oasis 10 Posted November 2, 2007 Partager Posted November 2, 2007 La chaleur d’une bougie : Djeha avait parié avec ses amis qu’il passerait toute une nuit d’hiver au sommet de la montagne uniquement vêtu de sa djallaba. Pour tenir parole, il grelotta du crépuscule à l’aube durant cette nuit épouvantable muni seulement d’une bougie, mais il tint bon malgré le vent et la neige et ne redescendit qu’au matin. Fier de son exploit, sa première visite fut, on le comprend, pour les parieurs auxquels il réclama les 100 Dinars mis en jeu. -Peux-tu affirmer que tu n’as emporté ni réchaud ni couverture ? Lui demanda-t-on. -Absolument pas ! Je ne portais que ma tunique sans même un burnous et pour tout dire j’avais allumé une bougie car j’ai très peur du noir. -Une bougie ? Mais cela donne de la chaleur…Tu as donc perdu. Nous avions dit : aucun feu !... Djeha était furieux. Sûr de son bon droit, il essaya de les convaincre, mais ils tinrent bon, affirmant que la chaleur d’une bougie permettait de supporter le froid des sommets. Il resta quelques jours sans leur adresser la parole, puis changeant d’attitude, il les invita tous à déjeuner chez lui pour sceller leur réconciliation. Lorsqu’ils se présentèrent à l’heure dite, leur hôte leur demanda de patienter car le repas était en train de cuire. Ils attendirent en vain tout l’après-midi et finirent par lui demander : -Alors, ami, et ce déjeuner ? Tu veux nous faire mourir de faim ? -Absolument pas, venez avec moi à la cuisine, vous verrez la chorba en train de cuire. Ils se précipitèrent à l’office et virent…une grosse marmite suspendue au-dessus d’une petite bougie allumée. -Tu te moques de nous, crièrent-ils d’une seule voix. Tu ne vas pas nous faire croire que cette flamme minuscule va faire bouillir un pareil chaudron ? -C’est curieux, en effet, répliqua l’hôte. Voilà des heures que j’essaie de faire cuire ma soupe à l’aide de cette bougie et je n’y arrive pas. -Mais on n’a jamais vu quelqu’un faire bouillir sa marmite sur une bougie ! Répliquèrent ses amis. C’est ridicule ! -Vous croyez qu’elle ne donne pas assez de chaleur ? -Bien sûr que non ! -Alors, lorsque vous avez décidé que j’avais perdu mon pari parce qu’elle me protégeait du froid, l’autre soir sur la montagne, n’étiez-vous pas malhonnêtes ? Après avoir failli me faire mourir dans la neige et les intempéries, vous m’avez volé mes 100 Dinars que vous allez me rendre immédiatement ! Et il récupéra son argent ! :p Citer Link to post Share on other sites
oasis 10 Posted November 2, 2007 Author Partager Posted November 2, 2007 Un jour d'entre les jours, Djeha fut invité à une noce. Négligeant comme à son habitude, il ne jugea pas utile de changer de vêtements et s'y rendit dans son costume de travail. Il se mêla à la foule des invités et constata avec déception que personne ne s'intéressait à lui. Les pâtisseries de toutes sortes et les rafraîchissements passèrent sous ses yeux sans que personne ne songeât à lui offrir. Seul dans son coin il méditait tristement, puis brusquement, il se leva, retourna chez lui pour revêtir sa belle djellaba de soie des jours de fête, ses babouches dorées, une chéchia toute neuve et revint à la maison du mariage, paré comme un prince. Il fu aussitôt entouré, gâté, choyé. -Ya Si Djeha par ci, marhba bik par là, et comment va ta mère, et comment va ton père, et comment va ta santé, et comment vont les affaires, etc. Et Dj'ha souriait, heureux de cet accueil chaleureux, répondant à celui-ci à celui-là: -El hamdoulah! Ma mère va bien, merci, mon père va bien, merci, la santé va bien, merci, mes affaires vont bien, merci. On le fit asseoir à la meilleure table et le marié lui-même vint lui offrir à boire et à manger. Mais avant de toucher à aucun des mets délicats qu'on lui proposait, il ôta son beau costume, le plaça sur le dossier de la chaise et lui dit: -Mange et régale-toi, ô mon vêtement! Ses hôtes et leurs invités ne comprirent rien à cet étrange comportement et lui en demandèrent la raison. -C'est bien facile, leur répondit-il, l'honneur que vous me faites s'adresse à mon beau vêtement et non à moi-même. Tout à l'heure alors que j'étais pauvrement habillé, personne ne me prêta attention. Il est normal donc que cette djellaba à laquelle je dois ces égards profite elle aussi de ce festin! :D Citer Link to post Share on other sites
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