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Libye : divergences diplomatiques dans la coalition anti-Kadhafi


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LEMONDE.FR | 22.03.11

 

La France, le Royaume-Uni, les Etats-Unis ainsi que cinq autres pays européens dont la Belgique, le Danemark, l'Espagne, la Grèce et l'Italie, stratégique par sa position géographique, participent aux opérations aériennes en Libye. Si la résolution 1973 de l'ONU a été adoptée, jeudi 17 mars, à dix voix et cinq abstentions, la coalition semble connaître aujourd'hui de sérieuses dissensions. Retour sur les positions des différents protagonistes.

 

La France. Nicolas Sarkozy a mené depuis le début l'offensive diplomatique. Première à envoyer ses avions dans le ciel libyen, la France affirme agir dans les strictes limites de la résolution des Nations unies destinée à protéger les civils des attaques du colonel Mouammar Kadhafi. "Sommes-nous intervenus là où il fallait intervenir ? Oui. Est-ce que la situation s'est améliorée ? Oui. Laissons au temps le temps", déclarait, dimanche 20 mars, le porte-parole du ministère de la défense, Laurent Teisseire. Nicolas Sarkozy a opté pour une politique très engagée, plaçant la France en première ligne (Lire l'article Libye : une coalition de pays volontaires, aux contours encore mal définis). François Fillon a justifié, mardi devant l'Assemblée nationale, l'intervention armée en Libye où, a-t-il estimé, "le mur de la peur est tombé".

 

La Grande-Bretagne. Londres a soutenu, aux côtés de la France, la résolution présentée à l'ONU et les parlementaires britanniques ont approuvé à la quasi-unanimité la participation aux opérations. Le premier ministre, David Cameron, n'a pas caché qu'il "pensait que la Libye doit se débarrasser de Kadhafi". Mais, comme les Américains, les Britanniques ont insisté sur un rôle prédominant pour l'OTAN, dont la France avait déclaré qu'il serait "inapproprié".

 

L'ambiguïté américaine. Soucieux de trouver un équilibre entre la crise libyenne et ses priorités de politique intérieure, à commencer par la lutte contre le chômage, Barack Obama a adressé une lettre au Congrès expliquant que l'objectif américain était l'application de la résolution 1973 du Conseil de sécurité qui autorise le recours à la force pour protéger les populations civiles libyennes. "Les frappes seront limitées dans leur nature, leur durée et leur étendue", a-t-il souligné. En visite au Chili, le président américain a ajouté que les Etats-Unis céderaient rapidement, dans les jours à venir, le commandement de l'assaut contre les forces libyennes.

 

Si Barack Obama a répété que Mouammar Kadhafi "doit partir", le chef du Pentagone, Robert Gates, a déclaré que seul le peuple libyen déciderait de son propre avenir. "Notre mission n'est pas de soutenir une quelconque force d'opposition (...). Il n'y a aucune communication officielle ou formelle avec des représentants de l'opposition proclamée qui affronte les forces terrestres du régime", a renchéri le général Carter Ham, qui commande actuellement l'opération, lors d'une visite au Pentagone. Contrairement à la guerre en Afghanistan, l'opération menée en Libye par les Etats-Unis sous mandat des Nations unies suscite un nombre de critiques croissant de la part des républicains. (Lire la note du blog de Corine Lesnes)

 

L'Italie. Silvio Berlusconi a déclaré samedi que la contribution de l'Italie à l'opération militaire en cours en Libye se limitait pour le moment à la mise à disposition des bases aériennes de la péninsule. Le 20 mars, le pays se rallie finalement à la coalition en envoyant deux tornados ECR épaulés de deux avions ravitailleurs pour pilloner les défenses anti-aériennes dans la région de Benghazi. Mais Rome commence à faire marche arrière.

 

Le ministre des affaires étrangères, Franco Frattini a réaffirmé mardi qu'elle souhaitait voir les opérations militaires contre la Libye placées sous le commandement de l'OTAN. "Mais maintenant que les actes que tout le monde jugeait inacceptables ont cessé, le moment est venu d'en revenir aux règles", a-t-il déclaré. L'Italie craint également un débarquement massif d'immigrés sur les côtes de l'île de Lampedusa (lire l'article : Prudente, l'Italie ne veut pas d'une "guerre contre la Libye", en édition Abonnés).

