Jump to content

traditions


Recommended Posts

La maison kabyle ancêtre du duplex

L’architecture de l’habitat en Kabylie a connu depuis l’indépendance une transformation fondamentale, passant de la maison kabyle ancestrale, partie d’un ensemble villageois harmonieux, total et fonctionnel, à une bâtisse individualisée moderne à plusieurs niveaux, avec des formes intermédiaires, tel que le mas avec cour, la maison turque à cour intérieure ou encore le pavillon à terrasse.

Il n’y a plus d’architecture typiquement kabyle.

Les villages évoluent dans l’anarchie, dans des excroissances en béton sans âme, il s’agit de la bâtisse à deux niveaux, un rez-de-chaussée pour les garages et un deuxième niveau pour le domicile familial.

La philosophie qui a de tout temps sous-tendu l’habitat dans la région kabyle, n’a par contre guère évolué ou très peu.

La maison kabyle a été conçue dans un esprit d’extrême utilité. C’est beaucoup plus un espace de travail et de créativité qu’un lieu de repos et de détente.

Autrefois l’étable qui abritait les animaux était attenante à la grande salle commune, aujourd’hui, le garage qui fait office de boutique, d’atelier ou de café est sous le même toit que le domicile familial.

La logique de l’utile l’emporte toujours sur celle de l’agréable. Ancêtre du duplex appartement à deux niveaux dans le même volume habitable, la maison du montagnard de Kabylie telle qu’héritée des aïeux est de nos jours une curiosité touristique un objet d’étude pour les architectes, les sociologues et les anthropologues sociaux.

Elle n’a plus de nos jours sa fonctionnalité originelle. Ighil Laqrar est le premier village de la commune Ait Melikèche que l’on rencontre en remontant de la vallée de la Soumam.

Un petit Hameau de deux cents âmes, modèle du village kabyle de montagne avec son mausolée (Sidi Lebsir), son agora (tajmaat), sa source (tala) espace féminin par excellence, ses jardins (timizar).

Toutes les maisons édifiées de part et d’autre de l’unique voie de circulation ont été reconstruites après l’indépendance dans un nouveau schéma, de nouvelles normes.

Seule la demeure de feu Hadj Salah est encore debout, originelle telle qu’elle a été construite au début du siècle.

Une lourde porte de bois brut à deux volets, produite manuellement par les artisans d’Ighil Ali ouvre sur une cour ombragée par un figuier et une treille.

C’est l’entrée de la maison qui exprime son identité et le niveau social des propriétaires. Aussi accorde-ton, une attention particulière à la façade.

Afrag, la cour intérieure espace féminin par excellence est divisée en deux parties fonctionnelles.

La partie ensoleillée réservée à l’entreposage du bois, au séchage du linge, des conserves annuelles de figues, d’olives noires, de poivrons et autres condiments et herbes médicinales.

La partie opposée, ombragée sous la treille ou l’olivier plus sollicitée durant la saison chaude, sert au repos des bêtes durant les heures de canicule azal ponctuées par le goûter journalier tanalt.

Une porte dérobée thakharadjit donne sur l’arrière de la maison où est situé le cabinet de toilette et l’entrepôt de fumier.

L’étable (adaynin) est le premier niveau de la maison, elle abrite la fortune du paysan et ses moyens de travail.

Une paire de bœufs, l’âne, le sobre ami du paysan kabyle, la chèvre et ses petits, une à deux brebis.

L’étable donne sur la grande salle familiale par un petit escalier de pierre qui coupe un muret de pierre criblé de meurtrière séparant les deux espaces –

l’étable fait office de chauffage central pour toute la maison. La chaleur animale remonte dans la grande pièce pour envahir ensuite la soupente tissi et la chambre haute taghorfets.

Au fond de l’étable, un celier lemdaoud est construit à la dérobée. On y abrite les bûches, les rondins de bois sec, l’aliment du bétail (paille, foin, orge, avoine, caroube et feuille de frêne).

Taxxamt, la grande salle commune distribue sur la chambre haute, la soupente, la cour et l’étable. Elle fait office de séjour, de cuisine, de chambre à coucher pour enfants et de salle de travail domestique et d’accomplissement des taches ménagères.

Tasga, la partie jour éclairée faisant face à la porte d’entré est délimitée par l’unique mur aveugle qui sert au montagne du métier à tisser.

