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Visas: l'Algérie tient à ses privilèges


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AFP

27/03/2011 |

 

L’Algérie veut garder les privilèges contenus dans les accords signés avec la France en 1968 en matière de visas, a déclaré le Secrétaire d’Etat chargé de la Communauté algérienne établie à l’étranger, Halim Benatallah, dans des entretiens parus dimanche à Alger.

 

Les "accords de 1968 confèrent une préférence aux Algériens du point de vue de la circulation, de l'emploi... Notre souhait est de pouvoir conserver cette préférence", a-t-il déclaré au quotidien francophone L'Expression.

 

La France, a-t-il indiqué à L'Expression, "estime que la nouvelle législation française pourrait être plus avantageuse que l'accord bilatéral de 1968 sur certains points". Halom Benatallah souhaite qu'après examen de ces dispositions il y ait "une situation de préférence à conserver". Au quotidien El Khabar, en langue arabe, il a affirmé que "l’Algérie ne fera jamais des concessions sur les accords de 1968".

 

Halim Benatallah a également répondu à une demande française de réciprocité pour les visas octroyés aux Français en Algérie. "La question ne se pose même pas. Pour la simple raison que les accords de 1968 portent sur la communauté algérienne en France et non pas le contraire".

 

Selon le haut responsable algérien, le nombre de visas délivrés aux Français est "infiniment plus important" que celui délivré par Paris aux Algériens et Alger satisfait 95% des demandes.

 

Le Figaro

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HALIM BENATALLAH À PROPOS DES VISAS ACCORDÉS AUX FRANÇAIS

 

«95% des demandes satisfaites en 2010»

 

Dans cette interview, Halim Benatallah, secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé de la Communauté nationale à l’étranger, tente de rassurer la communauté nationale établie à l’étranger de la présence et du soutien de l’Etat. Il aborde, également, les Accords de 1968 avec la France, ainsi que l’organisation de notre communauté en réseau.

 

L’Expression : Beaucoup de choses ont été dites concernant le rapatriement des Algériens du Japon. Pouvez-vous, Monsieur le Ministre, nous faire un point de la situation?

 

Halim Benatallah: Je tiens à démentir d’abord, l’information selon laquelle la compagnie Air Algérie n’a pas été autorisée à atterrir au Japon. Bien au contraire, les autorités japonaises se sont montrées très disponibles pour nous faciliter la tâche. D’autre part, sur demande du gouvernement, Air Algérie a envisagé quelques possibilités pour rapatrier les Algériens établis au Japon. Il a été question d’établir une ligne directe ou d’affréter un avion d’une compagnie étrangère. La meilleure option possible était d’utiliser la ligne directe Alger-Pékin, avec un crochet à Osaka. Au dernier moment, un problème technique a été avancé par le prestataire de service à Osaka. Il nous a informés qu’il ne pouvait plus assurer le service pour le compte d’Air Algérie. Dans cette situation on a opté pour des rapatriements individuels. Entre-temps, beaucoup d’Algériens ont quitté le pays, par leur propres moyens, à destination d’autres pays. D’autres ont préféré rester au Japon pour des raisons professionnelles, vu qu’ils sont titulaires de contrats de travail. Idem pour ceux qui sont mariés à des Japonaises. Du fait, nous n’avons recensé qu’une trentaine de demandes de retour. Donc, nous avons chargé notre ambassade de les prendre en charge.

 

Depuis votre nomination à la tête de ce département, vous avez multiplié les contacts avec notre communauté à l’étranger. Quels sont, M. le Ministre, les grands problèmes auxquels fait face la communauté algérienne à l’étranger, en Europe et en France, en particulier?

 