 

L'Allemagne. Berlin, qui s'est abstenu lors de l'adoption, le 17 mars, de la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, affirme soutenir les objectifs poursuivis par le Conseil.

 

L'Allemagne ne veut pas engager de forces contre la Libye, mais pour montrer sa solidarité, elle s'est dit prête à remplacer en Afghanistan des équipages de ses alliés mobilisés contre l'armée de Mouammar Kadhafi. Dix-sept pays contribuent à la flottille d'avions-radars de l'OTAN basée à Geilenkirchen (lire l'article : Le refus de Berlin de soutenir l'intervention est critiqué en Allemagne, en édition Abonnés).

 

Les autres Etats. La plupart des autres Etats qui soutiennent l'intervention de la coalition réclament cependant la désignation de l'Alliance atlantique comme pilote de la coalition. Quatre chasseurs-bombardiers F-16 belges ont décollé lundi après-midi de la base aérienne grecque d'Araxos pour participer à une mission dans le cadre de l'opération "Aube de l'Odyssée" en Libye, a annoncé le ministre de la défense, Pieter De Crem. Mais il a également déclaré souhaiter voir cette opération conduite par l'OTAN.

 

Le Parlement espagnol a approuvé mardi, comme prévu, à une écrasante majorité, la participation de l'Espagne à l'opération militaire internationale en cours. L'engagement de Madrid, avec quatre chasseurs-bombardiers F-18 et un avion de ravitaillement, a été approuvé par 336 députés. Trois ont voté contre.

 

Selon l'état-major grec, Athènes a donné son accord pour que des avions français du porte-avions Charles-de-Gaulle puissent opérer contre la Libye dans l'espace de contrôle aérien de la Grèce. Le bâtiment français est attendu d'ici à mercredi au sud-ouest de la Crète. Athènes, qui s'est déclaré "prêt" à secourir ses alliés de l'OTAN sans toutefois participer aux opérations aériennes contre la Libye, a mis à la disposition de la coalition internationale deux autres bases aériennes de l'OTAN dans l'ouest du pays.

 

Le Danemark contribue aux forces de la coalition avec six chasseurs F-16, dont deux de réserve, et un avion de transport, arrivés samedi 19 mars à la base italienne de Sigonella, en Sicile, la base la plus proche de la Libye. Mais le premier ministre danois a lui aussi plaidé mardi 22 mars pour que l'OTAN joue "un plus grand rôle".

 

La Norvège a fait savoir que ses six F-16 dépêchés lundi en Méditerranée pour participer à l'opération n'entameront leur mission que lorsque cette question du commandement aura été clarifiée.

 

Le Conseil de sécurité de l'ONU tiendra jeudi mars une réunion pour débattre de la situation en Libye.

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La Chine réitère son opposition à l'intervention en Libye

 

La Chine a réitéré mardi son opposition à l'usage de la force en Libye et déploré les victimes civiles des frappes aériennes menées par une coalition internationale depuis le week-end dernier, appelant à un cessez-le-feu immédiat.

 

"Le but de la résolution de l'ONU est de protéger les populations civiles, mais les actions militaires prises par certains pays font des victimes civiles", a déploré le porte-parole du ministère des affaires étrangères, Mme Jiang Yu, lors d'un point de presse régulier. Dimanche, après le déclenchement des frappes, Pékin avait "exprimé ses regrets concernant les attaques militaires contre la Libye".

 

La résolution 1973 de l'ONU, adoptée dans la nuit de jeudi à vendredi, avait autorisé le recours à la force pour protéger la population libyenne. La Chine, membre permanent du Conseil de sécurité, s'était abstenue mais n'avait pas utilisé son droit de veto pour bloquer le texte.

 

 

Critiques en Russie et crise interne

 

Le premier ministre Vladimir Poutine, qui a souligné qu'il exprimait son "avis personnel", a vertement critiqué lundi la résolution de l'ONU sur l'intervention en Libye qu'il a comparé à "l'appel aux croisades du Moyen Age". Il a dénoncé l'intervention militaire qui devient selon lui "une constante" dans la politique des Etats-Unis après l'ex-Yougoslavie, l'Afghanistan et l'Irak.

 

Le président Dmitri Medvedev a aussitôt réagi, jugeant "inadmissible" et "inacceptable" l'accusation de "croisade" et défendant sa décision de ne pas opposer le veto de Moscou à la résolution de l'ONU.

 

Le Monde.fr

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