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Juliano Mer-Khamis a été assassiné.


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Un symbole est mort à Jénine, en Cisjordanie, à l’âge de 52 ans. Juliano Mer-Khamis, directeur du Freedom Theatre, le théâtre libre de Jénine, a été assassiné le 4 avril par un groupe d’hommes armés. Il représentait à lui seul le symbole du conflit israélo-palestinien car il était né d’une mère juive, Arna Mer-Khamis, militante israélienne pour les droits des palestiniens, et d’un père arabe israélien, Saliba Khamis, un des chefs du Parti communiste d'Israël.

 

Acteur et homme politique

Il avait tourné pour la télévision israélienne et pour de nombreux longs métrages étrangers, en particulier dans les deux films d’Amos Gitaï, Kippour en 2000 et Kedma en 2002 qui ont été projetés dans les salles françaises. Grand acteur, il s’était produit sur les planches des prestigieux théâtres de Beit Lessin et Habima. A la mort de sa mère, il avait repris le flambeau de la troupe théâtrale d’enfants de Jénine et avait réalisé en 2004 un documentaire, Les Enfants d'Arna, sur ceux qui devaient devenir plus tard des combattants des Brigades des Martyrs d’Al-Aqsa, dont plusieurs devaient tomber sous les balles israéliennes. Il s’était donné comme objectif de permettre aux enfants du camp de réfugiés de Jénine de s’épanouir par le théâtre et de fuir l’atmosphère de guerre qui y sévissait.

 

Il avait concentré autour de lui les haines des deux camps protagonistes. Les Palestiniens, qui doutaient de sa loyauté, n’appréciaient pas l’influence pacifique qu’il cherchait à inculquer auprès des jeunes arabes. Les nationalistes israéliens voyaient d’un mauvais œil son militantisme pour les droits des Palestiniens et ses critiques permanentes contre la construction de colonies.

 

Son théâtre avait été rasé en 2002 lors de la deuxième intifada alors que des combattants s’y étaient retranchés pour échapper à Tsahal. Il a été reconstruit mais a été l’objet de deux incendies en 2009 de la part des activistes palestiniens qui n’appréciaient cet art importé de l’occident. Il s’était défendu des critiques dont il avait été l’objet en expliquant que sa tâche était de «responsabiliser nos enfants et les éduquer et pour construire un nouveau futur face à l’occupation israélienne… Le théâtre, le cinéma, les arts en général, sont essentiels au développement de l’enfant ainsi que de notre société afin que notre nation devienne forte, libre et indépendante».

 

Les Palestiniens l’accusaient aussi d’être contre la religion et de travailler pour la laïcisation de leurs enfants alors qu’il estimait œuvrer au contraire pour «armer nos jeunes de connaissance, de valeurs et de respect pour leur histoire, leur religion et leurs familles». Il avait décidé de s’engager politiquement en s’attaquant aux divisions parmi le peuple palestinien, et de militer pour les libertés dans le monde arabe. D’ailleurs ses dernières pièces, notamment l’adaptation de la Ferme des animaux de George Orwell, bousculaient les conservatismes.

 

Traitre pour les nationalistes

Les nationalistes israéliens le considéraient comme un traitre juif car, né de mère juive, il restait juif aux yeux de la loi rabbinique. Mais ils ne verseront aucune larme sur sa mort car, à leurs yeux, il œuvrait trop pour un dialogue israélo-palestinien et pour une solution pacifique au conflit israélo-palestinien. Il pensait pouvoir rapprocher les peuples grâce à l’art et à la culture.

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