Je commence par faire deux observations préliminaires. Premièrement, on essaie de modifier la perception qu’on a vis-à-vis de notre communauté, qui consiste à l’appréhender comme étant une communauté à problèmes. Elle n’est pas porteuse de problèmes. Elle est porteuse d’un certain nombre de demandes. Elle est beaucoup plus porteuse de désir de contribuer à faire quelque chose pour le pays. Cela même si, jusque-là, les dispositifs n’étaient pas en place pour le faire. Deuxièmement, notre communauté a beaucoup changé. Nous ne les percevons plus sous l’angle «des immigrés». C’est une communauté appelée à rester durablement dans le pays d’accueil avec, sans doute, des souhaits de retour volontaire. Cela modifie la perception de l’Etat vis-à-vis de la communauté. D’autre part, il faut l’appréhender dans toute sa complexité qui diffère d’un pays à un autre. Je prends l’exemple des Algériens en Grande-Bretagne. Notre communauté dans ce pays est quasiment stratifiée en trois couches: une couche constituée d’élites, celle qui est à la recherche de la régularisation de sa situation et une autre de condition modestes. Les trois couches sont à la recherche de passerelles de communication entre elles. Les préoccupations des uns diffèrent de celles des autres. La situation est similaire là où notre communauté est récente, à l’image de l’Allemagne, de l’Italie, du Canada...etc. Il y a une caractéristique importante à retenir: en dépit de toutes les difficultés dans lesquelles ils vivent, nous ressentons, chez les jeunes générations, une sorte de frustration de ne pas pouvoir contribuer au développement de leur pays. On a constaté un vide de deux missions importantes: l’encadrement général de la communauté et l’absence de dispositifs fonctionnels qui permettraient à notre communauté d’aider le pays. Tout le problème réside dans ce vide. Je veux rajouter une autre caractéristique, qui est propre à notre communauté en France. Dans ce pays, le tissu associatif le plus important est celui du vecteur cultuel. C’est incontestablement, le vecteur le plus actif. Beaucoup de mosquées ont été réalisées par des contributions volontaires. Les associations cultuelles sont énormément présentes sur le terrain. Le mouvement de solidarité est très fort au sein de ces associations.

C’est ce que nous ne trouvons pas chez notre communauté établie dans d’autres pays. Pour rester en France, il y a une atmosphère générale qui nécessite notre présence aux côtés de notre communauté. Notre gouvernement tente de rassurer cette communauté dans des circonstances pareilles. Je vais me rendre, à partir de la semaine prochaine, en France pour des consultations avec les responsables associatifs des huit hautes régions. Cette visite s’inscrit dans le cadre des consultations avec les responsables de la Grande Mosquée de Paris. Notre soutien consiste dans l’écoute, la présence et la solidarité, sans nous ingérer, bien entendu, dans ce haut lieu de culte et ses huit fédérations, qui obéissent à la loi française.

 

Vous avez évoqué l’absence de dispositifs qui permettraient aux Algériens de contribuer au développement du pays. Que prévoyez-vous, M. le Ministre, pour combler ce vide?

 

A la grande demande de la communauté pour remplir ce vide, il existe une forte réponse de l’Etat. Nous y allons progressivement, de trois manières. Premièrement: écouter la communauté, ce que nous avons fait l’année passée. La deuxième phase a été, à partir de cette perception, de faire en sorte que l’Etat puisse avoir une vision à long terme. Le sujet a fait objet d’un débat gouvernemental récemment. La troisième direction est d’aller progressivement pour que notre communauté essaie de se constituer ou de s’organiser en réseau. En Tunisie, au Maroc et en Libye, il n’y a pas de possibilités pour que notre communauté puisse se constituer en associations. En revanche, au Maroc, il y a une initiative, prise par les Algériens visant à rester en contact, sans se constituer en association officielle. Nous privilégions pour l’instant, la mise en réseau de nos concitoyens. J’ajouterai à tout cela, que trois initiatives sont programmées. Sur initiative de l’élite et universitaires algériens de Lyon, une rencontre, à laquelle prendront part, également, les élus d’origine algérienne, est prévue pour le 2 avril prochain dans cette ville. Une autre rencontre est prévue à Londres, le 16 avril, pour créer un réseau de notre élite en Angleterre. Initiée par un réseau d’élite algérien actif à Londres, une université d’été aura lieu au mois de juillet à Tlemcen. Toute notre élite, à travers le monde, peut y prendre part. Vous voyez qu’il s’agit bien de projets et non pas de slogans.

 

Sachant bien qu’un bon nombre de nos concitoyens se trouve dans des situations irrégulières, ne pensez-vous pas, M. le Ministre, que l’organisation de notre communauté en réseau pourrait devenir plus difficile? A ce sujet, pourriez-vous nous avancer un chiffre concernant les Algériens vivant dans «la clandestinité» à l’étranger?

 

C’est difficile d’avoir un chiffre exact, tant qu’ils sont dans des situations irrégulières. Excepté les personnes arrêtées par la police du pays d’accueil qui rentrent en contact avec nos consulats, les autres ne le font pas. Sur ce chapitre, nous avons recensé trois situations. Il y a ceux qui possèdent quelques chances de voir régler leurs papiers. Cette catégorie se rapproche de nos consulats pour une éventuelle aide ou sur demande des autorités du pays d’accueil. La deuxième catégorie se constitue de ceux qui demandent le retour définitif au pays. A ce titre, 8623 demandes de retour volontaires ont été enregistrées l’année passée par nos services en Europe. Ce retour est motivé, principalement, par deux facteurs importants: la crise économique et la nouvelle législation européenne en matière d’immigration. La troisième frange que je trouve minime, ce sont ceux qui souhaitent rester à tout prix. Cette catégorie rompt tout contact avec nos services consulaires.

