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Le cimetière de Prague ( le dernier Umberto Eco)


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Umberto Eco signe là son livre le plus diabolique, un portrait de la haine et de ses mécanismes.

 

 

Grand amateur d'érudition badine et de pirouettes savantes, Umberto Eco vient de signer son livre le plus sulfureux, un roman historique aux allures de messe noire et de sabbat satanique, avec une construction qui s'inspire très directement - iconographie à l'appui - des feuilletons et des sagas à épisodes chers à Alexandre Dumas ou à Eugène Sue : un remake du Juif errant dont les personnages ont tous bel et bien existé, sauf le héros, l'horrible Simon Simonini. "J'ai voulu qu'il soit le plus cynique et le plus exécrable de toute l'histoire de la littérature", écrit Eco à propos de ce Lucifer piémontais exilé en France, dont nous découvrons avec stupeur le journal intime, rédigé à Paris entre mars 1897 et décembre 1898. Petit-fils d'un propagandiste de l'antisémitisme, misogyne forcené, faussaire, conspirateur, espion à la solde des crapules, sorte de Fantômas à l'identité variable - il se réincarne parfois dans la soutane d'un curé nommé Dalla Piccola - Simon Simonini va multiplier les bassesses tout en croisant Garibaldi et Dreyfus, Charcot et un certain "Dr Froïde", les communards et les Carbonari, une armada de spirites et de charlatans, Drumont, Dumas, Monet et même Proust - "Une tapette de 25 ans, auteur d'écrits heureusement inédits."

 

Entre Turin, la Sicile et Paris, l'antihéros du Cimetière de Prague sera mêlé aux plus folles machinations et autres complots de son époque avec, en guise de bréviaire, une triple haine : contre les jésuites - "les poulpes du Seigneur" - contre les francs-maçons et, surtout, contre les juifs. Et Eco en rajoute une couche en imaginant que Simon Simonini fut l'inventeur des Protocoles des sages de Sion, un faux bidouillé de toutes pièces en 1901 pour faire croire que les juifs allaient se liguer afin de détruire la chrétienté et de dominer le monde...

 

On peut difficilement aller plus loin dans la peinture de la déraison et de la monstruosité, ce qui explique sans doute la polémique dont Eco a été victime en Italie, où il a été accusé d'antisémitisme par plusieurs journaux : on lui a reproché d'être complaisant à l'égard de son personnage, de donner de la vraisemblance à cette hypothèse d'un complot juif et de prêter sa plume à ce qu'il prétendait réfuter. A quoi l'auteur du Nom de la rose a répondu que le romancier avait tous les droits et qu'il n'avait eu qu'un seul but en écrivant ce Cimetière de Prague : "Comprendre comment fonctionne le mécanisme de la haine.

 

 

Source: lexpress.fr

 

Ps: ce livre a fait provoqué une polémique d'antisémitisme involontaire de la part de l'auteur .....

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