admin 2 Posted March 24, 2011 Partager Posted March 24, 2011 Quel est votre constat sur la situation actuelle de l’économie algérienne ? L’Algérie est dans une situation financière très confortable, mais son économie s’est complètement effondrée. C’est paradoxal. Nous avons une économie incapable de produire des richesses en raison de sa forte dépendance vis‑à‑vis des hydrocarbures. L’Algérie dépend de l’étranger pour se nourrir. Le budget de l’État est financé à 70 % par les recettes pétrolières. L’économie nationale est dangereusement exposée aux fluctuations du prix du baril. Les budgets d’équipement sont financés à 100 % par les recettes provenant de la vente d’hydrocarbures. Durant les années 1970, les recettes provenant de la fiscalité locale permettaient de financer les dépenses courantes de l’État alors que les recettes pétrolières étaient réservées à l’épargne et à financer des investissements. Malgré cette situation, le pouvoir continue de produire un discours triomphaliste en mettant en avant les réserves de change du pays qui s’élèvent à 150 milliards de dollars. Ces réserves ne profitent pas à l’économie nationale. Le gouvernement est en train de transformer des richesses naturelles non renouvelables en réserves de change susceptibles de s’évaporer à tout moment. Il puise le pétrole dans notre sous*‑sol, le vend et laisse l’argent à l’étranger, ce qui profite davantage aux étrangers qu’aux Algériens. Le président Bouteflika a lancé en 2010 un nouveau plan de relance économique de 286 milliards de dollars, financé par l’argent du pétrole. Ce plan est‑il bon ou mauvais pour l’économie nationale ? Le plan d’investissement de 286 milliards de dollars est financé entièrement par la fiscalité pétrolière. Si on prend un prix du baril à 70 dollars l’unité, cela signifie qu’il faudrait 4 milliards de barils pour financer ce plan. Ces quatre milliards de barils représentent la moitié de nos réserves de pétrole connues qui sont de huit milliards de barils. Nous allons employer tout cet argent pour construire des infrastructures et créer un environnement favorable à l’investissement. Ces projets vont certes faciliter les déplacements des populations, mais ne créeront pas de richesses pour le pays. Nous allons donc consommer la moitié de nos réserves pétrolières prouvées, sans produire de richesses. Cette politique participe à l’appauvrissement du pays. Ce plan d’investissement va appauvrir l’Algérie. Le développement ne peut être obtenu qu’avec l’implication du secteur public, comme cela s’est produit en Corée du sud, en Malaisie et en Turquie. Le gouvernement fixe une feuille de route et le secteur privé l’applique. Sinon, il n’y aura pas de développement. Le gouvernement affirme qu’il peut créer des centaines de milliers d’emplois par an. Qu’en pensez-vous ? Peut‑il le faire réellement ? Trois ministres ont déclaré qu’ils vont créer 500 000 emplois dans le bâtiment, 1,5 million d’emplois dans l’agriculture et 750 000 emplois dans les travaux publics d’ici à 2014. En additionnant ces chiffres, on trouvera que l’Algérie pourra créer 180 000 emplois par an dans trois secteurs seulement. Un autre ministre dit que le taux de chômage est de 10 %. La population active en Algérie est de 10,8 millions de personnes. C'est‑à‑dire que le nombre de demandeurs d’emplois est de 1,8 million personnes. D’après les promesses des trois ministres quant à la création d’emplois, l’Algérie va devoir importer de la main‑d’œuvre à partir de l’année prochaine. L’économie nationale est dans une situation extrêmement dangereuse, mais les ministres continuent de tenir des discours triomphalistes. Vous affirmez que les ministres tiennent des discours qui ne reflètent pas la réalité du pays… Ce sont des discours triomphalistes. Même les grandes puissances économiques du monde ne parviennent pas à créer ce nombre important d’emplois par an. Les chiffres officiels sur la création d’emplois et le taux de chômage de 10 % ne sont pas objectifs et manquent de précision. Comment expliquez-vous la montée en puissance des revendications sociales en Algérie ? D’abord le peule revendique des droits et non des privilèges. Aujourd’hui, on constate que les avantages bénéficient aux responsables, leurs familles, leurs proches et les personnes influentes et ceux qui ne dénoncent pas l’injustice. Les avantages et les privilèges ne vont pas au peuple. Les Algériens ont fait la guerre de libération nationale pour obtenir des droits et des libertés. Cinquante ans après l’indépendance, il n’y a pas de libertés. Aujourd’hui, les gens disent qu’il n’est plus possible de se taire sur cette situation, ce qui explique la montée des revendications sociales pour obtenir et avoir des libertés. C’est d’ailleurs ce qui se passe dans tous les pays arabes. Les Algériens ont combattu le colonialisme pour obtenir leurs droits et aujourd’hui ils veulent les avoir. Les grandes puissances ont compris que leurs intérêts sont liés aux populations et non aux régimes. Il y a une administration qui travaille pour ses intérêts et le régime se trompe en pensant qu’elle est à son service. Les intérêts des deux parties sont divergents. Citer Link to post Share on other sites
