Guest Nimos Posted April 2, 2011 Partager Posted April 2, 2011 LE DZ CODE L'Algérie n'est pas en crise. Elle n'a pas besoin de changer de système politique. En deux phrases, même s'il s'en défend par ailleurs, le Premier ministre dresse un tableau idyllique d'une Algérie où la démocratie aurait atteint sa plénitude et où la citoyenneté est le vécu concret de tout un chacun. Peu importe que ce système politique quasi parfait se sente obligé de reculer devant ce qu'il appelle la «mafia financière et les barons du commerce». Dans une organisation politique qui fonctionne normalement, un Premier ministre, face à un problème de ce genre, n'use pas de la langue de bois et n'esquive pas la question par la promesse d'une discussion autour d'un café avec le journaliste. Dans un système politique qui fonctionne et où le gouvernement a le soutien de la majorité des citoyens, les « barons» ne peuvent pas déstabiliser un pays. En réalité, les réponses conventionnelles, au parfum un tantinet «complot ourdi» du secrétaire général du RND, sont exactement celles qu'on attend de la part d'un homme appartenant à un système où l'on n'est pas tenu de convaincre les citoyens. Et ces derniers ne se sentent pas obligés d'essayer de déchiffrer le «dz code», cette langue très spécifique. Ils regardent ailleurs. Quand un homme politique propose, dans une émission grand public, à un journaliste de répondre «autour d'un café», à une question délicate, il n'est nul besoin d'être grand clerc pour comprendre directement que la population n'est pas conviée à entendre l'explication. Pourtant, beaucoup de citoyens et de nombreux militants politiques qui essaient de faire avancer nos réalités souhaiteraient connaître ceux qui ont pu provoquer au moins 60% des émeutes de janvier ! D'ailleurs, au niveau populaire - expérience oblige -, quand un responsable affirme que les choses vont bien, on s'inquiète des lendemains Il faut dire que nos responsables n'aiment pas perturber la population avec ces questions graves qui la concernent ! Qu'elle se contente de savoir qu'on va s'occuper de ses «problèmes sociaux» et qu'on va mieux communiquer sur les réalisations. Les sociologues et les politologues pourraient, bien entendu, faire placidement remarquer que les problèmes sociaux et économiques, qui dépendent pour une bonne partie des stratégies d'affectation des ressources, sont des affaires éminemment politiques. Et que, peut-être, cette affectation ne se fait pas bien et qu'elle n'a pas un bon rendement. Ils peuvent aussi faire remarquer que dans des contextes d'accentuation de la crise sociale et de multiplication des demandes, un système politique qui «fonctionne» se poserait immanquablement la question de sa propre efficacité. Et de sa nécessaire adaptation. Mais cela suppose que ce système politique évolue en interaction avec son environnement, qu'une vie publique existe réellement avec des hommes politiques qui parlent en algérien et non en dz code. M. Ouyahia est peut-être sincère. Il est convaincu que le système politique algérien est bon et qu'il n'y a rien à changer. Jusqu'à la dernière minute, notre voisin Ben Ali - dont le pays ne connaissait pas de «crise politique» mais qui avait un problème avec des chômeurs diplômés - n'a pas vu quel changement il pourrait faire ! Et jusqu'à la dernière minute, les hommes de Moubarak ont déclamé que l'Egypte n'est pas la Tunisie. Et jusqu'à ce jour, alors que la contestation enfle en Syrie, Bachar Al-Assad ne semble pas savoir qu'il est urgent de changer. C'est peut-être cela la matrice de la crise de gouvernance : ne pas savoir qu'il faut changer, ce qu'il faut changer et comment le faire. Citer Link to post Share on other sites
Recommended Posts
Join the conversation
You can post now and register later. If you have an account, sign in now to post with your account.