 

Où en est-on, M. le Ministre, dans la création du Conseil consultatif de la communauté algérienne à l’étranger?

 

C’est un objectif politique à atteindre. Il faut pouvoir réunir les conditions nécessaires de son succès. Il y a une première condition: c’est que ce conseil consultatif soit destiné à la communauté et composé de cette communauté qui doit y contribuer. Ce conseil ne doit pas être perçu comme un projet parachuté par le gouvernement. Comme je l’ai dit, l’idéal serait de mettre en place les mécanismes pour contribuer à remplir ce vide. On a besoin de cette interface entre la communauté et l’Etat. On ne doit pas se précipiter, mais on ne doit pas rester en retard, non plus. Dans ce registre, notre objectif est de mettre en place ce conseil, en principe d’ici la fin de l’année. J’insiste que cela dépend de la communauté et de sa contribution.

 

Vous avez ouvert, M. le Ministre, depuis votre arrivée, le dossier des biens des Algériens au Maroc. Qu’en est-il?

 

C’est un élément de discussion dans les relations bilatérales. Notre responsabilité dans cette situation est de ne pas oublier que ce dossier n’échappe pas à notre agenda. On attend à ce que ce chapitre soit inscrit dans le dossier global portant les discussions des relations bilatérales. Il nous est impossible de le soustraire des autres dossiers, dans la mesure où les commissions constituées dans ce sens ne se sont pas réunies encore.

 

Le débat sur les Accords de 1968 a été lancé. Les Français revendiquent, entre autres, le principe de la réciprocité. Qu’en pensez-vous, Monsieur le Ministre?

 

Effectivement, la partie française a souhaité mettre à jour les Accords de 1968. En ce qui nous concerne, nous avons exprimé une position de principe, à savoir que ces Accords de 1968 conféraient une préférence aux Algériens du point de vue de la circulation, de l’emploi...Notre souhait est de pouvoir conserver cette préférence. La partie française, de son point de vue, estime que la nouvelle législation française pourrait être plus avantageuse que l’accord bilatéral de 1968 sur certains points. La finalité de la négociation serait de parvenir à une entente, en partant du principe qu’il y a une situation de préférence à préserver sous réserve de vérification des nouvelles dispositions législatives françaises. De notre côté, nous avons valorisé un élément important pour répondre à une préoccupation nationale, à savoir le visa de court séjour. On accorde une intention particulière à ce point, plus que les autres sujets. Une première réunion de discussions a eu lieu au mois de janvier dernier et un nouveau round de discussions aura lieu au mois d’avril prochain.

 

A présent, chaque partie exprime son point de vue afin de préparer les négociations. Je ne peux pas parler de divergences, car on n’a pas abordé le volet des négociations, proprement dit. La partie française nous a exposé la situation de son point de vue concernant la nouvelle législation. Nous, nous l’avons fait comme je l’ai souligné. Concernant le principe de la réciprocité, celle relative aux citoyens français en Algérie, il me semble que la question ne se pose même pas. Pour la simple raison, que les Accords de 1968 portent sur la communauté algérienne en France et non pas le contraire. Celle concernant les visas, en termes quantitatifs, le nombre de visas que nous délivrons aux Français est infiniment plus important que celui que délivre la France aux Algériens. Sans compter que nos procédures de délivrance de visas sont beaucoup plus souples que celles des Européens. 95% des demandes de visas des Français sont satisfaites. En 2010, nous avons délivré 101.400 visas aux Français. Rien qu’aux mois de janvier et février, 8600 visas ont été délivrés.

 

Interview réalisée par Tahar FATTANI

L'Expression

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Une bibliothèque virtuelle pour notre communauté

 

Un site Internet de l’enseignement à distance dédié à notre communauté établie à l’étranger sera mis en place incessamment.

 

Initié par le secrétariat d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères chargés de la communauté nationale à l’étranger et mis en place en collaboration avec le ministère de l’Education nationale, ce site permettra aux Algériens à l’étranger d’étudier huit matières en langues arabe et tamazight.

 

Parmi les matières proposées, on y trouve l’histoire, la géographie l’éducation islamique ainsi que d’autres disciplines.

 

L'Expression

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