El Kanoun, le coin cuisine est organisé autour de l’âtre juxtaposé à l’autel de pierre-tadoukan – sous lequel sont rangés les ustensiles de cuisine et les produits alimentaires usuels (huile d’olives, semoule d’orge et de blé, fèves concassées, condiments divers).

Adoukan est un lit de pierre construit sur un mètre de hauteur contre le jour, gauche de la grande pièce par rapport à l’entrée. C’est la couche de maître des lieux.

Il sert, de mur d’escalier pour grimper dans la soupente où sont rangées les provisions conserves de fruits (figues, grenades, olives), les viandes séchées achedlouh, les céréales de l’année (irden, timzin, ahvacha, ivawen…).

Seule la maîtresse de maison a accès à ce magasin et en garde la clé cousue à sa ceinture.

La maison kabyle grandit avec la famille.

Avant de marier le fils, on lui construit une maison attenante à celle du père. Avec le temps et les générations, on a formé les villages.

Des maisons solidaires qui s’appuient les unes sur les autres, se communiquent leur chaleur, leurs bruits, leurs douleurs, leur vie. Les enfants ont copié sur les parents qui avaient reproduit la maison des ancêtres sans rien modifier.

Après l’indépendance, l’exode rural a vidé les villages de Kabylie que l’émigration a déjà bien diminué. De nouvelles idées sont venues perturber les vielles maisons des aïeux. On a démoli par nécessité, la terre étant rare, pour reconstruire de grosses bâtisses, copies parfois réussies mais souvent ratés, des maisons européennes !

L’émigré de retour a ramené dans sa mémoire une vision nouvelle. Dans une compétition bien kabyle, on s’est adonné à l’édification de bâtisses à plusieurs étages qui ne seront occupées que durant la période estivale restant vides l’année durant.

L’argile, la pierre et le bois On ne rencontre guère plus, de maçons capables de construire, une maison sur le modèle ancien avec de la pierre brute azrou, du mortier d’argile, tikhmirt, une charpente de bois, ijga et de la tuile romaine, aqarmoud, comme couverture.

Réaliser ce duplex avec chambre basse, une extension en hauteur avec un plancher de séparation et un soubassement pour l’écurie et le bûcher n’est pas à la portée du premier venu.

Les artisans-maçon préfèrent de nos jours le parpaing facile à poser, le ciment et le sable comme mortier et la dalle de béton armé comme couverture.

Tous est bien carré, sans fioritures, sans défauts mais aussi et souvent sans charme, sans attrait.

Si L’Hacen, qui a gardé intacte la maison de ses ancêtres explique la philosophie kabyle en matière de construction : «C’est un besoin naturel que de construire. Le Kabyle qui ne réalise pas sa maison n’est pas un homme.

Edifier son logis, gagner le pain de ses enfants, protéger sa femme, mettre en valeur ses propriétés et participer à l’effort collectif tiwizi, voilà entre autres valeurs celles qui fondent la kabylité.

Le nif c’est tout ce qui rentre dans les relations avec autrui, payer ses dettes, racheter les terrains des ancêtres, défendre le village, honorer la région, sauver l’orphelin et protéger la veuve ou l’handicapé !

La horma c’est tout ce qui touche à l’intérieur, combler sa femme, protéger ses filles par l’éducation, définir son territoire, sa maison et préserver l’intimité.

Etre prêt à défendre les siens contre tout prédateur.

Le fusil est un moyen de défense du nif et de la horma».

Le paysan avait besoin de toute cette explication des valeurs kabyles pour étayer le «caractère défensif » de la maison kabyle. « Axxam est un tout, il doit être fermé, sécurisé et inviolable.

La maison kabyle de par sa forme remplit des fonctions utilitaires et sécuritaires.

Elle n’a pas de fenêtres, par contre elle a des meurtrières qui contrôlent toutes les allées alentour.

Une issue de secours est prévue, thakharadjit.

La chambre d’en haut taghorfets, permet une vision circulinaire d’une partie du village d’où pourrait surgir l’agresseur ».

Aucun paysan ne construit seul sa maison. C’est un moment de grande solidarité.

Si, monter des murs nécessite juste un maçon et un apprenti, les fondations et la toiture appellent la participation de tout le village.La pose de la poutre faîtière, ajgou alémas, est un moment particulier.

