dire à l'un d'entre eux, avec une sincère gentillesse :

 

— Pauvre!

— Pourquoi? demanda-t-il, éberlué.

— Ça doit être désagréable.

— Non, assura-t-il.

— Mais si ; la preuve, quand on vous tape là...

— Oui, seulement, c'est pratique.

— Ah?

— On fait pipi debout.

— Et alors.

— C'est mieux.

— Tu trouves?

— Écoute, pour pisser dans les yaourts des Allemands, il faut être un garçon.

Cet argument me plongea dans une profonde réflexion. Je ne doutais pas qu'il existât une échappatoire, mais laquelle? Je devais la trouver quelque temps plus tard. "

 

Amitiés,

Épiphane.

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