admin 2 Posted March 24, 2011 Author Partager Posted March 24, 2011 A votre avis, le vent de révolte qui souffle depuis plusieurs mois sur le monde arabe va‑t‑il atteindre l’Algérie ? Le pouvoir algérien peut‑il faire face à un éventuel soulèvement populaire ? Le régime ne peut faire face à une révolte populaire. Il y a quatre conclusions à tirer des révoltes en Tunisie et en Égypte. La première : un certain nombre de citoyens qui manifestent dans un lieu donné, même s’ils n’ont pas de programme politique clair, ni de leader, sont capables de provoquer le départ des symboles du régime et surtout du numéro un du pouvoir, quelle que soit la mobilisation des forces de répression. La deuxième : les responsables pensaient qu’ils ont de l’argent à l’étranger et qu’ils peuvent en cas de problèmes quitter leur pays et s’en servir. Ce qui n’est plus possible maintenant même pour leurs familles et leurs proches. Les grandes puissances ont compris que leur intérêt réside dans un soutien à la population et non au régime. La troisième conclusion : l’informatique et les communications, même si le régime tente de les interdire, constituent des moyens efficaces pour mobiliser les jeunes pour le changement. La quatrième conclusion : l’armée et la police, quels que soient les privilèges qu’elles ont obtenu du régime, se rallient au final aux populations. En Algérie, la problématique est la suivante. Le changement sera‑t‑il pacifique et profitera‑t‑il à tous, ou bien va‑t‑on laisser la situation se détériorer jusqu’à ce qu’elle échappe au contrôle ? L’expérience libyenne est à nos portes. Personne n’a prévu les changements en Tunisie, en Égypte et en Libye. Nous avons donc deux modèles de changement et nous devons en titrer des leçons, sachant que le changement est inévitable en Algérie. La Coordination nationale pour le changement et la démocratie n’a pas réussi à mobiliser la foule lors de ses tentatives d’organiser des marches populaires à Alger. Pourquoi ? Les raisons sont nombreuses. Pour organiser une marche, il faut se préparer à affronter les forces de répression. J’ai soutenu l’initiative, mais je pense que l’erreur était le choix du lieu du démarrage de la marche qui a facilité le travail des forces de sécurité. Plusieurs personnes ont été empêchées d’atteindre cet endroit pour marcher. La deuxième tentative d’organiser une marche a échoué en raison des divisions au sein de la CNCD, ce qui signifie que la préparation n’a pas été bonne. Ne pensez-vous pas que le peuple n’a plus confiance dans les partis politiques ? Cela ne risque‑t‑il pas de compromettre votre initiative pour le changement dans le cadre de l’Alliance nationale pour le changement ? D’abord, je dois clarifier le projet de l’Alliance pour le changement. Cette alliance est composée d’un groupe de personnes qui revendiquent un changement auquel elles croient dans un cadre démocratique, dans le respect des libertés, civiles, individuelles et collectives. La citoyenneté, c’est de permettre aux citoyens d’exprimer leurs idées, de contrôler les décisions prises et de demander des comptes à tous les responsables quand ils veulent, et là où ils le souhaitent. Pour l’idéologie, chacun est libre de choisir la sienne. Les partis politiques réunis au sein de l’ANC sont composés de compétences ayant des diplômes supérieurs. Il ne faut pas non plus confondre les islamistes et les fondamentalistes. Nous sommes contre les extrémistes, mais l’ANC est ouverte à tous les Algériens, qu’ils soient islamistes ou laïcs. Nous préparons un congrès qui est ouvert à toutes les sensibilités politiques, sans exclusion. Lors du meeting de l’ANC à la salle Atlas à Alger, vous avez quand même accueilli chaleureusement Ali Benhadj. Comment expliquez‑vous la présence de cet ancien responsable du FIS dissous ? Non, il n’y a pas eu d’accueil chaleureux pour Ali Benhadj. Aucune invitation n’a été envoyée à cette personne. Certains participants lui ont demandé de faire une intervention, mais nous avons refusé. Seuls les membres de l’ANC étaient autorisés à le faire. Pour ce qui est des applaudissements, nous avons trouvé cela normal. Vous savez que la salle Atlas se trouve à Bab El Oued. Pour la précision, nous avons voulu organiser le meeting à la coupole du 5 juillet, mais il fallait payer 900 000 dinars. Pour la salle Atlas, nous avons payé 230 000 dinars. Pourtant, elles (les autorités, NDR) ont dit que les salles étaient gratuites pour les meetings populaires. Depuis le début des contestations sociales, le président et le premier ministre n’ont rien dit. Comment expliquez‑vous ce silence ? Ils n’ont aucune stratégie pour gérer les évènements en cours. Ils n’accordent pas au peuple l’importance