Il s’agit d’un tronc d’arbre mal dégrossi que l’on transporte de la forêt avec des cordes et que l’on hisse à la force des bras sur le sommet des murs. « Ramener ajgou de la forêt est un jour de fête, se souvient, El Hacen le montagnard.

Certains exubérants ramènent même les tambourinaires idebalen tout se termine à l’évidence par un couscous ».

Les matériaux utilisés dans la construction de la maison kabyle sont ceux que l’on trouve sur place. Solides imperméables, faciles à travailler, ils protègent parfaitement de la chaleur et du froid.

La pierre abonde en kabyle. Le gré, le granit, le basalte, le calcaire de diverses couleurs, sont préparés en restanques aghalad durant les longues journées de printemps.

On y puise les quantités nécessaires à la construction en fonction des besoins. –

L’argile ou la marne, mélangée à l’eau et la paille, donne une pâte épaisse servant de mortier liant la muraille de pierre. La toiture est en tuile romaine.

Elle est échafaudée sur deux versants délimités par la poutre faitière.

Un lit de perches tassara repose sur les deux pannes intermédiaires et sablière sur chaque versant du toit.-

La tuile ronde est posée sur l’enduit de marne comble la trame de roseau tissée comme un clissage sur le lit de perches.

Chaque tuile ronde installée sur le dos reçoit deux tuiles dans son ventre et l’étanchéité est garantie. Une ligne de grosses pierres assure l’immobilité !

Réaliser une toiture est un acte de solidarité villageoise.

Trois équipes sont mobilisées.

Celle qui prépare le mortier, tahourt, celle qui pose les tuiles, et le groupe qui assure le lien entre les deux équipes.

Tout se déroule sous l’œil vigilant d’un contre-maître expérimenté, un meneur d’hommes qui définit les taches de chacun et veille à leur bonne exécution.

Abenay, le bâtisseur met la main à la pâte, vérifie la consistance du mortier, la propreté des tuiles, la solidité de la trame de roseau et surtout l’entame de la pose des tuiles.

De la pose de la première tuile dépend l’harmonie de l’ouvrage. Construire en pierre et en terre recouverte de bois de terre et de tuile (terre cuite),

la maison kabyle trapue, écrasée, assure une protection maximale contre le froid et la chaleur.

Cette demeure remplit les conditions d’hygiène connues dans toutes les civilisations.

Construite sur des hauteurs, éloignée des marécages et des rivières, elle est toujours bien orientée de sorte que le soleil la visite et la désinfecte.

De telles maisons tendent à disparaître.

On construit autrement de nos jours.

Pour des raisons de confort, d’espace et de commodité on copie les européens. Souvent très mal.

La maison kabyle est le témoin physique d’un mode de vie, un contexte et une culture qui n’existent plus.

Dans chaque village de Kabylie, une de ces vielles maisons défie encore le temps ;

on les conserve pour la nostalgie, la mémoire, c’est le témoignage du génie des ancêtres.

Link to post
Share on other sites
Guest samirovsky
toute ces traditions architecturales de kabylie ont aujourd'hui laissé place a d'ignobles patés de bétons sans charme , sans tête ni queue qui gachent le paysage de nos villes et villages..

 

Tout à fait d'accord avec toi.

Les villages Kabyles d'antan avec un cachet particulier ont laissé place

à des carrés de béton lugubres, sans âme.

Link to post
Share on other sites
toute ces traditions architecturales de kabylie ont aujourd'hui laissé place a d'ignobles patés de bétons sans charme , sans tête ni queue qui gachent le paysage de nos villes et villages..

 

 

Actuellement c'est des R+3

Link to post
Share on other sites
toute ces traditions architecturales de kabylie ont aujourd'hui laissé place a d'ignobles patés de bétons sans charme , sans tête ni queue qui gachent le paysage de nos villes et villages..

 

une prise de conscience est indispensable pour conjuguer traditions et présent.

Link to post
Share on other sites

Join the conversation

You can post now and register later. If you have an account, sign in now to post with your account.

Guest
Répondre

×   Pasted as rich text.   Paste as plain text instead

  Only 75 emoji are allowed.

×   Your link has been automatically embedded.   Display as a link instead

×   Your previous content has been restored.   Clear editor

×   You cannot paste images directly. Upload or insert images from URL.

×
×
  • Create New...