Quand Guy Sorman nous donne son avis sur la guerre en Lybie.

[Laziz 208]

Ah, je ne peux pas m'empêcher de faire de la politique, ce qui n'est pas ma tasse de thé. Mais quand j'entends tant de bêtises, je ne peux m'empêcher de réagir. Alors, lisez, parce que c,est pas tous les jours que vous entendrez ce discours parmi vous, mes frères! :beer_smile:

 

Je connais cet écrivain par deux de ses livres, surtout, Le génie de l’Inde et Les vrais penseurs de notre temps. À part ça, je n’en garde pas d’autres souvenirs, si ce n’est une méfiance envers sa personnalité. Le fait qu’il adore le dieu Ganesh aurait pu me le rendre sympathique, mais, comme je ne suis pas idolâtre -même si je suis passionnément fasciné par les mythes hindous et leurs divinités- je trouve cette dévotion complètement loufoque, avec tout le respect que je dois à cet adorable Ganesh. Je rappelle que ce dieu éléphant est le scribe par excellence dans la littérature hindoue. Il avait pris son rôle d’écrivain très à cœur pour mettre sur papier, il y aurait cinq mille ans, l’immense récit qu’est le Mahabharata (quasiment ignoré par l’Occident, et pourtant d’une richesse intarissable). C’est sûrement pour cette raison, que Guy Sorman l’adore sur un autel.

 

 

Bref, je l’ai entendu ce matin, à la radio, se scandaliser au sujet de la guerre contre Kadhafi. Sorman est un pacifiste, mais il précise qu’il n’est pas le genre à être resté les bras baissés devant Hitler. La bonne blague! 70 ans après, quand l’histoire a démontré la bêtise qui a coiffé d’un bonnet d’âne l’intelligence des pacifistes de cette époque, monsieur se distinguent d’eux... Donc, il s’insurge contre la dimension guerrière dont les militaires font preuves contre Kadhafi, ce liberticide. Il ajoute sa voix à l’indignation de la Chine, de la Russie, du Brésil et des pays arabes, tous offusqués par cette outrecuidante ingérence. Ils avaient tous, du bout des lèvres, accepté qu’une intervention soit exécutée par les forces internationales de Kadhafi qui s’apprêtait à massacrer sa population. Celle-ci se révoltait contre l’horrible condition dans laquelle elle vivait aux mains de ce monstre. On était tous d’accord que la situation était insupportable. Même les pacifistes. Fallait pas passer pour des insensibles, tout de même; nous ne sommes plus à l’époque maoïste, n’est-ce pas monsieur Sorman? Surtout avec les journalistes et les téléphones portables qui font la une des médias.

Mais ils s’attendaient à quoi, les Arabes et tous ceux qui reconnaissaient le drame en train de prendre place? Qu’on effraye Kadhafi et qu’on le chasse à quelques kilomètres de Benghazi!?! Avec la promesse qu’il ne revienne pas se venger? Qu’il suive les recommandations de l’organisation des Droits de l’homme? Sinon, des sanctions l’attendaient? On ne lui livrerait plus d’armes? On ne le recevrait plus officiellement dans les palais occidentaux? Qu’il n’aurait plus de positions prestigieuses dans aucune institution internationale? etc.

 

J’imagine Kadhafi en train de ricaner dans sa barbe. Il savait bien -mais, trop sûr de lui, il n’a pas été assez malin- qu’il n’a qu’à montrer quelques photos sur les chaînes de télévision avec un enfant mort sous les balles des canons américains dans ses bras, pour soulever l’ire des membre de la coalition, de l’ONU et des pays arabes, suivi, évidemment par les peuples du monde entier. «Quelle horreur, comme je le prophétisais il y a quelques semaines et où je paraphrasais Kadhafi, vous allez faire de mon pays un nouveau Vietnam ou, pis, un nouveau Irak. Vous êtes en train d’activer le terrorisme international par vos actions. Ma tahshmoush! Vous n’avez pas honte, vous, les Arabes (il ne s’adresse pas aux Amazighs, bien sûr) de vous laisser dicter votre conduite par les croisés! Bande de nuts!»

[Laziz 208]

Guy Sorman fait parti de ces nouveaux philosophes qui ont si bien instruit la France durant les années 70, qui portaient haut les drapeaux rouge sang mais qui ne nous instruisaient jamais sur la solution pratique à adopter lorsqu’on ne veut pas user des armes. Ils préfèrent une politique plus sage, comme leur position face aux Tibet, en Corée du nord, en Chine ou en Iran, actuellement. Avec le temps, patiemment et en espérant (peut-être en priant Ganesh), les peuples se révolteront et trouveront leur liberté, comme en Tunisie et en Égypte.

 

Faut entendre d’ailleurs les voix des peuples de ces deux derniers pays crier leur colère contre les bombardements en Lybie. Ils s’imaginent que leurs mouvements de libération ont atteint leurs buts grâce à l’esprit pacifique qui les animait. Ils comparent Ben Ali ou Moubarak à Kadhafi (sourire jaune); Ils pensent, dans la fierté qui enfle leurs chevilles, typique aux Arabes, qu’ils sont arrivés tout seul à cet exploit après des décennies d’abjectes servilités; ils font semblant de ne pas comprendre que sans les Américains, qui faisaient bouger les choses en coulisse, pas grand-chose aurait changé!