nécessaire. Dans d’autres pays où les évènements sont moins importants qu’en Algérie, nous avons vu, à chaque fois, les interventions du premier responsable qui s’adresse directement à la population. Je pense que nos dirigeants n’ont aucune stratégie pour qu’ils puissent parler directement au peuple. En plus, ils ne sont pas sensibles aux préoccupations des populations. La bonne gouvernance est basée sur une règle simple : « dire ce que tu vas faire et faire ce que tu as dis ». Est-ce que le président Bouteflika a tenté de vous convaincre de revenir au gouvernement ? Non, jamais ! Je n’ai de contacts avec aucune partie du pouvoir. Je n’ai été contacté par aucun parti de l’Alliance présidentielle. J’avais quitté le gouvernement (en 2001, NDR) par conviction parce que le régime n’est pas sur la bonne voie. Je suis convaincu qu’il faudrait un changement total du système et pas un changement des hommes. Benbitour sera-t-il candidat à la présidentielle de 2014 ? Je pense qu’il n’y aura pas de présidentielles en 2014. Je ne milite pas pour devenir président, mais pour obtenir un changement total du régime. J’ai donné une feuille de route pour arriver à ce changement qui ne peut pas venir de l’intérieur du système. Ce changement peut être obtenu si les trois facteurs suivant sont réunis : une pression forte et durable de la société civile pour exiger un changement total du régime ; la présence d’une alliance des forces favorables au changement capable de représenter une force de négociation et une étincelle. Comment arriver à ce changement total du régime ? Il faut une volonté de changement à l’intérieur du régime et à l’extérieur, au sein des forces de l’opposition réunies au sein d’une alliance. Lorsque les deux parties sont convaincues d’aller au changement qui est inévitable, le changement se produira. Par exemple, six personnalités nationales crédibles et compétentes sont capables de mener et de concrétiser ce changement, via deux étapes. La première étape peut s’étaler sur trois mois durant lesquels un programme médiatique sera élaboré pour convaincre les Algériens que nous sommes entrés dans la phase du changement. Ce programme ne sera efficace que s’il y a une véritable liberté d’expression qui comprend la présence de télévisions et de radios, non contrôlées par le régime. La réussite de ce programme dépend aussi de l’ouverture du champ politique, de l’autorisation de nouveaux partis politiques et de la levée réelle de l’état d’urgence. Durant cette étape, un nouveau gouvernement sera choisi et une feuille de route sera définie pour la seconde étape. Cette dernière comprend la désignation d’un gouvernement de transition pour une période de 12 mois avec comme objectifs la préparation d’élections présidentielles anticipées et de législatives ainsi qu’un référendum pour une nouvelle constitution. Le groupe des six aura la charge de contrôler le gouvernement et d’ouvrir le débat avec la société civile pour la révision de la Constitution. Si on vous propose de diriger la période de transition, allez-vous accepter ? Peu importe celui qui dirigera la transition. Je peux mener la transition et gérer l’après‑transition. Mes idées sont claires. Mais aujourd’hui, je ne travaille pas pour des postes. Mon but est de contribuer au changement. TSA Citer Link to post Share on other sites
energical 10 Posted March 24, 2011 Partager Posted March 24, 2011 Il critique, mais il ne dit pas concrètement quelles sont les solutions qu'ils préconisent. N'oublions pas non plus qu'il a été premier ministre et je me souviens pas d'actions marquantes et puis c'est bien beau de critiquer le financement des projets structurants est projeté sur la rente pétrolière sans donner de palliatif, à moins qu'il compte remplacer le pétrole avec l'huile d'olive avec le concours du Dr Sadi Citer Link to post Share on other sites
energical 10 Posted March 24, 2011 Partager Posted March 24, 2011 Il critique, mais il ne dit pas concrètement quelles sont les solutions qu'ils préconisent. N'oublions pas non plus qu'il a été premier ministre et je me souviens pas d'actions marquantes et puis c'est bien beau de critiquer le financement des projets structurants est projeté sur la rente pétrolière sans donner de palliatif, à moins qu'il compte remplacer le pétrole avec l'huile d'olive avec le concours du Dr Sadi Citer Link to post Share on other sites
djallalnamri 10 Posted March 24, 2011 Partager Posted March 24, 2011 c'est quand même alarmant ... que bouteflika nous entraîne dans une situation fermée ... genre impasse ... ce n'est pas étonnant ... cependant il serait très intéressant de connaître les raisons qui le pousseraient à çà ... parce que dans la conjoncture actuelle ... il doit savoir qu'il doit commencer à plier bagage ... le fera-t-il par vengeance ou par dépit ... a-t-il vraiment le pouvoir ???? Citer Link to post Share on other sites
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